The purpose of this thesis is to determine the specificities of the two Martinican writers who conceived Creoleness, Patrick Chamoiseau and Raphaël Confiant, when dealing with two topics directly related to their manifesto, i. e. In Praise of Creoleness. More particularly, I study their vision of the West Indian history, which is different from the colonial version, and the relations of the Martinican with the multifaceted Other, in order to find out where these themes converge and diverge. These topics determine the two parts of my thesis. In a comparatist prospect, the first part of the thesis, whose objective is mainly descriptive, sets out the reasons why West Indians formed a hybrid society, and tries to identify the issues related to this society. It is worth pointing out that the Plantation – which was developed by the colonizer and deeply influenced the economic, political, social and cultural Caribbean practices – played a prominent role as it generates an ethnic diversity by hiring manpower coming from different cultures. But at the same time, the Plantation builds a well-structured social ladder, creates a supreme power held by Creole whites and by France, and determines the population concentration in first a rural and later an urban space. The system gives rise to a new culture, born three hundred years ago, which is diverse, fractured by political, linguistic and sociocultural barriers. First, we define the key concepts related to history problematisation. As in West Indies History was imposed by the ruling power, the creolists therefore assign themselves the mission of rewriting their histories. The historical subdivision mainly adopted the one suggested by Edouard Glissant and puts to the fore the perspective of the dominated : the pre-Colombian period, the slave trade and the hold, the Plantation, slavery abolition, the rise of mulatto bourgeoisie and of a trading class, the status of the West Indian as a victim of world wars and departmentalization. The second part, whose background is made up by the urban space, deals with the irony which targets the different groups in the Martinican society in their conflictual relationship with the Other. The choice of the tone, a component of which is mockery, depends on the fact that the creolists estimate that West Indians assume their reality in a certain jubilation, like a resistance to the oppression they suffered for centuries. More specifically, I tackle, in the first place, the issue of cultures in contact and then I analyze the Martinican society, mainly in a dichotomic way: on the one hand, the groups possessing political and/or economic power, and on the other hand the groups of the underprivileged deprived from these powers. In the first part, I therefore study the irony addressed to Aime Cesaire, mulattos, whites whether they are Creole or from France, and in the second part, the irony concerning the West Indians, the Coolies, the Chinese and finally the Syro-Lebanese. Since the two authors are loyal to the identity premises developed in In praise of Creoleness, this implies that there are more convergences than divergences for the history issues. However, as far as cultural mosaic is concerned, Confiant presents a more coherent relationship between the theoretical concepts of Creoleness and the representation he makes of it in his novels, insofar as he deals more lavishly with the different groups which constitute the West Indian society. Conversely, Chamoiseau limits himself to depicting its dichotomic structure. Moreover, the novelistic fictions of both writers disclose a divided society; consequently, I observed that the syncretism and the unity of the cultural components that they value in their manifesto remain to be built. In a society that suffers from consequences of colonialism, their narratives underline the conflicts between communities. Implicitly, the two writers invite West Indians, and more globally human beings, to open themselves to otherness and be improved by the Other, without losing their identity. If the creolists generally converge in their choice of irony targets, nevertheless they have their own characteristics. Each of them is original when using the processes related to usual practices. Chamoiseau resorts to more intertexts, launching so an intellectual challenge to his reader. We also observe that creolists tend to make use of event accumulation in order to mock; this accumulation is so excessive that it becomes grotesque. In Confiant's novels, this tone is different due to the lubricity of sex-related situations. Chamoiseau's work is characterized by the use of marvellous realism, the tale that reminds of the past and the invention of a fictitious world. As for Confiant, he differentiates himself by doing a pastiche of Cesaire and by setting up the microcosm of West Indian society. ; Le but de cette thèse est de déterminer les spécificités de deux écrivains martiniquais concepteurs de la créolité : Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, concernant la manière d'aborder deux thématiques qui s'inscrivent dans leur manifeste, à savoir Éloge de la créolité (1989). Nous étudions plus particulièrement leur vision de l'histoire antillaise, qui diffère de la version coloniale, et les relations du Martiniquais avec l'Autre multiple afin de relever en quoi ces thématiques convergent et divergent. Ces deux thématiques déterminent les deux volets de notre thèse. Dans une perspective comparatiste, le premier volet de la thèse, à caractère majoritairement descriptif, énonce les raisons pour lesquelles les Antillais se sont constitués en tant que société hybride, afin de relever les problématiques liées à cette dernière. Il convient de signaler que la Plantation – développée par le colonisateur et ayant profondément influencé les pratiques économiques, politiques, sociales et culturelles de la Caraïbe – joue un rôle prépondérant car, en faisant appel à une main-d'œuvre issue de peuples de cultures différentes, elle engendre une diversité ethnique. Mais, en même temps, la Plantation construit une échelle sociale bien structurée, instaure un pouvoir suprême détenu par les Blancs créoles et par la France et détermine la concentration de population dans un espace rural, puis urbain. Ce système forge une nouvelle culture, jeune de trois cents ans, composite, fissurée par des barrières politiques, linguistiques et socioculturelles. En premier lieu, nous définissons les concepts-clés concernant la problématisation de l'histoire. Comme aux Antilles l'Histoire fut imposée par le pouvoir dominant ; les créolistes se donnent donc pour mission de réécrire leurs histoires. La subdivision historique adopte essentiellement celle proposée par Édouard Glissant et met en avant la perspective du dominé : la période précolombienne, la traite et la cale, la Plantation, l'abolition de l'esclavage, l'apparition de la bourgeoisie mulâtre et d'une classe commerçante, la situation de l'Antillais en tant que victime des guerres mondiales et la départementalisation. Le second volet, dont l'espace urbain constitue la toile de fond, traite de l'ironie qui prend pour cible les divers groupes de la société martiniquaise dans leur relation conflictuelle à l'autre. Le choix du ton, dont l'une des composantes est la raillerie, tient au fait que les créolistes estiment que l'Antillais assume sa réalité dans une certaine jubilation, comme une résistance à l'oppression subie pendant des siècles. Plus spécifiquement, nous abordons, en premier lieu, la problématique des cultures en contact pour analyser ensuite la société martiniquaise, essentiellement sous une forme dichotomique : d'une part, les groupes disposant de pouvoir politique et/ou économique et d'autre part, les groupes des démunis dépourvus de ces pouvoirs. Ainsi, dans la première partie, nous étudions l'ironie adressée à Aimé Césaire, aux mulâtres, aux Blancs qu'ils soient créoles ou de l'Hexagone et dans la deuxième, celle concernant les Afro-Antillais, les coolies, les Chinois et finalement les Syro-Libanais. Fidèles aux postulats identitaires développés dans Éloge de la créolité par les deux auteurs, les convergences sont largement majoritaires pour les thématiques de l'histoire. Cependant, pour ce qui concerne la mosaïque culturelle, il existe, chez Confiant, une relation plus cohérente entre les concepts théoriques de la créolité et la représentation qu'il en livre dans ses romans, en ce sens qu'il traite plus largement des divers groupes constitutifs de la société antillaise. En revanche, Chamoiseau se borne à en brosser la structure dichotomique. D'autre part, les fictions romanesques de l'un et de l'autre dévoilent une société fracturée ; nous observons dès lors que le syncrétisme et l'unité des composantes culturelles qu'ils mettent en avant dans leur manifeste restent à construire. Au sein d'une société qui souffre des conséquences du colonialisme, leurs récits soulignent les conflits entre communautés. Implicitement, les deux auteurs invitent l'Antillais, mais plus largement l'être humain, à s'ouvrir à l'altérité et ainsi à s'enrichir par l'autre, sans perdre son identité. Les créolistes convergent en général dans leur choix des cibles de l'ironie avec toutefois plusieurs caractéristiques propres à chacun. Quant au traitement du ton, chacun imprime son originalité dans les procédés par rapport aux pratiques habituelles. Chamoiseau utilise beaucoup plus d'intertextes, lançant un défi intellectuel à son lecteur. Nous relevons aussi une tendance chez les créolistes à recourir à l'accumulation d'événements dans le but de railler, laquelle frôle le grotesque dans l'excès ; chez Confiant, ce ton se différencie par la lubricité des propos sexuels. Sont spécifiques à Chamoiseau l'emploi du réalisme merveilleux, du conte comme déclencheur du passé et l'invention d'un monde fictif. Confiant, pour sa part, marque son originalité dans le pastiche de Césaire ainsi que dans la mise en scène du microcosme de la société antillaise. ; (ROM 3) -- UCL, 2009
The purpose of this thesis is to determine the specificities of the two Martinican writers who conceived Creoleness, Patrick Chamoiseau and Raphaël Confiant, when dealing with two topics directly related to their manifesto, i. e. In Praise of Creoleness. More particularly, I study their vision of the West Indian history, which is different from the colonial version, and the relations of the Martinican with the multifaceted Other, in order to find out where these themes converge and diverge. These topics determine the two parts of my thesis. In a comparatist prospect, the first part of the thesis, whose objective is mainly descriptive, sets out the reasons why West Indians formed a hybrid society, and tries to identify the issues related to this society. It is worth pointing out that the Plantation – which was developed by the colonizer and deeply influenced the economic, political, social and cultural Caribbean practices – played a prominent role as it generates an ethnic diversity by hiring manpower coming from different cultures. But at the same time, the Plantation builds a well-structured social ladder, creates a supreme power held by Creole whites and by France, and determines the population concentration in first a rural and later an urban space. The system gives rise to a new culture, born three hundred years ago, which is diverse, fractured by political, linguistic and sociocultural barriers. First, we define the key concepts related to history problematisation. As in West Indies History was imposed by the ruling power, the creolists therefore assign themselves the mission of rewriting their histories. The historical subdivision mainly adopted the one suggested by Edouard Glissant and puts to the fore the perspective of the dominated : the pre-Colombian period, the slave trade and the hold, the Plantation, slavery abolition, the rise of mulatto bourgeoisie and of a trading class, the status of the West Indian as a victim of world wars and departmentalization. The second part, whose background is made up by the urban space, deals with the irony which targets the different groups in the Martinican society in their conflictual relationship with the Other. The choice of the tone, a component of which is mockery, depends on the fact that the creolists estimate that West Indians assume their reality in a certain jubilation, like a resistance to the oppression they suffered for centuries. More specifically, I tackle, in the first place, the issue of cultures in contact and then I analyze the Martinican society, mainly in a dichotomic way: on the one hand, the groups possessing political and/or economic power, and on the other hand the groups of the underprivileged deprived from these powers. In the first part, I therefore study the irony addressed to Aime Cesaire, mulattos, whites whether they are Creole or from France, and in the second part, the irony concerning the West Indians, the Coolies, the Chinese and finally the Syro-Lebanese. Since the two authors are loyal to the identity premises developed in In praise of Creoleness, this implies that there are more convergences than divergences for the history issues. However, as far as cultural mosaic is concerned, Confiant presents a more coherent relationship between the theoretical concepts of Creoleness and the representation he makes of it in his novels, insofar as he deals more lavishly with the different groups which constitute the West Indian society. Conversely, Chamoiseau limits himself to depicting its dichotomic structure. Moreover, the novelistic fictions of both writers disclose a divided society; consequently, I observed that the syncretism and the unity of the cultural components that they value in their manifesto remain to be built. In a society that suffers from consequences of colonialism, their narratives underline the conflicts between communities. Implicitly, the two writers invite West Indians, and more globally human beings, to open themselves to otherness and be improved by the Other, without losing their identity. If the creolists generally converge in their choice of irony targets, nevertheless they have their own characteristics. Each of them is original when using the processes related to usual practices. Chamoiseau resorts to more intertexts, launching so an intellectual challenge to his reader. We also observe that creolists tend to make use of event accumulation in order to mock; this accumulation is so excessive that it becomes grotesque. In Confiant's novels, this tone is different due to the lubricity of sex-related situations. Chamoiseau's work is characterized by the use of marvellous realism, the tale that reminds of the past and the invention of a fictitious world. As for Confiant, he differentiates himself by doing a pastiche of Cesaire and by setting up the microcosm of West Indian society. ; Le but de cette thèse est de déterminer les spécificités de deux écrivains martiniquais concepteurs de la créolité : Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, concernant la manière d'aborder deux thématiques qui s'inscrivent dans leur manifeste, à savoir Éloge de la créolité (1989). Nous étudions plus particulièrement leur vision de l'histoire antillaise, qui diffère de la version coloniale, et les relations du Martiniquais avec l'Autre multiple afin de relever en quoi ces thématiques convergent et divergent. Ces deux thématiques déterminent les deux volets de notre thèse. Dans une perspective comparatiste, le premier volet de la thèse, à caractère majoritairement descriptif, énonce les raisons pour lesquelles les Antillais se sont constitués en tant que société hybride, afin de relever les problématiques liées à cette dernière. Il convient de signaler que la Plantation – développée par le colonisateur et ayant profondément influencé les pratiques économiques, politiques, sociales et culturelles de la Caraïbe – joue un rôle prépondérant car, en faisant appel à une main-d'œuvre issue de peuples de cultures différentes, elle engendre une diversité ethnique. Mais, en même temps, la Plantation construit une échelle sociale bien structurée, instaure un pouvoir suprême détenu par les Blancs créoles et par la France et détermine la concentration de population dans un espace rural, puis urbain. Ce système forge une nouvelle culture, jeune de trois cents ans, composite, fissurée par des barrières politiques, linguistiques et socioculturelles. En premier lieu, nous définissons les concepts-clés concernant la problématisation de l'histoire. Comme aux Antilles l'Histoire fut imposée par le pouvoir dominant ; les créolistes se donnent donc pour mission de réécrire leurs histoires. La subdivision historique adopte essentiellement celle proposée par Édouard Glissant et met en avant la perspective du dominé : la période précolombienne, la traite et la cale, la Plantation, l'abolition de l'esclavage, l'apparition de la bourgeoisie mulâtre et d'une classe commerçante, la situation de l'Antillais en tant que victime des guerres mondiales et la départementalisation. Le second volet, dont l'espace urbain constitue la toile de fond, traite de l'ironie qui prend pour cible les divers groupes de la société martiniquaise dans leur relation conflictuelle à l'autre. Le choix du ton, dont l'une des composantes est la raillerie, tient au fait que les créolistes estiment que l'Antillais assume sa réalité dans une certaine jubilation, comme une résistance à l'oppression subie pendant des siècles. Plus spécifiquement, nous abordons, en premier lieu, la problématique des cultures en contact pour analyser ensuite la société martiniquaise, essentiellement sous une forme dichotomique : d'une part, les groupes disposant de pouvoir politique et/ou économique et d'autre part, les groupes des démunis dépourvus de ces pouvoirs. Ainsi, dans la première partie, nous étudions l'ironie adressée à Aimé Césaire, aux mulâtres, aux Blancs qu'ils soient créoles ou de l'Hexagone et dans la deuxième, celle concernant les Afro-Antillais, les coolies, les Chinois et finalement les Syro-Libanais. Fidèles aux postulats identitaires développés dans Éloge de la créolité par les deux auteurs, les convergences sont largement majoritaires pour les thématiques de l'histoire. Cependant, pour ce qui concerne la mosaïque culturelle, il existe, chez Confiant, une relation plus cohérente entre les concepts théoriques de la créolité et la représentation qu'il en livre dans ses romans, en ce sens qu'il traite plus largement des divers groupes constitutifs de la société antillaise. En revanche, Chamoiseau se borne à en brosser la structure dichotomique. D'autre part, les fictions romanesques de l'un et de l'autre dévoilent une société fracturée ; nous observons dès lors que le syncrétisme et l'unité des composantes culturelles qu'ils mettent en avant dans leur manifeste restent à construire. Au sein d'une société qui souffre des conséquences du colonialisme, leurs récits soulignent les conflits entre communautés. Implicitement, les deux auteurs invitent l'Antillais, mais plus largement l'être humain, à s'ouvrir à l'altérité et ainsi à s'enrichir par l'autre, sans perdre son identité. Les créolistes convergent en général dans leur choix des cibles de l'ironie avec toutefois plusieurs caractéristiques propres à chacun. Quant au traitement du ton, chacun imprime son originalité dans les procédés par rapport aux pratiques habituelles. Chamoiseau utilise beaucoup plus d'intertextes, lançant un défi intellectuel à son lecteur. Nous relevons aussi une tendance chez les créolistes à recourir à l'accumulation d'événements dans le but de railler, laquelle frôle le grotesque dans l'excès ; chez Confiant, ce ton se différencie par la lubricité des propos sexuels. Sont spécifiques à Chamoiseau l'emploi du réalisme merveilleux, du conte comme déclencheur du passé et l'invention d'un monde fictif. Confiant, pour sa part, marque son originalité dans le pastiche de Césaire ainsi que dans la mise en scène du microcosme de la société antillaise. ; (ROM 3) -- UCL, 2009
Discours sur le bilan de la Route de l'esclave / Ali Moussa Iye -- Esclavage et réconciliation : les historiens de la Caraïbe ont-ils échoué? / Dominique Rogers -- Mémoire, oubli, commémoration / Ary Broussillon -- Réconcilier histoire et mémoire du droit de l'esclavage colonial français (en particulier du Code Noir), par le retour aux sources / Jean-François Niort -- Sources orales, matérielles (monuments) et reconstitution historique de l'esclavage et du marronnage (Surinam, Guyane et Antilles françaises) : enjeux mémoriels et historiques / Jean Moomou -- Sources de l'histoire et de la mémoire de l'esclavage aux Archives départmentales de la Guadeloupe / Anne Lebel -- L'apport de l'archéologie à la connaissance de l'histoire de l'esclavage, l'exemple de la Guadeloupe / Tristan Yvon -- Indigoterie de l'Anse à la Barque, un lieu de mémoire de l'esclavage : comment le mettre architecturalement en valeur, pour qui et avec quel message? / Hélène de Kergariou et Tristan Yvon -- Les cimetières d'esclaves en Guadeloupe / Thomas Romon, Jérôme Rouquet, Patrice Courtaud -- Le quartier des esclaves des habitations Barbotteau-Rodrigues (La Piéta) à Port-Louis (Guadeloupe) : données de la fouille archéologique préventive et questions patrimoniales / Nathalie Serrand -- Le Comité national pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage : palimpseste de la mémoire et nouvelles orientations citoyennes / Myriam Cottias -- Les Anneaux de la Mémoire entre la Loire, l'Afrique et les Caraïbes / Yvon Chotard et Patricia Beauchamp Afadé -- La route des abolitions de l'esclavage / Philippe Pichot -- Abolition et abolitionnistes de l'esclavage : analyse critique et perspective patrimoniale / Nelly Schmidt -- Esclavage et première colonisation dans le paysage parisien d'aujourd'hui / Marcel Dorigny -- Le Musée international de l'esclavage (IMS) à Liverpool : entre engagement et politique culturelle de l'émotion / Fabienne Viala -- Slavery, slave trade, and remembrance : toward a global museum / Harvey Bakari -- Participacion comunitaria en gestión de sitio de memoria de la esclavitud en Zaña-Perú. (Itinerario de los esclavizados de la antigua Provincia de Zaña) / Luis Rocca Torres -- Authority vs authenticity : reconciling Caribbean history and memory in the Slave Route context / Alissandra Cummins -- Routes d'hommes et de femmes soumis à l'esclavage et de leurs descendants au Brésil : lieux de mémoire et éducation des relations ethniques et raciales / Petronilha Beatriz Gonçalves e Silva -- A experiência Chitiá Tours e Rota da Liberdade, Colombia e Brasil, agências de viagens e sítios memoriales / Solange Barbosa -- Les témoins matériels et immatériels des pistes caravanières au Congo Brazzaville / Samuel Kidiba -- Le projet "La Route de l'esclave : traces-mémoires en Guadeloupe" / Matthieu Dussauge -- La mémoire non-dite, l'histoire racontée en Guadeloupe (1948-2014) / Diana Rey-Hulman -- The UNESCO "Slave Route Project" : moving ahead : the St. Kitts-Nevis experience / Michael S. Blake-Esdaille -- El Caribe insular y los sitios de memoria del Proyecto UNESCO "La Ruta del Esclavo: resistencia, libertad y patrimonio" / Jesús Guanche Pérez -- Bilan des activités de la Route de l'esclave en Haïti / Laënnec Hurbon -- L'histoire racontée au Musée Ogier-Fombrun : mise en valeur de l'histoire d'Haïti et sa contribution au monde / Mireille Fombrun -- La contribution de la Direction des affaires culturelles à la transmission des savoirs à travers l'action culturelle et les actions d'éducation artistique et culturelle / Elie Toussaint -- Enseigner le patrimoine de l'esclavage par la pédagogie de projets / Christelle Popotte et Karine Sitcharn -- "Que vous ont-ils fait pour que vous les laissiez dans un tel état de dénuement" / Jean-Luc Romana -- Le village international du ka, des tambours et arts du sud : du mémoriel à l'économique / Jacqueline Jacqueray -- La construction de sites mémoriels avec les noms des esclaves, en France Hexagonale, en Guadeloupe et en Afrique : l'expérience du CM98 / Emmanuel Gordien
The goal of this thesis is to analyze the way in which Diamela Eltit's feminist discourse, throughout its narrative trajectory, feeds on the family thematic in order to articulate itself. The first step is to try to understand where does the thematic originate in the discourseWith this objective, we will proceed on to analyze the different discursive constraints which mark the field - political authoritarianism, male domination in literature, neo-colonial power relations - and we will try to determine what is their impact on the choice of this enunciative strategy. Once we have demonstrated the over-representation of the nuclear family in the hegemonic discourses, we will be able to explore the work of subversive resignification that Diamela Eltit operates from this model.We will see that this use of the family allows two complementary operations.The first consists in setting up a form of epistemology of domination. Diamela Eltit presents in her novels dysfunctional patriarchal families. Then, by intertwining the family intrigue with the major stages in the history of Chile and Latin America, and by conferring an allegorical functioning to the members of the family, she questions the power relations that mark her enunciative context and underlines their intersectional character.The second operation lies in the exploration of possible feminist responses to the interlocking mechanisms of domination previously uncovered. These hybrid strategies of resistance are embodied in the novels by the characters of mothers and children. The treatment of mothers makes it possible to underline the dissident potential but also the limits of a resistance which calls on strategies resulting from the recognition of the assigned position. The positionning of children combines the strategic emphasis on identity with a political goal, with a movement of splitting up of categories,instilling a question of the concept of stable identity in favor of contextual and mobile identity accentuations. ; Cette thèse a pour objectif d'analyser la manière dont le discours féministe de Diamela Eltit puise, tout au long de la trajectoire narrative de l'autrice, dans le motif de la famille pour s'articuler. Il s'agira dans un premier temps de chercher à comprendre d'où provient la convocation de ce motif. Pour cela, nous procéderons à une analyse des différentes contraintes discursives qui marquent le champ – autoritarisme politique, domination masculine dans l'espace littéraire, rapports de pouvoir néo-coloniaux – et nous tenterons de déterminer quelle est leur incidence sur le choix de cette stratégie énonciative. Une fois démontrée la surreprésentation de la famille nucléaire dans les discours hégémoniques, nous pourrons explorer le travail de resignification subversive qu'opère Diamela Eltit à partir de ce modèle. Nous verrons que cette mobilisation de la famille permet deux opérations complémentaires. La première consiste à procéder à une forme d'épistémologie de la domination. En effet, Diamela Eltit présente dans ses romans des familles patriarcales dysfonctionnelles. Ensuite, en croisant l'intrigue familiale avec les grandes étapes de l'histoire du Chili et de l'Amérique Latine et en conférant un fonctionnement allégorique aux membres de la famille, elle interpelle les rapports de pouvoir qui marquent son contexte énonciatif et souligne leur caractère intersectionnel.La deuxième opération réside dans l'exploration des ripostes féministes possibles aux mécanismes imbriqués de la domination préalablement mis au jour. Ces stratégies hybrides de résistances sont incarnées dans les romans par les personnages de mères et d'enfants. Le traitement des mères permet de souligner le potentiel dissident mais aussi les limites d'une résistance qui opère depuis la reconnaissance de la position assignée. Celui des enfants combine l'accent stratégique sur l'identité dans un but politique avec un mouvement de brouillage des catégories et de mise en cause du concept d'identité stable en faveur d'accentuations identitaires contextuelles et mobiles.
Since the mid-1990s, a national program has been in place in order to renovate migrant workers' hostels (known as foyers), which were built in France mainly in the 1970s. Having been renovated, these hostels are used as "social residences", a kind of supported and temporary accommodation for "vulnerable groups". This transformation from hostels for migrant workers to social residences has distracted from the original purpose of providing accommodation to post-colonial immigrants by opening up these residences to non-immigrants as well. What constitutes these transformations and what do they signify? What do they tell us about policies towards migrant workers and ethnic communities in France? In order to address these questions, we have focused our research on a social landlord historically specialized in managing "Black Africans' hostels": Aftam. The analysis draws from three types of qualitative approach : first, we have analysed the framework of national public policy using official documents and semi-structured interviews with key actors; second, we have investigated Aftam's archives in order to throw new light as the origin and history of this organization and its "Black Africans' hostels"; third, we have conducted ethnographic observation of the renovation project in four different hostels managed by Aftam, focusing on observing the interaction between migrants, representatives from Aftam and representatives from local authorities. This thesis demonstrates that community life, cultural practices and informal economic activities existing in Black Africans' hostels, which are condemned by many national institutions today, have developed through a long-term process, as a consequence both of the migrants living in the hostels and the landlord (Aftam) encouraging them to do so. Moreover, the implementation of renovation projects in Aftam's hostels emphasizes the contradictions of national public policy and also the hesitations of Aftam to address the demands of the communities in question, particularly concerning their cultural and religious practices. The actors involved in the transformation of migrant workers' hostels are from between the contrasting ideologies of multiculturalism and universalism. Nevertheless, the implementation of this policy by Aftam appears more pragmatic than ideological and the collective action of the migrant residents creates a power struggle with the institutions. Ultimately, this has led to a form of tolerance, rather than a total ignorance or absolute recognition of cultural, religious and ethnic minority practices ; Depuis le milieu des années 1990, les foyers de travailleurs migrants sont progressivement réhabilités dans le cadre d'un Plan de traitement national et transformés en résidences sociales, dispositif de logement d'insertion destiné aux personnes défavorisées. Au cœur de ces transformations qui tendent vers une banalisation des foyers, un objet cristallise les tensions : le « foyer africain » et ses modes de fonctionnement communautaires. Que recouvrent concrètement ces transformations ? Que nous disent-elles de la gestion politique des migrants isolés et du traitement du fait communautaire dans le contexte français ? Pour répondre à ces questions, la recherche est centrée sur un organisme gestionnaire historiquement spécialisé dans l'hébergement des migrants africains : l'Aftam. L'analyse repose sur trois types d'investigation : le premier porte sur les cadres nationaux de l'action publique à travers l'analyse des textes officiels et des discours des acteurs ; le deuxième s'inscrit dans une perspective socio-historique et cherche à retracer la genèse et la trajectoire de l'Aftam ainsi que de ses « foyers africains » ; le troisième repose sur l'observation ethnographique de quatre projets de restructuration de foyers Aftam et en particulier des scènes d'interaction entre résidents et acteurs institutionnels. Cette thèse montre que les modes de vie communautaires propres aux foyers hébergeant des migrants africains, décriés par les pouvoirs publics dans la période contemporaine, ont été construits dans le temps long et dans l'interaction entre les résidents et le gestionnaire, qui les a encouragés à l'origine puis tolérés jusqu'à la période récente. Aussi, la mise en œuvre du Plan de traitement au sein de l'Aftam donne à voir les contradictions de l'action publique et les hésitations du gestionnaire face aux modes de vie communautaires et aux pratiques culturelles spécifiques, en particulier religieuses, des migrants résidant en foyer. Entre traitement spécifique et droit commun, entre approche différentialiste et modèle universaliste, des conceptions idéologiques s'opposent dans les discours. Pour autant, la mise en œuvre de la transformation des foyers, vue à travers le prisme de l'Aftam, met en évidence des positions plus hybrides et plus pragmatiques, qui tendent vers un rapprochement du droit commun, sans jamais vraiment l'atteindre, et vers la tolérance, si ce n'est la reconnaissance, des pratiques communautaires et culturelles spécifiques. Mais cette tolérance s'acquiert généralement au prix de la construction d'un rapport de force entre résidents et institutions
How far do neo-malthusian theories on environmental conflicts apply to the east of Chad ? Food shortages there are a regular occurrence but can't be entirely explained by demographic and environmental factors. It's the socio-political context which provokes the violence. From 2003, the war in Darfur has led to an important number of refugees whose presence has increased the pressure on resources. Emergency international aid feeds tensions while the many development projects fail to bring the region out of a state of insecurity which is related to politics rather than food. The relationship with the central power is a decisive factor. Formerly the centre, Wadai has become a marginalised Far East in the state that was created by colonisation. The region is suffering from the absence of both development and administration. The Sudanese border encourages escape and insubordination. Cradle of the regime, eastern Chad is the territory where the rebellions that threaten the latter, brew. The seizure of both power and the recently exploited oil resources by the rulers has again led to the appearance of an armed opposition that is victim of its constant schisms and recompositions. The conflicts that erupted between communities in 2006, and the deployment of a UN/EU protection force in 2008, must be interpreted in this context. Violence is deeply-rooted in the region. The pre-colonial empire of Wadai, with a monarchy by divine right, gave a unified identity to a population threatened by colonisation. After independance, the region was at the heart of a thirty years war which finally broke down relations between the communities. Refuge is found in belonging to the Arab-Muslim world. It can be seen in a refusal of development along lines imported from the West, and in a rejection of lay education. In a state of crisis, Chad's state schools cannot solve the cultural conflict : they are both the battleground and catalyst of social violence. In Chad the management of resources and the management of penury also contribute to violence. To establish peace there must be social, economic and political justice. Nations are forged by such struggles and by adopting a common history. ; Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ? Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire. Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte. La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales. Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
How far do neo-malthusian theories on environmental conflicts apply to the east of Chad ? Food shortages there are a regular occurrence but can't be entirely explained by demographic and environmental factors. It's the socio-political context which provokes the violence. From 2003, the war in Darfur has led to an important number of refugees whose presence has increased the pressure on resources. Emergency international aid feeds tensions while the many development projects fail to bring the region out of a state of insecurity which is related to politics rather than food. The relationship with the central power is a decisive factor. Formerly the centre, Wadai has become a marginalised Far East in the state that was created by colonisation. The region is suffering from the absence of both development and administration. The Sudanese border encourages escape and insubordination. Cradle of the regime, eastern Chad is the territory where the rebellions that threaten the latter, brew. The seizure of both power and the recently exploited oil resources by the rulers has again led to the appearance of an armed opposition that is victim of its constant schisms and recompositions. The conflicts that erupted between communities in 2006, and the deployment of a UN/EU protection force in 2008, must be interpreted in this context. Violence is deeply-rooted in the region. The pre-colonial empire of Wadai, with a monarchy by divine right, gave a unified identity to a population threatened by colonisation. After independance, the region was at the heart of a thirty years war which finally broke down relations between the communities. Refuge is found in belonging to the Arab-Muslim world. It can be seen in a refusal of development along lines imported from the West, and in a rejection of lay education. In a state of crisis, Chad's state schools cannot solve the cultural conflict : they are both the battleground and catalyst of social violence. In Chad the management of resources and the management of penury also contribute to violence. To establish peace there must be social, economic and political justice. Nations are forged by such struggles and by adopting a common history. ; Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ? Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire. Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte. La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales. Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
How far do neo-malthusian theories on environmental conflicts apply to the east of Chad ? Food shortages there are a regular occurrence but can't be entirely explained by demographic and environmental factors. It's the socio-political context which provokes the violence. From 2003, the war in Darfur has led to an important number of refugees whose presence has increased the pressure on resources. Emergency international aid feeds tensions while the many development projects fail to bring the region out of a state of insecurity which is related to politics rather than food. The relationship with the central power is a decisive factor. Formerly the centre, Wadai has become a marginalised Far East in the state that was created by colonisation. The region is suffering from the absence of both development and administration. The Sudanese border encourages escape and insubordination. Cradle of the regime, eastern Chad is the territory where the rebellions that threaten the latter, brew. The seizure of both power and the recently exploited oil resources by the rulers has again led to the appearance of an armed opposition that is victim of its constant schisms and recompositions. The conflicts that erupted between communities in 2006, and the deployment of a UN/EU protection force in 2008, must be interpreted in this context. Violence is deeply-rooted in the region. The pre-colonial empire of Wadai, with a monarchy by divine right, gave a unified identity to a population threatened by colonisation. After independance, the region was at the heart of a thirty years war which finally broke down relations between the communities. Refuge is found in belonging to the Arab-Muslim world. It can be seen in a refusal of development along lines imported from the West, and in a rejection of lay education. In a state of crisis, Chad's state schools cannot solve the cultural conflict : they are both the battleground and catalyst of social violence. In Chad the management of resources and the management of penury also contribute to violence. To establish peace there must be social, economic and political justice. Nations are forged by such struggles and by adopting a common history. ; Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ? Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire. Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte. La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales. Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
How far do neo-malthusian theories on environmental conflicts apply to the east of Chad ? Food shortages there are a regular occurrence but can't be entirely explained by demographic and environmental factors. It's the socio-political context which provokes the violence. From 2003, the war in Darfur has led to an important number of refugees whose presence has increased the pressure on resources. Emergency international aid feeds tensions while the many development projects fail to bring the region out of a state of insecurity which is related to politics rather than food. The relationship with the central power is a decisive factor. Formerly the centre, Wadai has become a marginalised Far East in the state that was created by colonisation. The region is suffering from the absence of both development and administration. The Sudanese border encourages escape and insubordination. Cradle of the regime, eastern Chad is the territory where the rebellions that threaten the latter, brew. The seizure of both power and the recently exploited oil resources by the rulers has again led to the appearance of an armed opposition that is victim of its constant schisms and recompositions. The conflicts that erupted between communities in 2006, and the deployment of a UN/EU protection force in 2008, must be interpreted in this context. Violence is deeply-rooted in the region. The pre-colonial empire of Wadai, with a monarchy by divine right, gave a unified identity to a population threatened by colonisation. After independance, the region was at the heart of a thirty years war which finally broke down relations between the communities. Refuge is found in belonging to the Arab-Muslim world. It can be seen in a refusal of development along lines imported from the West, and in a rejection of lay education. In a state of crisis, Chad's state schools cannot solve the cultural conflict : they are both the battleground and catalyst of social violence. In Chad the management of resources and the management of penury also contribute to violence. To establish peace there must be social, economic and political justice. Nations are forged by such struggles and by adopting a common history. ; Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ? Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire. Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte. La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales. Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
How far do neo-malthusian theories on environmental conflicts apply to the east of Chad ? Food shortages there are a regular occurrence but can't be entirely explained by demographic and environmental factors. It's the socio-political context which provokes the violence. From 2003, the war in Darfur has led to an important number of refugees whose presence has increased the pressure on resources. Emergency international aid feeds tensions while the many development projects fail to bring the region out of a state of insecurity which is related to politics rather than food. The relationship with the central power is a decisive factor. Formerly the centre, Wadai has become a marginalised Far East in the state that was created by colonisation. The region is suffering from the absence of both development and administration. The Sudanese border encourages escape and insubordination. Cradle of the regime, eastern Chad is the territory where the rebellions that threaten the latter, brew. The seizure of both power and the recently exploited oil resources by the rulers has again led to the appearance of an armed opposition that is victim of its constant schisms and recompositions. The conflicts that erupted between communities in 2006, and the deployment of a UN/EU protection force in 2008, must be interpreted in this context. Violence is deeply-rooted in the region. The pre-colonial empire of Wadai, with a monarchy by divine right, gave a unified identity to a population threatened by colonisation. After independance, the region was at the heart of a thirty years war which finally broke down relations between the communities. Refuge is found in belonging to the Arab-Muslim world. It can be seen in a refusal of development along lines imported from the West, and in a rejection of lay education. In a state of crisis, Chad's state schools cannot solve the cultural conflict : they are both the battleground and catalyst of social violence. In Chad the management of resources and the management of penury also contribute to violence. To establish peace there must be social, economic and political justice. Nations are forged by such struggles and by adopting a common history. ; Quelle est, dans l'est du Tchad, la validité des théories néo-malthusiennes sur les « conflits environnementaux » ? Les pénuries alimentaires y sont structurelles, mais ne s'expliquent qu'incomplètement par des facteurs démographiques et environnementaux. C'est le contexte sociopolitique qui détermine l'occurrence de la violence. A partir de 2003, la guerre du Darfour provoque un afflux de réfugiés dont la présence accroît la pression sur les ressources. L'aide internationale d'urgence nourrit des tensions, alors que les multiples projets de développement échouent à sortir la région d'une insécurité plutôt politique qu'alimentaire. Le rapport au pouvoir central est déterminant. Ancien centre, le Ouaddaï est devenu un Far est marginalisé dans l'Etat construit par la colonisation. La région pâtit de l'absence d'aménagement et d'administration. La frontière soudanaise est propice à la fuite et à l'insoumission. Berceau du régime, l'est tchadien est le territoire où se fomentent les rébellions qui le menacent. L'accaparement du pouvoir et des récentes ressources pétrolières par le groupe dirigeant suscite la réapparition d'une opposition armée victime d'un processus continu de scissions et de recompositions. Les affrontements intercommunautaires qui explosent en 2006 et le déploiement en 2008 d'une force de sécurisation ONU/UE sont à interpréter dans ce contexte. La violence s'enracine dans l'histoire de la région. L'empire précolonial du Ouaddaï – monarchie de droit divin – est le point de ralliement identitaire d'une population agressée par la colonisation. Après l'indépendance, la région est au cœur d'une guerre de Trente ans qui achève de corrompre les relations intercommunautaires. Le refuge est dans l'adhésion au monde arabo-musulman. Elle se manifeste par un refus des modèles de développement importés d'Occident et par un rejet de l'enseignement laïc. L'école publique tchadienne, en crise, ne permet pas de dépasser ce conflit culturel : elle est à la fois le réceptacle et le catalyseur des violences sociales. Au Tchad, la gestion des ressources et la gestion de la pénurie sont également facteurs de violence. L'établissement de la paix passe par une exigence de justice sociale, économique et politique. La nation se forge dans ce combat, et dans l'appropriation d'une histoire commune.
In France, this is one of the first PhD thesis in museums cultural studies. ; Looking to understand the process of making-meaning in museum exhibitions, this study places at the center of its hypotheses three initial dimensions: the production of the sense (direction), its traffic or distribution (circulation) and its appropriation (realization). This work employs a transdisciplinary methodology used in cultural studies. We try to explain the negotiation processes, hegemonic discourses and the structures of feeling at play within cultures. The case studies for this thesis were developed in the National Museum of Mexican Art of Chicago and in the Quai Branly Museum in Paris between 2006 and 2009. ; Dans cette thèse, j'ai montré les processus de négociation identitaire, les discours hégémoniques et les structures du sentiment qui opèrent au sein des expositions qui traitent le multiculturalisme et le métissage. J'ai étudié des expositions produites par des musées nationaux en France et aux États-Unis. Mes études de cas ont été développées au Musée National d'Art Mexicain de Chicago et au Musée du quai Branly à Paris entre 2006 et 2009. Mon analyse montre les processus qui interviennent dans la mise en scène d'un discours muséal complexe. L'étude place au centre de ses hypothèses trois dimensions initiales qui participent à la construction du sens dans les expositions : a) la production du sens, b) la circulation ou distribution du sens et c) la réalisation ou appropriation du sens. Dans la première partie de ma thèse, j'ai exploré les catégories de "sens et signification" à partir d'une approche philosophique. J'ai discuté la généalogie de ces notions avant de développer une approche culturaliste, notamment à partir de la théorie d'Antonio Gramsci, de Stuart Hall et de Raymond Williams, pour qui la signification n'est pas une donnée en soi mais une construction qui se développe à partir des luttes sociales, politiques et symboliques qui cherchent à contrôler les représentations et les croyances. Cette compréhension de la culture, en tant qu'espace de lutte d'interprétations, a ouvert la voie aux analyses de pouvoir et de discours au sein de l'univers muséal. J'ai développé les définitions de culture, occident, hégémonie, idéologies, intellectuelles et structures de sentiment afin de définir le cadre conceptuel qui sert de base théorique pour mes études de cas. Ensuite, j'ai présenté une étude minutieuse sur les origines et le développement des musées, du patrimoine et de la nation. Enfin, j'ai montré les débats contemporains en études culturelles des musées, les approches critiques et anthropologiques et l'importance de développer des études de cas concrètes à partir de cette discipline. La deuxième partie de la thèse présente la méthodologie employée ainsi que les études de cas. J'ai souligné l'importance de la transdisciplinarité comme méthode privilégiée pour l'analyse ainsi que les méthodologies employées pour l'étude des expositions : l'observation à l'intérieur et à l'extérieur du musée, la saisie des témoignages et des entretiens, l'usage des questionnaires et des formulaires. La sélection des musées et des expositions a été réalisée en fonction de la thématique des expositions et pas en fonction des collections ou des objets exposés. J'ai cherché à analyser des musées qui entretenaient un rapport hégémonique avec les sujets de l'exposition. Ceci afin de questionner les transferts culturels, les identités contemporaines en tension ou en conflit, et la cohabitation symbolique des sentiments d'appartenance. Aux États-Unis, j'ai analysé les expositions du Musée National d'Art Mexicain (NMMA) de Chicago. Les expositions étudiées furent : "La Mexicanidad" et "La présence de l'Afrique au Mexique". À Paris, j'ai analysé l'exposition Planète métisse produite par le Musée du quai Branly (MQB). Afin de comprendre la construction du sens des expositions, j'ai interrogé la communauté de production (directeurs, commissaires, comités et collectifs qui ont participé), la médiation et les messages à partir des artistes ou à partir de la propre mise en scène des objets d'exposition. Enfin, j'ai travaillé auprès d'une communauté d'interprètes afin de privilégier une analyse des discours en contexte et pas une méthode purement spéculative. Le résultat de mes analyses montre que les musées étudiés disposent des spécialistes qui légitiment scientifiquement la mise en scène discursive d'expositions, et que la fabrication ou production des sujets d'expositions est liée à des conjonctures politiques particulières. En effet, ces musées ont produit des expositions "engagées" en défendant une dimension culturelle et anthropologique. Avec ce geste, ils transformaient la muséographie classique de l'institution muséale. Par exemple, le NMMA de Chicago n'a pas seulement exposé des objets d'art. Il a sans nul doute proposé un discours de répercussion politique afin de démonter les frontières de race et d'ethnicité. À Paris, le MQB a exposé l'historicité du métissage planétaire. De cette manière, l'exposition interrogeait les discours sur l'identité nationale française, et contribuait au débat autour de la stigmatisation de la migration contemporaine. J'ai démontré, que la façon de sélectionner, d'identifier, de différencier, de hiérarchiser et d'exposer les objets, reflète des nouvelles pratiques culturelles, parfois innovatrices et même post-coloniales. Finalement, l'analyse sur le regard de la communauté des interprètes a fourni les résultats les plus originaux de ma recherche. J'ai montré que quand le visiteur parcourt l'exposition, il établit un accord plus ou moins harmonieux entre lui et le discours de l'institution. Si le visiteur "interroge" le sens de l'exposition, il le fait à partir des structures du sentiment qui dévoilent les identités ou liens d'appartenances des individus. En effet, dans mes études de cas, les expositions abordaient de manière explicite les problématiques concernant les différences culturelles et les identités. Cela amenait le visiteur à se situer à partir d'une circonstance individuelle précise, soit par rapport à sa nationalité, son origine, son genre ou son appartenance à une culture.
This study examines the value chains of cassava leaves and chikwangue, in light of the evolution of food consumption patterns, population growth and urbanization in the city of Kinshasa. The analysis of the evolution of culinary and food practices, considering its historical roots, has made it possible to identify current innovations and trends in food consumption patterns. It was based on an in-depth documentary analysis of the various reports on consumption carried out in Kinshasa. Certain documents and works published before the independence of the country have also been of great help in locating certain historical landmarks. The analysis of the value chain was made possible thanks to an empirical study carried out with direct and indirect actors in both urban and peri-urban areas of Kinshasa. Thus, a survey at the level of producers, processors, traders, service providers and state service agents was carried out to identify the functioning of the value chain taking into account its environment. Another household-level survey aimed at identifying the end market and identifying the drivers of demand for cassava leaves and its potential. The analysis of the changing eating habits of the people of Kinshasa reveals a specific culture linked to the history of the formation and evolution of social, economic and cultural identities. Food consumption in the city of Kinshasa highlights the influence of cultural mixing in culinary and food practices. The population of Kinshasa is cosmopolitan; the original heterogeneity now rooted in a native majority and the mixing with foreign cultures have favored the appearance of a particular urban culture in Kinshasa and new eating styles. The telltale signs of the evolution of culinary and food practices in Kinshasa were already perceptible before independence. Kinshasa cuisine has been developed on the basis of cultural, pre-colonial, colonial and more recently global influences. Current trends show that the people of Kinshasa are seeking to adapt by emphasizing a few innovations, both in terms of consumption and distribution (food supply). These innovations are recognized as an unavoidable phenomenon linked to urbanization. They were achieved gradually, and they remain strongly marked by the history of consumers' social positions. This evolution in food demand and consumption has important consequences on the food problem of the country in general and of the city of Kinshasa in particular. As the food styles of city dwellers differ from those of rural people, one of the essential questions for the future is to know under what conditions the agricultural supply of the country or of peri-urban areas can contribute to satisfy the urban demand of Kinshasa (in constant evolution) ? This question is not limited to estimating whether the quantities of food produced will be sufficient in the future to feed the populations of the city of Kinshasa. It also refers to the conditions for adapting this offer to the new requirements of city dwellers in this city, taking into account in particular their income, their way of life, and their socio-cultural models. Indeed, the food of the Kinois of tomorrow, in quantity and in quality, will be partly dependent on the capacity of the Congolese food system in general and Kinshasa in particular to innovate, from the seed to the plate. The household survey showed that cassava leaves and chikwangue have strong symbolic and cultural value. There are several methods of preparing "pondu" according to the provinces, the most common of which are: pondu ya madesu (cassava leaves with beans), limbondo (laid bicarbonates) and saka saka or matamba (cassava leaves) without baking soda or beans). In terms of variety, the majority of consumers (72%) choose the Manihot glazziovi. Projecting demand over 5 to 10 years, places potential demand for cassava leaves at 863,615 tonnes in 2022 and 1,070,221 tonnes in 2027; that of the chikwangue is estimated at 334,307 tonnes in 2022 and 414,285 tonnes in 20227. Survey results show that the cassava leaf and chikwangue value chains are driven by several actors. Certain actors (direct and service providers) contribute to the proper functioning of the value chain while others (State service agents in particular) are illustrated by the phenomenon of racketeering, thus contributing to the increase in product prices at the end of the chain. The value chain and the "contracts" between the actors and the stakeholders respond to economic logics and constraints embedded in social logics of security (being able to still work tomorrow, having good contacts with people we will need) rather than optimization (earning the maximum today). The transformation of the leaves and the chikwangue is still rudimentary. Stakeholders are using less sophisticated techniques. Since research has invested little in these value chains, the experience of industrialization is currently in its infancy. The marketing of these products remains an almost informal activity with a strong presence of women. All actors in the value chain make profits, which attests to economic profitability at the level of each link. The leaf value chain achieves an added value of around USD 8.0 / kg of leaves. However, processing is the activity that creates the most value and, therefore, processors are the ones who take the largest share (at least 90%). For the same quantity, the value added in the chikwangue value chain is evaluated at USD 1.19 / kg, the largest portion of which is captured by the processor of cassava roots into kimpuka (36.13%) and the trader retailer (36.13%). The agrifood market value chains of cassava leaves and chikwangue face many constraints in terms of production, marketing and processing. Despite these various constraints, these two value chains have significant assets, linked in particular to the ecology of cassava, to transport infrastructure (Kinshasa is well connected to its hinterland thanks to national road 1, the path to iron and the Congo river) and to the geographic proximity and accessibility to the urban market. Beyond the advantages, several opportunities arise and can be capitalized on to boost the commercial activities of the cassava leaf and chikwangue value chains. Among other things, we can note: urban demand, international demand for cassava products, the symbolic and cultural value of the product, taking cassava value chains into account in various projects and programs in the eastern part of the country, and the existence of scientific institutions and research and management centers. ; La présente étude traite des chaînes de valeur de feuilles de manioc et de la chikwangue, au regard de l'évolution des modes de consommation alimentaires, de la croissance démographique et de l'urbanisation de la ville de Kinshasa. L'analyse de l'évolution des pratiques culinaires et alimentaires, en considérant ses racines historiques, a permis d'identifier les innovations et tendances actuelles dans les modes de consommation alimentaires. Elle s'est appuyée sur l'analyse documentaire approfondie des diverses études sur la consommation réalisées à Kinshasa. Certains documents et travaux publiés avant l'indépendance du pays ont aussi été d'une grande utilité pour situer certains repères historique. L'analyse de la chaîne de valeur a été rendue possible grâce une étude empirique réalisée auprès des acteurs directs et indirects aussi bien en zone urbaine que périurbaine de Kinshasa. Ainsi, une enquête au niveau des producteurs, transformateurs, des commerçants, des prestataires de services et des agents de services de l'Etat a effectuée pour cerner le fonctionnement de la chaîne de valeur en tenant compte de son environnement. Une autre enquête a été réalisée au niveau des ménages dans le but cerner le marché final et d'identifier les ressorts de la demande pour les feuilles de manioc et son potentiel. L'analyse de changement des habitudes alimentaires des Kinois rend compte d'une culture propre liée à l'histoire de la formation et de l'évolution des identités sociales, économiques et culturelles. La consommation alimentaire dans la ville de Kinshasa met en évidence l'influence du brassage culturel dans les pratiques culinaires et alimentaires. La population de Kinshasa est cosmopolite ; l'hétérogénéité d'origine désormais enracinée dans une majorité native et le brassage avec des cultures étrangères ont favorisé l'apparition d'une culture urbaine particulière à Kinshasa et de nouveaux styles alimentaires. Les signes révélateurs de l'évolution des pratiques culinaires et alimentaires à Kinshasa étaient déjà perceptibles avant l'indépendance. La cuisine kinoise s'est élaborée sur la base d'influences culturelles, précoloniales, coloniales et plus récemment mondiales. Les tendances actuelles montrent que les populations kinoises cherchent à s'adapter en mettant l'accent sur quelques innovations tant au niveau de la consommation qu'au niveau de la distribution (pratique d'approvisionnement) alimentaires. Ces innovations sont reconnues comme phénomène incontournable lié à l'urbanisation. Elles se sont réalisées progressivement, et elles restent fortement marquées par l'histoire des positions sociales des consommateurs. Cette évolution dans la demande et la consommation alimentaires a des conséquences importantes sur la problématique alimentaire du pays en général et de la ville de Kinshasa en particulier. Les styles alimentaires des citadins se différenciant de ceux des ruraux, une des questions essentielles pour l'avenir est de savoir à quelles conditions l'offre agricole du pays ou des zones périurbaines pourront contribuer à satisfaire la demande urbaine de Kinshasa (en constante évolution) ? Cette question ne se limite pas à estimer si les quantités d'aliments produites seront suffisantes à l'avenir pour nourrir les populations de la ville de Kinshasa. Elle renvoie aussi aux conditions d'une adaptation de cette offre aux nouvelles exigences des citadins de cette ville compte tenu en particulier de leurs revenus, de leur mode de vie, et de leurs modèles socioculturels. En effet, l'alimentation des Kinois de demain, en quantité et en qualité, sera en partie tributaire de la capacité du système alimentaire congolais en général et kinois en particulier à innover, de la semence à l'assiette. L'enquête dans les ménages a montré que les feuilles de manioc et la chikwangue ont une valeur symbolique et culturelle forte. Il existe plusieurs modes de préparation de « pondu » selon les provinces, dont les plus répandus sont : le pondu ya madesu (feuilles de manioc avec le haricot), le limbondo (pondu aux bicarbonates) et le saka saka ou matamba (feuilles de manioc sans bicarbonate ni haricot). Pour ce qui est de la variété, la majorité des consommateurs (72%) portent leur choix sur le Manihot glazziovi. La projection de la demande réalisée sur 5 à 10 ans, situe la demande potentielle en feuilles de manioc à 863.615 tonnes en 2022 et 1.070.221 tonnes en 2027 ; celle de la chikwangue est évaluée à 334.307 tonnes en 2022 et à 414.285 tonnes en 20227. Les résultats de l'enquête révèlent que les chaînes de valeur de feuilles de manioc et de la chikwangue sont animées par plusieurs acteurs. Certains acteurs (directs et prestataires de service) contribuent au bon fonctionnement de la chaîne de valeur tandis que d'autres (agents de services de l'Etat notamment) s'illustrent par le phénomène de racket, contribuant ainsi au renchérissement des prix des produits au bout de la chaîne. La chaîne de valeur et les « contrats » entre les acteurs, les parties prenantes répondent à des logiques et contraintes économiques enchâssées dans des logiques sociales de sécurisation (pouvoir encore travailler demain, avoir des bons contacts avec des gens dont on aura besoin) plutôt que d'optimisation (gagner le maximum aujourd'hui). La transformation des feuilles et de la chikwangue reste encore rudimentaire. Les parties prenantes mobilisent des techniques moins sophistiquées. La recherche ayant peu investi dans ces chaînes de valeur, l'expérience d'industrialisation est actuellement au stade embryonnaire. La commercialisation de ces produits reste une activité quasi informelle avec une forte présence des femmes. Tous les acteurs de la chaîne de valeur réalisent des bénéfices, ce qui atteste la rentabilité économique au niveau de chaque maillon. La chaîne de valeur de feuilles permet de réaliser une valeur ajoutée de l'ordre de 8,0 USD/kg de feuilles. Toutefois, la transformation est l'activité qui crée le plus de valeur et, par conséquent, les transformateurs sont ceux qui en prennent la plus grande part (au moins 90%). Pour la même quantité, la valeur ajoutée dans la chaîne de valeur de la chikwangue est évaluée à 1,19 USD/kg dont la plus grande portion est captée par le transformateur des racines de manioc en kimpuka (36,13%) et le commerçant détaillant (36,13%). Les chaînes de valeur agroalimentaire marchande des feuilles de manioc et de la chikwangue font face à de nombreuses contraintes tant au niveau de la production, de la commercialisation que de la transformation. Malgré ces diverses contraintes, ces deux chaînes de valeur disposent d'atouts non négligeables, liés notamment à l'écologie du manioc, aux infrastructures de transport (Kinshasa est bien connecté à son hinterland grâce à la route nationale n°1, le chemin de fer et le fleuve Congo) et à la proximité géographique et l'accessibilité au marché urbain. Au-delà des atouts, plusieurs opportunités se présentent et peuvent être capitalisées pour booster les activités commerciales des chaînes de valeur des feuilles de manioc et de la chikwangue. On peut noter entre autres : la demande urbaine, la demande internationale en produits du manioc, la valeur symbolique et culturelle du produit, la prise en compte des chaînes de valeur du manioc dans divers projets et programmes dans la partie orientale du pays, et l'existence d'institutions scientifiques et de centres de recherche et d'encadrement.
Diplôme attribuée avec la mention très honorable avec félicitations ; RÉSUMÉDans la délimitation de notre corpus, constitué exclusivement de romans relatifs aux fazendas de café esclavagistes, nous avons été amenée à utiliser certaines notions redevables à la sociologie. Tout d'abord, celle où Maria Sylvia de Carvalho Franco élucide l'ordre esclavagiste comme celui qui, en donnant sa forme à la société brésilienne à un moment donné, exclut par sa propre nature « les hommes libres et pauvres » d'un univers polarisé entre maîtres et esclaves. Cet ordre est celui qui sous-tend toute l'organisation de la période impériale et qui permet à la jeune nation de rebondir, grâce au café, dans les années difficiles qui s'ensuivent à son indépendance en 1822. Dans cette « civilisation du café », d'immenses fazendas, partant des alentours de Rio de Janeiro, couvrent d'abord la vallée du Paraïba, remontant le cour du fleuve en direction notamment de São Paulo. C'est toujours la forme fictionnelle du roman qui semble la mieux adaptée à la fazenda de café littéraire, avec son organisation d'où sont exclus les hommes libres et pauvres, pour lesquels elle n'a pas de place.Leurs propriétaires, des fazendeiros associés à des financiers et à d'autres agents citadins, accroissent leur pouvoir et leur richesse, notamment à partir de 1850, où l'interdiction du trafic négrier libère d'immenses capitaux réinvestis désormais dans la modernisation des villes comme des fazendas. C'est aussi en cette année que s'inaugure une ligne régulière de vapeurs entre Liverpool et Rio de Janeiro mettant en consonance le temps brésilien, impérial et esclavagiste avec le temps industriel et urbanisé de l'Europe. Cette date, souvent évoquée par l'historiographie, a aussi impressionné trois écrivains brésiliens du XIX° siècle qui, tous, choisissent cette décennie comme le noyau central de leurs romans écrits entre 1871 et 1914. La fazenda de café esclavagiste vers le milieu du XIX° siècle au Brésil est un univers en plein épanouissement, où règne en maître absolu sur tout ce qui vit à l'intérieur de ses domaines le fazendeiro. Ce grand propriétaire, en s'enrichissant, abandonnera un mode de vie jusque là austère et isolé ; il voudra s'anoblir et achètera au pouvoir impérial des titres de noblesse qui feront de lui une figure ambiguë, respectée et raillée à la fois, celle des « Barons du café » de la période impériale brésilienne. Souvent évoqués par la littérature dans leurs riches villas citadines, ces nouveaux aristocrates créés par D. Pedro II attirent moins l'attention à l'époque de la construction de leurs personnages et de leur fortune dans les mondes réduits que sont leurs fazendas, polarisées entre la Casa Grande où résident les maîtres et la Senzala réservée aux esclaves. Dans cet univers, les rapports intensément vécus entre les uns et les autres, constitutifs de la vie nationale, composent le noyau d'échanges quotidiens qui envahissent un cadre rural et seigneurial. Trois romans se sont penchés sur ce mode de vie, installant son action dans une riche maison de maître au centre d'une immense propriété où les relations entre dominants et dominés vont évoluer d'une trompeuse harmonie jusqu'à l'éclatement d'une violence tardive mais d'autant plus meurtrière.De ces romans qui constituent le corpus principal de notre thèse, le premier est O tronco do ipê, écrit par José de Alencar en 1871, où apparaît pour la première fois la désignation du siège de la propriété comme Casa Grande, par la suite adoptée par la sociologie et par le langage courant au XX° siècle. Ce terme, plus connu pour son application à la réalité du Nord-est des moulins à sucre, apparaît ainsi comme originaire de la littérature relative à cette vallée caféière, qui a été au centre des discussions économiques et politiques du Brésil impérial et dont la fiction romanesque montre l'ascension fulgurante, suivie de sa disparition encore plus rapide et étonnante, de la mémoire nationale. Le deuxième roman est A escrava Isaura, de 1875, où Bernardo Guimarães a créé l'icône la plus célèbre de la lutte pour l'abolition de l'esclavage au Brésil, dans une œuvre au succès populaire jamais démenti et proportionnel au mépris où il est tenu dans les milieux académiques. Son insertion dans ce corpus permet, en le plaçant à côté des autres deux romans qui traitent du même thème, de mettre en lumière la profonde implication de cette intrigue feuilletonesque et séduisante dans la problématique de son temps et l'habile déconstruction qu'elle fait des clichés usuels dans ce genre de récit. Les deux premiers romans du corpus sont écrits à un moment où le romantisme n'avait pas quitté le centre de la scène littéraire brésilienne, mais où il recevait de plein fouet les attaques d'un régionalisme réaliste, plus représentatif des aspirations qui prenaient corps dans une société qui ne se contentait plus de l'unité impériale et esclavagiste du pays. Finalement, le troisième roman qui se penche sur les fazendas de la vallée est un ouvrage apparemment anachronique, puisque, écrit en 1914, empreint de toutes les tendances qui se croisent dans ce contexte du « Pré-modernisme » brésilien, il met en discussion les problèmes de l'esclavage aboli depuis 1888 et qui n'intéresse plus personne. Les esclaves alors libérés et jetés sur les routes pour mourir de faim, font désormais partie des hommes libres et pauvres toujours exclus de l'organisation sociale du pays. Pour en parler, Coelho Neto crée dans Rei Negro un héros entre romantique et parnassien, une figure olympique et pleinement noire, toutes des caractéristiques associées pour la première fois dans un roman brésilien, ce qui permet de douter de l'anachronisme attribué à cette œuvre. Ce roman vient combler un vide que la fiction romantique brésilienne n'avait pas osé ou pas pu remplir, au moins tant qu'elle était contemporaine de l'esclavage : le droit au centre de la scène pour un protagoniste esclave, le droit à la beauté associée à une peau noire comme l'ébène, le droit à la révolte conduite et assumée par le nègre, sans qu'aucun protagoniste blanc ne vienne lui voler sa fonction de héros romantique, teinté ici du naturalisme, du symbolisme et du régionalisme partout présents dans l'expression littéraire du pays à ce moment-là.Ces romans réunis autour du thème de la fazenda recréent dans leur diversité un même aspect de l'évolution sociale et culturelle du Brésil, la vie et les valeurs qui se développent à l'écart de la ville jusqu'à cette moitié du XIX° siècle qui constitue le moment choisi par les trois auteurs. C'est alors que l'ordre traditionnel se voit contesté par des valeurs nouvelles qui prennent de l'ampleur dans une population qui commence à peser du côté urbain, à échanger des idées avec une Europe en pleine mutation, tout en essayant de consolider son indépendance politique et de réduire sa dépendance économique héritée de l'époque coloniale. Ces facteurs rassemblés et reflétés dans l'espace symbolique d'une vallée autrefois sauvage, rapidement conquise par une culture qui l'occupe, l'enrichit et la détruit en un cycle extraordinairement court, fournissent des caractéristiques communes à nos trois romans. D'autre part, le création littéraire qui en résulte, tout en présentant une grande complexité dès les premier roman du corpus, éprouve le besoin d'expliciter de plus en plus clairement la place centrale de l'esclavage dans la problématique sociale brésilienne.Tout comme la période, le cadre où se situent ces romans fournit des traits déterminants pour leur construction et pour la figuration de la réalité dont ils se chargent. Le fleuve Paraïba, puissant et mythique jusqu'à l'arrivée du café et à la profonde altération de l'environnement alors survenue, est peu à peu ensablé par un sol épuisé et par l'abattage des forêts et se voit petit à petit amoindri, n'étant plus capable des inondations légendaires recréées par Alencar dans un roman précédant, le Guarani. Dans ce roman que l'auteur lui-même situait dans une période coloniale mythifiée, où le langage et les coutumes de l'envahisseur se modifiaient sous l'influx de la nature américaine, le Paraïba était le facteur déterminant du dénouement, puisque c'est lui qui provoque la catastrophique inondation créatrice de la nouvelle humanité qui va occuper l'espace géographique national à partir de cette vallée née en même temps que le pays indépendant. Le fleuve demeure l'espace des mythes dans O tronco do ipê, mais comme un miroir du passé, des légendes et de l'image de la mort qui se cache désormais dans tous les éléments du récit et du paysage. Dans A escrava Isaura, il occupe le fond du décor, les marges de la fazenda, il fait partie de la nature brute domptée et écartée par l'homme du centre du tableau et de l'action. Son cours est évoqué pour tracer les limites d'un immense verger qui allait se perdre dans ses marges escarpées et imposantes, « nas barrancas do grande rio ». Encore majestueux dans ce deuxième roman, bien qu'éloigné par le regard d'un narrateur qui ne s'intéresse qu'aux interactions humaines reflétées dans les discours des personnages, le Paraïba disparaît du décor dans Rei Negro. Dans le dernier roman du corpus, écrit à la veille de la Première guerre mondiale, le paysage n'est plus que symbolique et vaporeux, les terres sont couvertes par des cultures elles-mêmes vues de très loin, tandis que l'eau est devenue un élément sombre et sinistre, apportant la mort et la reflétant. Ce paysage complètement occupé par l'homme n'est évoqué que dans des visions polarisées entre des regards de maîtres et des regards d'esclaves, symbolisant un droit d'appropriation ou la transgression de ce même droit. Dans un conte (« Banzo ») contemporain de son roman, Coelho Neto compare le fleuve desséché et abandonné par le café à l'esclave jeté sur les routes après l'abolition, tous deux vivant de l'aumône d'une pluie ou d'un reste de nourriture. Quant aux terres, elles se transforment tout aussi vite, la forêt sauvage disparaît en quelques années faisant place à l'or vert des caféiers gourmands de terres vierges et d'esclaves en nombre croissant, tous deux engloutis dans la construction de la richesse des fazendeiros. Dans leurs maisons devenues de vrais châteaux, ces propriétaires raffinés ne se contentent plus de l'espace de la fazenda, peut-être trop marqué à la fois par le souvenir lointain d'un travail trop pénible et par la violence nécessaire à son acquisition, toujours présente dans les romans. La propriété de la terre apparaît partout comme originaire de la trahison et de l'usurpation, et le souvenir de ces crimes hante tous les paysages. Abandonnées par leurs propriétaires qui s'en vont vers la capitale ou vers d'autres destinations, maison et plantations tombent en ruine dans la vallée géographique, devenant un thème obsédant pour la fiction. Symptomatiquement, la représentation de la vallée et de ses fazendas dans le dernier roman du corpus est emboîtée dans une sorte d'ellipse qui, associée à l'historiographie, rend évidente la rapidité et la paradoxale fragilité de ce processus. Pour nos trois auteurs, postérieurs à Balzac, leur écriture est une histoire du cœur humain ou histoire sociale, où le terme « histoire » n'indique pas un examen scientifique d'événements passés, mais une invention relativement libre ; ce qu'ils font c'est de la fiction et non de l'history, pour utiliser les termes anglais, particulièrement précis, comme l'a si bien remarqué Auerbach. Ce n'est pas du passé que traite leur écriture, mais d'une époque qui leur est contemporaine et dont la connaissance est indispensable à la compréhension de leurs œuvres, comme l'accentue ce même critique dans son analyse de la représentation de la réalité dans la littérature occidentale.La rapidité des transformations intervenues au Brésil vers la moitié du XIX° siècle a, de toute évidence, retenu l'attention de nos trois romanciers. C'est le passage ravageur du temps le vrai conducteur de leurs intrigues. La représentation qu'ils en donnent reflète le moment fugace de fluctuation entre le monde ancien, rural, fermé, isolé et l'ouverture aux valeurs nouvelles qui aspireront vers la ville, vers l'Europe, vers le monde citadin les propriétaires terriens ainsi que leur richesse. La vallée, désertée par des maîtres qui n'y ont pas créé des racines, ainsi que par le café qui l'a épuisée, s'appauvrit, se dessèche pour être abandonnée au profit d'une avancée vers les terres rouges de l'Ouest pauliste, qui attirent désormais de nouveaux maîtres et de nouveaux travailleurs, les colons européens immigrés, qui viennent remplacer le Noir africain. Accrochée à son économie basée sur la force esclave, qu'elle veut à tout prix conserver, et absorbée par le besoin de rénovation constante de ces « machines humaines » remplaçables à peu de frais jusqu'en 1850, la richesse de la vallée se crée et se détruit en moins d'un siècle, dans un temps qui se précipite vers une modernité qu'elle ne voit pas ou ne veut pas voir venir. La répercussion de tous ces changements offre à nos trois romans un cadre circonscrit où dramatiser et condenser ces événements que nos auteurs ressentent comme décisifs pour les destins de leur société. Situés ainsi entre un ordre conservateur et une aspiration à la modernité que chacun d'eux voit reflétée sous un aspect différent dans la vie de la fazenda, nos trois romanciers ont recours à quelques constantes dans la construction de leurs récits. Les constellations des personnages et le jeu de leurs désirs autour de la propriété de la terre, condition incontournable pour devenir un personnage respectable depuis les premiers temps de la colonie ; l'éducation de l'héritier qui doit se cultiver en Europe mais revenir à un ordre le plus rétrograde qui soit ; les personnages féminins de la sinhá libre et de la mucama esclave qui interagissent à l'intérieur de la Casa Grande sont quelques-uns des thèmes de tout le corpus. Les représentations des esclaves, idéalisés mais point simplifiés chez Alencar, apportent à notre premier roman les voix du mythe, des légendes et de la mémoire du passé. Bernardo Guimarães élabore un personnage d'esclave blanche, tout à fait représentative des changements subis par la société brésilienne vers la moitié du XIX° siècle, chargée de commenter et retourner les raisonnements de ses maîtres dont l'hypocrisie, aujourd'hui patente, était parfaitement en conformité avec la doxa pratiquée par ses contemporains et lecteurs moins avertis. Finalement, l'esclave de Coelho Neto, enfin pleinement noir, est l'instrument de la vengeance épique contre toute une période où sa représentation le condamnait à la farce ou à l'ombre des fonds du tableau romanesque, comme le prouvent d'ailleurs les précédents romans : l'esclave noir de José de Alencar, pour devenir personnage littéraire, doit occuper des espaces mythifiés et légendaires, et l'esclave de Bernardo Guimarães, pour venir débattre dans les salons, est d'abord dépouillée de sa couleur. D'autre part, pour parler des valeurs qui importent à leurs lecteurs sans trop les secouer, les narrateurs de ces romans sont tous très prudents, ironiques, presque sournois dans leurs commentaires et suggestions. Les discours les plus incisifs seront généralement laissés pour le compte de personnages plats, capables d'attirer dans leur interaction la sympathie ou l'aversion de ces lecteurs à la fois éclairés et dépendants des esclaves pour le moindre de leurs gestes, voire pour leur apporter le roman abolitionniste qu'ils s'apprêtent à lire.Les espaces de vie à la fazenda se trouvent représentés dans nos trois romans de différentes manières. La Casa Grande est le lieu du discours civilisé, des échos du monde référentiel et historique contemporain, des arts à la mode et des idées éclairées ou conformistes qui divisent les opinions. Elle est aussi un espace de lecture, activité par ailleurs confiée aux esclaves ; ils sont aussi les seuls personnages chargés de l'acte de raconter. Ainsi, dès le premier roman, c'est dans la cabane de l'esclave que revit tradition orale, c'est là que les légendes sont ressuscitées et la mémoire du passé pieusement conservée. Dans le deuxième, la parole qui raconte retourne au salon en musique, mais portée par une figure d'esclave surdouée qui envahit et occupe entièrement cet espace de sociabilité. Elle ne cède jamais le centre de la scène à ses maîtres ou maîtresses, dont le discours elle réfute point par point, sans jamais se départir de son humilité ; en toute modestie, c'est elle qui occupe le piano pour chanter sa propre épopée (la muse qui l'inspire d'après la narration est la muse épique Calliope) et émouvoir le public le plus traditionnel du pays. Dans le troisième roman, le roi nègre a son propre oracle noir pour recréer un passé de gloire qui lui rendra insupportable l'humiliation de l'esclavage, mais ici les discours les plus significatifs des personnages n'ont plus pour cadre la maison seigneuriale, dont l'espace rétréci et ne peut plus rendre compte de la progression de l'action. À l'opposé de la casa grande, dans la polarisation inhérente à cette organisation, les romans de la fazenda donnent tout d'abord l'impression d'avoir laissé un vide inexplicable, car la senzala, le lieu d'habitation des esclaves n'y apparaît pratiquement jamais et ce qui fait vivre, ce qui permet à la fazenda historique d'exister, soit le travail de la terre, encore moins. Et pourtant, tout est là. Par des allusions, par des histoires racontées dans des digressions opportunes, par des rebondissement provoquées ailleurs qu'au premier plan de l'intrigue. Tout ce que le récit ne dit pas clairement agit sur lui ; tout ce que les intrigues laissent dans l'ombre les éclaire d'une lumière commune, et toutes ces fazendas se constituent ainsi en un univers fictionnel cohérent et problématisé par la structure romanesque. Ces romans mis ensemble offrent des possibilités de lecture inédites, mais il faut aussi les lire « à l'envers », comme le fait remarquer Heloisa Toller Gomes à propos du Tronco do ipê. En portant notre regard au-delà des protagonistes blancs et en concentrant notre attention sur la communauté environnante, et surtout en observant comment les uns et les autres interagissent, nous découvrons la diversité des moyens mis en œuvres par ces textes pour nous fournir un panneau très vivant et illustratif du Brésil esclavagiste au XIX° siècle. Par ailleurs, le brouillage de l'espace des esclaves, avec l'effacement de la senzala qui avait d'abord attiré notre attention, semble susciter encore des discussions, car si la senzala existe jusqu'à la fin de l'esclavage, les cabanes des esclaves avec leur petites plantations vivrières ou d'agrément font tout aussi partie d'un paysage référentiel absorbé et utilisé comme matériau littéraire.C'est dans ce cadre que la lutte entre passéisme et modernité peut se nouer dans des intrigues parfois presque pédagogiques grâce à la concentration permise par la délimitation restreinte du cadre, au nombre relativement réduit des personnages, et au dialogue forcé et constant entre ces deux classes de personnages, les maîtres et les esclaves. Il devient clair que les auteurs de notre corpus ont voulu construire une fiction complexe, capable de toucher un public ambivalent, peu nombreux mais liseur avide, éclairé et esclavagiste à la fois, conservateur mais curieux des nouveautés qui lui arrivent en nombre croissant depuis l'Europe, un public qui commence à changer ses habitudes d'habillement, de sociabilité - et de lecture. ; RESUMONa constituição deste corpus, foram usadas noções fundamentais para a compreensão dos romances das primeiras fazendas de café brasileiras, como aquelas em que Maria Sylvia de Carvalho Franco elucida a « ordem escravagista » como sendo a que, ao dar forma à sociedade exclui os "homens livres e pobres" de um universo polarizado entre mestres e escravos. A ordem evocada nessa obra é aquela que subtende toda a organização imperial e que possibilita à jovem nação, graças ao café, reconstruir-se nos anos difíceis que se seguem à sua independência em 1822. Esse estudo refere-se à velha "civilização do café" e às imensas fazendas que cobrem inicialmente o vale do Paraíba, a meio-caminho entre o Rio de Janeiro e São Paulo, onde fazendeiros associados a comissários e agentes financeiros citadinos formam uma sociedade cada vez mais poderosa, cujas características de ruralidade vão rapidamente ceder espaço à urbanização do país. As mudanças sofridas por essa sociedade se aceleram precisamente em torno do ano de 1850, momento que, freqüentemente evocado pela historiografia, impressionou também três escritores brasileiros do século XIX, que escolhem essa década como o nódulo central de seus romances escritos entre 1871 e 1914. Nos três casos, a forma ficcional do romance parece ser a que mais se adapta à fazenda de café literária, com a sua organização que exclui os homens livres e pobres, para os quais tanto a fazenda como sua representação romanesca parecem não ter lugar.A fazenda de café escravagista, na metade do século XIX é um universo em plena expansão, no qual reina e governa o fazendeiro com poderes absolutos sobre tudo o que vive em suas terras. Este grande proprietário, ao enriquecer, deseja também tornar-se nobre e compra seus títulos do poder imperial, tornando-se assim essa figura ambígua, ao mesmo tempo respeitada e ironizada, do Barão do café do período imperial brasileiro. Freqüentemente evocado pela literatura nas suas mansões citadinas, esses novos aristocratas criados por D. Pedro II, não chamam tanto a atenção na época da construção de seus personagens e de sua fortuna nesses mundos reduzidos que são as fazendas polarizadas entre Casa Grande e Senzala. Nesse universo, as relações intensamente vividas entre mestres e escravos, constitutivos da vida nacional, compõem o nódulo de trocas quotidianas que invadem um quadro rural e senhorial. Três romances se interessaram por esse modo de vida que, na época de sua escritura, dizia respeito à maior parte da população brasileira (no que se refere ao aspecto de ruralidade), instalando sua ação numa rica casa de senhor de escravos no meio de uma imensa propriedade na qual as relações entre dominantes e dominados vão evoluir de uma enganosa harmonia à explosão de uma violência tardia mais tanto mais mortífera.Desses romances que constituem o corpus principal de nossa tese, o primeiro é O tronco do ipê, escrito por José de Alencar em 1871, onde aparece pela primeira vez a designação da sede da propriedade como Casa Grande, em seguida adotada pela sociologia e pela linguagem corrente durante o século XX. Esse termo, mais conhecido por sua aplicação à realidade do Nordeste dos engenhos de açúcar, aparece assim como originário da literatura relativa a esse vale cafeeiro, que esteve no centro das discussões econômicas e políticas do Brasil imperial, e cuja ficção romanesca mostra a ascensão fulgurante, seguida de seu desaparecimento ainda mais rápido e surpreendente, da memória nacional. O segundo romance é A escrava Isaura, de 1875, no qual Bernardo Guimarães criou o ícone mais célebre da luta pela abolição da escravidão no Brasil, numa obra cujo sucesso popular nunca desmentido é proporcional ao desprezo que lhe votam os meios acadêmicos. Sua inserção neste corpus, ao lado dos outros dois romances que tratam do mesmo tema, permite esclarecer a profunda implicação dessa intriga folhetinesca e sedutora na problemática de seu tempo, bem a como a hábil desconstrução dos clichês usuais nesse gênero de narrativa. Os dois primeiros romances foram escritos num momento em que o romantismo ainda não tinha abandonado o centro da cena literária brasileira, mas em que ele já era alvo dos ataques furiosos de um regionalismo mais preocupado com o realismo e mais significativo das aspirações que tomavam corpo numa sociedade que não se satisfazia mais sob a unidade imperial e escravocrata do país. Finalmente, o terceiro romance a tratar das fazendas do vale é uma obra taxada de anacronismo pois, escrita em 1914, prenhe de todas tendências que se cruzam nesse contexto do Pré-modernismo brasileiro, põe em discussão os problemas da escravidão abolida desde 1888 e que não interessa mais ninguém. O país tem pressa de esquecer tanto o antigo regime escravagista quanto os escravos libertados para fazer parte dos homens livres e pobres que continuam excluídos da nova organização social do país. Para tanto, Coelho Neto cria em Rei Negro um herói romântico e parnasiano, uma figura olímpica e plenamente negra, características essas associadas pela primeira vez num romance brasileiro, o que permite duvidar do anacronismo atribuído a uma obra que vem preencher um vazio que a ficção romântica brasileira não pudera ou não ousara ocupar, pelo menos enquanto contemporânea da escravidão: o direito ao centro do palco para um protagonista escravo, o direito à beleza associado a uma pele negra como o ébano, o direito à revolta conduzida e assumida pelo negro, sem que nenhum protagonista branco venha lhe roubar sua função de herói romântico, tingido aqui pelo naturalismo, pelo simbolismo e pelo regionalismo presentes na expressão literária do país nesse momento.Os romances reunidos em torno do tema da fazenda recriam em sua diversidade um mesmo aspecto da evolução histórica do Brasil, a vida e os valores que se desenvolvem à margem da cidade até essa metade do século XIX que constitui o momento escolhido pelos três autores. É então que a ordem tradicional se vê contestada por valores novos que se amplificam numa população que começa a pesar do lado urbano, a trocar idéias com uma Europa em plena mutação, enquanto tenta consolidar sua independência política e reduzir sua dependência econômica herdada da época colonial. 1850 é o ano em que a cessação do tráfico de escravos africanos libera enormes quantidades de divisas e fornece aos fazendeiros os créditos que vão mudar um modo de vida até então austero e isolado. É também nesse ano que é inaugurada uma linha de navios a vapor entre Liverpool e o Rio de Janeiro, pondo em consonância o tempo brasileiro, imperial e escravocrata, com o tempo industrial e urbanizado da Europa. Esses fatores reunidos e refletidos num espaço simbólico de um vale outrora selvagem, rapidamente conquistado por uma cultura que o enriquece e o destrói num ciclo extraordinariamente curto, fornecem as características comuns que vão se acentuar na passagem do primeiro ao último romance.Tanto quanto o período, o cenário desses três romances fornece traços determinantes para sua construção e para a representação da realidade que eles trazem. O rio Paraíba, poderoso e mítico até a chegada do café e à profunda alteração do meio-ambiente sobrevinda então, já não é mais capaz das inundações legendárias recriadas por Alencar num romance precedente, O Guarani. Nesse romance que o próprio autor situava num período colonial mitificado, em que a linguagem e os costumes do invasor se modificavam sob o influxo da natureza americana, o Paraíba era o fator determinante do desenlace, pois é ele que provoca a catastrófica inundação criadora da nova humanidade que vai ocupar o espaço geográfico nacional a partir desse vale nascido ao mesmo tempo que o país independente. O rio permanece o espaço dos mitos no O tronco do ipê, mas como um espelho do passado, das lendas e da imagem da morte que se esconde doravante em todos os elementos da narrativa e da paisagem. Em A escrava Isaura, ele ocupa o fundo do cenário, as margens da fazenda, faz parte da natureza bruta, domada e afastada pelo homem do centro do quadro e da ação. Seu curso é evocado para traçar os limites do imenso pomar que ia se perder nas suas margens escarpadas e imponentes, "nas barrancas do grande rio". Ainda majestoso nesse segundo romance, se bem que descartado pelo olhar de um narrador que só se interessa pelas interações humanas refletidas nos discursos dos personagens, o Paraíba desaparece do cenário em Rei Negro. Nesse último romance do corpus, escrito às vésperas da Primeira Guerra Mundial, a paisagem torna-se simbólica e vaporosa, as terras são cobertas de culturas vistas de bem longe, enquanto a água se torna um elemento sombrio e sinistro, trazendo a morte e refletindo-a. Esta paisagem completamente ocupada pelo homem só é evocada em visões polarizadas entre olhares de mestres e olhares de escravos, simbolizando um direito de apropriação ou a transgressão desse mesmo direito. Num conto ("Banzo") contemporâneo de seu romance, Coelho Neto compara o rio ressecado e abandonado pelo homem ao escravo jogado nas estradas após a abolição, os dois vivendo da esmola de uma chuva ou de um resto de comida.Quanto às terras, elas se transformam tão depressa quanto o rio; a floresta desaparece em alguns anos, dando lugar ao ouro verde dos cafezais famintos de terras virgens e de escravos cada vez mais numerosos, ambos engolidos na construção da riqueza dos fazendeiros. Em suas mansões que se transformam em verdadeiros castelos, esses proprietários refinados não se contentam mais com o espaço da fazenda, talvez duplamente marcado pela lembrança longínqua de um trabalho demasiado penoso, ou pela violência necessária à sua aquisição. Nos romances, a propriedade da terra aparece sempre ligada à traição e à usurpação, e a lembrança desses crimes assombra todas as paisagens. Abandonadas por seus proprietários que partem para a capital ou ainda mais longe, casa e plantações ficam arruinadas, o que é um outro tema obsedante para esta ficção. Sintomaticamente, a representação do vale e de suas fazendas no segundo tempo de escritura dos romances, encaixa-se numa espécie de elipse que, associada à historiografia, torna evidente a rapidez e a paradoxal fragilidade desse processo. À medida que se aproximam a Abolição e a República, e que se percebem os progressos reais então conquistados, os escritores são obrigados a constatar a grande decepção que esses dois acontecimentos representaram para aqueles que ainda acreditavam em mudanças profundas, quando foram escritos os dois primeiros romances. Para os três autores, como para Balzac, sua escritura é uma "história do coração humano" ou "história social", na qual o termo história indica, não um exame cientifico de acontecimentos passados, mas uma invenção relativamente livre; o que eles fazem é fiction e não history, para usar termos ingleses particularmente precisos, como bem notou Erich Auerbach. Para esses escritores posteriores a Balzac, não se trata de passado, mas de uma época que lhes é contemporânea. Assim, o conhecimento do referente histórico é indispensável à compreensão de suas obras, como acentua esse mesmo crítico na sua análise da representação da realidade na literatura ocidental, ao evocar, após a obra de Balzac, a íntima relação entre a construção do romance de Stendhal, Le rouge et le noir, e os anos 1830 na França.A rapidez das transformações ocorridas no Brasil por volta da metade do século XIX não podia deixar de chamar a atenção de nossos três romancistas. A representação construída por eles reflete o momento fugaz de flutuação entre o mundo antigo, rural, fechado, isolado, e a abertura aos valores novos que atrairão para a cidade, para a Europa, para o mundo citadino os donos das terras com suas riquezas. O vale, desertado por senhores que não criaram raízes, bem como pelo café que o esgotou, empobrece, seca, para ser abandonado em proveito de uma corrida para as terras vermelhas do Oeste paulista, que atraem a partir de então novos senhores e novos trabalhadores, os colonos europeus imigrados, que vêm substituir o negro africano. Apoiada na sua economia baseada na força escrava, que ela quer conservar a qualquer preço, e absorvida pela necessidade de renovação constante dessas "máquinas humanas" facilmente descartáveis até 1850, a riqueza do vale se cria e se destrói em menos de um século, num tempo que se acelera para precipitá-lo numa modernidade que ele não vê ou não quer ver chegar. A repercussão de todas essas mudanças na fazenda oferece aos três romances um quadro circunscrito para dramatizar e condensar esses acontecimentos que nossos autores sentem como decisivos para os destinos de sua época.Assim, situados entre uma ordem conservadora e uma aspiração à modernidade que cada um deles vê refletida sob um aspecto diferente na vida da fazenda, os três romancistas recorrem a algumas constantes na construção de suas narrativas. As constelações de personagens e o jogo de seus desejos em torno da propriedade da terra, condição indispensável para fazer parte dos "homens bons" e respeitáveis desde os primeiros tempos da colonização; a educação do herdeiro que deve se cultivar na Europa para depois voltar à ordem a mais retrógrada; as personagens femininas da sinhá livre e da mucama escrava que interagem no interior da Casa Grande são alguns dos temas que percorrem todo o corpus. As representações de escravos, idealizadas mas não simplificadas por Alencar, trazem para o primeiro romance as vozes do mito, das lendas e da memória do passado. Bernardo Guimarães elabora um personagem de escrava branca, perfeitamente representativa das mudanças sofridas pela sociedade brasileira na metade do século XIX, encarregada de comentar e retornar os argumentos de seus mestres, cuja hipocrisia, hoje patente, estava perfeitamente em conformidade com a doxa praticada por seus contemporâneos e leitores menos prevenidos. Finalmente, o escravo de Coelho Neto, enfim plenamente negro, é o instrumento da vingança épica contra todo um período em que sua representação o condenava à farsa ou à sombra dos fundos do quadro romanesco, como provam aliás os romances precedentes: o escravo negro de José de Alencar, para se tornar personagem literário, deve ocupar espaços mitificados e legendários, e o escravo de Bernardo Guimarães, para vir debater nos salões, é primeiro despojado de sua cor. Por outro lado, para falar de valores que importam a seus leitores sem desestabilizá-los, os narradores desses romances são todos muito prudentes, irônicos, dissimulados em seus comentários e sugestões. Os discursos mais incisivos ficam geralmente por conta de personagens planos, capazes de atrair a simpatia ou a aversão desses leitores ao mesmo tempo ilustrados e dependentes dos escravos para o menor gesto, até mesmo para lhes trazer o romance abolicionista que eles se preparam para ler.Os espaços de vida na fazenda se acham representados nos três romances de diferentes maneiras. A Casa Grande é o lugar do discurso civilizado, dos ecos do mundo referencial e histórico contemporâneo, das artes da moda e das idéias esclarecidas ou conformistas que dividem as opiniões. É também um espaço de leitura, atividade que aliás passa progressivamente dos mestres aos escravos, que em todos os relatos são os únicos personagens encarregados do ato de contar. Assim, desde o primeiro romance, a tradição oral revive na cabana do escravo, onde as lendas são ressuscitadas e a memória do passado é piedosamente conservada; no segundo, a voz que conta (e canta) retorna ao salão, espaço agora inteiramente ocupado por uma figura de escrava excepcional. Ela não cede jamais o centro do palco a seus sinhôs ou sinhás, cujo discurso ela refuta ponto por ponto, sem jamais abandonar sua humildade; sempre modesta, é ela que ocupa o piano para cantar sua própria epopéia (a musa que a inspira, segundo a narração, é a musa épica Calíope) e emocionar o público mais tradicional do país. No terceiro romance, o rei negro tem seu próprio oráculo negro para recriar um passado de glória que torna insuportável a humilhação da escravidão, mas aqui os discursos mais significativos dos personagens não têm mais por cenário uma casa senhorial, cujo espaço encolheu e não pode mais dar conta da progressão da intriga. Do lado oposto à casa grande, na polarização inerente a essa organização, os romances da fazenda dão inicialmente a impressão de ter deixado um vazio inexplicável, pois a senzala, o lugar de moradia dos escravos, não aparece praticamente nunca, menos ainda aquilo que faz viver, que possibilita a existência da fazenda, ou seja, o trabalho da terra. E, no entanto, tudo está presente. Por alusões, por histórias contadas em digressões oportunas, por peripécias provocadas fora do primeiro plano do relato. Tudo o que a narrativa não diz claramente age sobre ela; tudo que as intrigas deixam na sombra as esclarece com uma luz comum, e todas essas fazendas constituem assim um universo ficcional coerente e problematizado pela estrutura romanesca. Esses romances oferecem possibilidades de leitura inéditas, mas deve-se lê-los "pelo avesso", como nota Heloísa Toller Gomes a propósito do O tronco do ipê. Projetando nosso olhar além das personagens brancas e concentrando nossa atenção sobre a comunidade negra, sobretudo observando como uns e outros interagem, descobrimos a diversidade dos meios empregados por esses textos para nos fornecer um painel vivo e ilustrativo do Brasil escravocrata do século XIX. Aliás, os contornos mal delimitados do espaço dos escravos, que desde o início tinha atraído nossa atenção, não ficam mais claros na historiografia, pois se a senzala existe até o final da escravidão, as cabanas dos escravos, com suas pequenas roças ou jardins, também fazem parte de uma paisagem referencial absorvida e utilizada como material literário.É nesse quadro que a luta entre passadismo e modernidade pode se travar em intrigas às vezes quase pedagógicas graças à concentração possibilitada pela delimitação restrita do quadro, ao número relativamente reduzido de personagens, e ao diálogo forçado e constante entre essas duas classes de personagens, os senhores e os escravos. A introdução dessas duas linguagens diversas na intriga romanesca, bem como a imbricação dramática entre tempo e espaço que predominam na construção de nossos romances, foram explicitados graças aos conceitos de "polifonia" e de "cronótopo" desenvolvidos por Mikhaïl Bakhtine. Torna-se claro que os romancistas do corpus queriam construir uma ficção complexa, capaz de sensibilizar um público ambivalente, pouco numeroso mas leitor ávido, ilustrado e escravagista ao mesmo tempo, conservador mas curioso das novidades que lhe chegam em número cada vez maior da Europa, um público que começa a mudar seus hábitos de vestuário, de moradia, de sociabilidade e, o que mais nos interessa, de leitura.
Minority and community are concepts that have dominated the analysis of Christians in the Arab world, leading to a perception of Middle-Eastern societies as confessional or sectarian mosaics. This paradigm posits that religious and political identities and dynamics are closely intertwined in countries where the dominant culture is Islam, and that religious and ethnic groups live side by side, maintaining limited interactions while their immutable identities offer a strong potential for conflict. This work questions the paradigm of the mosaic by focusing on identity formation and interaction across religious boundaries over a period that extends from the later decades of Ottoman rule in Transjordan (1870) to present Jordan (1997). It asks whether confessionnal identities are by nature conflictual and if the 'minority' concept is the only relevant one to evaluate the degree of social, political and economic participation of non-Moslems in countries where Islam is the dominant culture. The approach is inductive and historical but mobilises concepts from the disciplines of social and political anthropology and political sociology. The dissertation comprises of 10 chapters set chronologically and covering the period 1870 to 1997. Taking a historical approach, it focuses on the modalities of exchanges, transactions, cooperation and communication (looking at kinship, mariage patterns, the role of women, economic cooperation, and various aspects of local and national politics) between Christians and Moslems and between several Christian denominations in Jordan (Orthodox and Roman Catholic, or Latin, in particular), more particularly in the town of Madaba however set within a broader national and international context. These broader contexts (that encompass the politics of states and of transnational Church actors over time) allow to bridge between the local and other levels to document how institutions regulate identity formation and cross-communal interactions. Over a century, Madaba provides the background, widely open to the rest of the country and the world, of a social, religious and political history of Arab Christian families. The work combines historical and anthropological approches and sources (in particular so far unexploited parish and Vatican archives, together with other archival sources). It questions the nature and the maintenance of the social and political link between Christians and Moslems in Madaba and in Jordan, and the changes that have affected identity boundaries between groups: both as Christians and Moslems, but equally as members of different Christian denominations, particularly in the context of missionary activities. The thesis defended here is that it is time to 'break the mosaic' so as to cast light from the inside on the societies and polities within which Christians in the Arab world are inserted. The title of the dissertation refers both to this paradigm and to the Byzantine mosaics that have made Madaba famous as an archaeological site. In place of the static image of the mosaic, the dissertation offers successive episodes of a moving picture where political powers, Churches (missionary or not), those local families that transfer their assets to Amman, the Jordanian capital, and the national arena, negotiate the organisation of local social interactions. One important contribution of the dissertation is to document how the tribe, over more than a century, remains a central social form to express identities, regulate economic and political interactions, and manage conflict both between Christians and between Christians and Moslems. Communal identities, however central they have become since the inception of the modern state, do not appear to threaten the cohesion of the society and the polity, either at the local or national levels. The maintenance of tribal identities is dealt with throughout the dissertation as a dynamic process in which both successive states, regimes, social actors at the national and local levels play a part, in particular in the historical context of the arrival of the Palestinians in Jordan and in the town of Madaba. At another level, the dissertation deals extensively with the institutional relations between the Greek Orthodox and the Roman Catholic Churches and the Jordanian state, bringing a new insight into a previously under-studied domain. Finally, this work offers an argument about the relationships between state and society in contemporary Jordan by interrogating the changing nature of the social pact between the Hashemite regime and local constituencies, more specifically with non-Moslems but also with Transjordanians as opposed to Palestinians. This work is therefore not a mere monograph about Christians in the town of Madaba: looking at a 'marginal' and local phenomenon, it enlightens broader social, political and historical dynamics. ; En partant d'un phénomène observé 'à la marge' afin de mieux illustrer ce qui se passe au centre, ce travail aborde des questions fondamentales pour la compréhension des sociétés du Moyen-Orient en déconstruisant notamment la catégorie de 'minorité', en s'interrogeant sur la nature du lien social entre chrétiens et musulmans dans l'agglomération de Madaba et au-delà dans la Jordanie contemporaine et en analysant la construction des identités collectives sur plus d'un siècle (1870-1997). Sont proposés d'autres paradigmes que ceux des traditions orientaliste et développementaliste pour l'analyse des minorités en pays musulmans. Ces traditions postulent la primauté du facteur religieux dans la formation et l'expression des identités sociales et envisagent les sociétés arabes comme des 'mosaïques' formées de groupes ethnoconfessionnels homogènes, relativement hermétiques les uns aux autres et inscrits dans une hiérarchie de statuts. On s'est plutôt inspiré ici de l'approche sur les frontières et les interactions entre groupes ethniques proposée par F. Barth en lui adjoignant une certaine profondeur historique et en intégrant une analyse des rapports entre le pouvoir politique et les groupes sociaux. Il s'agit de poser les affiliation religieuses et confessionnelles comme des constructions sociales et historiques dont on peut étudier le développement, les méandres et les interactions avec d'autres types d'affiliation. S'inspirant de tous les travaux récents portant sur la construction des identités collectives, qu'il s'agisse de nations ou d'ethnies, l'approche choisie défend une conception plurielle et mouvante des identités décrites en termes de processus dynamiques et interactionnels en s'interrogeant sur les temporalités et les facteurs de continuité/changement et en montrant des continuité beaucoup plus longues que celles qui posent la période coloniale comme période charnière de fixation des identités collectives. En plus d'une méthodologie d'observation anthropologique du terrain et des acteurs, quatre types principaux de sources ont été exploités : la littérature des voyageurs occidentaux, les archives paroissiales et missionnaires (en particulier celles de la Propaganda Fide à Rome), les témoignages oraux, la littérature d'histoire locale produite à Madaba. On a adopté un plan chronologique découpé en trois périodes principales. A l'intérieur de chaque partie, l'analyse thématique a été privilégiée en suivant, dans l'agglomération de Madaba depuis sa fondation en 1880, les alliances matrimoniales, politiques et économiques entre chrétiens et musulmans et entre groupes de différents rites chrétiens (essentiellement orthodoxes et latins) afin de déterminer où passent les frontières de l'identité et comment elles changent. Une variété d'acteurs institutionnels et individuels, dont certains apparaissent à un moment historique donné, influent sur la forme de ces frontières : les administrations des États qui se succèdent et leur personnel, les hiérarchies ecclésiastiques, les prêtres, les Grandes Puissances occidentales et leurs représentants locaux, les intellectuels de formation moderne, les partis politiques, les notables traditionnels et modernes, les organisations de la société civile, les émigrés et les immigrés, les tribus et leurs membres. Centré sur l'agglomération de Kérak, dont sont issus les chrétiens qui fondent Madaba en 1880, le prologue fait apparaître que, dans la Syrie du Sud (Transjordanie) du milieu du XIXe siècle, les institutions ecclésiastiques (grecques orthodoxes) et impériales (ottomanes) n'ont que très peu d'influence sur ce territoire situé à l'extrême périphérie de l'empire. Minoritaires sur le plan démographique et dispersés sur le territoire, les chrétiens ne sont pas marginalisés du fait de leur appartenance religieuse car l'ordre tribal des relations sociales assure différents niveaux d'intégration sociale et de coopération politique et économique entre lignages chrétiens et musulmans en fonction d'autres critères que ceux de l'appartenance religieuse. Les chrétiens sont fragmentés en plusieurs clans et tribus sans que l'on puisse repérer de cohésion confessionnelle. Sur le plan de la pratique religieuse, c'est une forme de syncrétisme qui prévaut. L'impossibilité des échanges matrimoniaux entre chrétiens et musulmans n'est pas nécessairement perçue comme témoignant d'un frontière religieuse infranchissable mais s'inscrit dans le contexte plus vaste des règles qui régissent les alliances matrimoniales entre tribus. L'appartenance religieuse est avant tout un marqueur d'identité tribale. La première partie analyse comment l'ordre communautaire religieux apparaît dans les dernières décennies du XIXe siècle, sous l'action conjuguée des organisations missionnaires (protestantes et catholiques) et de l'administration alors que les Ottomans entreprennent de rétablir leur autorité sur la Syrie du Sud. Autour de la fondation du village de Madaba par des lignages chrétiens immigrés de Kérak sous l'impulsion des missionnaires latins, on montre comment de nouveaux acteurs religieux et civils entreprennent d'imposer un ordre communautaire des relations sociales à travers l'éducation missionnaire, le marquage d'espaces chrétiens, le contrôle des alliances matrimoniales, de nouvelles pratiques cultuelles, l'accès aux instances de représentation administratives et juridiques ottomanes. Les modalités d'insertion des tribus chrétiennes qui fondent Madaba dans leur environnement permettent de mettre en lumière les résistances à l'ordre communautaire par l'établissement de partenariats économiques et d'alliances politiques avec les tribus musulmanes du lieu selon des logiques lignagères persistantes où les acteurs instrumentalisent à leur profit les nouvelles ressources communautaires fournies par les Églises ou les consulats européens. Au cours du XXe siècle, la Transjordanie, d'abord sous mandat britannique, accède à l'indépendance. Malgré ce changement politique, le régime monarchique se perpétue sans que les modalités d'insertion sociale des chrétiens ne soient bouleversées au niveau du pays dans son ensemble ou au sein de l'agglomération de Madaba. La deuxième partie se penche alors sur la manière dont l'État hachémite et les Églises majoritaires (grecque orthodoxe et romaine catholique) négocient les frontières des espaces communautaires à travers la législation sur les communautés confessionnelles et leurs prérogatives religieuses, éducatives et caritatives. Le traitement différencié accordé par l'État aux différentes Église en présence ainsi que des relations diverses entre les hiérarchies ecclésiastiques et les laïcs des communautés sont deux dimensions qui contribuent à empêcher la cohésion des chrétiens pris comme un ensemble. Le statut politique des chrétiens est ensuite étudié non en isolation mais en parallèle avec celui d'autres groupes sociaux, Circassiens, bédouins, réfugiés palestiniens, familles musulmanes transjordaniennes du nord et du sud, etc. afin de poser question quant à la réalité d'un statut minoritaire et à l'existence d'une majorité politique dans le royaume hachémite. Il ressort que le régime octroie aux communautés chrétiennes et aux familles chrétiennes de notables (anciens ou modernes) un espace privilégié d'expression et de représentation qui leur permet d'occuper une place centrale, et non marginale, dans la société. Dans le même temps, il est difficile d'identifier une norme identitaire autre qu'hachémite et il apparaît qu'une des modalités d'exercice du pouvoir monarchique repose sur la cooptation d'individus et de familles appartenant à tous les groupes de la société. Dans un second temps, recentrer l'analyse sur l'agglomération de Madaba permet d'observer comment les acteurs locaux relaient les efforts de l'État qui visent à maintenir une fragmentation sociale selon des clivages communautaires et lignagers afin de résister à la formation d'identités politiques transversales qui mettraient en danger sa stabilité. La modernité politique et économique n'en engendre pas moins un système de relations multiples entre chrétiens et musulmans que l'on peut repérer à travers les alliances politiques lors d'épisodes électoraux, dans les mouvements associatifs, dans les partenariats économiques, dans les partis politiques ou lors d'épisodes de conflit aigus tels celui de Septembre noir. En parallèle, les logiques tribales continuent à ordonner conflit et coopération entre groupes de religions différentes qui se définissent d'abord selon leur affiliation lignagère. C'est le cas, en particulier, dans les domaines de l'économie agricole et pastorale traditionnelle, dans les épisodes de règlement de conflits de sang ou d'honneur où prévaut encore le droit coutumier, parfois à l'encontre des prescription du droit musulman. La fragmentation des chrétiens en groupes lignagers est ainsi préservée sans que ne s'effectue une communautarisation incluant une dimension politique. De même, les valeurs qui permettent aux chrétiens de participer pleinement à l'échange social, telles l'honneur individuel ou collectif, le prestige familial, la limitation de l'autonomie des femmes, ne sont pas menacées par l'imposition de normes islamiques. A partir des années 1970, la polarisation de la population du royaume hachémite entre Jordaniens 'de souche' et Jordaniens 'd'origine palestinienne' amène un processus de différenciation identitaire dans lequel l'organisation tribale en vient à symboliser l'identité jordanienne. Dans le même temps, les islamistes deviennent la principale force d'opposition que le régime tente d'endiguer en réaffirmant son propre caractère musulman et en islamisant de nouveaux espaces de la vie publique. Ces changements de paradigmes de la société politique jordanienne touchent Madaba, ville mixte où cohabitent Jordaniens des tribus et Palestiniens réfugiés, chrétiens et musulmans. De plus, les équilibres démographiques et politiques de la ville penchent de plus en plus en faveur des musulmans. Les chrétiens, autrefois majoritaires, entreprennent alors de défendre leur position de prééminence dans la ville. Les stratégies qu'ils mettent en place pour combattre une double logique de minorisation (en tant que chrétiens et Jordaniens 'de souche') font l'objet de la dernière partie de ce travail. On montre tout d'abord comment les chrétiens résistent sur le terrain à un recul de la neutralité religieuse de l'espace public et à leur mise en minorité démographique et politique (conseil municipal) dans l'agglomération et comment ils se redéploient dans l'espace urbain, créent des réseaux de soutien financier avec les immigrés, amorcent un rapprochement entre Églises, compensent dans le champ politique national la perte de leur hégémonie locale. Dans un second temps, on se penche sur la littérature d'histoire locale que produisent les chrétiens de Madaba afin d'analyser comment ces derniers, en reformulant leur histoire ancienne et récente, se construisent à la fois des identités confessionnelles, ethniques et lignagères et comment elles sont rendues compatibles afin de lutter contre une marginalisation symbolique. Le dernier chapitre se penche sur les élections législatives de 1997 afin d'illustrer la manière dont les chrétiens utilisent leurs imaginaires identitaires comme vecteurs de mobilisation politique à l'occasion des élections législatives, nouvelle arène de compétition depuis la libéralisation de la vie politique intervenue en 1989. Malgré l'existence d'un siège chrétien réservé pour la circonscription de Madaba, ce n'est pas la mobilisation communautaire qui apparaît comme efficace mais bien plutôt le discours des solidarités tribales, éventuellement (mais non nécessairement) en conjonction avec l'appartenance partisane ou confessionnelle. On peut alors avancer que les chrétiens participent pleinement aux dynamiques de la société dans son ensemble. Tout au long de la période étudiée, la parenté joue un rôle central comme vecteur essentiel de l'identification des groupes, que ceux ci soient dans un espace rural ou urbain. Les chrétiens de Madaba mobilisent les mêmes ressources symboliques que les autres groupes avec lesquels ils sont en contact. Comme l'ensemble de la société, les chrétiens participent à une multitude d'échanges et d'interactions et se positionnent en fonction de ces interactions. Au-delà de l'étude de cas qui s'ancre dans une ville moyenne de la Jordanie centrale, ce travail s'interroge en conclusion sur le système politique jordanien et sur les modes de légitimation de sa monarchie. Les analyses en termes de construction nationale sont critiquées, le terme de 'minorité' est mis en question tout comme le présupposé classique d'une imbrication nécessairement étroite du religieux et du politique dans les pays dits, ou qui se disent, musulmans.