Le concept de développement durable fait l'objet d'un large consensus apparent. Cependant, son intégration et sa traduction dans les politiques publiques sont diffuses, inégales et finalement décevantes (Propocid 20081). Nous faisons l'hypothèse que le développement durable, du fait des ambiguïtés de sa définition et de sa portée idéologique modifie de façon spécifique les débats politiques locaux, mais que la façon dont son injonction interagit sur les dynamiques déjà à l'oeuvre participe à l'explication des difficultés de sa mise en oeuvre. A partir de la situation d'une économie insulaire et rentière comme la Nouvelle-Calédonie, l'article étudie les mécanismes de contextualisation du développement durable et de son impact sur les politiques et dynamiques locales. Nous dressons dans un premier temps un portrait de la ruralité calédonienne et de ses grandes évolutions, mises en perspective par rapport à la situation macroéconomique et sociale du Pays. L'émergence du développement durable et de son lexique dans les discours politiques et ses déclinaisons pour le monde rural sont ensuite décrites et analysées.
Un des défis essentiels que rencontrent les politiques de développement durable réside dans leur difficile identification et mise en oeuvre. Vingt ans après le rapport Brundtland, alors que les discours se sont multipliés et affinés, les pratiques semblent rester majoritairement inabouties et décevantes. Dans cette communication, nous abordons les questions de l'émergence de la notion de développement durable dans les politiques publiques, et les questions soulevées par sa mise en oeuvre dans le monde rural en Nouvelle-Calédonie. Les politiques de développement durable modifient les équilibres politiques locaux, sans pour autant faire évoluer de façon sensible les dynamiques longues qui se déploient à l'intersection des dimensions économiques, sociales et environnementales. Les dynamiques rentières, le dualisme économique culturel et social, ainsi que la richesse et la diversité des écosystèmes néo-calédoniens soulèvent des défis majeurs à la mise en oeuvre de ces politiques de développement durable qui s'adressent au monde rural. La problématique du "destin commun" renvoie à ces différentes dimensions.
Le débat sur le développement durable invite à appréhender les problématiques économiques dans leur intégration, leur "enchâssement" dans les dynamiques sociales et culturelles plus larges. L'attention portée à la gestion des ressources naturelles et à la valorisation de la diversité culturelle - qui s'affirme comme le quatrième pilier du développement durable - vont bien dans ce sens. Or, sortir du tout économique, c'est aussi sortir des visions normatives en termes d'intervention publique; il s'agit d'inventer localement des projets de sociétés favorisant les articulations entre les sphères économique, sociale, culturelle et environnementale. Ce nécessaire repositionnement se décline spécifiquement dans le Pacifique. En premier lieu, force est de constater que les modèles économiques, sociaux et culturels restent éloignés des standards occidentaux, par nature expansionnistes, qui contribuent très largement à façonner l'environnement mondialisé dans lequel les sociétés locales évoluent. L'insularité, caractéristique de nombreux pays et territoires, contribue de surcroît à brider les perspectives de développement économique et à fragiliser les milieux naturels: les marchés sont étroits, les possibilités d'économies d'échelle réduites, l'accès au commerce international grevé par l'éloignement, etc. Le Pacifique francophone, à travers ses évolutions politiques et institutionnelles récentes, offre quant à lui la particularité d'une importation - au mieux d'un ajustement - de politiques publiques pensées et formalisées en métropole. Les inadéquations de ces politiques aux réalités locales sont nombreuses, particulièrement dans le monde rural: encouragement à la spécialisation quand la complexité des systèmes d'activité semble la règle, difficultés des opérateurs économiques à développer des activités durablement rentables, appropriation difficile et seulement partielle des innovations proposées, etc. Conjointement à ces difficultés à répondre aux besoins locaux de développement, on note une inquiétude croissante liée à la perte de repères culturels et de savoir-faire anciens. La présente intervention entend illustrer ces grands questionnements à partir d'études de cas, principalement issues du monde rural calédonien, mettant en lumière les décalages entre les pratiques et représentations des acteurs locaux et les politiques dont ils sont la cible. Une attention particulière est portée aux innovations endogènes, articulant de façon originale les principes du développement économique et les fondements des organisations sociales locales. L'accent est mis également sur les difficultés de l'accompagnement de ces articulations originales avec les outils du développement classiquement disponibles. Ce regard critique conduit à mettre en avant les perspectives d'approches dites de développement local. Celles-ci entendent, schématiquement, mieux tenir compte des pratiques et dynamiques économiques et sociales. Elles mobilisent pour cela les acquis d'une recherche action compréhensive des stratégies des différents acteurs, s'intéressant aux interrelations entre pratiques marchandes et non marchandes. Il s'agit aussi de définir des formes innovantes d'animation participative, qui permettent une contribution effective des populations locales aux politiques publiques qui les concernent. Il ne s'agit plus de réfléchir au seul "pourquoi ?", mais aussi au "comment ?" Il ne s'agit plus simplement de faire participer les acteurs à la mise en oeuvre des projets, mais de proposer des méthodes (organisation d'ateliers, supports de discussion et de réflexion, etc.), adaptées au contexte. Ces méthodes, nécessairement innovantes, favorisent l'émergence d'une implication collective dans l'ensemble du processus de développement, depuis la définition des actions et projets jusqu'à leur évaluation.
The Coconut Industry Development for the Pacific (CIDP) Project is a joint initiative of the Pacific Community (SPC), European Union (EU) and the African, Caribbean and Pacific Group of States (ACP). CIDP aims to bolster the coconut sector in the region by improving the competitiveness of small producers, and strengthening production and regional integration of related markets. In the framework of this project, French Agricultural Research for Development (CIRAD) led and assisted with the design of improved seed production systems and developed a risk analysis for the coconut value chain. In June 2018, CIRAD launched an online survey on incentives and risks by contacting more than one thousand coconut stakeholders worldwide. The initial results of this survey and meeting output were presented at the 2018 COCOTECH conference, where the risk analysis study was also launched. A meeting was conducted in December 2018 in Fiji, both to train participants in risk mitigation and to improve this manual. Each individual risk assessment is authored by two to five experts and/or participants in the training session. The 40 risks presented in this document cover a wide diversity of themes and recommendations. They are organized in eight sections which explore the following themes: climate change and hazards; pests and diseases; planting material; agricultural practices; organizational and policy issues; post-harvest and processing; economics and marketing, and socio-cultural habits. The introduction to each of these eight sections provides generic perspectives addressing coconut development for the Pacific region. Each risk is first briefly described; then its occurrence and severity are examined, and the issues associated with its mitigation and adaptation are discussed. Finally, actions to undertake are proposed, and a short bibliography gives key information sources. In total, contributors to this manual included 52 experts from 26 countries, of which 19 are located in Oceania, and seven are located in Africa, Asia, and Europe.
La forte croissance de la population accentue la pression sur les terres agricoles et amplifie le défi d'accès au foncier pour le plus grand nombre. Au-delà des succès techniques de la gestion foncière décentralisée, il s'agit de renforcer les approches territoriales permettant la mise en oeuvre de diagnostics et de plans d'action concertés.
High population growth is putting additional pressure on agricultural land and exacerbating the challenge of access to land for many people. Beyond the technical successes of decentralised land management, territorial approaches need to be consolidated in order to enable the implementation of assessments and concerted action plans.
A Ségou, comme dans la plupart des régions du Mali, l'agriculture reste le principal moyen d'existence des ménages. La région a un important potentiel de développement de l'irrigation et du secteur de l'agroalimentaire, mais le défi de diversification économique reste entier pour répondre à la demande d'emplois, aujourd'hui et pour les prochaines décennies. L'élaboration de stratégies au niveau régional offre la possibilité de mobiliser les synergies entre acteurs et entre secteurs.
In Ségou, as in most parts of Mali, agriculture is still the main source of livelihood for households. There is considerable potential for developing irrigation and the agri-food sector in the region, but economic diversification remains a challenge in terms of meeting the demand for jobs, both now and in the coming decades. The development of strategies at the regional level provides an opportunity for mobilising synergies between stakeholders and between sectors.
"La Nouvelle-Calédonie s'apprête à prendre un virage institutionnel et politique dans un monde qui a radicalement changé depuis les premières luttes pour la décolonisation. Vingt-huit ans après les accords de Matignon-Oudinot, alors que se profile une nouvelle date clé pour son avenir institutionnel et politique avec la sortie programmée de l'accord de Nouméa, où en est la Nouvelle-Calédonie ? Son modèle économique a-t-il fondamentalement changé ? Sa trajectoire de développement est-elle soutenable ? Alors que le pays est engagé dans un processus de décolonisation négocié, quels sont ses atouts et ses options stratégiques pour affronter la mondialisation et ses nouvelles formes ? Le pays est en effet de plus en plus intégré à des marchés mondiaux libéralisés et dérégulés ; l'urbanisation se confirme mais elle prend des formes et a des impacts qui déjouent certains pronostics et tendances observées ailleurs ; vingt-cinq années de croissance soutenue ont dopé le marché intérieur ; en lien avec la croissance des mobilités, la place du non-marchand et de la coutume est restée essentielle à son développement humain ; les transferts de compétences de l'État français vers le territoire opérés au cours des vingt dernières années ont transformé les lieux et les acteurs de la décision politique ; l'industrialisation par la métallurgie a changé la donne quant à la répartition de la rente du nickel ; la bipolarisation politique a fait place à davantage de pluralisme... pour ne citer que certaines des évolutions les plus emblématiques. A la veille de la consultation sur le transfert des dernières compétences, quels sont les futurs possibles pour l'économie très politique de la Nouvelle-Calédonie ? Sur quels acquis institutionnels et économiques de la trajectoire récente s'appuyer ? Quels relais de croissance activer et, au-delà et surtout, quel modèle de développement et quel "contrat social" renégocier ?"--Page 4 of cover
PROPOCID est un projet pluriannuel (2007-2009) de recherche comparative sur les politiques publiques de développement durable agricoles et rurales, financé par l'ANR (Agence Nationale de la Recherche, France). Le constat de départ tient au fait que l'émergence de la préoccupation de " durabilité " sur la scène internationale au début des années 1990 a donné lieu à une modification du référentiel des politiques agricoles et rurales nationales, qui s'est opérée de façon spécifique selon les contextes nationaux. A partir de ce constat, le projet examine le sens donné à la notion de durabilité dans les référentiels des politiques agricoles et rurales nationales et du contenu de ces politiques, en analysant comment les nouveaux discours sur le développement durable sont intégrés, négociés, voire ré-interprétés aux différents niveaux de production des politiques publiques. Les travaux portent sur un ensemble diversifié de situations nationales - Brésil, France, Madagascar, Mali, Mexique et Nouvelle Calédonie - en empruntant les instruments d'analyse à divers courants des sciences sociales, notamment l'approche cognitive des politiques publiques et l'institutionnalisme historique. Le collectif de recherche est composé d'une trentaine de chercheurs en sciences sociales appartenant à diverses institutions de recherches françaises : CIRAD, GEMDEV/Paris XI, INRA, MOISA, ENESAD en collaboration avec leurs partenaires dans les pays étudiés : Brésil : CPDA-UFRRJ (Université Fédérale Rurale de Rio de Janeiro), CDS-UNB (Université Fédérale de Brasilia), PPGRGS-UFRGS (Université Fédérale de Rio Grande do Sul), UFCG (Université Fédérale de Campina Grande), UFPA (Université Fédérale du Pará), CNPMAEMBRAPA (Centre de Recherche sur l'environnement de l'institution nationale brésilienne de recherche agronomique) ; Madagascar : ICM (Institut Catholique de Madagascar), Université d'Antanarivo ; Mali : IER (Institut d'économie rurale) ; Mexique : CIESAS (Centre de recherche en sciences sociales), FLACSO (Faculté latino-américaine en sciences sociales) ; Nouvelle-Calédonie : IAC (Institut agronomique calédonien), UNC (Université de nouvelle Calédonie).(résumé d'auteur)
Cet article propose une grille analytique et méthodologique du lien entre migrations et développement rural au Sud à partir de la notion de système familial multilocalisé. Les stratégies de moyens d'existence et les capabilités des familles sont analysées au prisme de leur espace de mobilité et des circulations qui articulent villes et campagnes, aux échelles nationales et internationales. L'application de la grille d'analyse aux campagnes du Nicaragua permet d'en tester la pertinence.
Au fil d'une quinzaine de pages, l'édition 2014 de la brochure du Cirad réalisée pour le Salon international de l'agriculture de Paris, illustre en quoi et comment l'agriculture familiale peut relever les défis de l'emploi et de la lutte contre la pauvreté ; de la sécurité alimentaire ; de la préservation de l'environnement et des ressources naturelles ; du réchauffement climatique, etc. La brochure Agricultures familiales, une chance pour la planète. est conçue autour de deux grands axes. Le premier consacré aux capacités d'innovation de cette forme d'agriculture et le second à la recherche " sur " et " pour " les agricultures familiales. Selon ces deux perspectives, la brochure révèle comment agriculture familiale et recherche s'attachent à relever ensemble de nombreux défis. Richement illustrée, elle permet un accès aisé au plus grand nombre
Over its fifteen pages or so, the 2014 edition of the CIRAD brochure produced for the Paris International Agricultural Show illustrates to what extent and in what way family farming can address the challenges of providing jobs and alleviating poverty; food security; preserving the environment and natural resources; climate change, etc. The brochure Agricultures familiales, une chance pour la planète. centres on two main topics. The first is the capacity of this type of farming to innovative and the second research "on" and "for" family farming. From these two perspectives, the brochure shows how family farms and research are working together to address a number of challenges. It is abundantly illustrated and easily accessible to a broad readership
Plaquette de présentation des principaux résultats de l'étude d'évaluation réalisée par l'IAC et le CIRAD en 2010/11 ; The "Code of Development" (CODEV) is one of the major tools for supporting economic development and for individual and collective initiatives in the Northern Province of New Caledonia. In 2010, CODEV was evaluated on the 20 years of its implementation. This document presents some results of the evaluation made by mobilizing traditional development indicators (income, jobs, .), but also trying to stick to the emancipation policy intentions and recognition of lifestyles and culture of the inhabitants of the territory of the Northern Province. The evaluation revealed a rather successful economic and social dualism management combining economic integration and respect for local representations of development. ; Le Code de Développement (CODEV) est un des principaux outils d'appui au développement économique et aux initiatives individuelles et collectives en province Nord de la Nouvelle Calédonie. En 2010, le CODEV a été évalué sur les 20 années de sa mise en œuvre. Ce document présente quelques résultats de cette évaluation faite en mobilisant les indicateurs classiques du développement (revenus monétaires, emplois,.), mais aussi en tentant de coller aux intentions politiques d'émancipation et de reconnaissance des modes de vie et culture des habitants du territoire de la province Nord. L'évaluation révèle une gestion plutôt réussie d'un dualisme économique et social, combinant intégration économique et respect des représentations locales du développement.
Plaquette de présentation des principaux résultats de l'étude d'évaluation réalisée par l'IAC et le CIRAD en 2010/11 ; The "Code of Development" (CODEV) is one of the major tools for supporting economic development and for individual and collective initiatives in the Northern Province of New Caledonia. In 2010, CODEV was evaluated on the 20 years of its implementation. This document presents some results of the evaluation made by mobilizing traditional development indicators (income, jobs, .), but also trying to stick to the emancipation policy intentions and recognition of lifestyles and culture of the inhabitants of the territory of the Northern Province. The evaluation revealed a rather successful economic and social dualism management combining economic integration and respect for local representations of development. ; Le Code de Développement (CODEV) est un des principaux outils d'appui au développement économique et aux initiatives individuelles et collectives en province Nord de la Nouvelle Calédonie. En 2010, le CODEV a été évalué sur les 20 années de sa mise en œuvre. Ce document présente quelques résultats de cette évaluation faite en mobilisant les indicateurs classiques du développement (revenus monétaires, emplois,.), mais aussi en tentant de coller aux intentions politiques d'émancipation et de reconnaissance des modes de vie et culture des habitants du territoire de la province Nord. L'évaluation révèle une gestion plutôt réussie d'un dualisme économique et social, combinant intégration économique et respect des représentations locales du développement.