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This research aims to analyze the presence of authors linked to the so called «Carolingian Renaissance» in manuscripts generated in Hispanic scriptoria between 9th and 11th Centuries, until the origins of the Roman reform, where the analysis stops. From Alcuin to Hincmar of Reims, their works keep showing up in the manuscripts, although very different in quality and density, depending on the topic (religious, chronicles, literary) and the politic-cultural spaces (Catalonia, Pamplona, Castile, Leon). This analysis seeks an approximation to the objectives pursued in those copies and to the ideological impulses that might have existed behind them. ; El presente estudio pretende analizar la presencia de autores vinculados al denominado «renacimiento carolingio» en los manuscritos generados en los scriptoria hispanos de los siglos IX al XI, hasta los albores de la penetración de la reforma romana en que se detiene el análisis. Desde Alcuino a Hincmaro de Reims, sus obras se suceden en los manuscritos, aunque en calidad y densidad muy diversas, en función de temas (religiosos, cronísticos, literarios) y de espacios político-culturales (condados catalanes, Pamplona, Castilla, Léon). En ese análisis, se busca una aproximación a los objetivos perseguidos en la copia y a los impulsos ideológicos que pudieran existir tras ellos.

This paper examines the transfer of bishops in the Frankish kingdom due to the Viking invasions during the second half of the ninth century. The most comprehensive case — that of Actard of Nantes — provides sufficient information on the situation of the prelate and especially how it was presented by the secular and ecclesiastical authorities of the time. The change in the position of Hincmar Archbishop of Rheims on this issue, in 872, reveals the political and canonical stakes that could dress such cases. In light of this and other examples known at the end of the ninth century one can wonder whether infestatio paganorum was not primarily an argument to justify transfers that intervened on partisan grounds. ; La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

This paper examines the transfer of bishops in the Frankish kingdom due to the Viking invasions during the second half of the ninth century. The most comprehensive case — that of Actard of Nantes — provides sufficient information on the situation of the prelate and especially how it was presented by the secular and ecclesiastical authorities of the time. The change in the position of Hincmar Archbishop of Rheims on this issue, in 872, reveals the political and canonical stakes that could dress such cases. In light of this and other examples known at the end of the ninth century one can wonder whether infestatio paganorum was not primarily an argument to justify transfers that intervened on partisan grounds. ; La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

Table des matières -- Pathologie du pouvoir: acceptation sociale et rejetdes formes déviantes de l'exercice de l'autorité surla longue durée (Antiquité, Moyen Âge, époquemoderne) -- Partie I Crimes et vices de gouvernants romains: de la république à l'empire -- Les gouvernants de la République romaineet le massacre: de la tactique militaire aux vices -- Indomitae cvpiditates: pouvoir et désir, son pouvoir et son désir dans les Verrines de Cicéron -- La négation du statut de pater patriae: critique du pouvoir césarien chez Cicéron -- Le crime du gouverneur: Pilate jugé pour la condamnation de Jésus -- Un exercice déviant de la justice: figures de la cruauté dans les sources de l'Antiquité tardive -- Partie 2 Vices et péchés des gouvernants médiévaux -- Interprétation de l'histoire et mise en garde du prince: les annotations à l'Histoire romaine de Landolf Sagax du manuscrit Vat. Pal. lat. 909 -- Criminosus, falsus testis et sacrilegus. L'affaire Hincmar de Laon (858-871) -- "Excès," "affaires d'enquête" et gouvernement de l'Église (v. 1150-v. 1350). Les procédures de la papauté contre les prélats "criminels": première approche -- Pride, the Prince, and the Prelate: Hamartiology and Restraints on Power in William Peraldus' Summa de vitiis -- Le pouvoir au miroir du prédicateur: le De eruditione principum de Guillaume Peyraut -- Noble, Renart et Fauvel: l'incarnation "bestiale" de la souveraineté -- L'abus de pouvoir dans la Couronne d'Aragon (XIIIe-XIVe siècles): pathologie, corruption, stratégie ou modèle? -- Jean Gerson's Vivat rex and the Vices of Political Alliance -- De la peccatologie des gouvernants à la nécessité du tyrannicide: les vices monarchiques d'Alvaro Pelayo à Paride del Pozzo -- Excès débilitants, passions énergisantes. La sexualité de Charles VII relève-t-elle de la pathologie politique?

Cover -- Half Title -- Title Page -- Copyright Page -- Contents -- Acknowledgements -- Permissions -- Introduction -- PART I: Ecclesiastical Sources -- Introduction -- The Church Fathers -- 1. Augustine of Hippo, Confessions -- 2. Augustine of Hippo, The Excellence of Marriage -- 3. Augustine of Hippo, Holy Virginity -- 4. Augustine of Hippo, The Excellence of Widowhood -- 5. Augustine of Hippo, The City of God -- 6. Jerome, Against Jovinian -- Early Medieval England -- 7. The Penitential of Theodore -- 8. Bede, Ecclesiastical History of the English People -- 9. The Law of the Northumbrian Priests -- Theology and Canon Law -- 10. Hincmar of Rheims, The Divorce of King Lothar and Queen Theutberga (De Divortio Lotharii regis et Theutbergae reginae) -- 11. Peter Damian, Book of Gomorrah (Liber Gomorrhianus) -- 12. Peter Damian, Letter 61 -- 13. Gratian, Decretum -- 14. Peter Lombard, Sentences -- 15. The Fourth Lateran Council -- 16. Gregory IX, A Voice in Rama (Vox in Rama) -- 17. Decretals of Gregory IX -- 18. Thomas Aquinas, Summa Theologiae -- 19. English Ecclesiastical Statutes -- Canon Law and Actual Practice -- 20. Office of Same-Sex Union -- 21. The Sarum Missal -- 22. An Ecclesiastical Court Case from the Province of Canterbury -- 23. Two Cases from an Episcopal Visitation of Canterbury Diocese -- 24. A Rural Dean's Court -- 25. The Trial of Arnaud of Verniolle -- Beyond Medieval Christendom -- 26. Canons of the Council of Nablus -- 27. Maimonides, The Book of Women (Sefer Nashim) -- PART II: Legal Sources -- Introduction -- Early Medieval English Law -- 28. Laws of Æthelbert of Kent -- 29. Laws of Ine of Wessex -- 30. Laws of King Alfred -- 31. Laws of King Canute -- 32. Concerning the Betrothal of a Woman -- 33. Old English Marriage Agreements -- Early Medieval Germanic and Celtic Laws -- 34. The Lombard Laws -- 35. Early Irish Laws.

Travail préparatoire à la parution du chapitre Marie-Céline Isaïa, « Saint Remi et les rois sacrés. Traduction en images d'un texte hagiogra-phique dans le vitrail chartrain », Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, dir. Fr. Laurent, L. Mathey-Maille, M. Szkilnik, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 91-105. Saint Remi était évêque de Reims au VI e siècle. Parmi les dizaines d'évêques du royaume franc, il est relativement bien connu : la chancellerie mérovingienne a conservé certaines de ses lettres comme modèles 1 ; à Reims, les archives ont enregistré son testament 2 ; à Paris, une inscription qu'il avait rédigée est restée longtemps visible dans l'église Sainte-Geneviève 3 ; à Tours enfin, l'évêque Grégoire vers 590 a consigné deux miracles survenus sur le tombeau de saint Remi dans son catalogue À la gloire des confesseurs 4 , et a donné à l'évêque un joli rôle dans ses Dix Livres d'histoire : chacun peut y lire que Remi est l'évêque qui a baptisé le roi Clovis 5. Sur une telle trame historique, l'hagiographie aurait pu broder amplement. Quelques indices semblent d'ailleurs attester que des Vies de saint Remi ont bien été composées dès le VI e siècle pour entretenir la mémoire donc le culte d'un saint évêque indissociable du pouvoir royal mérovingien 6. Néanmoins, le contexte politique rémois s'est conjugué aux hasards et aux accidents de la conservation des sources anciennes pour expliquer qu'au milieu du IX e siècle, aucune Vie de saint Remi n'existe plus qui commémore l'action du saint auprès du roi Clovis. Il faut tous les efforts de l'archevêque Hincmar (845-882) pour renouer les liens de son prédécesseur et de la royauté chrétienne dans une monumentale Vie de saint Remi dont il a fait son chef d'oeuvre et son testament politique et spirituel 7. Il faut ensuite toutes les manipulations de Capétiens en mal de légitimation pour que ce texte hagiographique, convenablement réinterprété, entre dans l'historiographie officielle du royaume 8 : saint Remi prend alors place parmi les mythes ...

Preliminary Material -- Pathologie du pouvoir: acceptation sociale et rejet des formes déviantes de l'exercice de l'autorité sur la longue durée (Antiquité, Moyen Âge, époque moderne) /Patrick Gilli -- Les gouvernants de la République romaine et le massacre: de la tactique militaire aux vices /Nathalie Barrandon -- Indomitae cvpiditates: le gouverneur provincial, son pouvoir et son désir dans les Verrines de Cicéron /Charles Guérin -- La négation du statut de pater patriae: critique du pouvoir césarien chez Cicéron /Julien Dubouloz -- Le crime du gouverneur: Pilate jugé pour la condamnation de Jésus /Anne-Catherine Baudoin -- Un exercice déviant de la justice: figures de la cruauté dans les sources de l'Antiquité tardive /Hélène Ménard -- Interprétation de l'histoire et mise en garde du prince: les annotations à l'Histoire romaine de Landolf Sagax du manuscrit Vat. Pal. lat. 909 /Thomas Granier -- Criminosus, falsus testis et sacrilegus. L'affaire Hincmar de Laon (858–871) /Cédric Giraud -- "Excès," "affaires d'enquête" et gouvernement de l'Église (v. 1150–v. 1350). Les procédures de la papauté contre les prélats "criminels": première approche /Julien Théry-Astruc -- Pride, the Prince, and the Prelate: Hamartiology and Restraints on Power in William Peraldus' Summa de vitiis /Richard G. Newhauser -- Le pouvoir au miroir du prédicateur: le De eruditione principum de Guillaume Peyraut /Silvana Vecchio -- Noble, Renart et Fauvel: l'incarnation "bestiale" de la souveraineté /Armand Strubel -- L'abus de pouvoir dans la couronne d'Aragon (xiiie–xive siècles): pathologie, corruption, stratégie ou modèle? /Flocel Sabaté -- Jean Gerson's Vivat rex and the Vices of Political Alliance /Nancy McLoughlin -- De la peccatologie des gouvernants à la nécessité du tyrannicide: les vices monarchiques d'Alvaro Pelayo à Paride del Pozzo /Patrick Gilli -- Excès débilitants, passions énergisantes. La sexualité de Charles vii relève-t-elle de la pathologie politique? /Franck Collard -- Il dovere di visitare e la correzione degli eccessi dei prelati nel '400 /Silvia Di Paolo -- Les Legazioni e Commissarie de Machiavel: les vices des hommes et la santé de l'État /Corinne Manchio -- Les vices des princes de Caligula à Louis xi: la construction d'un anti-modèle de souverain par les lettrés de la cour de Bretagne à la fin du Moyen Âge /Laurent Guitton -- From Seven Sins to Lutheran Devils: Sin and Social Order in an Age of Confessionalization /Kathleen Crowther -- "Peccat princeps, qui. . .". Principî di governo cristiano nella letteratura politico-giuridica tedesca di fine '600 /Angela De Benedictis -- Conclusions /Patrick Gilli -- Bibliographie -- Index des noms de personnes et de lieux.

Travail préparatoire à la parution du chapitre Marie-Céline Isaïa, « Saint Remi et les rois sacrés. Traduction en images d'un texte hagiogra-phique dans le vitrail chartrain », Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, dir. Fr. Laurent, L. Mathey-Maille, M. Szkilnik, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 91-105. Saint Remi était évêque de Reims au VI e siècle. Parmi les dizaines d'évêques du royaume franc, il est relativement bien connu : la chancellerie mérovingienne a conservé certaines de ses lettres comme modèles 1 ; à Reims, les archives ont enregistré son testament 2 ; à Paris, une inscription qu'il avait rédigée est restée longtemps visible dans l'église Sainte-Geneviève 3 ; à Tours enfin, l'évêque Grégoire vers 590 a consigné deux miracles survenus sur le tombeau de saint Remi dans son catalogue À la gloire des confesseurs 4 , et a donné à l'évêque un joli rôle dans ses Dix Livres d'histoire : chacun peut y lire que Remi est l'évêque qui a baptisé le roi Clovis 5. Sur une telle trame historique, l'hagiographie aurait pu broder amplement. Quelques indices semblent d'ailleurs attester que des Vies de saint Remi ont bien été composées dès le VI e siècle pour entretenir la mémoire donc le culte d'un saint évêque indissociable du pouvoir royal mérovingien 6. Néanmoins, le contexte politique rémois s'est conjugué aux hasards et aux accidents de la conservation des sources anciennes pour expliquer qu'au milieu du IX e siècle, aucune Vie de saint Remi n'existe plus qui commémore l'action du saint auprès du roi Clovis. Il faut tous les efforts de l'archevêque Hincmar (845-882) pour renouer les liens de son prédécesseur et de la royauté chrétienne dans une monumentale Vie de saint Remi dont il a fait son chef d'oeuvre et son testament politique et spirituel 7. Il faut ensuite toutes les manipulations de Capétiens en mal de légitimation pour que ce texte hagiographique, convenablement réinterprété, entre dans l'historiographie officielle du royaume 8 : saint Remi prend alors place parmi les mythes constitutifs de ce que C. Beaune a appelé la nation France 9. Au début du XII e siècle seulement, il est considéré comme le saint patron de la royauté sacrée 10. Face à une telle évolution, on ne peut que s'étonner du faible nombre de représentations figurées du même Remi, pièce nécessaire d'un imaginaire qu'on découvre sans image ou presque, dans les grandes réalisations architecturales du XII e siècle. Hors de l'abbatiale Saint-Remi de Reims en effet, que l'abbé Pierre de Celle (1162-1181) a organisée autour de la célébration des reliques du saint 11 , on cherchera en vain le moindre vitrail représentant saint Remi dans la province ecclésiastique qui se couvre de chantiers : à notre connaissance, il n'y a pas de saint Remi à Laon, Arras, Noyon, Senlis, Soissons ou Amiens 12. Partout, la 1

Travail préparatoire à la parution du chapitre Marie-Céline Isaïa, « Saint Remi et les rois sacrés. Traduction en images d'un texte hagiogra-phique dans le vitrail chartrain », Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, dir. Fr. Laurent, L. Mathey-Maille, M. Szkilnik, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 91-105. Saint Remi était évêque de Reims au VI e siècle. Parmi les dizaines d'évêques du royaume franc, il est relativement bien connu : la chancellerie mérovingienne a conservé certaines de ses lettres comme modèles 1 ; à Reims, les archives ont enregistré son testament 2 ; à Paris, une inscription qu'il avait rédigée est restée longtemps visible dans l'église Sainte-Geneviève 3 ; à Tours enfin, l'évêque Grégoire vers 590 a consigné deux miracles survenus sur le tombeau de saint Remi dans son catalogue À la gloire des confesseurs 4 , et a donné à l'évêque un joli rôle dans ses Dix Livres d'histoire : chacun peut y lire que Remi est l'évêque qui a baptisé le roi Clovis 5. Sur une telle trame historique, l'hagiographie aurait pu broder amplement. Quelques indices semblent d'ailleurs attester que des Vies de saint Remi ont bien été composées dès le VI e siècle pour entretenir la mémoire donc le culte d'un saint évêque indissociable du pouvoir royal mérovingien 6. Néanmoins, le contexte politique rémois s'est conjugué aux hasards et aux accidents de la conservation des sources anciennes pour expliquer qu'au milieu du IX e siècle, aucune Vie de saint Remi n'existe plus qui commémore l'action du saint auprès du roi Clovis. Il faut tous les efforts de l'archevêque Hincmar (845-882) pour renouer les liens de son prédécesseur et de la royauté chrétienne dans une monumentale Vie de saint Remi dont il a fait son chef d'oeuvre et son testament politique et spirituel 7. Il faut ensuite toutes les manipulations de Capétiens en mal de légitimation pour que ce texte hagiographique, convenablement réinterprété, entre dans l'historiographie officielle du royaume 8 : saint Remi prend alors place parmi les mythes constitutifs de ce que C. Beaune a appelé la nation France 9. Au début du XII e siècle seulement, il est considéré comme le saint patron de la royauté sacrée 10. Face à une telle évolution, on ne peut que s'étonner du faible nombre de représentations figurées du même Remi, pièce nécessaire d'un imaginaire qu'on découvre sans image ou presque, dans les grandes réalisations architecturales du XII e siècle. Hors de l'abbatiale Saint-Remi de Reims en effet, que l'abbé Pierre de Celle (1162-1181) a organisée autour de la célébration des reliques du saint 11 , on cherchera en vain le moindre vitrail représentant saint Remi dans la province ecclésiastique qui se couvre de chantiers : à notre connaissance, il n'y a pas de saint Remi à Laon, Arras, Noyon, Senlis, Soissons ou Amiens 12. Partout, la 1

Travail préparatoire à la parution du chapitre Marie-Céline Isaïa, « Saint Remi et les rois sacrés. Traduction en images d'un texte hagiogra-phique dans le vitrail chartrain », Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, dir. Fr. Laurent, L. Mathey-Maille, M. Szkilnik, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 91-105. Saint Remi était évêque de Reims au VI e siècle. Parmi les dizaines d'évêques du royaume franc, il est relativement bien connu : la chancellerie mérovingienne a conservé certaines de ses lettres comme modèles 1 ; à Reims, les archives ont enregistré son testament 2 ; à Paris, une inscription qu'il avait rédigée est restée longtemps visible dans l'église Sainte-Geneviève 3 ; à Tours enfin, l'évêque Grégoire vers 590 a consigné deux miracles survenus sur le tombeau de saint Remi dans son catalogue À la gloire des confesseurs 4 , et a donné à l'évêque un joli rôle dans ses Dix Livres d'histoire : chacun peut y lire que Remi est l'évêque qui a baptisé le roi Clovis 5. Sur une telle trame historique, l'hagiographie aurait pu broder amplement. Quelques indices semblent d'ailleurs attester que des Vies de saint Remi ont bien été composées dès le VI e siècle pour entretenir la mémoire donc le culte d'un saint évêque indissociable du pouvoir royal mérovingien 6. Néanmoins, le contexte politique rémois s'est conjugué aux hasards et aux accidents de la conservation des sources anciennes pour expliquer qu'au milieu du IX e siècle, aucune Vie de saint Remi n'existe plus qui commémore l'action du saint auprès du roi Clovis. Il faut tous les efforts de l'archevêque Hincmar (845-882) pour renouer les liens de son prédécesseur et de la royauté chrétienne dans une monumentale Vie de saint Remi dont il a fait son chef d'oeuvre et son testament politique et spirituel 7. Il faut ensuite toutes les manipulations de Capétiens en mal de légitimation pour que ce texte hagiographique, convenablement réinterprété, entre dans l'historiographie officielle du royaume 8 : saint Remi prend alors place parmi les mythes constitutifs de ce que C. Beaune a appelé la nation France 9. Au début du XII e siècle seulement, il est considéré comme le saint patron de la royauté sacrée 10. Face à une telle évolution, on ne peut que s'étonner du faible nombre de représentations figurées du même Remi, pièce nécessaire d'un imaginaire qu'on découvre sans image ou presque, dans les grandes réalisations architecturales du XII e siècle. Hors de l'abbatiale Saint-Remi de Reims en effet, que l'abbé Pierre de Celle (1162-1181) a organisée autour de la célébration des reliques du saint 11 , on cherchera en vain le moindre vitrail représentant saint Remi dans la province ecclésiastique qui se couvre de chantiers : à notre connaissance, il n'y a pas de saint Remi à Laon, Arras, Noyon, Senlis, Soissons ou Amiens 12. Partout, la 1

Travail préparatoire à la parution du chapitre Marie-Céline Isaïa, « Saint Remi et les rois sacrés. Traduction en images d'un texte hagiogra-phique dans le vitrail chartrain », Des saints et des rois. L'hagiographie au service de l'histoire, dir. Fr. Laurent, L. Mathey-Maille, M. Szkilnik, Paris, Honoré Champion, 2014, p. 91-105. Saint Remi était évêque de Reims au VI e siècle. Parmi les dizaines d'évêques du royaume franc, il est relativement bien connu : la chancellerie mérovingienne a conservé certaines de ses lettres comme modèles 1 ; à Reims, les archives ont enregistré son testament 2 ; à Paris, une inscription qu'il avait rédigée est restée longtemps visible dans l'église Sainte-Geneviève 3 ; à Tours enfin, l'évêque Grégoire vers 590 a consigné deux miracles survenus sur le tombeau de saint Remi dans son catalogue À la gloire des confesseurs 4 , et a donné à l'évêque un joli rôle dans ses Dix Livres d'histoire : chacun peut y lire que Remi est l'évêque qui a baptisé le roi Clovis 5. Sur une telle trame historique, l'hagiographie aurait pu broder amplement. Quelques indices semblent d'ailleurs attester que des Vies de saint Remi ont bien été composées dès le VI e siècle pour entretenir la mémoire donc le culte d'un saint évêque indissociable du pouvoir royal mérovingien 6. Néanmoins, le contexte politique rémois s'est conjugué aux hasards et aux accidents de la conservation des sources anciennes pour expliquer qu'au milieu du IX e siècle, aucune Vie de saint Remi n'existe plus qui commémore l'action du saint auprès du roi Clovis. Il faut tous les efforts de l'archevêque Hincmar (845-882) pour renouer les liens de son prédécesseur et de la royauté chrétienne dans une monumentale Vie de saint Remi dont il a fait son chef d'oeuvre et son testament politique et spirituel 7. Il faut ensuite toutes les manipulations de Capétiens en mal de légitimation pour que ce texte hagiographique, convenablement réinterprété, entre dans l'historiographie officielle du royaume 8 : saint Remi prend alors place parmi les mythes constitutifs de ce que C. Beaune a appelé la nation France 9. Au début du XII e siècle seulement, il est considéré comme le saint patron de la royauté sacrée 10. Face à une telle évolution, on ne peut que s'étonner du faible nombre de représentations figurées du même Remi, pièce nécessaire d'un imaginaire qu'on découvre sans image ou presque, dans les grandes réalisations architecturales du XII e siècle. Hors de l'abbatiale Saint-Remi de Reims en effet, que l'abbé Pierre de Celle (1162-1181) a organisée autour de la célébration des reliques du saint 11 , on cherchera en vain le moindre vitrail représentant saint Remi dans la province ecclésiastique qui se couvre de chantiers : à notre connaissance, il n'y a pas de saint Remi à Laon, Arras, Noyon, Senlis, Soissons ou Amiens 12. Partout, la 1

Рассматриваются представления одного из ключевых авторов Реймской школы историописания, сложившейся на территории Западнофранкского королевства в позднекаролингский период. Исследуется как эволюция взглядов самого Флодоарда на «норманнскую проблему», так и механизм текстуальной трансформации его основных сочинений в Х-Х11 вв. Делается вывод о возможности рассматривать Флодоарда как первого каролингского автора, во многом определившего будущую историографическую традицию нормандской историографии, сложившейся в пределах герцогства Нормандия. ; The experience of source study analysis. In the Xth century the succession of Reims school of historiography continued. Just after archbishop Hincmar of Reims, the key person in the late Carolingian historiography, there appeared two new clergymen of that eparchy Flodoard and Richerus, whose works are still demanded for reconstruction of political events in France of that period. Both of them appealing to the contemporary events could not hold back the facts dealing with the role of the «Normans» in the political life of that time. Furthermore, they had to take the already existing Duchy of Normandy which appeared on the lower reaches of the river Seine in the beginning of the Xth century, into account. That is why their perception of the «Normans» had not already been only of the stereotype kind formed during the previous epoch, which still could be met in their works, but had to adapt gradually toward the fact that the «Normans» and their leaders had turned into the integral part of the late Carolingian society and its political elite. The fundamental works of Flodoard «The annals» and «The History of Reims church» represent a certain borderline in the process of historical interpretation of the place and the role of the «Normans» for the European history. This historian of Reims, whether he wanted it or not, appeared to be a pioneer in the process of formation of the future Norman version in the future official history of Normandy. Moulding the image of Rollo Flodoard imparted him a schematic temper. But despite of this simplicity the most important couldn easily be seen. For Flodoard as the Carolingian author and the events contemporary, the first Norman «duke» was not the embodiment of evil anymore, the evil that was destroying the kingdom. William Longsword the son and the heir of Rollo, came even closer to the image of the veritable Christian duke especially after his assassination arranged by his rival Arnulf the count of Flanders. Richard, the third duke of Normandy softened the image of the «Norman» as the enemy of the Carolingian society even more. All the bad qualities of the «Normans» from the pages of the Carolingian annals started to vanish during the epoch of Flodoard. The «Norman» as the enemy or the ally of a certain political clan dealing with the power or property redivision within the Western Frankish Kingdom replaced the former image of the «Norman» as the enemy of the whole country. And there is one more distinction of Flodoards works from previous historical tradition. When the authors of the IXth and the beginning of the X century considered the homeland of the «Normans» to be outside of the Frankish Kingdom, Flodoard defined the lower reaches of the river Seine as the «Normans territory» (terram Nordmannorum). This territory was not the Frankish counties or pags anymore, but it was the territory populated by the «Normans» (Nordmannorum gens). As a peculiar confirmation of that is the destiny of the remained manuscripts containing the texts of Flodoards works. So it was common for manuscripts A and B that appeared in the Xth and the beginning of the XIth centuries to write Nortmannos or Nordmannos according to the traditions of the Carolingian annals, but starting with the middle of the XIth century in manuscripts C and E connected with Fecamp and Mont Saint-Michel, the greatest and the most powerful abbeys of Normandy, this writing changed into most common Normandnis. The ethnonym was replaced by the toponym and in fact Flodoard turned out into the first historiographer of the Norman dukes.