La France de Mitterrand et le conflit du Proche-Orient : comment concilier émotion et politique ?, par Dominique Moïsi Pour comprendre la nature du changement intervenu dans la politique française à l'égard du conflit israélo-arabe, il importe avant tout d'analyser les composantes de la pensée du président Mitterrand. Dans le discours que le Président prononça à la Knesset, on retrouve Mitterrand le résistant, le ministre de la IVe République, le membre eminent de l'Internationale socialiste, celui surtout qui cherche à concilier une approche morale et réaliste du monde international. Mais il est tragiquement ironique de voir que c'est au moment où la France adopte une politique plus équilibrée à l'égard d'Israël que la politique poursuivie en Israël par le gouvernement Begin apparaît le moins justifiable. Du haut de son impuissance relative, le seul discours qui puisse tenir la France est un discours d'ordre moral, même si ce choix est en pratique difficile.
Europe and the Arab-Israeli conflict, by Dominique Moïsi The numerous statements made in common by the Nine about the Middle-East since 1973 illustrate a new phenomenom: a gradual adoption by the Europeans of a policy that was originally that of France. This European "unity" with regards to the Middle-East has been to the detriment of Israel and it reflects a process of increasing isolation of the Jewish State which is partly due to the Israeli themselves. As clearly indicated by the conflict between Iran and Irak, Europe can have only a relative influence in the Middle-East. Indeed, it finds itself limited by a dual dependence: militarily vis-a-vis the United States and economically vis-a-vis the oil producing countries. The Europeans' position with respect to the Palestinian cause may above all allow them to play a diplomatic role in the Gulf more than it directly helps in finding the solution to the Arab-Israeli dispute.
Reinventing the West, by Dominique MOÏSI The divisions between Europe and America, as well as within Europe itself, took a turn in 2003 which bodes ill for the future, both in terms of the future of transatlantic relations and in terms of world stability and security. Perspectives for the world will not be improved if Europe unites against the United States or if the latter turns away from the Old Continent. The world would on the contrary be a more dangerous place. It is thus urgent to reinvent the West, a united and renewed West, aware of the differences within it as well as of the common values it holds. This West must show the rest of the world that it can act in a positive fashion with concrete results in order to improve the situation, in particular with regard to the regions most torn apart by war and poverty as is the case in the Middle East and Africa.
Depuis la reprise des violences, en octobre 2000, le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens va d'échec en échec. Malgré les efforts de Clinton et l'énergie déployée à Camp David, en juillet dernier, pour formuler un compromis acceptable par les deux parties, les pressions de la rue et des opinions publiques ont finalement eu raison des efforts de compréhension et de négociation produits courageusement par les élites israéliennes et palestiniennes. Et alors qu'à l'automne 2000, on n'avait jamais semblé si près d'un règlement pacifique du conflit, la seule perspective à court terme est aujourd'hui celle d'un ralentissement de l'escalade des violences.