Des mots qui tuent
In: Actes de la recherche en sciences sociales, Band 41, Heft 1, S. 29-45
ISSN: 1955-2564
Des mots qui tuent.
La tentation est grande d'appliquer une interprétation téléologique à la «solution finale». Mais le génocide technique n'est pas le résultat d'un plan a priori, la conséquence logique et inévitable de l'idéologie raciale. La progression de la politique antisémite a été l'enjeu de conflits entre une multitude d'administrations et d'instances du parti ; tributaire des rapports de force au sein du Reich, elle a dépendu aussi de la situation internationale. L'ambiguïté de la plupart des mesures antisémites d'avant-guerre a permis au régime à la fois de renforcer l'adhésion de groupes sociaux qui en tiraient directement profit et de maintenir des illusions et des espoirs dans la communauté juive. Élément de la guerre totale, la «solution finale» n'a pu s'imposer qu'à un moment où aucun frein ne pouvait plus arrêter la barbarie.