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En France, la loi sur le voile a fait figure de disposition hautement controversée tant elle est venue heurter des sensibilités diverses. Or sa perception par les musulmans du Moyen-Orient, largement occultée dans le débat public, comptait pourtant au rang des signaux les plus dignes d'être pris en considération. L'adoption par le gouvernement français de règles entrant en contradiction avec des préceptes religieux perçus comme universels était en effet susceptible de conduire à un embrasement des opinions publiques de cette région. Pourtant, derrière la contestation active entretenue par les médias arabes se profile une critique publique d'un type très particulier.

En mars 2000, lors du Conseil européen de Lisbonne, les membres de l'Union européenne (UE) avaient affiché l'ambition de se doter de « l'économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde ». Dans un contexte où les crédits alloués à la recherche diminuent tendanciellement en Europe depuis la fin de la guerre froide, ils s'étaient fixés l'objectif d'y investir 3 % de leur produit intérieur brut (PIB). En concurrence avec les laboratoires américains, dont les moyens sont sans commune mesure avec ceux dont disposent les laboratoires de n'importe quel autre pays, la recherche européenne tend à s'intégrer de plus en plus. Cependant, les résistances nationales sont encore puissantes, sans compter la difficulté de coordonner des structures de recherche fortement hétérogènes.

L'importance du facteur technologique dans la puissance militaire n'est plus à démontrer, de la « guerre des étoiles » du président Ronald Reagan à la Network Centric Warfare (NCW) lors de la dernière guerre irakienne. Au niveau européen, étant donné les contraintes pesant sur les budgets de Défense, le véritable dilemme vient aujourd'hui de l'équation « capacité militaire / capacité technologique ». La prise de conscience d'un gap capacitaire a conduit les pays européens à réorienter leurs dépenses en direction des équipements, aux dépens du secteur recherche et développement (R&D). Des solutions sont néanmoins envisageables, notamment une meilleure synergie entre secteurs militaire et civil, mais la meilleure réponse au défi technologique reste la mise en commun des efforts de recherche au niveau de l'Union européenne (UE).

À la lumière des niveaux de dépense publique et privée de recherche et développement (R&D), l'Union européenne (UE), et la France en particulier, accusent depuis le début des années 1990 un retard en matière de production d'innovations par rapport aux États-Unis. Au cœur de cette différence, le système de droits de propriété industrielle américain incite fortement à l'innovation, au moyen d'une politique efficace de brevetabilité et de contrôle. Cet article propose une lecture comparatiste des caractéristiques économiques et juridiques des systèmes de propriété industrielle afin de mettre en exergue les conditions d'amélioration du brevet communautaire.

Les diasporas scientifiques et techniques réunissant chercheurs et ingénieurs originaires de pays du Sud, travaillant dans les pays du Nord, constituent un phénomène nouveau. Elles entraînent des transferts de connaissances qui s'accomplissent de façon paradoxale. Puisant dans les bassins de compétence concentrés au Nord, elles en redistribuent les savoir-faire vers le Sud pour favoriser les processus locaux de développement. Ceux-ci exploitent ainsi des ressources lointaines, issues d'accumulations antérieures, que les diasporas mettent à profit dans leurs pays d'origine sans les soustraire aux autres acteurs. Des exemples asiatiques récents révèlent l'efficacité de cette logique mais aussi ses limites en termes de redistribution.

Les tumultes récents dans le monde de la recherche en France sont nés du mécontentement des sciences de la vie, qui s'est rapidement étendu aux autres disciplines. Par conséquent, il est nécessaire de redonner rapidement confiance aux chercheurs. Ce domaine subit, comme dans d'autres pays développés, d'importantes tensions, aussi bien démographiques qu'économiques ou culturelles, bien plus larges que les difficultés de quelques laboratoires publics. La solution à ces problèmes n'est pas, comme dans les années 1950, de recréer un nouveau système de recherche ex nihilo . Néanmoins, plusieurs réformes sont envisageables, à court et à long terme.