Malgré une ferme distinction établie entre son travail d'exégèse et sa philosophie, la critique d'avoir élaboré une « pensée chrétienne » s'est renouvelée à différentes étapes de la carrière philosophique de Ricœur. La lecture de ces critiques, à commencer par celle d'Alain Badiou formulée lors de la parution de la Mémoire, l'Histoire, l'Oubli, révèle rapidement leur indigence.
In: International political science review: the journal of the International Political Science Association (IPSA) = Revue internationale de science politique, Band 17, Heft 3, S. 281-288
Le pluralisme dans le courant "chrétien-social" est en relation avec la question du pluralisme du point de vue du christianisme en général. Le pluralisme n'a pas toujours régné dans le christianisme, en particulier le catholicisme. Il s'est épanoui cependant depuis le concile Vatican II (1962-1965). En 1972, les évêques français ont expressément discuté et approuvé un pluralisme des attitudes chrétiennes en matière politique et sociale. Dans ce contexte le courant chrétien-social comporte deux variantes principales: catholicisme social et catholicisme libéral, fort éloignés l'un de l'autre à la fin du XIX e siècle et au début du XXe. Dans les années 1930, se produit encore entre catholiques une vraie querelle sur la démocratie. Le rapprochement des deux variantes a lieu après la Deuxième Guerre mondiale. Des préférences n'en subsistent pas moins selon les groupes.
Quand Innocent III appelle à l'organisation d'une nouvelle croisade en 1213, il satisfait les attentes de nombre de chrétiens soucieux de reconquérir Jérusalem et la Terre sainte. L'expédition, lancée vers l'Égypte pour affaiblir la puissance ayyubide, se solde cependant par un échec retentissant. Les critiques s'élèvent rapidement. Elles sont à la hauteur des espoirs suscités par la levée des troupes. Parmi les détracteurs : Huon de Saint-Quentin qui, dans la Complainte de Jérusalem contre la cour de Rome , dénonce l'attitude de la papauté et rappelle aux chrétiens leur devoir de combattre pour reprendre le contrôle de la Ville sainte. Son propos, témoin des débats que suscite l'idée même de croisade au xiii e siècle, connaît un certain succès. Le texte est copié, associé, le cas échéant, à des enluminures qui précisent encore le discours et complètent le message.