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De la déviance minoritaire à la violence institutionnelle : le cas américain
Sophie BODY-GENDROT
Les conditions de vie de minorités captives de zones urbaines ghettoisées, se sont aggravées depuis les années 1970. Par le biais des médias, une représentation négative du monde démonise ces lieux et leurs habitants. Avec facilité, les élus politiques exploitent le thème de la criminalité chargé de connotations raciales. A la différence des années 1920, le savoir transmis par les criminologues, les juges et autres experts, sur la vanité de mesures telles que l'incarcération massive de délinquants non violents ne retient pas l'attention tant la répression est payante pour certaines administrations, pour des groupes d'intérêts et pour les sphères politiques et tant elle comble un désir de vengeance sociale, substitut compensatoire à des anxiétés plus globales.

Comparer la situation des quartiers européens et américains en crise serait hasardeux, tant leur histoire et la nature de l'intervention publique les différencient. Délaissées par la bourgeoisie et les classes moyennes pour les banlieues où celles- ci se sont approprié le système politico-administratif pour leurs propres besoins, les villes ont toujours eu mauvaise réputation aux Etats-Unis, Pourtant, les centre-villes continuent d'attirer les nouveaux immigrants. Mais tous ne peuvent s'offrir le rêve suburbain. Une partie des noirs et des latinos sont relégués dans les ghettos du centre-ville où la pauvreté se développe et s'approfondit. Les politiques sociales et fiscales fédérales des quinze dernières années y ont largement contribué.

Tout oppose apparemment les traditions française et américaine en matière d'intégration des migrants et des minorités. Au credo français de la nation unitaire, répond l'ethnicisation des minorités et la prégnance du concept de race aux USA. Tandis que la société française intègre des individus, la société américaine, elle, négocie l'adaptation de groupes ethniques hétérogènes. De même, les Français se méfient beaucoup des effets pervers de l'Affirmative Action, une politique qui prend pourtant tout son sens dans le contexte américain, marqué par de très fortes discriminations, au moins jusqu'aux années 60.

Si les élites de l'ex-URSS et de la Chine sont indéniablement attirées par les Etats-Unis, plus que n 'importe quel autre pays développé, les Etats-Unis se sont appliqués à attirer chez eux les cerveaux du monde entier. Depuis la Seconde Guerre mondiale, plus d'un demi-million de spécialistes du monde entier ont choisi les Etats-Unis comme terre d'immigration. Mais certains immigrés, après avoir accédé au rêve américain, en découvrent l'envers.

Le mouvement associatif est au centre de toutes les stratégies d'intégration. Ses dirigeantes sont tout à la fois des «mutantes» — entre deux cultures ou deux générations —, des «féministes soft», des femmes «trait d'union». Un portrait sociologique de ces «battantes», dont les activités allient l'innovation socio-économique, un goût prononcé pour l'autonomie et la tentation du politique.

Based on conference papers. Summary in English. Includes discussion of citizenship laws.