International audience ; What were the content, quantity and channels of international information available to a large city in the first half of the 20 th century in the field of urban management and city planning ? The example of Lyons, the second city of France, might be a good one as it is supposed to be pioneering the question under the leadership of its mayor Edouard Herriot and the famous architect Tony Garnier. A closer scrutiny shows the weaknesses, awkwardness and superficiality of international information in Lyons. The reasons lead us towards considering what was the status of the urban question in France: a secondary variable.
International audience ; What were the content, quantity and channels of international information available to a large city in the first half of the 20 th century in the field of urban management and city planning ? The example of Lyons, the second city of France, might be a good one as it is supposed to be pioneering the question under the leadership of its mayor Edouard Herriot and the famous architect Tony Garnier. A closer scrutiny shows the weaknesses, awkwardness and superficiality of international information in Lyons. The reasons lead us towards considering what was the status of the urban question in France: a secondary variable.
Dans un texte préparatoire aux travaux du Comité d'Histoire du Ministère de la Culture, on peut lire que "l'une des particularités des questions culturelles locales est qu'elles constituent l'un des principaux vecteurs de la construction du localisme". C'est autour de cette remarque préalable que je voudrais apporter quelques éléments, puisqu'effectivement c'est la reconnaissance d'une "culture locale" qui fonde la légitimité d'une communauté territoriale, s'agisse-t-il d'une nation, d'une région, d'un pays ou d'une cité. On comprend donc que la démonstration et l'exhibition de l'existence de modes spécifiques de dire, de faire, de dessiner, de chanter ou de peindre soit au coeur de cette ingénierie sociale quotidienne et savante qui se préoccupe de réactiver en permanence les caractéristiques qui fondent et prouvent l'existence d'un groupe territorial. C'est de ces usages du thème local que je voudrais dresser ici un bref portrait autour du cas lyonnais, afin de suggérer de quelle manière on peut tenter d'objectiver ce "localisme", comme une première phase du recul nécessaire pour ne pas se retrouver aux côtés de certains de ses acteurs en croyant faire l'analyse localisée de politiques culturelles. Dès lors, il me semble que la prise en compte des pratiques, institutions et usages de ce localisme permettent tout à la fois d'échapper à ce piège possible, et de rendre raison du localisme en des termes qui nourrissent la réflexion sur l'inscription des politiques culturelles locales dans leur rapport aux institutions politiques, aux groupes sociaux, aux structures collectives (associations, cénacles divers) tant à l'échelle locale que nationale. En d'autres termes, ce petit détour peut permettre d'éviter de prendre la vessie du local pour une lanterne générale en le réintégrant dans ses enjeux spécifiques, mais aussi de s'interdire sa relégation dans les formes sociales indignes de connaissance au nom du rejet des catégories folkloriques ou communes. En prenant le localisme au sérieux non pas pour ce qu'il dit être, mais pour ce qu'il peut nous apprendre sur la constitution des groupes territoriaux, on peut le placer au service d'une démarche d'analyse des politiques culturelles locales. Ou du moins essayer, en partant de l'analyse du localisme, de ses formes et de ses usages, pour arriver aux politiques municipales qui tentent d'en assurer la défense ou la promotion au travers de diverses formes institutionnalisées
Dans un texte préparatoire aux travaux du Comité d'Histoire du Ministère de la Culture, on peut lire que "l'une des particularités des questions culturelles locales est qu'elles constituent l'un des principaux vecteurs de la construction du localisme". C'est autour de cette remarque préalable que je voudrais apporter quelques éléments, puisqu'effectivement c'est la reconnaissance d'une "culture locale" qui fonde la légitimité d'une communauté territoriale, s'agisse-t-il d'une nation, d'une région, d'un pays ou d'une cité. On comprend donc que la démonstration et l'exhibition de l'existence de modes spécifiques de dire, de faire, de dessiner, de chanter ou de peindre soit au coeur de cette ingénierie sociale quotidienne et savante qui se préoccupe de réactiver en permanence les caractéristiques qui fondent et prouvent l'existence d'un groupe territorial. C'est de ces usages du thème local que je voudrais dresser ici un bref portrait autour du cas lyonnais, afin de suggérer de quelle manière on peut tenter d'objectiver ce "localisme", comme une première phase du recul nécessaire pour ne pas se retrouver aux côtés de certains de ses acteurs en croyant faire l'analyse localisée de politiques culturelles. Dès lors, il me semble que la prise en compte des pratiques, institutions et usages de ce localisme permettent tout à la fois d'échapper à ce piège possible, et de rendre raison du localisme en des termes qui nourrissent la réflexion sur l'inscription des politiques culturelles locales dans leur rapport aux institutions politiques, aux groupes sociaux, aux structures collectives (associations, cénacles divers) tant à l'échelle locale que nationale. En d'autres termes, ce petit détour peut permettre d'éviter de prendre la vessie du local pour une lanterne générale en le réintégrant dans ses enjeux spécifiques, mais aussi de s'interdire sa relégation dans les formes sociales indignes de connaissance au nom du rejet des catégories folkloriques ou communes. En prenant le localisme au sérieux non pas pour ce qu'il dit être, mais pour ce qu'il peut nous apprendre sur la constitution des groupes territoriaux, on peut le placer au service d'une démarche d'analyse des politiques culturelles locales. Ou du moins essayer, en partant de l'analyse du localisme, de ses formes et de ses usages, pour arriver aux politiques municipales qui tentent d'en assurer la défense ou la promotion au travers de diverses formes institutionnalisées
Dans un texte préparatoire aux travaux du Comité d'Histoire du Ministère de la Culture, on peut lire que "l'une des particularités des questions culturelles locales est qu'elles constituent l'un des principaux vecteurs de la construction du localisme". C'est autour de cette remarque préalable que je voudrais apporter quelques éléments, puisqu'effectivement c'est la reconnaissance d'une "culture locale" qui fonde la légitimité d'une communauté territoriale, s'agisse-t-il d'une nation, d'une région, d'un pays ou d'une cité. On comprend donc que la démonstration et l'exhibition de l'existence de modes spécifiques de dire, de faire, de dessiner, de chanter ou de peindre soit au coeur de cette ingénierie sociale quotidienne et savante qui se préoccupe de réactiver en permanence les caractéristiques qui fondent et prouvent l'existence d'un groupe territorial. C'est de ces usages du thème local que je voudrais dresser ici un bref portrait autour du cas lyonnais, afin de suggérer de quelle manière on peut tenter d'objectiver ce "localisme", comme une première phase du recul nécessaire pour ne pas se retrouver aux côtés de certains de ses acteurs en croyant faire l'analyse localisée de politiques culturelles. Dès lors, il me semble que la prise en compte des pratiques, institutions et usages de ce localisme permettent tout à la fois d'échapper à ce piège possible, et de rendre raison du localisme en des termes qui nourrissent la réflexion sur l'inscription des politiques culturelles locales dans leur rapport aux institutions politiques, aux groupes sociaux, aux structures collectives (associations, cénacles divers) tant à l'échelle locale que nationale. En d'autres termes, ce petit détour peut permettre d'éviter de prendre la vessie du local pour une lanterne générale en le réintégrant dans ses enjeux spécifiques, mais aussi de s'interdire sa relégation dans les formes sociales indignes de connaissance au nom du rejet des catégories folkloriques ou communes. En prenant le localisme au sérieux non pas pour ce qu'il dit être, mais pour ce qu'il peut nous apprendre sur la constitution des groupes territoriaux, on peut le placer au service d'une démarche d'analyse des politiques culturelles locales. Ou du moins essayer, en partant de l'analyse du localisme, de ses formes et de ses usages, pour arriver aux politiques municipales qui tentent d'en assurer la défense ou la promotion au travers de diverses formes institutionnalisées
International audience ; What about administrative territories ? The historian consider them as petty objects, being either artefacts or convenient frames where he can develop his analysis. This paper tries to understand the policy of space that determined the administrative division of 19th century Lyon thanks through the examples of religious and others territories. ; Si les circonscriptions administratives ont tout du mauvais sujet pour l'historien, c'est que leur approche est souvent réduite à une alternative : la dénonciation de l'artifice et l'acceptation du cadre donné. Cet article veut tenter de rendre raison de l'artifice et de comprendre comment le cadre a été donné, et donc d'interroger le découpage territorial comme action d'administration et comme catégorie d'action des populations, bref comme politique spatiale, à partir d'exemples pris dans le Lyon du 19e siècle autour de circonscriptions politiques, judiciaires, policières ou religieuses.
International audience ; What about administrative territories ? The historian consider them as petty objects, being either artefacts or convenient frames where he can develop his analysis. This paper tries to understand the policy of space that determined the administrative division of 19th century Lyon thanks through the examples of religious and others territories. ; Si les circonscriptions administratives ont tout du mauvais sujet pour l'historien, c'est que leur approche est souvent réduite à une alternative : la dénonciation de l'artifice et l'acceptation du cadre donné. Cet article veut tenter de rendre raison de l'artifice et de comprendre comment le cadre a été donné, et donc d'interroger le découpage territorial comme action d'administration et comme catégorie d'action des populations, bref comme politique spatiale, à partir d'exemples pris dans le Lyon du 19e siècle autour de circonscriptions politiques, judiciaires, policières ou religieuses.
International audience ; What about administrative territories ? The historian consider them as petty objects, being either artefacts or convenient frames where he can develop his analysis. This paper tries to understand the policy of space that determined the administrative division of 19th century Lyon thanks through the examples of religious and others territories. ; Si les circonscriptions administratives ont tout du mauvais sujet pour l'historien, c'est que leur approche est souvent réduite à une alternative : la dénonciation de l'artifice et l'acceptation du cadre donné. Cet article veut tenter de rendre raison de l'artifice et de comprendre comment le cadre a été donné, et donc d'interroger le découpage territorial comme action d'administration et comme catégorie d'action des populations, bref comme politique spatiale, à partir d'exemples pris dans le Lyon du 19e siècle autour de circonscriptions politiques, judiciaires, policières ou religieuses.
International audience ; What about administrative territories ? The historian consider them as petty objects, being either artefacts or convenient frames where he can develop his analysis. This paper tries to understand the policy of space that determined the administrative division of 19th century Lyon thanks through the examples of religious and others territories. ; Si les circonscriptions administratives ont tout du mauvais sujet pour l'historien, c'est que leur approche est souvent réduite à une alternative : la dénonciation de l'artifice et l'acceptation du cadre donné. Cet article veut tenter de rendre raison de l'artifice et de comprendre comment le cadre a été donné, et donc d'interroger le découpage territorial comme action d'administration et comme catégorie d'action des populations, bref comme politique spatiale, à partir d'exemples pris dans le Lyon du 19e siècle autour de circonscriptions politiques, judiciaires, policières ou religieuses.
International audience ; What about administrative territories ? The historian consider them as petty objects, being either artefacts or convenient frames where he can develop his analysis. This paper tries to understand the policy of space that determined the administrative division of 19th century Lyon thanks through the examples of religious and others territories. ; Si les circonscriptions administratives ont tout du mauvais sujet pour l'historien, c'est que leur approche est souvent réduite à une alternative : la dénonciation de l'artifice et l'acceptation du cadre donné. Cet article veut tenter de rendre raison de l'artifice et de comprendre comment le cadre a été donné, et donc d'interroger le découpage territorial comme action d'administration et comme catégorie d'action des populations, bref comme politique spatiale, à partir d'exemples pris dans le Lyon du 19e siècle autour de circonscriptions politiques, judiciaires, policières ou religieuses.
Nicole Commerçon,Maurice Garden,Bernard Lepetit, Marcel Roncayolo ; THIS THESIS WILL ATTEMPT TO turn SPACE, usually A PRETEXTUAL DIMENSION OF HISTORICAL ANALYSIS, INTO AN OBJECT OF ANALYSIS. THIS ATTEMPT AT A HISTORY OF SPACE TAKES SHAPE about A FRENCH CITY, LYON, AND COVERS THE NINETEENTH CENTURY IN ITS BROADEST SENSE, FROM 1789 TO 1914. THE AIM IS TO MAKE A SOCIETY SPEAK OF A CITY, RATHER THAN HAVE A CITY SPEAK OF A SOCIETY, AS IT DID IN THE 'FIFTIES AND 'SIXTIES WHEN THE CITY WAS MERELY THE SITE OF HISTORICAL RESEARCH. THIS HISTORY OF SPACE UNFOLDS ON THREE LEVELS. First, THE CITY IS considered as THE MILIEU IN WHICH THE LIVES OF ITS INHABITANTS ARE SITUATED. FOR THIS REASON THEY MAKE THAT SPACE THEIR OWN IN DIVERSE WAYS. THEY GIVE IT NAMES, THEY DIVIDE IT UP, THEY SEARCH FOR POINTS OF REFERENCE : IN A WORD, THEY elaborate A MENTAL MAP OF THE CITY. FURTHERMORE, CERTAIN MONUMENTS AND SPACES ARE ENDOWED WITH MEANINGS. THESE MEANINGS IN TURN SIGNIFY VALUES, AND THUS 'MORAL REGIONS' ARE CONSTITUTED. THIS IS ILLUSTRATED BY DETAILED ANALYSIS OF TWO EXAMPLES, THE CROIX-ROUSSE AND FOURVIERE. SECOND, SPACE IS A TERRAIN IN WHICH STATE POWER IS EXERCISED. IN ORDER TO UNDERSTAND THE COMPLEX RELATIONSHIP BETWEEN POWER AND SPACE SOME OF THE MOST IMPORTANT MEANS OF MARKING OUT THE CITY ARE DISCUSSED-STREET PLANS, COMMUNAL BRODERS, POLICE DISTRICTS FOR EXAMPLE. POWER ALSO ACTS ON THE CITY. THERE FORE, IN THE MANNER OF TRADITIONAL URBAN HISTORY, NINETEENTH CENTURY CONCEPTS OF TOWN PLANNING ARE EXAMINED (CENTRALITY, NETWORKS, COMMUNICATIONS), ALONG WITH THEIR ADAPTATION TO CONDITIONS IN LYON. THIRD, space is tranfomed into a territory by the agency of the inahbitants, who porduce confliciting definitions of what is means to belong. The last volume of this thesis is an attempt to grasp the vitality of this construction of a sense of belonging, what was and is still called the 'lyonese spirit', thourgh a painstaking reconstitution of the themes, mechanics and impact of this social representation of the locality. ; Ce travail de thèse d'histoire est voué aux études urbaines: on y retrouvera donc sans surprise les influences des travaux menés sur le phénomène urbain par les géographes, les sociologues ou les ethnologues. Entrepris avec l'idée de placer l'espace au centre de l'analyse, il se propose de faire parler de la ville par les individus et les groupes qui l'habitent. L'espace urbain n'y est donc pas prétexte à une analyse centrée sur les groupes sociaux ou les forces économiques, mais le sujet même du travail. Cette perspective se développe sur trois axes. LE MILIEU Tout d'abord une exploration rétrospective des espaces et des lieux de Lyon dans leurs usages et significations pour ceux qui habitaient ou visitaient la ville au XIX° siècle. Les usages: il ne s'agit pas dans cette perspective de travail de savoir combien de Lyonnais allaient prier à Notre Dame de Fourvière ou se promenaient le long du fleuve. Notre emploi du mot "usage" va plus dans le sens d'une utilisation des lieux et des espaces en tant que chemins, limites et points de repères. Il s'agit de retrouver une manière de connaître et de maîtriser la ville à travers les circuits de déplacement. Les récits de promenade, inclus dans les romans, les souvenirs ou les descriptions permettent de se livrer à une étude rétrospective des moyens employés pour se repérer dans la ville. Selon le statut social de l'auteur se lit une plus ou moins grande facilité à penser l'espace en termes de réseau, de plan d'ensemble, condition nécessaire pour une évolution souple et indifférenciée qu'on se situe en milieu connu ou inconnu. On remarque aussi des différences dans la nature des points de repère: Si Fourvière est un repère universellement répandu, à partir duquel on peut "tirer un cap", le repérage sur les cours d'eau semble nécessiter cette maîtrise de la géométrie, de l'espace en deux dimensions des plans où la notion de réseau l'emporte sur celle de trajet. La ville n'est pas accessible à tous de la même façon dés son abord matériel: le simple fait de s'y déplacer facilement nécessite un apprentissage, et même une instruction. Quant aux frontières intérieures qui la traversent et marquent des différences géographiques ("de l'autre côté de l'eau") mais surtout sociales (entre quartier chic des Brotteaux et quartier populeux de La Guillotière), elles doivent aussi être apprises pour éviter des transgressions toujours hasardeuses. Mais l'usage des lieux et des espaces c'est aussi leur utilisation comme symboles, comme signes. Monuments et quartiers sont réinvestis de significations que le recours aux sources imprimées permet de retrouver tant dans leurs manifestations que dans leurs motivations. Le sens social des lieux n'est pas entièrement contenu dans leur fonction, ni dans leur aspect matériel. A des titres divers, des lieux comme la Place Bellecour, l'Hôtel de Ville, Saint Martin d'Ainay, Saint Nizier ou la cathédrale Saint Jean sont mis en avant dans les guides touristiques ou dans les nombreuses descriptions de villes. Notre Dame de Fourvière est un de ces lieux clés chargé de livrer au visiteur la vérité de la ville. Tout y concourt: la basilique est à la fois un point de vue sur la ville et de grâce divine. L' observatoire panoramique, placé à la base de son clocher ou au sommet d'une de ses tours, est ainsi le lieu d'une révélation tant matérielle que spirituelle. Les auteurs qui la décrivent solidement ancrée dans les ruines du forum de Trajan, sur une colline baignée du sang des martyrs chrétiens, l'érigent ainsi en point clé de la suture avec le passé où s'opère la rencontre avec le glorieux temps des martyrs. L'évêché et les laïcs lyonnais, et notamment sous l'épiscopat du cardinal Bonald, surent utiliser toutes ces possibilités pour promouvoir le culte marial et la chapelle de Fourvière dans un siècle qui est marqué par le renouveau de la dévotion à la Vierge. Les quartiers et les espaces sont eux aussi mis en scène dans des processus semblables où leur signification sociale, idéelle, l'emporte sur leur simple configuration matérielle. Faute de place nous ne ferons qu'évoquer quelques antagonismes célèbres comme ceux des couples Ainay/Les Brotteaux, Fourvière/La Croix-Rousse, Rhône/Saône. Le second de ces couples a été plus particulièrement décomposé ici pour montrer l'ampleur du travail social qui donne leur sens à ces lieux célèbres, montagne mystique et montagne du travail. L'histoire de ces antagonismes, comme celle du sens social qu'ont pu revêtir les différents quartiers de Lyon, ses monuments ou ses rues, permet de mieux comprendre le poids passé et présent de certains points de cette ville. L'histoire des lieux n'est pas seulement celle de leur construction ou de leur fonction, et l'examen des significations sociales qu'ils ont pu revêtir fait du plus banal d'entre eux un véritable "lieu de mémoire". LE TERRAIN L'espace d'une ville n'est pas uniquement le terrain où cheminent ses habitants et ses visiteurs, et qu'ils remplissent de sens dans leurs discours. C'est aussi, pour des institutions diverses, l'enjeu d'un pouvoir. A travers les modes de gestion de cet espace se lisent l'importance financière, économique et politique de Lyon pour tous les gouvernements qui se succèdent au delà du va-et-vient des régimes. Tous sont aux prises avec ce problème que constitue Lyon, immense agglomération d'individus, de capitaux et de produits, et vont s'efforcer de contrôler cette force par des procédés différents mais tous marqués par la peur d'un mouvement centrifuge de cet organe vital du pays. Le poids de l'épisode de la sécession de 1793 (renforcé par les épisodes de 1817, 1831, 1834, 1849, 1870) est ici déterminant dans l'ancrage d'habitudes de méfiance, tant du côté gouvernemental que du côté local, qui pèsent peut-être encore lourdement sur les rapports Paris-Lyon de notre époque. Cette approche gestionnaire de l'espace lyonnais nous montre aussi des forces de police qui ont du mal à imaginer puis à établir un quadrillage rationnel de la ville, ou une Eglise catholique qui par contre est toujours la première à intervenir sur les nouvelles agglomérations de population ouvrière, dans La Croix-Rousse des années 40 ou sur la rive gauche du Rhône dans les années 60-70. Après des études sur les manières de concevoir la ville et l'espace urbain au XIX° siècle (concepts de centralité, de réseau, de circulation), ce travail dispose des sources nécessaires pour suivre les adaptations locales de ces conceptions, dans la gestion de cet espace, tant par l'étude des découpages administratifs que des raisonnements qui président aux grands projets d'aménagement urbain. L'espace est une des dimensions physiques incontournables de la vie humaine, et la manière dont les institutions le conçoivent et le manipulent est révélatrice de leurs conceptions globales du monde. Lyon est ici le cas d'étude d'une quête plus large sur l'appréhension de l'espace urbain, dont les modalités se modifient au XIX°. LE TERRITOIRE J'insisterai plus sur le troisième axe de ce travail, celui qui consiste en une approche "identitaire" de l'espace lyonnais. C'est grâce au croisement de toutes les sources que peuvent se lire les différentes figures qu'ont pris (et parfois gardé) l'"âme lyonnaise" ou le "caractère lyonnais". Si on les décline de manière légèrement différente selon qu'on s'appelle Paul SAUZET président de la chambre des députés sous Louis-Philippe, Edouard AYNARD catholique libéral, Justin GODART ou Edouard HERRIOT républicains radicaux, on en admet partout l'existence et la spécificité. Dans une lignée intellectuelle qui unit Hippocrate, Montesquieu et Hippolyte Taine, l'homme est vu comme étroitement soumis à des déterminismes dont les plus forts sont ceux de l'espace et du climat. La logique des "tempéraments", des "caractères" et des "constitutions" l'emporte lorsqu'il s'agit d'expliquer des faits sociaux, d'analyser des situations complexes. Différences sociales et culturelles sont alors figées en des stéréotypes d'une efficacité redoutable. Dans un XIX° siècle où s'affirment l'unité biologique de l'espèce humaine, l'unité politique de la France et des Français, où se crée un marché économique national, où la société d'ordres établis cède définitivement la place à une société de classes en mouvement, un mouvement de définition d'identités spécifiques se met en place à plusieurs échelles, en particulier à celle des nations. Il se développe aussi au sein du pays, en opposition à un Paris omniprésent, dans le cadre des entités qu'ont été les provinces (l'"invention" du Breton, notamment dans les romans d'Emile SOUVESTRE reste un morceau d'anthologie littéraire du XIX° ) où que sont devenues les départements. Si l'on en juge par le cas de Lyon, les villes semblent elles aussi très riches en la matière. Un monde littéraire actif, une histoire marquée de particularisme, un mouvement décentralisateur vivace assis sur une culture ancienne de l'indépendance politique , une ville qui s'accroît de nouveaux habitants et de nouveaux territoires, une inquiétude certaine des élites urbaines face à des troubles sociaux importants, une remise en cause des suprématies économiques (Lyon cesse d'être le haut lieu du négoce français au détriment de Marseille, la soierie est concurrencée de plus en plus vivement), telles sont les causes qui sont au coeur de l'histoire de la définition d'un territoire lyonnais. La tentative humaine d'adoucir, de saisir, d'expliquer la complexité d'un réel sans cesse en mouvement aboutit à la production d'un discours qui fige la ville dans un reflet rassurant et l'érige en espace hermétique et impénétrable à l'autre. Foi, amour du travail et de l'ordre sont les vertus dominantes de la belle âme lyonnaise dans ce discours qui est par intérêt, facilité, désespoir, obligation ou intelligence, accepté par l'écrasante majorité de ceux qui parlent de Lyon, qu'ils fassent partie ou non des cercles producteurs de ce discours, qu'ils soient liés ou non à la ville. Travail social de tous les instants pour affirmer la spécificité, la construction de l'image de Lyon s'est nourrie de tout: des événements (querelles littéraires avec Paris, oppositions politiques à la capitale), des formules d'auteurs (les fameuses deux collines de MICHELET) et des traditions populaires (Guignol) en les vidant de ce qu'ils pouvaient avoir de socialement corrosif ou encore des faits climatiques (le brouillard, utilisé par tous comme un symbole, voire une cause, de l'opacité du caractère local). Le résultat: une "âme", une essence posée comme éternelle, une image qui prétend être portrait et qui est devenue une norme de conduite. Les traits de cette âme, les lieux dans la ville où elle s'incarne, les mécanismes de sa formation et de sa diffusion, ses fondements et ses fonctions, voilà le point peut-être le plus actuel de ce travail qui veut aller à la rencontre de l'identité lyonnaise. Sans la considérer ni comme un pur reflet de la réalité, ni comme un trucage de celle-ci à l'usage de quelques uns, mais comme un fait de culture et de société, une réponse à des demandes et à des anxiétés.
International audience ; Guignol est une marionnette à gaine apparue à Lyon aux débuts du XIX° siècle, dont la popularité a très tôt gagné la capitale et le reste du pays. Aujourd'hui, Guignol est un symbole de Lyon, affiché sur les autoroutes à l'entrée de l'agglomération, décliné en campagnes publicitaires ou en tracts politiques. Cette destinée d'emblême d'un territoire s'est forgée dès que la marionnette est entrée dans le champ de vision des journalistes et des érudits du XIX° siècle. Ceux-ci ont très tôt érigé Guignol et son théâtre en conservatoire des vertus lyonnaises, au prix d'un travail d'"invention de la tradition" dont l'essentiel a lieu entre 1860 et 1914, c'est à dire au moment où se figent les traits canoniques du "caractère lyonnais" tel qu'il est défini par les mêmes hommes et groupes qui utilisent et promeuvent Guignol. Une étroite liaison entre Guignol, le canut et Lyon a fait de la marionnette de Laurent Mourguet un objet typique, "indispensable" à toute recension touristique comme l'affirmait dès 1914 le maire de Lyon Edouard Herriot. −−−−− From the wooden puppet to the local emblem: Guignol of Lyon Guignol is a puppet that appeared in Lyon in the beginning of the 19th century. Its popularity quickly reached Paris and the whole country. Today, Guignol is a symbol of Lyon that one can find in commercials or political speeches. This destiny of local emblem was set as soon as Guignol became a subject of interest for XIXth century journalists and erudites. Very early, those people turned Guignol and its theatre plays into a digest of the lyonese virtues, owing to a work of invention of the tradition that took place beetween 1860 and 1914. In the same time, the features of the lyonese character tend to be definitly set up by the same men and groups that used and promoted Guignol. Thus, a very deep link beetween Guignol, the silkweaver and Lyon made Laurent Mourguet's puppet a true to type object, "indispensable" to all touristic litterature as said in 1914 the mayor of Lyon Edouard Herriot.
International audience ; Guignol est une marionnette à gaine apparue à Lyon aux débuts du XIX° siècle, dont la popularité a très tôt gagné la capitale et le reste du pays. Aujourd'hui, Guignol est un symbole de Lyon, affiché sur les autoroutes à l'entrée de l'agglomération, décliné en campagnes publicitaires ou en tracts politiques. Cette destinée d'emblême d'un territoire s'est forgée dès que la marionnette est entrée dans le champ de vision des journalistes et des érudits du XIX° siècle. Ceux-ci ont très tôt érigé Guignol et son théâtre en conservatoire des vertus lyonnaises, au prix d'un travail d'"invention de la tradition" dont l'essentiel a lieu entre 1860 et 1914, c'est à dire au moment où se figent les traits canoniques du "caractère lyonnais" tel qu'il est défini par les mêmes hommes et groupes qui utilisent et promeuvent Guignol. Une étroite liaison entre Guignol, le canut et Lyon a fait de la marionnette de Laurent Mourguet un objet typique, "indispensable" à toute recension touristique comme l'affirmait dès 1914 le maire de Lyon Edouard Herriot. −−−−− From the wooden puppet to the local emblem: Guignol of Lyon Guignol is a puppet that appeared in Lyon in the beginning of the 19th century. Its popularity quickly reached Paris and the whole country. Today, Guignol is a symbol of Lyon that one can find in commercials or political speeches. This destiny of local emblem was set as soon as Guignol became a subject of interest for XIXth century journalists and erudites. Very early, those people turned Guignol and its theatre plays into a digest of the lyonese virtues, owing to a work of invention of the tradition that took place beetween 1860 and 1914. In the same time, the features of the lyonese character tend to be definitly set up by the same men and groups that used and promoted Guignol. Thus, a very deep link beetween Guignol, the silkweaver and Lyon made Laurent Mourguet's puppet a true to type object, "indispensable" to all touristic litterature as said in 1914 the mayor of Lyon Edouard Herriot.