Résumé Inscrit dans le cadre théorique de la sociologie weberienne du droit, cet article affirme la nécessité de recourir aux sources juridiques pour étudier la contribution du droit à la régulation économique et sanitaire des marchés alimentaires. Il constate toutefois les résistances que ces sources institutionnelles (statistiques et archives judiciaires, jurisprudence) opposent à la recherche sur la portée du droit. Leur confrontation aux archives syndicales et aux publications des professionnels de l'agriculture et de l'industrie alimentaire permet de contourner ces obstacles et offre une méthode de sélection des dispositifs juridiques pertinents pour ces acteurs économiques ainsi qu'un moyen de mettre au jour leur travail juridique sur ces normes.
L'Office du travail et le Musée social peuvent être considérés comme deux des facettes de la nébuleuse réformatrice dans le sens où ces deux lieux présentent des points communs idéologiques, s'avèrent complémentaires du point de vue de leurs stratégies, se recoupent dans leur champ d'investigation ou d'action et accueillent communément quelques individus essentiels dans le paysage de la réforme sociale. L'Office du travail, créé en 1891 et le Musée social, en 1894, contribuent l'un et l'autre au modèle social républicain, des années 1890 à la Première Guerre mondiale, et au fondement de l'État social français, avec d'autres institutions comme le Conseil supérieur du travail et l'Inspection du travail. Ces institutions prennent en charge et répondent, chacune à sa manière, à la question sociale telle qu'elle se pose en fin du XIX e siècle. Elles nourrissent des relations très suivies durant cette période, même si pour certaines pratiques, certains partis pris ou points de vue, elles divergent.
Résumé Entre 1934 et 1948, Gaston Bardet construit une idée d'urbanisme comme « science des agglomérations humaines ». On explorera ici moins les aspects méthodologiques et épistémologiques que les points de doctrine d'une co-implication espace-société, en équilibre instable entre une approche communautaire (économie du lien) et une posture régulatrice (biopolitique). Au-dedans d'une métaphore de l' espèce , la question essentielle de la limite est posée par rapport à la composition des groupes et à l'espace qu'ils occupent dans la ville et sur le territoire, avec des références, d'une part, aux notions de continuité et de lien et, d'autre part, aux catégories de stabilité et d'ordre.
Ludovic URGEGHE Dans leur rôle de soutien au développement des institutions de microfinance (IMF), les véhicules d'investissement en microfinance (VIM) sont confrontés à la nécessité de justifier la performance sociale de leurs investissements. Cette contribution présente les défis liés à l'utilisation par les VIM des outils existant pour mesurer la performance sociale des IMF, avec notamment le passage d'une vision restreinte et quantitative de la performance sociale à une approche plus large et qualitative.
Nous produisons une grande quantité de données numériques lors de l'utilisation de toute plateforme, bien ou service connecté. Ces données incluent souvent des renseignements personnels, des informations sur nos déplacements, nos occupations et nos préférences. Or, l'ensemble de nos clics, historiques de navigation, de recherche et d'achats se retrouvent aux mains d'une minorité d'entreprises dominant le monde du numérique. Nous acceptons souvent tacitement les « termes et conditions d'utilisation » qui permettent à ces entreprises de collecter, d'utiliser et de vendre nos données, en échange d'un accès à des services souvent « gratuits ». Cette masse d'informations, fréquemment combinées à des algorithmes d'intelligence artificielle, permet la création d'une grande quantité de richesses. Cependant, cette richesse, dont profite surtout un petit nombre d'acteurs, ne semble pas être distribuée équitablement. Nos propres données, générées par nos activités et interactions en ligne, servent en fait à alimenter les systèmes de multinationales, qui trouvent des stratagèmes pour éviter de payer leur part d'impôts. Devant cette nouvelle dynamique numérique, où les lois peinent à suivre les marchés, comment repenser la gestion des données dans une perspective d'éthique sociale et économique ? Nous analyserons une idée provenant de l'informaticien Jaron Lanier, qui consiste à considérer la production de données comme du travail (ou data as labor). Les utilisateurs et utilisatrices seraient ainsi considérés comme les principaux maîtres et bénéficiaires de leurs données, ayant la possibilité de récolter une partie des fruits de leur contribution aux plateformes connectées. Cette approche est porteuse de bénéfices, tant sur le plan de l'autonomie et de la dignité des internautes que sur le plan de la justice sociale et de l'efficacité économique. Toutefois, ce concept comporte ses limites. La rémunération des internautes pour leurs données pourrait avoir des effets invasifs sur leur vie privée et créer plus d'injustices qu'elle n'en règle. ; We produce a large amount of digital data when using any connected platform, good or service. Those data may include our personal information, as well as information about our movements, occupations and preferences. However, all of our clicks, browsing, search and purchase histories are in the hands of a minority of digitally dominant companies. We often tacitly accept the "terms and conditions of use" that allow these companies to collect, use and sell our data in exchange for access to services that are generally "free". This mass of information, often combined with artificial intelligence algorithms, enables the creation of a great deal of wealth. However, this wealth does not seem to be redistributed equitably, being monopolized by a small number of actors. Our own data, generated by our online activities and interactions, are used to feed the systems of multinational corporations that find schemes to avoid paying their fair share of taxes. In the face of this new digital dynamic, where laws are struggling to keep pace with markets,how can we rethink data management from a social and economic ethical perspective? We will analyze an idea from computer scientist Jaron Lanier, which consists in considering data production as labor (or data as labor). Users would thus be considered as the main masters and beneficiaries of their data, with the possibility of reaping part of the fruits of their contribution to the connected platforms. This approach brings benefits, both in terms of the autonomy and dignity of Internet users and in terms of social justice and economic efficiency. However, this concept has its limitations. Remunerating Internet users for their data could have invasive effects on their privacy and create more injustices than they are willing to accept.
This article examines the 2013 riots in Stockholm in the context of other urban rebellions across disadvantaged metropolitan neighbourhoods in the North-Atlantic region over the past three decades of neoliberal transformation. The authors discuss the consequences of securitisation and police repression, institutional racism, the corrosion of citizenship and the structuring of inequality in Swedish cities. Beyond the violence of the recent riots, contemporary Sweden reveals the emergence of an autonomous, non-violent and organisationally embedded movement for social justice among young people contesting urban degradation and reclaiming the nation in terms of an inclusive citizenship, social welfare and democracy. The article asks whether the Stockholm uprising could possibly be read as a sobering moment of self-examination in Swedish politics that could open space up for new political voices.
Résumé Cet article décrit l'influence que la consommation illicite d'alcool et de drogue a sur la criminalité en Angleterre et au pays de Galles en examinant brièvement les connaissances relatives à l'impact de tels abus sur le comportement criminel. Le droit pénal et le droit de la peine introduits en réponse à cet indéniable problème de société sont étudiés. Cet article établit que, tandis qu'il est largement admis que l'usage illicite d'alcool et de drogue est déterminant dans un nombre extraordinairement élevé d'infractions pénales, ni le Parlement, ni le Sentencing Guidelines Council , ni les juridictions n'ont à ce jour défini une approche cohérente des difficultés afférentes en pratique à la condamnation des délinquants toxicomanes.