In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 53, S. 129-142
Longtemps exclus, puis victimes de politiques d'assimilation forcée, les peuples autochtones remettent aujourd'hui en question les conditions de leur appartenance et de leur participation au régime de citoyenneté des États issus de la colonisation européenne. Le processus de restructuration de l'État-providence pourrait influencer la dynamique des revendications identitaires autochtones, en modifiant les paramètres de la citoyenneté sociale et la relation des peuples autochtones avec l'État. On tend aujourd'hui, d'une part, à l'intégration programmatique accompagnée de mesures ciblées et, d'autre part, à une plus grande autonomie locale dans la gestion de ces programmes. Le régime de citoyenneté d'après-guerre favorisait plutôt une uniformisation du rapport entre les citoyens et l'État, et donc posait en contradiction l'intégration à ce régime et le maintien d'un régime statutaire distinct pour les autochtones. Le modèle actuel peut ainsi paraître moins réfractaire à la multiplicité et à la différenciation.
L'auteure interroge le rôle de la territorialité dans les récits et les mobilisations de femmes autochtones au Costa Rica. Plus précisément, elle veut mettre en évidence la place du lien au territoire dans les récits et les revendications de ces femmes afin de saisir la manière dont leurs mobilisations se construisent à partir de cette relation. L'auteure en conclut que la territorialité est un lieu central – à la fois de tension, d'articulation et d'identification – de définition des revendications au sein des initiatives qu'elle a examinées et dans les récits que les femmes autochtones ont partagés avec elle.
International audience ; Ce texte retrace la genèse et le développement du mouvement amazigh marocain afin d'envisager les différentes phases d'appréhension de l'ethnicité, les différents visages qu'elle a endossé et son insertion dans des réseaux "globaux". Il interroge le passage d'un discours sur le patrimoine à celui de la défense d'une identité berbère par-delà les frontières des États-nations. Pour cela, il évoque les conditions d'émergence du mouvement berbère par des intellectuels à Rabat, ses réseaux d'influences, sa constitution au niveau national, pour entrevoir le passage à une dimension internationale à travers la conception d'une "diaspora" berbère. Restituer l'insertion de ce mouvement dans le champ institutionnel et politique nous permet de saisir la légitimité qu'il préconise : une reconnaissance "culturelle" (place dans les médias, dans la recherche, etc.), linguistique (statut de leur langue, standardisation, enseignement) et politique (fédéralisme, démocratie, laïcité).
International audience ; Ce texte retrace la genèse et le développement du mouvement amazigh marocain afin d'envisager les différentes phases d'appréhension de l'ethnicité, les différents visages qu'elle a endossé et son insertion dans des réseaux "globaux". Il interroge le passage d'un discours sur le patrimoine à celui de la défense d'une identité berbère par-delà les frontières des États-nations. Pour cela, il évoque les conditions d'émergence du mouvement berbère par des intellectuels à Rabat, ses réseaux d'influences, sa constitution au niveau national, pour entrevoir le passage à une dimension internationale à travers la conception d'une "diaspora" berbère. Restituer l'insertion de ce mouvement dans le champ institutionnel et politique nous permet de saisir la légitimité qu'il préconise : une reconnaissance "culturelle" (place dans les médias, dans la recherche, etc.), linguistique (statut de leur langue, standardisation, enseignement) et politique (fédéralisme, démocratie, laïcité).
L'utilisation du territoire est un type de recherche appliquée particulièrement en demande depuis le début des années 1970. Il s'applique surtout à deux réalités, les revendications globales des autochtones et les études d'impact en situation de développement industriel. Depuis les débuts de la colonisation du Canada, les autochtones ont été refoulés en dehors de l'espace économique du pays et Immobilisés en dehors du temps, parqués dans des réserves. Notre propos est de souligner qu'à travers un langage de rationalité et de partage équitable, à travers la rigueur des recherches, l'utilisation du territoire y contribuant, l'entreprise d'exclusion du monde des autochtones pour avoir changé de forme a gardé, somme toute la même cible, celle de conserver la souveraineté de l'État, de laisser au Capital les projets et le champ libre pour les réaliser. Aux autochtones on laisse la culture et le mode de vie. Là non plus rien ne semble acquis.
L'entrepreneuriat autochtone, au Canada et dans le monde, a fait l'objet d'une attention croissante pour son potentiel de réduction de la pauvreté et de la marginalisation sociale. Ainsi, la capacité d'une communauté autochtone à créer de la richesse dépend en partie de sa capacité à « adhérer » à l'économie et à établir des relations commerciales. Un réseau d'entreprises autochtones peut générer des connaissances et des opportunités sur le marché, ainsi qu'apporter des avantages mutuels au niveau des entreprises et des avantages socio-économiques au niveau de la communauté. Bien que les avantages des réseaux d'entreprises aient été décrits dans la littérature, peu de recherches empiriques ont exploré ce concept dans le contexte des communautés autochtones. Le but de cette recherche est de mieux comprendre les besoins, les défis et les opportunités liés aux réseaux d'entreprises dans un contexte autochtone. Nous avons utilisé une approche exploratoire et nous avons collaboré avec la Filière forestière des Premières Nations du Québec (FFPNQ). Des entretiens semi-structurés ont été menés avec des représentants d'entreprises forestières autochtones. Cette recherche montre que les besoins exprimés pour un réseau d'entreprises autochtones correspondent à plusieurs éléments identifiés dans la littérature. Ceux-ci incluent un accès plus facile à l'information, le partage d'expertise, des contributions au bien-être collectif, une influence politique accrue et des opportunités pour développer de nouveaux marchés. De plus, nos résultats mettent en évidence plusieurs défis à la mise en place d'un réseau commercial autochtone : financement, confiance, distance entre les membres et soutien politique aux niveaux national et local. Cette recherche contribue à une meilleure compréhension des conditions qui favorisent le succès des entreprises autochtones. Pour les dirigeants politiques, cela peut guider l'élaboration de solutions plus efficaces pour répondre aux besoins du développement économique autochtone et de la création de richesses au niveau local. ; Indigenous entrepreneurship, in Canada and around the world, has received growing attention for its potential to reduce poverty and social marginalization. Thus, the capacity of an Indigenous community to create wealth depends, in part, on its ability to 'opt in' to the economy and establish business relationships. An Indigenous business network seeks to generate knowledge and opportunities on the market, as well as bring mutual benefits at the business level and socioeconomic benefits at the community level. While business network benefits have been documented in the literature few empirical research explore this concept in the context of indigenous communities. The purpose of this research is to better understand needs, challenges and opportunities related to business network in an Indigenous context. We used an exploratory approach and we worked collaboratively with the First Nations of Quebec Forestry Network (FNQFN). Semi-structured interviews were conducted with Indigenous forest company representatives. This research shows that the needs expressed for a network of Indigenous business corresponds to several elements identified in the literature. These include easier access to information, sharing of expertise, contributions to collective well-being, greater political influence, and opportunities to develop new markets. Additionally, our results highlight several challenges to the establishment of an indigenous business network: funding, trust, distance between members, and political support at the national and local level. This research contribute to a better understanding of the conditions that enhance the success of indigenous enterprises. For political leaders, it can guide the development of more effective solutions to meet the needs of Indigenous economic development and the creation of wealth at the local level.
Cette note critique revisite le livre Les Langues autochtones du Québec. Un patrimoine en danger sous la direction de la sociolinguiste Lynn Drapeau paru en 2011. La diffusion des dernières données linguistiques du recensement fédéral mais aussi du phénomène dit de revitalisation des langues autochtones dans les communautés, des revendications politiques pour leur reconnaissance comme langues officielles et par là, de la protection et la promotion des langues autochtones, définissent le contexte de cette relecture, s'appuyant sur divers ouvrages à ce propos, confrontant tendances statistiques dominantes et mouvement culturel autochtone.
Les auteures interrogent l'apport des médias socionumériques aux luttes des femmes autochtones du Québec. À la suite du scandale de Val-d'Or – qui a vu des agents de la Sûreté du Québec éclaboussés par des allégations d'agressions sexuelles envers des femmes des nations crie et anichinabée –, les chercheuses ont mené une observation ethnographique dans les comptes Facebook et Twitter des principales militantes et associations autochtones ayant investi les médias socionumériques pour dénoncer ces violences policières. Complétée par des entrevues, leur analyse montre que la variété des actions privilégiées en ligne donne une visibilité accrue aux luttes des femmes autochtones et favorise leur prise de parole. Ces actions se révèlent des moyens efficaces pour décoloniser l'ordre social patriarcal et forger un « espace de la cause des femmes autochtones ».
L'article porte sur le point de vue que les mères blanches autochtones en couple mixte vivant en Italie ont vis-à-vis des discriminations vécues par leurs enfants et sur les stratégies qu'elles mettent en place pour y faire face. L'expérience parentale face au vécu discriminatoire lié à l'origine et à la couleur de peau des enfants de couples mixtes en Italie est peu connue. Cette question représente pourtant un important enjeu de la parentalité dans le processus d'inclusion sociale des enfants, dans un contexte postcolonial. Une recherche menée en Italie du Nord auprès de parents italiens et africains subsahariens a permis de montrer le rôle de sensibilisation à la diversité ethnique et mélanique que jouent ces mères dans la relation avec leurs enfants. L'étude interroge les relations avec l'école comme lieu attendu d'une alliance éducative et de prévention des discriminations.
"Cet ouvrage réunit des articles préparés à la suite du colloque organisé en 2007 en l'honneur de Denys Delâge et de Réal Ouellet, respectivement professeurs au Département de sociologie et au Département des littératures de l'Université Laval. Ce colloque se voulait une occasion de souligner les carrières de ces deux éminents chercheurs, mais aussi un moment pour explorer, dans une perspective interdisciplinaire, de nouvelles avenues dans l'étude des relations entre les Européens, leurs descendants en Amérique et les Autochtones. Pour rendre compte de la diversité de ces relations et de leur importance dans l'histoire du Canada, le colloque proposait de les aborder à partir de trois concepts clés: représentation, métissage et pouvoir. Ces concepts, qui se trouvent au cœur des recherches des dernières années sur les Autochtones, rejoignent aussi les grandes orientations des travaux menés par les deux chercheurs honorés à cette occasion. Les articles qui composent cet ouvrage sont regroupés autour de cinq thèmes : méthodes et sources ; relations de voyage et édition critique ; corps et colonialisme ; représentation de l'Autre ; représentation de soi et identité."--P. [4] of cover
Tahiti est l'île principale d'un archipel du Pacifique Sud, la Polynésie française, lié, sous des statuts divers depuis 1842, à une République française éloignée de 16 000 kilomètres. S'ils n'ont donc pas été minorisés démographiquement, ni spoliés de leurs terres, dans les proportions que l'on connaît ailleurs, en Amérique et dans le Pacifique, les Tahitiens (environ 80 % d'une population de l'île estimée à 183 000 habitants aujourd'hui) ont incontestablement été victimes d'une politique d'assimilation qui a connu une accélération au début des années 1960, avec la nouvelle vocation de ce territoire à devenir le lieu des essais nucléaires français. Exposés plus massivement aux institutions importées de Paris (justice et école), plus urbanisés et dépendants de l'emploi salarié, les Tahitiens ont eu tendance alors à projeter leurs enfants dans un avenir francophone au sein duquel les langues polynésiennes étaient d'autant moins transmises qu'elles apparaissaient comme préjudiciables à l'intégration sociale. De fait, la déperdition d'une génération à l'autre est patente : si 52 % des 75-79 ans déclarent une langue polynésienne comme étant la plus parlée en famille, ce n'est le cas que de 17 % des 15-19 ans en 2012. En réaction à l'ambition souvent hégémonique de la langue et de la culture françaises, et pour préserver ce qui peut l'être de la langue et de la culture tahitiennes, une politique visant à promouvoir cette langue et cette culture à l'école a été mise en application depuis le début des années 1980. Basée sur des enquêtes empiriques auprès des enseignants, des parents et des enfants eux-mêmes (notamment via le programme de recherche « École plurilingue outre-mer » de l'Agence nationale de la recherche française en 2008-2012 et le programme de recherche « Les langues entre l'école et la famille : représentations et pratiques linguistiques contemporaines des enfants de CM2 à Tahiti » du Ministère de la Culture français en 2013-2014), notre contribution interroge les enjeux de la complémentarité entre école et famille élargie dans la transmission linguistique et culturelle, avec une attention toute particulière pour les représentations enfantines des langues que parlent les enfants, des langues qu'ils entendent autour d'eux, et des langues qui seront les leurs plus tard.