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L'ONU ET LA GUERRE D'OCTOBRE, par MARIE-CLAUDE SMOUTS
L'histoire des Nations Unies a montré que l'Organisation a peu d'influence sur le déroulement et le résultat d'un conflit armé intéressant les super-Grands mais que, lorsque ceux-ci s'entendent pour utiliser ses services, elle a un rôle irremplaçable dans le maintien de la paix. La guerre d'octobre a permis de le constater à nouveau. L'ONU n'a pu intervenir que lorsque Russes et Américains ont eu besoin de son concours et son action s'est inscrite dans le cadre tracé par eux. Les pays non alignés du Conseil de sécurité, la Chine et les pays européens n'ont fait qu'enregistrer l'accord du... condominium, et le Secrétaire général n'a eu qu'un rôle d'exécution. La nouvelle force d'urgence représente cependant un progrès dans la coopération internationale, puisque son action et son financement dépendent de l'ensemble des Etats membres de l'ONU sous contrôle du Conseil de sécurité, et que les parties en présence ne pourront donc en demander le retrait de façon unilatérale.
[Revue française de science politique XXIV (4), août 1974, pp. 812-827.]

Revue française de science politique
LES SUITES INSTITUTIONNELLES DE LA CONFÉRENCE SUR LA SÉCURITÉ ET LA COOPÉRATION EN EUROPE, par MARIE-CLAUDE SMOUTS
L'Union soviétique et les pays de l'Est voudraient, quoique pour des motifs différents, voir la CSCE se prolonger par un embryon d'institution permanente. Les Occidentaux, sur ce point, sont partagés. Les uns considèrent qu'un organe paneuropéen permettrait à des pays comme la Roumanie, la Pologne ou la Tchécoslovaquie d'avoir une tribune internationale, tout en facilitant les progrès de la libre circulation des hommes et des idées. Les autres redoutent qu'un tel organisme ne soit une occasion pour l'URSS d'intervenir dans les affaires de la CEE. La « querelle des suites » reflète en réalité une querelle plus fondamentale sur la véritable nature de la CSCE.
[Revue française de science politique XXIV (6), décembre 1974, pp. 1230-1236.]

Summary in English.

Décolonisation et sécession. Double morale à l'O.N.U. ? par Marie-Claude Smouts
Bien que prônant le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, les Nations Unies n'ont jamais interprété ce droit comme appartenant à des groupes locaux ou minoritaires voulant faire sécession. Confondant indépendance et autodétermination, elles n'en ont accordé le bénéfice qu'aux peuples colonisés ou dominés par une minorité raciste. Hormis ce contexte de décolonisation ou de lutte contre la discrimination raciale, elles ont condamné les guerres de séparation : Katanga, Biafra, Bangla-Desh. Les valeurs de l'O.N.U. sont conservatrices : ordre et stabilité à l'intérieur des frontières internationales reconnues, primauté de l'Etat sur le peuple.
[Revue française de science politique XXII (4), août 1972, pp. 832-846.]

Le Secrétaire Général des Nations Unies, problématique d'une nomination, par Marie-Claude Smouts
En choisissant le secrétaire général de l'ONU, les Etats membres ne font pas qu'élire un haut fonctionnaire. Les débats autour de cette nomination peuvent remettre en cause les conditions d'exercice de la fonction, la bonne marche de l'organisation, le prestige des groupes et des Etats membres. Les deux "grands" ont un vote essentiel dans ce choix et leur volonté s'exerce comme un contrôle et un filtrage des candidatures. Aux petites et moyennes puissances il revient de proposer les candidats et d'approuver le marchandage conclu par les grands. Dans certains cas, le candidat pressenti joue un rôle dans sa propre nomination (U Thant). La particularité de l'élection de 1971 tient à l'importance de l'Assemblée générale dont la majorité échappe au contrôle des Etats-Unis, mais dont les débats se compliquent de divergences entre les groupes régionaux. Elle tient aussi à la présence implicite de la Chine dans les négociations.
[Revue française de science politique XXI (5), octobre 1971, pp. 1070-1094]

Includes a summary in English on p. 1167.

(First published in French in Le Retournement du monde, 1992, pp 11-19.) The international system has become the most unstable of all political systems. Made up of an infinite number of units that are evolving without us knowing how to extract laws from it or plot its future. When the nation-state triumphed in Europe, notably with the Treaties of Westphalia (1648), a de facto international system was formed that resulted only from the composition of political orders emanating from internal driving forces. The spread of a homogeneous territorial order has in particular led to the universalization of the national model & to the division of space into finite territories that are institutionalized & presented as legitimate. The picture has now changed. The numerous signs of a decline in the capacity of states inevitably undermine the quality of civil obedience & therefore the quality of their international action. The international space is thus gradually given over to an explosive dynamic fueled by a cultural pluralism that becomes more powerful every day, while actually being crossed, traveled, & indeed articulated by constant transnational flows that are increasingly active & structuring. These changing & deteriorating conditions call for an effort to reconstruct knowledge & practices. Adapted from the source document.