Être maire à Roubaix. La prise de rôle d'un héritier. Rémy Lefebvre [63-87]. L'entrée dans une institution est un moment privilégié pour analyser les pratiques et les représentations qui y ont cours. Entendue ici comme une prise de rôle, elle constitue un moment d'apprentissage où un nouvel acteur s'approprie des savoir-faire et intériorise des représentations. L'étude d'une succession mayorale à Roubaix fait apparaître que les rôles qu'endosse le nouvel édile s'articule en trois registres distincts (territorial, politique, managérial) qu'il doit mettre en cohérence. Au prix d'un bricolage permanent et en fonction de ses propres ressources politiques, le maire s'ajuste plus qu'il se conforme à l'ensemble des normes qui définissent à un moment donné le rôle de maire.
Si la fabrication des publics est un aspect central de la participation, sa boîte noire a rarement été ouverte. Résultant d'une sollicitation politique, les conseils citoyens (CC) relèvent de cette logique de production institutionnelle d'un public. Nourris des acquis des sciences sociales sur la participation et des effets censitaires qu'elles mettent en exergue, les CC cherchent à impliquer les « sans voix » par le moyen, en autres techniques, du tirage au sort, censé extraire de la population un public de profanes. Cependant, face aux difficultés de recrutement, loin d'être une étape inaugurale, la fabrique du public des CC est un work in progress courant sans cesse après son public.
Les chercheurs en sciences sociales sont mobilisés comme experts dans les processus et dispositifs de démocratie participative. L'article revient sur une double expérience dans la politique menée par la région Nord-Pas-de-Calais et interroge les transactions entre chercheurs et monde de la participation (pouvoirs publics, professionnels de la participation, élus, techniciens...). Il analyse d'abord la commande sociale puis les logiques d'action des chercheurs-experts. Il montre les tensions et dissensions que génère cette coopération.
Dans un contexte de délégitimation des partis, l'adoption et le déclenchement des primaires de 2016-2017 ont été marqués par des facteurs structurels et des éléments conjoncturels, des logiques d'imitation et des luttes politiques. À LR, d'abord contestées, elles ont été fortement cadrées, accréditant la thèse de sa performance électorale. Au PS, elles ont été plus tardives, beaucoup moins maîtrisées et consenties dans l'urgence afin de relégitimer le président sortant, soulignant le caractère irréversible du précédent de 2011. Dans les deux cas, la défaite des candidats désignés à l'élection présidentielle rappelle le caractère incertain de la primarisation du système partisan français.
Pour analyser les pratiques, les techniques et les savoirs mobilisés lors des campagnes électorales, cet article propose l'usage de la notion de répertoires d'actions électorales . La littérature sur les campagnes électorales est généralement dominée par des considérations d'efficience électorale et les changements observés dans les pratiques sont principalement liés à des évolutions technologiques. La notion de répertoires d'actions électorales permet d'analyser les choix produits par les agents dans un contexte où « le choix des armes » est structuré historiquement et sociologiquement. Les agents puisent dans des répertoires d'actions électorales en fonction de contextes politiques enserrés dans des cadres légaux, en fonction aussi de leur appartenance partisane et du rapport de force interne aux partis. La notion de répertoire permet aussi d'expliquer les mobilisations électorales en tenant compte des trajectoires des agents mobilisés et des interactions qu'ils entretiennent avec leurs publics. Enfin, il s'agit aussi d'analyser les évolutions historiques et géographiques des répertoires en lien avec des croyances qui entourent les modes d'action et les phénomènes de circulation dont ils font l'objet.