International audience ; Fondé sur une enquête de terrain réalisée auprès des visiteurs de six expositions consacrées à la Grande Guerre en France, cet article propose d'éclairer la place et les formes discursives du politique dans les musées d'histoire. Une caractéristique des discours et pratiques de nombreux individus est mise en avant : la visite des expositions historiques est perçue comme une activité apolitique tout en étant traversée par le politique. Tandis que le texte s'emploie à circonscrire les espaces et conditions de politisation du musée d'histoire par ces visiteurs, ceux-ci emploient des processus de dépolitisation à travers deux registres, historien et mémoriel, témoignant ainsi d'un visionnage du passé hors-champs du politique.
Mäkwännǝn Wäldä-Mikaʾel (1852-1906) is an officer of the reign of Menelik II. Governour of Harär in 1887, he is in contact with Westerners as diplomat, while also being charged with the security of the Ethiopian territory. Indeed, the province he rules has common boundaries with the expanding European colonies of the Horn of Africa. However, Mäkwännǝn's political and diplomatic ability as well as his military skill fuel the eulogistic currents which run through his public image, often represented as that of a good prince according to Erasmus' conception of power. Two Amharic biographies have allowed us to deepen our understanding of the values Ethiopian society attributes to the man of power embodied in Mäkwännǝn and the perception of the outside world in parallel. One is written by a specialist of the Scriptures, the author of the other one being close to the imperial court of Haylä-Sǝllase, ras Mäkwännǝn's son. The cultural elements these documents carry do not blind us to the pitfalls of hagiographical packaging in an analysis of the quest for ideal power through the celebration of a just government which echoes not only in East Africa, but also in Europe. ; Mäkwännǝn Wäldä-Mikaʾel (1852-1906) est un officier du règne de l'empereur d'Éthiopie Menilek II. Gouverneur de Harär en 1887, il est en contact avec les Occidentaux et est en charge de la sécurité du territoire éthiopien, sa province étant limitrophe des colonies européennes de la Corne de l'Afrique. Conseiller diplomatique, il est désigné pour accomplir deux missions officielles à l'étranger en même temps qu'il combat efficacement à Adwa. Son habileté politique et militaire, ses capacités d'administrateur, son sens de la diplomatie, son style personnel, construisent une personnalité publique, sur qui la plupart des textes, tant européens qu'éthiopiens, sont élogieux. Dans cette perception de Mäkwännǝn apparaît le premier écueil d'une approche historique du personnage : Mäkwännǝn est le père de Täfäri / Haylä-Sǝllase, dont le règne impérial organise une mise en spectacle du pouvoir, à laquelle le culte de la mémoire de Mäkwännǝn participe. Cette commémoration prend notamment la forme biographique. Deux biographies amhariques connues à ce jour sont le matériau à partir duquel nous nous efforçons d'analyser la perception du pouvoir en Éthiopie. La première œuvre publiée en 1946, intitulée Yälǝʾul ras Mäkwännǝn tarik, est le travail d'un spécialiste des textes sacrés du christianisme. L'autre biographie, écrite par un auteur proche de la cour est publiée en 1960-61. Nos documents qui relèvent de l'historiographie éthiopienne qui traite du pouvoir à travers l'individu, en dehors des éléments propres à la culture éthiopienne et des incursions vers le genre hagiographique, fournissent des informations de premier ordre sur la façon dont la société perçoit le monde extérieur ainsi que des valeurs qu'elle attribue au pouvoir en place. Les biographies amhariques produisent un modèle de gouvernement idéal qui trouve cependant des correspondances en Afrique de l'Est et en Europe-même.
The present thesis, rooted in the history of cultural relations between Europe and Latin America, analyses the concept of Spanish-America as it emerged in Spain in 1892 at the time of the 4th centenary of the discovery of America. Seventy years after its colonial empire had collapsed, in the shadow of the 1st Pan-American Conference (1889-90) in Washington and the 1893 Chicago World's Fair, which proclaimed the United States' dominance over the American continent, Spain organised a celebration intended to revitalise the ties of a transatlantic Spanish-American community founded on a shared language, history and cultural heritage. Officialdom and the professional middle classes joined forces to mount a commemoration that was a kind of quest for an image lost in a mirror, the reflections of which, scattered throughout a series of nationwide ceremonies, congresses and exhibitions, seem to express the mood of a nation seeking to retrieve the feeling of its own existence. Through the looking glass, the Latin American republics were by then in search of international alliances. Their political independence seemed solidly established, but the conquest of genuine cultural independence was still for them at an embryonic stage, requiring a rethinking of their Spanish heritage. In this context of an unprecedented confluence of generations arose the cultural confrontation this study seeks to highlight, disclosing the convergence feeding into the 1892 Spanish-American debate, the real and speculative extensions of which still to this day pervade relations between Spain and Latin America. ; Ancrée dans l'histoire des relations culturelles entre l'Europe et l'Amérique Latine, cette thèse analyse le discours hispano-américaniste qui apparaît en Espagne en 1892 au moment du IVe Centenaire de la découverte de l'Amérique. Soixante-dix ans après l'effondrement de son empire colonial, et alors que la Conférence Panaméricaine de Washington (1889-90) et l'Exposition Universelle de Chicago (1893) scellent déjà la prépondérance des Etats-Unis sur le continent américain, l'Espagne organise une célébration pour raviver les liens d'une communauté hispano-américaine transatlantique fondée sur une langue, une histoire et des traditions culturelles partagées. Orchestrée par les milieux officiels et la bourgeoisie professionnelle, cette commémoration s'apparente à la quête d'une image perdue dans un miroir dont les reflets dispersés au cours des cérémonies, congrès et expositions organisés dans le pays, semblent traduire l'état d'âme d'une nation qui voudrait se redonner la conscience d'exister. De l'autre côté du miroir les républiques latino-américaines recherchent désormais de nouvelles alliances internationales. Mais tandis que leur émancipation politique semble définitivement acquise, la conquête de l'autonomie culturelle constitue encore pour ces pays une démarche embryonnaire qui implique une redéfinition de l'héritage hispanique. C'est dans le cadre d'une confluence générationnelle inédite que se produit la confrontation culturelle que ce travail met en évidence, en révélant la convergence qui alimente le débat hispano-américaniste de 1892 et dont les prolongements réels et spéculatifs imprègnent encore aujourd'hui les relations entre l'Espagne et l'Amérique latine.
Le soulèvement de 1916 : Une révolution ? L'Irlande célèbre en 2016 le centenaire du soulèvement de 1916, un événement fondateur de l'Etat nation. Cette rébellion finalement avortée peut-elle être considérée comme une révolution, même si elle n'a abouti à aucun changement immédiat de la structure politique ? C'est la question à laquelle je vais m'attacher à répondre aujourd'hui en examinant successivement le soulèvement lui-même dans son contexte national et international et ses effets sur le long terme. L'Irlande, ou plus exactement les deux Irlande d'aujourd'hui peuvent-elle légitimement se prétendre les héritières de l'esprit de 1916 ? La question fait clairement débat. Controversé à l'époque, controversé depuis, et source d'embarras pour les politiques aujourd'hui, le soulèvement a sans doute eu ceci de révolutionnaire qu'il a servi de détonateur aux mouvements de libération nationale qui ont abouti à la création de l'Etat Libre d'Irlande, et à la partition de l'île en 1921. Toute la question est de savoir si ces changements, cette rupture, centrale à la définition de toute révolution, seraient ou non intervenus sans qu'il n'accélère le processus et ne transforme en bain de sang ce qui aurait pu se passer pacifiquement et démocratiquement. Une autre interrogation porte sur la nature des régimes issus de 1916. Dans quelle mesure les idéaux des chefs de la rébellion s'incarnèrent-ils dans ces régimes, même au sud ? L'héritage de 1916 at -il favorisé la paix ou le conflit ? Toutes ces questions se situent étrangement au coeur de l'histoire politique et culturelle de l'île depuis cette époque. Parlant du Conflit en Irlande du Nord un spécialiste américain de sciences politiques, Richard Rose, a écrit dans les années 1970 que l'Irlande était « un pays pratiquement sans histoire tant les troubles du passé (étaient) revécus comme des événements du présent ». 1 Sans aller aussi loin, parler, comme le fait l'historien irlandais Joseph Lee, de la tyrannie qu'exerce le présent sur les générations passées permet de prendre conscience du caractère crucial des réécritures de l'histoire à des fins mémorielles et identitaires en Irlande. Même si la République d'Irlande européenne est aujourd'hui éloignée des heures difficiles de sa fondation et si la situation au Nord n'est plus comparable à ce qu'elle était il y a encore vingt ans, l'histoire demeure présente au coeur de l'actualité, ne serait-ce que par le biais de la vogue du patrimoine et des nombreuses commémorations passées et à venir. L'observateur étranger est aussi régulièrement frappé par la prégnance du débat historiographique dans la société contemporaine, qui met en exergue la manière dont finalement l'histoire académique et les traditions mémorielles peuvent encore, par leurs interactions, alimenter la dynamique identitaire. Evoquer les dates mémorielles d'une société revient d'une certaine manière à mettre histoire et mémoire face à face, avec leur composante inévitable d'oubli, et l'Irlande ne fait pas exception à la règle. Selon la formule classique de Renan, parlant de la France en 1882 : « L'oubli, et (…) même l'erreur historique, sont un facteur essentiel de la création d'une nation, et c'est ainsi que le progrès des études historiques est souvent pour la nationalité 1 Richard Rose, Governing without Consensus: An Irish Perspective, Londres, 1971, p. 70.
Discours sur le bilan de la Route de l'esclave / Ali Moussa Iye -- Esclavage et réconciliation : les historiens de la Caraïbe ont-ils échoué? / Dominique Rogers -- Mémoire, oubli, commémoration / Ary Broussillon -- Réconcilier histoire et mémoire du droit de l'esclavage colonial français (en particulier du Code Noir), par le retour aux sources / Jean-François Niort -- Sources orales, matérielles (monuments) et reconstitution historique de l'esclavage et du marronnage (Surinam, Guyane et Antilles françaises) : enjeux mémoriels et historiques / Jean Moomou -- Sources de l'histoire et de la mémoire de l'esclavage aux Archives départmentales de la Guadeloupe / Anne Lebel -- L'apport de l'archéologie à la connaissance de l'histoire de l'esclavage, l'exemple de la Guadeloupe / Tristan Yvon -- Indigoterie de l'Anse à la Barque, un lieu de mémoire de l'esclavage : comment le mettre architecturalement en valeur, pour qui et avec quel message? / Hélène de Kergariou et Tristan Yvon -- Les cimetières d'esclaves en Guadeloupe / Thomas Romon, Jérôme Rouquet, Patrice Courtaud -- Le quartier des esclaves des habitations Barbotteau-Rodrigues (La Piéta) à Port-Louis (Guadeloupe) : données de la fouille archéologique préventive et questions patrimoniales / Nathalie Serrand -- Le Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage : palimpseste de la mémoire et nouvelles orientations citoyennes / Myriam Cottias -- Les Anneaux de la Mémoire entre la Loire, l'Afrique et les Caraïbes / Yvon Chotard et Patricia Beauchamp Afadé -- La route des abolitions de l'esclavage / Philippe Pichot -- Abolition et abolitionnistes de l'esclavage : analyse critique et perspective patrimoniale / Nelly Schmidt -- Esclavage et première colonisation dans le paysage parisien d'aujourd'hui / Marcel Dorigny -- Le Musée international de l'esclavage (IMS) à Liverpool : entre engagement et politique culturelle de l'émotion / Fabienne Viala -- Slavery, slave trade, and remembrance : toward a global museum / Harvey Bakari -- Participacion comunitaria en gestión de sitio de memoria de la esclavitud en Zaña-Perú. (Itinerario de los esclavizados de la antigua Provincia de Zaña) / Luis Rocca Torres -- Authority vs authenticity : reconciling Caribbean history and memory in the Slave Route context / Alissandra Cummins -- Routes d'hommes et de femmes soumis à l'esclavage et de leurs descendants au Brésil : lieux de mémoire et éducation des relations ethniques et raciales / Petronilha Beatriz Gonçalves e Silva -- A experiência Chitiá Tours e Rota da Liberdade, Colombia e Brasil, agências de viagens e sítios memoriales / Solange Barbosa -- Les témoins matériels et immatériels des pistes caravanières au Congo Brazzaville / Samuel Kidiba -- Le projet "La Route de l'esclave : traces-mémoires en Guadeloupe" / Matthieu Dussauge -- La mémoire non-dite, l'histoire racontée en Guadeloupe (1948-2014) / Diana Rey-Hulman -- The UNESCO "Slave Route Project" : moving ahead : the St. Kitts-Nevis experience / Michael S. Blake-Esdaille -- El Caribe insular y los sitios de memoria del Proyecto UNESCO "La Ruta del Esclavo: resistencia, libertad y patrimonio" / Jesús Guanche Pérez -- Bilan des activités de la Route de l'esclave en Haïti / Laënnec Hurbon -- L'histoire racontée au Musée Ogier-Fombrun : mise en valeur de l'histoire d'Haïti et sa contribution au monde / Mireille Fombrun -- La contribution de la Direction des affaires culturelles à la transmission des savoirs à travers l'action culturelle et les actions d'éducation artistique et culturelle / Elie Toussaint -- Enseigner le patrimoine de l'esclavage par la pédagogie de projets / Christelle Popotte et Karine Sitcharn -- "Que vous ont-ils fait pour que vous les laissiez dans un tel état de dénuement" / Jean-Luc Romana -- Le village international du ka, des tambours et arts du sud : du mémoriel à l'économique / Jacqueline Jacqueray -- La construction de sites mémoriels avec les noms des esclaves, en France Hexagonale, en Guadeloupe et en Afrique : l'expérience du CM98 / Emmanuel Gordien
This thesis discusses the transmission of the work, figure, and speech of Marguerite Duras in a Franco-Taiwanese cultural space. Starting from the reception of Marguerite Duras' work in France, this study analyses the transmission of M. Duras in Taiwan,a post-colonial society following the rules of Japan (1895-1945) and Nationalist China (1945-1996). Using a mediological approach as designed by Régis Debray, this thesis explores to what extent and by which mediations the anti colonialist discourse ofM. Duras' literary work was finally not transmitted in Taiwan, favoring instead herfeminist discourse as expressed through her cinematographic works. This may be explained by a particular configuration which began with J.-J. Annaud's cinematographic adaptation of "The lover", which only spread in Taiwan on DVD ten years after its original release in theaters, also after the death of M. Duras who denounced the movie adaptation.A sketch is first done of the post-war literary field via a contrastive analysis of the literary trajectories of M. Duras and Jean Hougron in France after 1950, as well as the establishment of M. Duras as an essential figure of the videosphere era. A study is then conducted on the editions and translations of M. Duras' works in order to discuss the modalities of the mediation incarnated by translators and academics, the vectors of circulation in this process. Finally, in the context of Taiwan, the transmission of M. Durasis analysed through academic reviews and cultural commemorations of the centenary year of her birth, which further transmit her feminism at the expense of her anti colonialistpositions. ; Cette thèse traite de la transmission de l'oeuvre, de la figure, et du discours de Marguerite Duras dans un espace culturel franco-taïwanais. Partant de la réception de l'oeuvre de M. Duras en France, il s'agit d'analyser dans une perspective médiologique,la transmission de Marguerite Duras à Taïwan, société doublement postcoloniale sous domination japonaise (1895-1945) puis nationaliste chinoise (1945-1996). Cette thèse explore dans quelle mesure et par le truchement de quelles médiations le discours anticolonialistede l'oeuvre littéraire de M. Duras n'a finalement pas été transmis à Taïwan,au profit de son discours féministe à travers son oeuvre cinématographique. En effet,l'oeuvre de M. Duras est essentiellement connue à Taïwan à travers le cinéma, et cedans une configuration tout à fait particulière : l'adaptation de L'Amant (1992) réalisé par Jean Jacques Annaud alors que M. Duras avait dénoncé cette adaptation, et son mode de diffusion à Taïwan, via DVD et ce dix ans après sa sortie en salles, et aprèsla mort de l'auteur. Nous procédons à l'analyse de la position de M. Duras dans le champ littéraire français de l'après-guerre. L'analyse contrastive des trajectoires de M. Duras et de Jean Hougron, autre auteur traitant de l'Indochine française montre comment la figure de M.Duras s'installe dans le champ de la culture légitime à l'émergence de la vidéosphère.Dans une seconde partie, inspirée par l'approche de la médiologie sont étudiées les éditions et traductions d'oeuvres de M. Duras afin de discuter des modalités de la médiation incarnée par les traducteurs et les universitaires vecteurs de circulation dans ce processus. Enfin, dans le contexte taïwanais, nous discutons de la transmission de M.Duras à travers les articles académiques puis les commémorations culturelles du centenaire de sa naissance qui relaient davantage le discours féministe aux dépens des positions anticolonialistes de l'auteur. La thèse défend ici est que la situation politique de Taïwan a abouti à une distorsion de la perception de l'oeuvre de M. Duras, minisant l'aspect anticolonial pour ne laisser transparaître qu'un féministe édulcoré.
This thesis discusses the transmission of the work, figure, and speech of Marguerite Duras in a Franco-Taiwanese cultural space. Starting from the reception of Marguerite Duras' work in France, this study analyses the transmission of M. Duras in Taiwan,a post-colonial society following the rules of Japan (1895-1945) and Nationalist China (1945-1996). Using a mediological approach as designed by Régis Debray, this thesis explores to what extent and by which mediations the anti colonialist discourse ofM. Duras' literary work was finally not transmitted in Taiwan, favoring instead herfeminist discourse as expressed through her cinematographic works. This may be explained by a particular configuration which began with J.-J. Annaud's cinematographic adaptation of "The lover", which only spread in Taiwan on DVD ten years after its original release in theaters, also after the death of M. Duras who denounced the movie adaptation.A sketch is first done of the post-war literary field via a contrastive analysis of the literary trajectories of M. Duras and Jean Hougron in France after 1950, as well as the establishment of M. Duras as an essential figure of the videosphere era. A study is then conducted on the editions and translations of M. Duras' works in order to discuss the modalities of the mediation incarnated by translators and academics, the vectors of circulation in this process. Finally, in the context of Taiwan, the transmission of M. Durasis analysed through academic reviews and cultural commemorations of the centenary year of her birth, which further transmit her feminism at the expense of her anti colonialistpositions. ; Cette thèse traite de la transmission de l'oeuvre, de la figure, et du discours de Marguerite Duras dans un espace culturel franco-taïwanais. Partant de la réception de l'oeuvre de M. Duras en France, il s'agit d'analyser dans une perspective médiologique,la transmission de Marguerite Duras à Taïwan, société doublement postcoloniale sous domination japonaise (1895-1945) puis nationaliste chinoise (1945-1996). Cette thèse explore dans quelle mesure et par le truchement de quelles médiations le discours anticolonialistede l'oeuvre littéraire de M. Duras n'a finalement pas été transmis à Taïwan,au profit de son discours féministe à travers son oeuvre cinématographique. En effet,l'oeuvre de M. Duras est essentiellement connue à Taïwan à travers le cinéma, et cedans une configuration tout à fait particulière : l'adaptation de L'Amant (1992) réalisé par Jean Jacques Annaud alors que M. Duras avait dénoncé cette adaptation, et son mode de diffusion à Taïwan, via DVD et ce dix ans après sa sortie en salles, et aprèsla mort de l'auteur. Nous procédons à l'analyse de la position de M. Duras dans le champ littéraire français de l'après-guerre. L'analyse contrastive des trajectoires de M. Duras et de Jean Hougron, autre auteur traitant de l'Indochine française montre comment la figure de M.Duras s'installe dans le champ de la culture légitime à l'émergence de la vidéosphère.Dans une seconde partie, inspirée par l'approche de la médiologie sont étudiées les éditions et traductions d'oeuvres de M. Duras afin de discuter des modalités de la médiation incarnée par les traducteurs et les universitaires vecteurs de circulation dans ce processus. Enfin, dans le contexte taïwanais, nous discutons de la transmission de M.Duras à travers les articles académiques puis les commémorations culturelles du centenaire de sa naissance qui relaient davantage le discours féministe aux dépens des positions anticolonialistes de l'auteur. La thèse défend ici est que la situation politique de Taïwan a abouti à une distorsion de la perception de l'oeuvre de M. Duras, minisant l'aspect anticolonial pour ne laisser transparaître qu'un féministe édulcoré.
International audience ; En 1987, la publication de La défaite de la pensée d'Alain Finkielkraut ouvre une vaste polémique sur la politique culturelle en France. L'auteur, philosophe et essayiste, dénonce le différentialisme culturel au nom de la supériorité morale et esthétique d'une culture humaniste universelle. De fait, c'est contre le relativisme culturel que se construit la démonstration. Certes, la politique menée par le ministre de la culture Jack Lang depuis 1981, reprise dans ses grandes lignes par François Léotard en 1986 pendant la cohabitation, n'est pas au coeur de la démonstration. Alain Finkielkraut estime cependant que cette politique a contribué, en prenant en compte des domaines jusqu'alors ignorés par le Ministère (le Rock, la mode…), à la dissolution de la culture dans le « tout culturel ». Dans son Eloge des Intellectuels, Bernard-Henri Lévy s'inscrit dans la même filiation intellectuelle. Le chef de file des « nouveaux philosophes » pointe aussi le « malaise dans la culture ». Quant au ministère de la Culture, il est accusé là-encore de concourir à légitimer ce malaise en réhabilitant la part « mineure » de la culture. La même année est publiée la traduction de L'âme désarmée, ouvrage du philosophe américain Allan Bloom, consacré à la dénonciation du système d'enseignement des Etats-Unis qui, en acceptant d'intégrer la culture des minorités, aurait contribué à la confusion des valeurs. La publication conjointe de ces trois ouvrages, très largement commentée pour les deux premiers, offre un outillage théorique qui allait bientôt permettre une remise en cause plus directe du ministère. En 1990, la publication par le ministère d'une enquête sur les pratiques culturelles des français réactive et élargit la polémique. Les conclusions soulignent notamment l'échec de la démocratisation culturelle et le maintien des barrières matérielles et symboliques qui limitent l'accès à la culture dite « classique ». Mais c'est à l'automne 1991, avec la publication de l'ouvrage de Marc Fumaroli L'Etat culturel que le débat prend un tour nouveau. Les médias accordent un large écho à la thèse défendue par l'auteur, et pendant de nombreuses semaines, l'ouvrage occupe les meilleures places des différents palmarès publiés dans la presse. Titulaire, depuis 1986, d'une chaire du Collège de France, intitulée « Rhétorique et société en Europe (XVIe-XVIIe siècles) », cet historien des formes littéraires et artistiques de l'Europe moderne est l'auteur d'une oeuvre reconnue par la communauté scientifique internationale. Méconnu du grand public pour ses travaux universitaires, Marc Fumaroli adopte, non sans talent, la forme de l'essai. La politique culturelle fait de l'Etat un pourvoyeur universel de « loisirs de masse » et de « produits de consommation ». L'Etat-Providence apparaît alors, en s'appuyant sur des fonds publics, comme un concurrent du marché culturel. Cette confusion qui s'incarne dans le « tout culturel » provient de l'identification de la culture au tourisme. Dès lors, cette culture obsessionnelle propagée par une bureaucratie culturelle toujours plus nombreuse en vient à prendre les proportions d'une religion de la modernité. La « fête de la musique », la « fureur de lire », les « commémorations » (en premier lieu le Bicentenaire), sans oublier les grands travaux présidentiels concrétisent la manipulation sociologique impulsée par l'Etat, nouveau Léviathan culturel au service d'un parti et d'une idéologie politique. En digne héritier de la philosophie politique de Tocqueville et de Raymond Aron (à qui le livre est dédié), Marc Fumaroli se présente en militant d'un Etat libéral qui opposerait à nos sociétés de consommations et de loisirs quelques contre-feux : essentiellement un système d'éducation ainsi que quelques butoirs légaux et fiscaux. Dans cette perspective, la culture devient
Notre thèse, qui a pu être réalisée grâce au soutien du Fonds national de la Recherche du Luxembourg et qui s'est faite dans le cadre du projet de recherche « Partizip 2 » de l'Université du Luxembourg et en cotutelle avec l'Université de Lorraine, est une analyse de la mémoire de la « Résistance » depuis 1944 à 2017 par le biais d'une histoire comparée des associations d'anciens résistants du Luxembourg, de l'Alsace, de la Moselle et de la Belgique de l'Est. Il s'agit des territoires, qui, lorsque les Allemands lancent leur offensive à partir du 10 mai 1940 en Europe de l'Ouest, sont annexés (de fait) au IIIe Reich. Au cours de notre recherche, nous avons pu constater d'importantes asymétries entre ces territoires au niveau des médias mémoriels présents, comme les monuments, les musées ou les statuts juridiques en hommage aux anciens résistants. Si au Luxembourg la mémoire de la « Résistance » est plus développée par rapport aux régions françaises et belges, cela s'explique du fait qu'elle a évolué dans un contexte national « homogène ». En effet, les Alsaciens, Mosellans et Belges de l'Est doivent situer leur passé régional particulier dans un paysage mémoriel national qui s'articule autour de l'occupation et où le contexte spécifique de l'annexion (de fait) est peu connu. Or, les asymétries mémorielles n'apparaissent pas seulement entre l'Etat luxembourgeois et les régions françaises et belges, mais également entre les régions mêmes. Si l'explication de la différence entre échelles nationales et régionales est pertinente lorsque nous comparons le Luxembourg et les régions françaises et belges, elle ne permet pourtant pas de comprendre les variations mémorielles entre ces régions. Quelles sont donc les raisons de ces asymétries mémorielles ? Ou autrement formulé : quels facteurs favorisent l'intensification de la mémoire de la « Résistance » ? Afin de déterminer ces facteurs, nous avons choisi d'effectuer une histoire comparée des associations d'anciens résistants du Luxembourg, de l'Alsace, de la Moselle et de la Belgique de l'Est, qui sont des acteurs de mémoire décisifs puisque souvent à l'origine des médias mémoriels que nous venons d'évoquer. Cette démarche nous a permis de mettre en évidence des clés d'interprétation qu'une étude isolée de chaque espace en question ne rendrait pas visible. Au cours de notre recherche, nous avons déterminé plusieurs facteurs qui peuvent favoriser l'intensification de la mémoire de la « Résistance » : la coordination efficace des projets collectifs des associations d'anciens résistants par le biais d'une organisation unique ou d'un porte-parole commun, les concurrences mémorielles et la participation politique qui incitent les associations d'anciens résistants à se mobiliser, favorisant ainsi l'émergence de médias mémoriels de la « Résistance » et finalement le développement des associations d'anciens résistants et de leurs médias mémoriels dans le contexte de la globalisation de la mémoire. Ces facteurs, qui sont intrinsèquement liés et qu'il faut ainsi concevoir dans une perspective dynamique et interdépendante, sont présentés dans les chapitres de notre analyse empirique, qui est agencée en trois parties. Une première partie se consacre à l'émergence des associations d'anciens résistants et à leurs activités liées à l'immédiat après-guerre dans le contexte du rapatriement et de l'entraide, de l'épuration et de la reconstruction. Un deuxième chapitre analyse la lutte des associations d'anciens résistants pour une reconnaissance morale et matérielle ainsi que leur participation politique. Une troisième et dernière partie aborde finalement les projets mémoriels des associations d'anciens résistants entre commémoration et médiation de l'histoire dans le contexte de la globalisation de la mémoire de la Seconde Guerre mondiale.
Vidéo captée au moment de la commémoration du Bicentenaire de la mort de l'Abé de l'Epée, à Paris, conférences d'Alexix Karacostas portant sur l'Institut des jeunes Sourds-Muets à l'époque de la révolution française. Rushs de deux conférences avec pour l'une des questions de la salle. Enregistrements suivi d'un rush de Philippe Séro-Guillaume montrant des différences entre Lsf et français signé. ; 00:00:00 - 00:00:40 Conférence d'Alexis Karacostas prise en cours : Sollicitation des sourds-muets auprès de l'assemblée nationale en 1789 (interprète Pascale Beaujard) 00:00:50 - 00:01:10 Logement de sourds-muets aux Célestins 00:01:10 - 00:02:00 Evocation de la géopolitique autour de 1789 00:02:00 - 00:02:32 Présentation d'un projet de décret déposé par un député le 22 juillet 1789 00:02:32 - 00:04:30 L'Institution Nationale des Jeunes Sourds-Muets est créée par l'Etat qui en prend le contrôle 00:04:30 - 00:06:35 L'institution doirt réunir des élèves dans un espace unique, différencié, et autonome 00:06:35 - 00:08:00 Indépendance et autonomie du lieu répondent à l'idéal révolutionnaire 00:08:00 - 00:09:39 Perception de la complémentarité des sourds et des aveugles dans l'institution 00:09:39 - 00:11:06 Cohabitation entre Sourds et Aveugles dans l'institution pendant 4 ans 00:11:06 - 00:12:38 Emprisonnement de Sicard en 1792 00:12:38 - 00:12:43 Question de la salle 00:12:43 - 00:14:20 Texte de Jean Massieu pour faire libérer l'abbé Sicard en 1792 00:14:20 - 00:15:44 Sicard raconte cet épisode, 4 ans plus tard dans une revue royaliste 00:15:44 - 00:17:03 Sicard méprise les Sourds, si différents de lui et présentés commme des animaux 00:17:03 - 00:17:55 Attitude de sourds pendant la révolution : l'autonomie des sourds est déjà présente 00:17:55 - 00:18:59 Sourds et Aveugles : séparation des deux institutions en mars 1794 00:18:59 - 00:20:36 Installation de l'Institution Nationale des Jeunes Sourds-Muets au monastère St-Magloire, rue St-Jacques 00:20:36 - 00:22:10 Aperçu du circuit suivi par des jeunes sourds pendant leur passage à l'Institution 00:22:10 - 00:22:47 Coupure de l'enregistrement 00:22:47 - 00:26:50 Difficultés d'admission dans l'Institut : le voyage, le trousseau,. 00:26:50 - 00:29:22 Après l'institution 00:29:30 - 00:29:31 Le débat commence (changement d'interprète : Cécile Guyomarc'h) 00:29:39 - 00:30:27 Plan de caméra sur la salle 00:30:27 - 00:33:00 Locuteur 1 pose une question (voix de Pascale Beaujard), réponse d'Alexis Karacostas (Cécile Guoymarc'h) 00:33:00 - 00:33:47 Questions du locuteur 1 (voix de P. Beaujard), réponses d' Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:33:47 - 00:35:38 Question de Marie-Pierre Denoncourt (voix P.Beaujard), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:35:38 - 00:38:20 Questions de Marie-Pierre Denoncourt (voix P.Beaujard), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:38:20 - 00:45:17 Question de Guy Bouchauveau (voix de C. Guyomarc'h), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:45:17 - 00:45:43 Coupure 00:45:43 - 00:47:06 Extrait d'une autre conférence sur le même théme. Séances publiques de représentations théâtrales où la surdité est moquée entre 1780 et 1800 (interprète, Cécile Guyomarc'h) 00:47:06 - 00:48:01 Anecdotes sur Beaumarchais 00:48:01 - 00:49:20 Coupure 00:49:20 - 00:51:16 Papiers que les enfants doivent fournir pour rentrer dans l'institution puis coupure
Vidéo captée au moment de la commémoration du Bicentenaire de la mort de l'Abé de l'Epée, à Paris, conférences d'Alexix Karacostas portant sur l'Institut des jeunes Sourds-Muets à l'époque de la révolution française. Rushs de deux conférences avec pour l'une des questions de la salle. Enregistrements suivi d'un rush de Philippe Séro-Guillaume montrant des différences entre Lsf et français signé. ; 00:00:00 - 00:00:40 Conférence d'Alexis Karacostas prise en cours : Sollicitation des sourds-muets auprès de l'assemblée nationale en 1789 (interprète Pascale Beaujard) 00:00:50 - 00:01:10 Logement de sourds-muets aux Célestins 00:01:10 - 00:02:00 Evocation de la géopolitique autour de 1789 00:02:00 - 00:02:32 Présentation d'un projet de décret déposé par un député le 22 juillet 1789 00:02:32 - 00:04:30 L'Institution Nationale des Jeunes Sourds-Muets est créée par l'Etat qui en prend le contrôle 00:04:30 - 00:06:35 L'institution doirt réunir des élèves dans un espace unique, différencié, et autonome 00:06:35 - 00:08:00 Indépendance et autonomie du lieu répondent à l'idéal révolutionnaire 00:08:00 - 00:09:39 Perception de la complémentarité des sourds et des aveugles dans l'institution 00:09:39 - 00:11:06 Cohabitation entre Sourds et Aveugles dans l'institution pendant 4 ans 00:11:06 - 00:12:38 Emprisonnement de Sicard en 1792 00:12:38 - 00:12:43 Question de la salle 00:12:43 - 00:14:20 Texte de Jean Massieu pour faire libérer l'abbé Sicard en 1792 00:14:20 - 00:15:44 Sicard raconte cet épisode, 4 ans plus tard dans une revue royaliste 00:15:44 - 00:17:03 Sicard méprise les Sourds, si différents de lui et présentés commme des animaux 00:17:03 - 00:17:55 Attitude de sourds pendant la révolution : l'autonomie des sourds est déjà présente 00:17:55 - 00:18:59 Sourds et Aveugles : séparation des deux institutions en mars 1794 00:18:59 - 00:20:36 Installation de l'Institution Nationale des Jeunes Sourds-Muets au monastère St-Magloire, rue St-Jacques 00:20:36 - 00:22:10 Aperçu du circuit suivi par des jeunes sourds pendant leur passage à l'Institution 00:22:10 - 00:22:47 Coupure de l'enregistrement 00:22:47 - 00:26:50 Difficultés d'admission dans l'Institut : le voyage, le trousseau,. 00:26:50 - 00:29:22 Après l'institution 00:29:30 - 00:29:31 Le débat commence (changement d'interprète : Cécile Guyomarc'h) 00:29:39 - 00:30:27 Plan de caméra sur la salle 00:30:27 - 00:33:00 Locuteur 1 pose une question (voix de Pascale Beaujard), réponse d'Alexis Karacostas (Cécile Guoymarc'h) 00:33:00 - 00:33:47 Questions du locuteur 1 (voix de P. Beaujard), réponses d' Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:33:47 - 00:35:38 Question de Marie-Pierre Denoncourt (voix P.Beaujard), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:35:38 - 00:38:20 Questions de Marie-Pierre Denoncourt (voix P.Beaujard), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:38:20 - 00:45:17 Question de Guy Bouchauveau (voix de C. Guyomarc'h), réponses d'Alexis Karacostas (C. Guyomarc'h) 00:45:17 - 00:45:43 Coupure 00:45:43 - 00:47:06 Extrait d'une autre conférence sur le même théme. Séances publiques de représentations théâtrales où la surdité est moquée entre 1780 et 1800 (interprète, Cécile Guyomarc'h) 00:47:06 - 00:48:01 Anecdotes sur Beaumarchais 00:48:01 - 00:49:20 Coupure 00:49:20 - 00:51:16 Papiers que les enfants doivent fournir pour rentrer dans l'institution puis coupure ; Discourse type: dialogue ; Discourse type: narrative
This essay investigates how and why strategies of rewriting have been central to Vertigo's poetics and editorial project for over twenty years. Drawing notably on the works of Harold Bloom, Thierry Groensteen, and Geoffrey Klock, it first proceeds to establish the relevance of the concept of rewriting as it can be applied to comics (studies), particularly in showing how inter- and hypertextual relations are inherently connected to issues of nostalgia, memory as well as lineage, and therefore to processes of (self-)canonization and discourses of cultural legitimacy. It then moves on to identify some of the label's rewriting trends and discusses how they engage both intro- and retrospectively with the comics form, its history, and its (renewed) perception in the American context. More specifically, in recurrently paying homage to the DC archive, the pulp heritage, as well as to the Gothic tradition, it is my contention that Vertigo has participated in a critical logic of commemoration that distances itself from the mnemonic discourses championed by both the mainstream and alternative poles of the comics industry. In so doing, Vertigo may have attempted to create a canon of its own while certainly challenging Groensteen's claim that comics is an "art without memory". But perhaps more importantly, the essay concludes that Vertigo's cherishing of specific rewriting strategies has helped it adopt a politics of demarcation in regards to the structuring forces of the American comics field, a politics that not only subverts the field's power relations dynamics but also "writes back" to its practices of domination and exclusion. ; Cet article explore comment et pourquoi les stratégies de réécriture constituent depuis plus de vingt ans un des fondements de la poétique et du projet éditorial du label Vertigo (DC Comics). En s'appuyant notamment sur les travaux d'Harold Bloom, de Thierry Groensteen, et de Geoffrey Klock, le volet théorique et méthodologique de l'article établit l'utilité du concept de réécriture tel qu'il peut s'appliquer à la bande dessinée et à son étude. Les relations inter- et hypertextuelles ainsi que les problématiques de nostalgie, de mémoire et de lignée qui en découlent y seront notamment abordées. Plus particulièrement, les nombreuses implications qui animent ces débats mèneront sur des réflexions ayant trait aux processus de canonisation et aux discours de légitimité culturelle. L'article identifie ensuite certaines tendances de réécriture au sein du label et analyse comment celles-ci proposent des réflexions intro- et rétrospective sur le médium, son histoire, ainsi que le renouvellement de son image dans le contexte du marché américain. Plus précisément, en rendant hommage aux archives de DC, à l'héritage des pulps, ainsi qu'à la tradition Gothique, il est possible de soutenir que Vertigo a développé une logique de commémoration critique qui se distancie fortement des discours mnémoniques chers aux pôles mainstream et alternatif de l'industrie du comic book. Le label de DC a ce faisant tenté d'établir son propre canon tout en contestant l'argument de Thierry Groensteen selon lequel la bande dessinée serait « un art sans mémoire ». De manière plus importante cependant, l'ethos de réécriture dont le label est adepte a permis à celui-ci d'adopter une politique de démarcation par rapport aux forces structurantes du champ de la bande dessinée américaine. L'article conclut que cette démarche subversive ne réécrit pas seulement les lignes de forces de ce champ mais invite aussi à repenser les pratiques de domination et d'exclusion qui animent celui-ci. ; Peer reviewed
International audience ; Le 600 e anniversaire de la mort de Dante en 1921 fut célébré, sur l'ensemble du terri-toire italien, par une multitude d'initiatives auxquelles participa, de près ou de loin, la majeure partie de la classe intellectuelle et politique du pays grâce à une contribution financière considérable de la part d'un état ruiné par la Première Guerre mondiale. Les villes de Florence, Ravenne et Rome accueillirent les principales festivités du centenaire 1. Parmi une foule de propositions, il fut décidé par le ministère de l'Instruction publique, et approuvé par le parlement, que la meilleure façon de commémorer le poète serait de restaurer un ensemble de monuments anciens. Quoique rarement abordés par l'historio-graphie 2 , ces travaux monumentaux eurent un impact considérable sur l'aspect des centres ville de Florence et de Ravenne. À Florence en particulier, les commémorations de 1921 furent l'occasion d'une mise en valeur du patrimoine architectural de la fin du Moyen Âge et de la première Renaissance 3 , en radicale opposition avec les destructions entraînées par les premiers plans d'aménagement de la ville dans la seconde moitié du XIX e siècle. En un sens, ces opérations résultaient d'une prise de conscience patrimoniale cherchant à renouer avec une identité historique mise en péril par les efforts de « modernisation ». Face à l'hygiénisme des premiers plans, les travaux de 1921 appartiennent à un courant de réinvention de la ville des Communes que l'on a pu qualifier de « dantisme » architectural 4. Ce mouvement avait déjà été anticipé dans la seconde moitié du XIX e siècle par la création de la Casa di Dante. Une étude récente de D. Medina Lasansky a démontré que l'usage politique de ce passé architectural se poursuivit sans interruption après la prise de pouvoir fasciste 5. Le « dantisme » va de pair avec l'évocation du passé glorieux dans une conception scénographique de la ville historique centrée sur le monument (qui par définition interpelle la mémoire 6), à la fois signe et expression de l'identité locale et nationale. Produit d'un certain romantisme tardif, cette célébration se voulait, au sortir de la guerre, au-delà de Dante, celle de l'unité italienne et du chemin parcouru depuis l'unification. Florence au début du XX e siècle, une ville éventrée 7 En 1864, il fut décidé que Florence deviendrait, à la suite de Turin, la capitale du Royaume italien 8. Avant même le transfert effectif des organes du pouvoir, l'administration commu-nale décida de mettre en place un vaste plan d'aménagement pour préparer la ville à son nouveau statut. Un premier schéma d'agrandissement fut élaboré en deux mois par Giuseppe Poggi entre 1865 et 1866 9. À partir de la destruction des remparts et au travers d'un système de places et de boulevards rectilignes proche de celui d'Haussmann, Poggi projeta une ville nouvelle se développant en tache d'huile autour de la ville ancienne. Le plan Poggi eut le défaut majeur d'instaurer une fracture profonde entre la ville historique et la ville moderne ; toutefois il n'entraîna que peu de dommage pour le patrimoine florentin, le plan se contentant d'encercler la ville ancienne, sans la pénétrer. Un second plan d'aménagement, présenté par le directeur de l'Ufficio Tecnico de la ville Luigi Del Sarto comme une oeuvre d'hygiénisme, tant technique que morale, devait quant à lui se révéler bien plus drama-tique pour le patrimoine bâti 10. Del Sarto entendait moderniser Florence en perçant dans le tissu urbain hérité de la ville médiévale, une trame de voirie orthogonale (les fameux sventramenti). Le coeur de ce plan se concentrait sur la zone entourant le Mercato Vecchio et le Ghetto, noyau le plus dense et le plus populaire du centre de Florence 11. Suite aux
International audience ; Le 600 e anniversaire de la mort de Dante en 1921 fut célébré, sur l'ensemble du terri-toire italien, par une multitude d'initiatives auxquelles participa, de près ou de loin, la majeure partie de la classe intellectuelle et politique du pays grâce à une contribution financière considérable de la part d'un état ruiné par la Première Guerre mondiale. Les villes de Florence, Ravenne et Rome accueillirent les principales festivités du centenaire 1. Parmi une foule de propositions, il fut décidé par le ministère de l'Instruction publique, et approuvé par le parlement, que la meilleure façon de commémorer le poète serait de restaurer un ensemble de monuments anciens. Quoique rarement abordés par l'historio-graphie 2 , ces travaux monumentaux eurent un impact considérable sur l'aspect des centres ville de Florence et de Ravenne. À Florence en particulier, les commémorations de 1921 furent l'occasion d'une mise en valeur du patrimoine architectural de la fin du Moyen Âge et de la première Renaissance 3 , en radicale opposition avec les destructions entraînées par les premiers plans d'aménagement de la ville dans la seconde moitié du XIX e siècle. En un sens, ces opérations résultaient d'une prise de conscience patrimoniale cherchant à renouer avec une identité historique mise en péril par les efforts de « modernisation ». Face à l'hygiénisme des premiers plans, les travaux de 1921 appartiennent à un courant de réinvention de la ville des Communes que l'on a pu qualifier de « dantisme » architectural 4. Ce mouvement avait déjà été anticipé dans la seconde moitié du XIX e siècle par la création de la Casa di Dante. Une étude récente de D. Medina Lasansky a démontré que l'usage politique de ce passé architectural se poursuivit sans interruption après la prise de pouvoir fasciste 5. Le « dantisme » va de pair avec l'évocation du passé glorieux dans une conception scénographique de la ville historique centrée sur le monument (qui par définition interpelle la mémoire 6), à la fois signe et expression de l'identité locale et nationale. Produit d'un certain romantisme tardif, cette célébration se voulait, au sortir de la guerre, au-delà de Dante, celle de l'unité italienne et du chemin parcouru depuis l'unification. Florence au début du XX e siècle, une ville éventrée 7 En 1864, il fut décidé que Florence deviendrait, à la suite de Turin, la capitale du Royaume italien 8. Avant même le transfert effectif des organes du pouvoir, l'administration commu-nale décida de mettre en place un vaste plan d'aménagement pour préparer la ville à son nouveau statut. Un premier schéma d'agrandissement fut élaboré en deux mois par Giuseppe Poggi entre 1865 et 1866 9. À partir de la destruction des remparts et au travers d'un système de places et de boulevards rectilignes proche de celui d'Haussmann, Poggi projeta une ville nouvelle se développant en tache d'huile autour de la ville ancienne. Le plan Poggi eut le défaut majeur d'instaurer une fracture profonde entre la ville historique et la ville moderne ; toutefois il n'entraîna que peu de dommage pour le patrimoine florentin, le plan se contentant d'encercler la ville ancienne, sans la pénétrer. Un second plan d'aménagement, présenté par le directeur de l'Ufficio Tecnico de la ville Luigi Del Sarto comme une oeuvre d'hygiénisme, tant technique que morale, devait quant à lui se révéler bien plus drama-tique pour le patrimoine bâti 10. Del Sarto entendait moderniser Florence en perçant dans le tissu urbain hérité de la ville médiévale, une trame de voirie orthogonale (les fameux sventramenti). Le coeur de ce plan se concentrait sur la zone entourant le Mercato Vecchio et le Ghetto, noyau le plus dense et le plus populaire du centre de Florence 11. Suite aux
International audience ; Le 600 e anniversaire de la mort de Dante en 1921 fut célébré, sur l'ensemble du terri-toire italien, par une multitude d'initiatives auxquelles participa, de près ou de loin, la majeure partie de la classe intellectuelle et politique du pays grâce à une contribution financière considérable de la part d'un état ruiné par la Première Guerre mondiale. Les villes de Florence, Ravenne et Rome accueillirent les principales festivités du centenaire 1. Parmi une foule de propositions, il fut décidé par le ministère de l'Instruction publique, et approuvé par le parlement, que la meilleure façon de commémorer le poète serait de restaurer un ensemble de monuments anciens. Quoique rarement abordés par l'historio-graphie 2 , ces travaux monumentaux eurent un impact considérable sur l'aspect des centres ville de Florence et de Ravenne. À Florence en particulier, les commémorations de 1921 furent l'occasion d'une mise en valeur du patrimoine architectural de la fin du Moyen Âge et de la première Renaissance 3 , en radicale opposition avec les destructions entraînées par les premiers plans d'aménagement de la ville dans la seconde moitié du XIX e siècle. En un sens, ces opérations résultaient d'une prise de conscience patrimoniale cherchant à renouer avec une identité historique mise en péril par les efforts de « modernisation ». Face à l'hygiénisme des premiers plans, les travaux de 1921 appartiennent à un courant de réinvention de la ville des Communes que l'on a pu qualifier de « dantisme » architectural 4. Ce mouvement avait déjà été anticipé dans la seconde moitié du XIX e siècle par la création de la Casa di Dante. Une étude récente de D. Medina Lasansky a démontré que l'usage politique de ce passé architectural se poursuivit sans interruption après la prise de pouvoir fasciste 5. Le « dantisme » va de pair avec l'évocation du passé glorieux dans une conception scénographique de la ville historique centrée sur le monument (qui par définition interpelle la mémoire 6), à la fois signe et expression de l'identité locale et nationale. Produit d'un certain romantisme tardif, cette célébration se voulait, au sortir de la guerre, au-delà de Dante, celle de l'unité italienne et du chemin parcouru depuis l'unification. Florence au début du XX e siècle, une ville éventrée 7 En 1864, il fut décidé que Florence deviendrait, à la suite de Turin, la capitale du Royaume italien 8. Avant même le transfert effectif des organes du pouvoir, l'administration commu-nale décida de mettre en place un vaste plan d'aménagement pour préparer la ville à son nouveau statut. Un premier schéma d'agrandissement fut élaboré en deux mois par Giuseppe Poggi entre 1865 et 1866 9. À partir de la destruction des remparts et au travers d'un système de places et de boulevards rectilignes proche de celui d'Haussmann, Poggi projeta une ville nouvelle se développant en tache d'huile autour de la ville ancienne. Le plan Poggi eut le défaut majeur d'instaurer une fracture profonde entre la ville historique et la ville moderne ; toutefois il n'entraîna que peu de dommage pour le patrimoine florentin, le plan se contentant d'encercler la ville ancienne, sans la pénétrer. Un second plan d'aménagement, présenté par le directeur de l'Ufficio Tecnico de la ville Luigi Del Sarto comme une oeuvre d'hygiénisme, tant technique que morale, devait quant à lui se révéler bien plus drama-tique pour le patrimoine bâti 10. Del Sarto entendait moderniser Florence en perçant dans le tissu urbain hérité de la ville médiévale, une trame de voirie orthogonale (les fameux sventramenti). Le coeur de ce plan se concentrait sur la zone entourant le Mercato Vecchio et le Ghetto, noyau le plus dense et le plus populaire du centre de Florence 11. Suite aux