Il était une fois la banlieue ou l'expérience ordinaire du cinéma
International audience ; Certains auteurs n'ont de cesse de manifester la réalité ordinaire au, et par, le cinéma. Dominique Cabrera est de ceux-là. Pionnière d'un certain retour de l'engagement dans le documentaire français des années 1990, elle réalise, coup sur coup, cinq films consacrés à la banlieue. Dans cet essai, nous envisagerons combien le poétique participe du politique dans Chronique d'une banlieue ordinaire (1992), un moyen métrage dont le dispositif emblématique s'appuie tant sur le réel que sur la rêverie pour mettre en récit « l'infâme » (M. Foucault). Rien d'abominable ou de sensationnel : la cinéaste ne cherche pas à expliquer la crise des quartiers sensibles, mais bien à faire passer une mémoire commune en collaboration avec celles et ceux qui en sont les sujets et qui en deviennent les messagers à l'écran. En nous permettant d'avoir une perception sensible de notre semblable, l'expérience de ce cinéma peut dès lors nous « rendre meilleurs » (S. Cavell), ou tout au moins conscients de notre propre condition ordinaire.