Résumé Entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, on assiste en Allemagne non seulement à la formation d'un vaste système structuré de groupes de pression, mais aussi au renforcement de l'organisation des groupements d'intérêts, à l'accroissement de leur influence sur la vie politique et à l'extension sensible de leur rôle dans le système politique. C'est cette phase décisive dans l'histoire des groupes de pression économiques allemands qu'étudie l'article.
Peu de travaux se sont interrogés sur la mobilisation des retraités en tant que catégorie d'intérêts face aux orientations de la politique de la vieillesse. En Amérique du Nord, notamment aux États-Unis où le contexte institutionnel et la culture politique sont plus favorables qu'en France à l'expression des groupes de pression liés à l'âge, des travaux spécifiques offrent une perspective particulièrement intéressante pour la recherche. Mais en centrant essentiellement l'observation sur l'articulation entre les besoins sociaux et les réponses politiques, ces études ne reflètent en définitive que partiellement les rapports de pouvoir et d'influence protéiformes entre ces groupes d'intérêts et la société des États-Unis. Sans prétendre à l'exhaustivité, cet article se propose d'ouvrir une perspective sur l'action des groupes de pression de retraités américains au-delà des centres de gravité politique. Il s'agit de montrer comment ces organisations ont en définitive construit des modes de défense des intérêts matériels et immatériels qui dépassent le strict cadre de l'action politique. Nous introduirons trois figures idéales typiques qui caractérisent les différentes logiques d'action et les formes de structurations empruntées par les organisations de retraités dans la défense des intérêts de leurs membres. Il s'agit tout d'abord du groupe de pression – figure traditionnelle de l'action politique – de l'entrepreneur et enfin de l'agent; trois configurations qui structurent ces organisations tant dans le domaine politique qu'économique ou social.
La notion de « corps intermédiaires » est peu commune en science politique, mais il n'en demeure pas moins que l'expression a été utilisée à la fois par l'Église Catholique et par une certaine élite québécoise. Son emploi a d'ailleurs permis à ses auteurs de développer une théorie du rôle des corps intermédiaires et une organisation possible de société. L'objet de cette analyse est d'abord de tracer un aperçu historique du terme avec les implications qui en ont découlé à travers les ans. Dans cette première partie, il faudra s'attarder à la naissance de l'expression et son utilisation par l'Église Catholique qui en a fait une doctrine dans certaines Encycliques papales. Ensuite, il importera de considérer la signification du développement de l'expression « corps intermédiaires » et sa portée sur la société québécoise. Ce second aspect de notre étude touchera le leadership recherché par l'Église au Québec avant les années 1960; on y cherchera à cerner l'importance de cette tentative pour l'ensemble des relations gouvernants-gouvernes et à identifier également le corporatisme enseigné à la fois par le clergé et l'élite traditionnelle québécoise, corporatisme qui n'a de sens et de chance de survie que s'il est basé sur la coopération. En outre, on comparera les résultats de notre recherche avec les notions de groupes d'intérêt et de groupes de pression. Ici, c'est sur l'aspect politique des implications des notions de groupes d'intérêt et de groupes de pression vis-à-vis celle des corps intermédiaires qu'on insistera davantage. En un mot, on cherchera à capter les différences et la nature de l'une et l'autre, en insistant sur les aspects spécifiques des corps intermédiaires. Enfin, cet examen se terminera par une application au Mouvement coopératif Desjardins, un des corps intermédiaires les plus actifs du Québec. Il faudra alors signaler les relations dirigeants-dirigés et chercher à voir si elles sont différentes de celles des groupes d'intérêt. L'hypothèse de base de cette analyse est la suivante : s'il est vrai, comme l'ont écrit certains spécialistes, que l'État a été perçu au Québec, et cela jusqu'au début de la Révolution tranquille, comme étant « étranger à la collectivité», il faut chercher ailleurs pour trouver le développement d'une organisation sociale et la création de groupes permettant aux individus d'unir leurs efforts. L'Église catholique a agi comme « stimulateur » de cette force d'association et, pour ce faire, elle a appuyé ses enseignements sur la doctrine des Encycliques papales. En même temps une certaine élite venait l'encourager dans cette voie. Les corps intermédiaires furent au centre de cette doctrine catholique et correspondent à ces associations d'individus qui visaient à faire des choses sous l'égide de l'Église qui cherchait à organiser la vie sociale. Cela est bien différent des groupes de pression qui visent à « articuler » des intérêts à l'État. Un corps intermédiaire n'articule pas : il fait lui-même des choses sans que l'État n'intervienne. On touche là le coeur de la théorie corporatiste de société avancée par l'Église. Or, cette théorie doit être transformée en même temps que la société québécoise s'urbanise et se sécularise. La notion originelle de corps intermédiaires — un corps de différentes associations formant une unité corporative incluant toute la société — ne peut survivre. Bien plus ! En organisant son action pour la relier à l'État, un corps intermédiaire devient un groupe de pression et n'est plus animé des principes chrétiens qui l'ont fait naître. Il entre alors en conflit avec d'autres groupes et met de côté l'idée à l'origine des corps intermédiaires, la coopération.