International audience ; La correspondance entre Bentham et Chastellux commence au printemps 1778, par une lettre de Bentham à Chastellux accompagnée du Fragment on government, du View of the hard labour Bill, et de 'trois feuilles pour servir de Prospectus d'une Théorie des peines'. Chastellux y répond sans tarder, en juillet, et fait parvenir à Bentham la deuxième édition de De la félicité publique (1776, édition originale 1772), augmentée d'un important essai sur la dette publique. Cette correspondance comprend donc en tout et pour tout deux lettres du juriste anglais et une lettre du militaire académicien, assorties des envois réciproques de leurs ouvrages.1 Elle fait cependant partie d'un ensemble un tout petit peu plus large: au même moment en effet, Bentham envoie les mêmes œuvres accompagnées d'une lettre à D'Alembert, qui lui répond si civilement que Bentham comprend que le mathématicien français a 'repoussé avec politesse son indigne disciple'2 et prépare une lettre à Morellet, dont on ignore si elle a été envoyée, et qui quoi qu'il en soit est restée sans réponse.3 Si l'échange entre Bentham et Chastellux peut paraître décevant à première vue, l'identité des trois destinataires forme un ensemble cohérent, qui a presque plus à nous apprendre que le contenu des lettres. (.) cette correspondance a beaucoup à nous apprendre, et ce précisément sur les enjeux et les sens possibles de l'expression 'félicité publique', dont elle fait apparaître un contexte d'apparition et de signification possible. Pour tracer les contours de ce contexte, il faut dans un premier temps s'attarder sur la démarche de Bentham, et montrer qu'elle dénote une perception qui me semble très juste de l'organisation du savoir en France et des interlocuteurs qui, partageant son positionnement réformiste dans les rapports du pouvoir et de la philosophie, sont susceptibles de le soutenir. Si on accorde à Bentham une telle lucidité, sa démarche devient alors pour nous un indice précieux pour évaluer la pensée et l'action politiques des écrivains français de la fin des années 1780 à qui il s'adresse. Ceux qui parlent le langage de la 'félicité publique' lui donnent une importance et une signification politique qu'on peut qualifier de radicale. S'il est consensuel, voire trivial, d'accorder à Bentham ce radicalisme, l'initiative qu'il prend de correspondre avec Chastellux semble nourrir l'hypothèse que des deux côtés de la Manche, le thème de la félicité publique s'inscrit dans le contexte de deux questions radicales: l'une sur l'utilité des gouvernements, caractérisés par un ensemble législatif assorti d'une puissance de punition et de récompense; l'autre sur le rôle du philosophe ou du savant par rapport à l'objet politique.
Cette étude s'inscrit dans le cadre d'un projet de recherche financé par l'Union Européenne, Making sustainability operational : Critical Natural Capital and the implication of a strong sustainability criterion (n°PL9702076). Ce projet de recherche est coordonné par P. Ekins (Keele University, UK) en collaboration avec Fondazione Eni Enrico Mattei (responsable scientifique D. Pettenella, Agripolis, Italie), Université de Stockholms (responsable scientifique C. Folke, Suède), Université d'Agriculture de Wageningen (responsable scientifique R. de Groot, Pays-Bas), Institut Wuppertal (responsable scientifique R. Loske, Allemagne) et le C3ED - Université Versailles – Saint-Quentin en Yvelines (responsable scientifique M. O'Connor, France). Cette recherche est menée en parallèle avec celle entreprise dans le projet Quantification et modélisation du Capital Naturel Critique pour la mise en oeuvre d'une politique de développement durable en France (n°97085) sous la direction scientifique de Martin O'Connor (C3ED) pour le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, et celle intitulée Validation socioéconomique des indicateurs agro-écologiques (n°97/C/62) réalisée dans le cadre du Programme Interdisciplinaire de Recherche "Environnement, Vie et Société" (1997 – 1999) du CNRS sous la direction scientifique de Martin O'Connor (C3ED) et Philippe Girardin (INRA). ; Nul ne saurait discuter que la pollution azotée des eaux est en grande partie imputable à l'agriculture. Les inquiétudes quant à la pollution des sols et des eaux liées aux pratiques agricoles modernes prennent en effet une ampleur que l'on ne peut plus occulter. Les dommages ponctuels peuvent correspondre aux rejets directs dans l'eau des installations de stockage des déjections animales ou à l'emploi de pesticides près des ruisseaux. Les pollutions diffuses issues des pratiques culturales sont plus difficiles à appréhender. Elles sont généralement liées à un apport excessif en éléments fertilisants et à l'usage des pesticides. La capacité de charge du milieu naturel, laquelle est en partie assurée par la propriété de fixation des sols et de la végétation, semble être aujourd'hui bien dépassée. Si bien que ces éléments atteignent les eaux de surface par ruissellement et les eaux souterraines par infiltration. On note généralement que ces formes de pollution découlent des modes même de production, lesquels révèlent un usage souvent inefficace et excessif de certains intrants. Dans le cadre de cette recherche, notre champ d'application n'est autre que le secteur agricole et ses incidences sur la qualité des eaux en Bretagne. Nous notons que nos recherches ont principalement porté sur la construction d'outils synthétiques de mesure de la performance environnementale et du coût économique d'adaptation. Ces outils concernent les seules données physique et technique du produit agricole, mettant de côté pour le moment celles relatives au marché, à la contrainte de débouchés. Ils apparaissent, par ailleurs, sous la forme d'un nombre, lequel traduit la confrontation des critères de performance et de coût, ainsi que le positionnement dynamique des sentiers de croissance du produit agricole au regard des scénarios proposés. (.)
Le concept du « Nord » est intrinsèque à l'identité canadienne – les hivers rudes ; la forêt et les lacs à perte de vue ; les animaux sauvages… - tous font parti de l'inconscient canadien ; même si le citoyen typique habite souvent dans une grande ville pas loin de la frontière américaine au sud. Le réchauffement climatique perturbe l'équilibre écologique et provoque des dégâts particulièrement importants pour certaines espèces au Canada ; tel que l'ours polaire ; ou divers environnements ; comme la toundra où la fonte du pergélisol transforme les flux d'énergie et de matières organiques qui régissent les équilibres. Certains citoyens regrettent même que les hivers « ne soient plus comme avant » : moins longs ; moins froids ; moins de neige… ; malgré tous les avantages que ces changements peuvent représentés pour le citoyen ordinaire. Différentes définitions de « nordicité » ont été avancées dans la littérature académique et Bone (XXX) en donne quelques unes dans son ouvrage « The Regional Geography of Canada ». Sur ce site, nous nous limiterons à trois zones : 1) Le « Sud » : cette région correspond aux grandes villes du Canada ainsi qu'aux terres agricoles qui se situent plutôt près de la frontière partagée avec les USA aux sud du pays. Pour certaines villes, comme Winnipeg, Ottawa, et Québec par exemples, le « Sud » demeure une région très froide en hiver avec des températures moyennes bien en-dessous de 0 et des cumuls de neige importants. Le Sud se caractérise surtout par sa concentration du pouvoir politique et économique : les décisions sont prises dans le Sud par des personnes élevées dans les grandes villes et elles sont répercutées sur l'ensemble du territoire. 2) Le « Moyen Nord » : partez de n'importe quelle ville canadienne et suivez la route principale vers le nord et progressivement vous verrez de moins en moins de maisons et de champs agricoles et de plus en plus de forêt. Au bout de la route, vous arriverez probablement à une petite ville minière ou de papeterie. Ces villes partagent plusieurs caractéristiques : elles dépendent essentiellement de l'extraction de ressources primaires pour leur survie et dont les emplois essentiellement d'un seul employeur, elles connaissent des économies de « boom & bust » avec des hauts et des bas, elles sont souvent peuplées de plus d'hommes que de femmes, les habitants y sont très attachés. Voir l'entretien avec Dan Laroque sur la ville de Cobalt – ville minière située au nord de l'Ontario qui fut la plus grande mine d'argent au monde au début du 20ième siècle. 3) Le « Grand Nord » : cette zone regroupe la totalité des territoires du nord ainsi que les extrémités nord des provinces à l'exception des provinces de l'Est. Traditionnellement, elle est habitée par les peuples autochtones et l'arrivée des blancs coïncide avec des « ruées vers l'or » ou d'autres ressources naturelles (pétrole, diamants…). Comme pour le Moyen Nord, l'économie dépend surtout de l'extraction de ressources naturelles dont la richesse bénéficie surtout aux entreprises du sud avec relativement peu de retombées pour les autochtones. Cette tendance est en évolution et progressivement, les conditions d'extraction des ressources naturelles est soumise à un dialogue avec les représentants autochtones.
International audience ; L'idée centrale de cette contribution résidera dans le questionnement et la déconstruction du style paranoïaque compris comme outil d'analyse des phénomènes conspirationnistes à la fois aux États-Unis, où l'expression est apparue sous la plume de l'historien Richard Hofstadter dans le courant des années 1960, et en France, en analysant notamment les travaux de Pierre-André Taguieff.Ainsi, il s'agira, via un travail épistémologique s'appuyant sur les écrits des auteurs, de revenir sur la genèse et les conditions d'apparition, dans le champ des sciences sociales, d'études sur les phénomènes conspirationnistes aux États-Unis et en France en montrant qu'elles ne résultent non pas d'une volonté d'observation d'un fait social parmi d'autres mais plutôt d'une construction intellectuelle contre. En effet, il conviendra de montrer que l'émergence de travaux relatifs à l'existence de phénomènes conspirationnistes s'inscrit dans une démarche de défense de la théorie historique du consensus, c'est-à-dire la thèse d'une histoire politique et sociale pacifique construite et acceptée par l'ensemble des catégories sociales car elles partageraient un certain nombre de valeurs parmi lesquelles l'adhésion à la démocratie libérale ou encore au libre échange. Cette démarche de défense de la thèse du consensus se doit d'abord d'être expliquée par le parcours politique et militant des protagonistes, Hofstadter ou Taguieff : leur rupture avec le communisme qui les a conduit à adhérer aux valeurs de la gauche libérale voire même à celles du néo-conservatisme. En effet, comme l'a reconnu Taguieff, son intérêt et ses travaux sur les phénomènes et la rhétorique conspirationnistes sont le résultat de sa renonciation à ce qu'il considère comme ses errements passés, une critique radicale des démocraties politiques occidentales qu'il voit aujourd'hui comme relevant des thèses complotistes. Aussi, cette rupture personnelle des auteurs dans leur parcours politique et intellectuel va les conduire à remettre en question la légitimité et la rationalité des critiques radicales de ce qu'Arthur Schlesinger avait dénommé le « centre vital ». Aux États-Unis, c'est avec la publication de l'ouvrage d'Hofstadter, The Age of Reform, qu'apparaît l'utilisation de la théorie du complot comme interprétation savante des critiques radicales et des revendications des dominés exprimées par le Parti Populiste américain à l'endroit du système politique libéral et de ses valeurs. Il appartiendra alors de déconstruire le raisonnement d'Hofstadter afin de montrer comment il établit, au nom de la défense du centre vital, une causalité nécessaire entre critique radicale du système politique américain et la formulation de thèses conspirationnistes. Hofstadter postule ainsi le caractère irrationnel a priori du mouvement Populiste qui le pousse à envisager la société comme mue par un antagonisme et un conflit entre deux classes sociales avec d'un côté une majorité populaire opprimée et exploitée et de l'autre une élite minoritaire omnipotente et conspirationniste. « Les populistes croient qu'ils sont délibérément opprimés, ce qui les conduit à percevoir les événements de leur époque comme le résultat d'une conspiration » concluait-il. En France également, des politistes et des sociologues comme Taguieff, Nathalie Heinich ou l'article des chercheurs Coréens Park Jung Ho et Chung Sang Jin, « la théorie du complot comme un simulacre de sciences sociales ? », vont, certes à des degrés différents, développer l'idée que la sociologie critique de Pierre Bourdieu serait en quelque sorte une caution académique donnée aux fantasmes conspirationnistes dans sa recherche de lois sociologiques à même d'expliquer la reproduction ou l'hystérésis des mécanismes de domination ; l'attention étant toute portée aux expressions employées par Bourdieu d'un « gouvernement mondial invisible » et d'une « main invisible ». Condamnation des attaques du consensus libéral venant de la gauche d'un côté, mais aussi venant de la droite de l'autre ; l'expression de « centre vital » prend ici tout son sens. En effet, les intellectuels libéraux américains, Bell, Lipset, Parsons et bien entendu Hofstadter avec son célèbre The Paranoid Styles & Other Essays précédé d'Anti-intellectualism in American Life vont véritablement construire et utiliser le style paranoïaque comme réponse savante à l'émergence d'un conservatisme qu'ils jugent inapproprié et illégitime au regard des valeurs libérales et de la thèse du consensus. Ici encore, le processus à l'œuvre est de postuler l'irrationalité de mouvements comme le maccarthysme ou le soutien à la campagne présidentielle de Goldwater qui conduirait in fine à la formulation nécessaire de thèses conspirationnistes en découvrant des ennemis cachés et des forces occultes derrière le gouvernement ou les grandes institutions publiques et privées. De la même manière, en France, les travaux de Taguieff sur le conspirationnisme ne doivent pas cacher une volonté réelle de condamner et de délégitimer les critiques radicales adressées à l'État d'Israël ou aux États-Unis. Restera enfin à poser la question de savoir si cette genèse intéressée invalide les travaux des auteurs à tel point que le recours à leurs outils, le concept de leader paranoïaque en tout particulier, doit être abandonné. La réponse est bien entendu négative mais il nous faut, lorsque nous nous les réapproprions, en donner, nous le montrerons, des définitions plus empiriques et détachées de nos préférences politiques afin d'en faire réellement des concepts politologiques ou sociologiques opératoires.
International audience ; Edito "I'm done with #doctorwho WORST WRITING CHOICE EVER #NotMyDoctor #doctor13 #DoctorWho13" Ce message, posté sur Twitter par un dénommé @Icewit 1 , condense en quelques mots les réactions outrées de toute une frange du fandom de la série britannique Doctor Who le 16 juillet 2017. Ce jour-là, la BBC révèle officiellement que le treizième acteur choisi pour prêter ses traits au Time Lord 2 est en réalité une actrice, Jodie Whittaker. Sur les réseaux sociaux, tandis que certain·e·s exultent, d'autres se consument de rage. « Trahison », « propagande féministe », « tyrannie du politiquement correct », « Social Justice Warriors » : telles sont les accusations qui ressortent, en substance, des discours de ces (ex-)fans clamant haut et fort qu'ils arrêtent de regarder leur oeuvre-culte et que leur enfance est ruinée-rien de moins !-par ce parti-pris créatif. L'évènement n'est, du reste, pas isolé. La mise en avant du personnage de Rey (Daisy Ridley) dans la nouvelle trilogie Star Wars ou encore l'annonce d'un reboot entièrement féminin des films Ghostbusters avaient suscité les années précédentes des tollés similaires sur le Net. S'ils peuvent prêter à sourire tant ils paraissent exagérés, ces déferlements d'ire collective sont pourtant révélateurs d'enjeux qui se nouent là où s'articulent identités de genre et engagements faniques. Ils viennent rappeler à quel point la culture, ici populaire, est un lieu structuré par des rapports de pouvoir. Contrairement à certaines croyances encore répandues, la fiction n'y est jamais « que de la fiction » : elle dessine à l'inverse des espaces de reproduction ou de contestation de normes sociales presque impossibles à déboulonner. Partant, toute tentative de mettre en lumière ces normes, de les dé-naturaliser, voire de les dissoudre, est vouée à rencontrer des résistances du côté de la réception, sous des formes qui peuvent prendre une tournure extrêmement violente. Le mouvement Gamergate, né en 2014 en réaction à quelques percées féminines dans le monde du jeu vidéo (tant au niveau de la création que de la réception), en constitue un exemple paroxystique nourri de cyberharcèlement et de menaces de mort. Parce qu'elles sont loin d'être anecdotiques, mais qu'elles affectent à l'inverse la vie « réelle » des publics sur la base de leurs identités de genre, ces dynamiques de solidarité ou d'hostilité au sein de fandoms confirment non seulement la pertinence, mais la nécessité des croisements épistémologiques entre fan studies et gender studies. Dans le bel état de l'art qu'elle a dressé pour le premier tome du présent ouvrage, Nelly Quemener (2017) retrace la genèse des rencontres entres ces deux champs ancrés dans des traditions académiques anglosaxonnes. Rappelons à sa suite que, quoique parfois tenues éloignées et en apparence hermétiques l'une à l'autre, ces disciplines sont liées par des problématiques transversales qui rendent indispensable leur conjugaison. Dans son « Panorama historique des études de fans », Henry Jenkins (2015) s'étend pour sa part longuement sur les « racines féministes » des fan studies, mettant en exergue la filiation qui existe entre la seconde vague de 1 https://metro.co.uk/2017/07/16/doctor-who-fans-react-to-casting-of-jodie-whittaker-as-the-13th-doctor-6783546/ (Consulté le 1 er octobre 2018) 2 Dans la série de science-fiction Doctor Who, les Time Lords sont des extraterrestres qui se régénèrent lorsqu'ils sont mortellement blessés, adoptant successivement des apparences et personnalités différentes.
International audience ; La directive oiseaux Parmi les différents éléments de notre environnement, les oiseaux sauvages tiennent depuis le début une place particulière. La volonté de les protéger est ancienne et bien établie. Non seulement peu d'espèces ou de groupes d'espèces ont fait comme eux l'objet de réglementations qui leur soient spécifiquement et exclusivement consacrées, mais c'est encore en leur faveur que furent posés les premiers jalons du droit international, puis du droit communautaire de l'environnement. La Convention de 1902 relative à la protection des oiseaux utiles à l'agriculture fut la première convention multilatérale « conservationniste » dans le champ de la protection de la nature. De même, soixante-seize années plus tard, la directive européenne sur les oiseaux marque le début de la mise en place de la politique communautaire en faveur de la protection de la nature. L'adoption de la directive La Communauté économique européenne, devenue Union européenne en 2009, n'a pas à l'origine de compétence dans le champ de l'environnement. Lancée dans les années 1970, son action environnementale répond plus au souci d'éviter ou de limiter les distorsions de concurrence, qu'à celui de protéger l'environnement lui-même. Mais la Communauté évolue peu à peu ensuite vers une politique globale et préventive, axée davantage sur la conservation de la nature. L'adoption de la « directive 79/409/CEE du Conseil, du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages » dite « oiseaux » est le premier acte de cette nouvelle orientation. L'origine de la directive « oiseaux » peut être trouvée dans une forte préoccupation publique, notamment au sujet de la capture et la destruction d'oiseaux migrateurs dans certains États membres. Ce mouvement d'opinion est relayé par plusieurs ONGs comme BirdLife ou la puissante association britannique Royal Society for the Protection of Birds. Différentes études montrent aussi la réduction du nombre d'espèces d'oiseaux vivant en Europe, ainsi qu'une diminution parfois importante de leurs populations. Le caractère partiellement migrateur des oiseaux les désigne pour amorcer la politique européenne de protection de la nature. En cela, comme le précise le préambule de la directive, les oiseaux « vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres (…) constituent un patrimoine commun ». Leur protection appelle une coopération européenne. Un texte ambitieux La directive est très ambitieuse. Elle offre une protection de principe à « toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres ». Cela concerne environ 500 espèces d'oiseaux, couvrant toutes leurs populations et individus, quelle qu'en soit la provenance. Elle s'applique aux oiseaux ainsi qu'à leurs oeufs, leurs nids et leurs habitats. Elle prévoit leur protection, leur gestion et leur régulation, et en réglemente l'exploitation, notamment la chasse, la capture, le transport et le commerce. Seules peuvent être chassées les espèces listées limitativement à son annexe II. Parce qu'elles sont vulnérables, menacées ou migratrices, les espèces mentionnées à l'annexe I font l'objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat, afin d'assurer leur survie et leur reproduction dans leur aire de distribution. Les États membres doivent en particulier établir des « zones de protection spéciale ». Ces zones ont été intégrées au réseau européen « Natura 2000 » par la directive européenne « habitats » de 1992.
National audience ; Edito RGP, avril 2018 Valeur, vous avez dit valeurs ? L'évaluation des politiques publiques se développe actuellement de manière importante dans des dimensions pratique et opérationnelle. Ainsi, à l'échelle locale, de nombreuses collectivités ont recours à des dispositifs internes ou externes pour évaluer leurs politiques. A l'échelle nationale, différentes évolutions légales ou institutionnelles, en particulier la LOLF, la Modernisation de l'Action publique ou encore actuellement Action Publique 2022, mettent aussi au premier plan la question évaluative. A l'échelle européenne, de nombreux appels à projets (FEDER, Label de bonne gouvernance du Conseil de l'Europe, etc.) imposent enfin l'évaluation comme outil de projection et de reddition des comptes dans la relation entre financeur, gestionnaires et opérateurs. Si l'évaluation des politiques publiques relevait du discours et d'une approche théorique ou conceptuelle depuis le début des années 1990 en France, elle semble alors actuellement devenir une réalité. En effet, face à la difficulté d'accroitre leurs ressources (fiscalité, dette, dotation, etc.), les organisations publiques privilégient ainsi sur des solutions internes, en essayant notamment de mieux dépenser. L'évaluation des politiques publiques devient dans ce sens un enjeu majeur. Pourtant, si l'évaluation se développe dans les pratiques publiques, elle n'en reste pas moins peu maîtrisée et insuffisante. En effet, l'importance de la question financière conduit souvent à assimiler valeur d'une politique à sa seule valeur financière. Ainsi, des dispositifs comme la LOLF ou la RGPP deviennent, à l'expérience, inutiles d'un point de vue des politiques publiques engagées, tant la focale budgétaire est forte. Pour éviter ce type de limite, il semble alors nécessaire de mieux clarifier la notion de valeur des politiques publiques, essentielle à une démarche d'évaluation. Evaluer une politique publique, en effet, « c'est porter un jugement sur la valeur de cette action » (VIVERET, 1989 1). Or, comme l'indique BOUGUIGNON (2005) 2 , les définitions de la valeur peuvent être recherchées dans plusieurs champs scientifiques dont les sciences et les arts, l'économie et la philosophie. Dans ce sens, dès 1776, SMITH 3 propose deux approches de la valeur. La première concerne la valeur d'échange, qui s'exprime en termes monétaires et financiers et peut s'assimiler au prix. La seconde concerne, elle, la valeur d'usage. Cette dernière reflète alors l'utilité qu'un individu retire d'un objet, et se distingue de la vision des économistes classiques qui la considère comme égale aux coûts nécessaires à la production du bien. Comme SIMON (2000) 4 l'évoque, la valeur-utilité conduit ainsi « à considérer la valeur non pas comme une réalité objective reposant sur des entités […]. La valeur devient ainsi une donnée subjective et contingente ». Dans la lignée de cette valeur-utilité qui considère la valeur comme n'étant pas seulement lié aux coûts et à une dimension économique, LORINO (1999) fait une distinction entre l'utilisation du mot valeur au singulier ou au pluriel. Le singulier conduit ainsi, pour l'auteur, à l'assimilation de la valeur 1 VIVERET Patrick (1989), « L'évaluation des politiques et des actions publiques-Propositions en vue de l'évaluation du revenu minimum d'insertion », La Documentation Française. 2 BOURGUIGNON Annick (2005), « Management accounting and value creation: the profit and loss of reification », Critical Perspectives on Accounting, Vol. 16, nᵒ 4. 3 SMITH Adam (1776), « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations ». 4 SIMON Claude (2000), « Valeur et comptabilité », Encyclopédie de Comptabilité, Contrôle de Gestion et Audit.
International audience ; La directive oiseaux Parmi les différents éléments de notre environnement, les oiseaux sauvages tiennent depuis le début une place particulière. La volonté de les protéger est ancienne et bien établie. Non seulement peu d'espèces ou de groupes d'espèces ont fait comme eux l'objet de réglementations qui leur soient spécifiquement et exclusivement consacrées, mais c'est encore en leur faveur que furent posés les premiers jalons du droit international, puis du droit communautaire de l'environnement. La Convention de 1902 relative à la protection des oiseaux utiles à l'agriculture fut la première convention multilatérale « conservationniste » dans le champ de la protection de la nature. De même, soixante-seize années plus tard, la directive européenne sur les oiseaux marque le début de la mise en place de la politique communautaire en faveur de la protection de la nature. L'adoption de la directive La Communauté économique européenne, devenue Union européenne en 2009, n'a pas à l'origine de compétence dans le champ de l'environnement. Lancée dans les années 1970, son action environnementale répond plus au souci d'éviter ou de limiter les distorsions de concurrence, qu'à celui de protéger l'environnement lui-même. Mais la Communauté évolue peu à peu ensuite vers une politique globale et préventive, axée davantage sur la conservation de la nature. L'adoption de la « directive 79/409/CEE du Conseil, du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages » dite « oiseaux » est le premier acte de cette nouvelle orientation. L'origine de la directive « oiseaux » peut être trouvée dans une forte préoccupation publique, notamment au sujet de la capture et la destruction d'oiseaux migrateurs dans certains États membres. Ce mouvement d'opinion est relayé par plusieurs ONGs comme BirdLife ou la puissante association britannique Royal Society for the Protection of Birds. Différentes études montrent aussi la réduction du nombre d'espèces d'oiseaux vivant en Europe, ainsi qu'une diminution parfois importante de leurs populations. Le caractère partiellement migrateur des oiseaux les désigne pour amorcer la politique européenne de protection de la nature. En cela, comme le précise le préambule de la directive, les oiseaux « vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres (…) constituent un patrimoine commun ». Leur protection appelle une coopération européenne. Un texte ambitieux La directive est très ambitieuse. Elle offre une protection de principe à « toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres ». Cela concerne environ 500 espèces d'oiseaux, couvrant toutes leurs populations et individus, quelle qu'en soit la provenance. Elle s'applique aux oiseaux ainsi qu'à leurs oeufs, leurs nids et leurs habitats. Elle prévoit leur protection, leur gestion et leur régulation, et en réglemente l'exploitation, notamment la chasse, la capture, le transport et le commerce. Seules peuvent être chassées les espèces listées limitativement à son annexe II. Parce qu'elles sont vulnérables, menacées ou migratrices, les espèces mentionnées à l'annexe I font l'objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat, afin d'assurer leur survie et leur reproduction dans leur aire de distribution. Les États membres doivent en particulier établir des « zones de protection spéciale ». Ces zones ont été intégrées au réseau européen « Natura 2000 » par la directive européenne « habitats » de 1992.
International audience ; La directive oiseaux Parmi les différents éléments de notre environnement, les oiseaux sauvages tiennent depuis le début une place particulière. La volonté de les protéger est ancienne et bien établie. Non seulement peu d'espèces ou de groupes d'espèces ont fait comme eux l'objet de réglementations qui leur soient spécifiquement et exclusivement consacrées, mais c'est encore en leur faveur que furent posés les premiers jalons du droit international, puis du droit communautaire de l'environnement. La Convention de 1902 relative à la protection des oiseaux utiles à l'agriculture fut la première convention multilatérale « conservationniste » dans le champ de la protection de la nature. De même, soixante-seize années plus tard, la directive européenne sur les oiseaux marque le début de la mise en place de la politique communautaire en faveur de la protection de la nature. L'adoption de la directive La Communauté économique européenne, devenue Union européenne en 2009, n'a pas à l'origine de compétence dans le champ de l'environnement. Lancée dans les années 1970, son action environnementale répond plus au souci d'éviter ou de limiter les distorsions de concurrence, qu'à celui de protéger l'environnement lui-même. Mais la Communauté évolue peu à peu ensuite vers une politique globale et préventive, axée davantage sur la conservation de la nature. L'adoption de la « directive 79/409/CEE du Conseil, du 2 avril 1979, concernant la conservation des oiseaux sauvages » dite « oiseaux » est le premier acte de cette nouvelle orientation. L'origine de la directive « oiseaux » peut être trouvée dans une forte préoccupation publique, notamment au sujet de la capture et la destruction d'oiseaux migrateurs dans certains États membres. Ce mouvement d'opinion est relayé par plusieurs ONGs comme BirdLife ou la puissante association britannique Royal Society for the Protection of Birds. Différentes études montrent aussi la réduction du nombre d'espèces d'oiseaux vivant en Europe, ainsi qu'une diminution parfois importante de leurs populations. Le caractère partiellement migrateur des oiseaux les désigne pour amorcer la politique européenne de protection de la nature. En cela, comme le précise le préambule de la directive, les oiseaux « vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres (…) constituent un patrimoine commun ». Leur protection appelle une coopération européenne. Un texte ambitieux La directive est très ambitieuse. Elle offre une protection de principe à « toutes les espèces d'oiseaux vivant naturellement à l'état sauvage sur le territoire européen des États membres ». Cela concerne environ 500 espèces d'oiseaux, couvrant toutes leurs populations et individus, quelle qu'en soit la provenance. Elle s'applique aux oiseaux ainsi qu'à leurs oeufs, leurs nids et leurs habitats. Elle prévoit leur protection, leur gestion et leur régulation, et en réglemente l'exploitation, notamment la chasse, la capture, le transport et le commerce. Seules peuvent être chassées les espèces listées limitativement à son annexe II. Parce qu'elles sont vulnérables, menacées ou migratrices, les espèces mentionnées à l'annexe I font l'objet de mesures de conservation spéciale concernant leur habitat, afin d'assurer leur survie et leur reproduction dans leur aire de distribution. Les États membres doivent en particulier établir des « zones de protection spéciale ». Ces zones ont été intégrées au réseau européen « Natura 2000 » par la directive européenne « habitats » de 1992.
Cet article prend appui sur des travaux de recherche réalisés sous la direction scientifique de Martin O'Connor (C3ED) à la demande du Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement pour l'étude n°97085, Quantification et modélisation du capital naturel critique pour la mise en oeuvre d'une politique de développement durable en France (http://www.c3ed.uvsq.fr/c3ed/cnc/webcnc.htm) ; de la DGXII, Commission Européenne dans le cadre du projet n° PL9702076, "Making Sustainability Operational: Critical Natural Capital and the implication of a Strong Sustainability Criterion" (CRiTiNC), coordonné par P. Ekins (EPU, Keele University, UK) (http://www.c3ed.uvsq.fr/c3ed/Critinceng/CRITINCdessin.html) et du CNRS dans le cadre du PIREVS pour l'étude n°97/C/62, Validation socio-économique des indicateurs agro-écologiques réalisée sous la direction de M. O'Connor (C3ED) et P. Girardin (INRA) (http://www.c3ed.uvsq.fr/c3ed/valia/valia.html). ; Cet article propose une analyse économique de la dégradation des ressources en eau en Bretagne, utilisant un modèle de production jointe dans la tradition néo-ricardienne étendu à l'analyse de l'interdépendance entre secteurs économiques et secteurs écologiques. 1 Nous présentons tout d'abord la situation des ressources en eau en Bretagne, en expliquant en quoi les hésitations autour des reformes de gestion et de gouvernance de la ressource peuvent être assimilées à une question de conflits entre « systèmes de valeurs ». Ensuite est développé un modèle de production jointe qui permet de préciser les différents rôles que peuvent jouer les ressources en eau considérées comme un « capital écologique critique » sous-jacent à l'activité économique de la région. De façon générale , à moins que le capital écologique ne se régénère à un taux au moins aussi important que ce lui auquel il diminue en servant d'input dans la production ou de réceptacle à des déchets, l'activité économique est vouée effectivement à stagner ou à s'effondrer. Le thème du conflit entre systèmes de valeurs est introduit dans deux sens : (1) conflit entre les usages auxquels les ressources tirées des écosystèmes peuvent donner lieu, et (2) conflit en termes de taux inégaux de rendement entre différents régimes d'accumulation situés dans des situations d'antagonisme les uns à l'égard des autres. Nous envisageons ensuite la question des « modes de régulation » à même d'assurer une exploitation « durable » de la ressource en eau. Evoquant de manière schématique les perspectives de fiscalité verte et de changement technologique, censées répondre à la demande sociale pour une pollution réduite de l'eau, nous montrons que ni une politique d'« utilisateur payeur » ou de « pollueur payeur » ni une meilleure efficacité de l'exploitation de l'eau ne peut garantir la durabilité de l'activité économique . Un développement durable dépendrait de l'établissement d'un mode de régulation qui vise explicitement la « symbiose » entre secteurs économiques et secteurs écologiques. Nous illustrons la portée de ces résultats théoriques par le cas de la dégradation de la ressource en eau en Bretagne , en mettant en évidence la situation d'antagonisme entre deux tendances distinctes — que nous appellerons logique d'exploitation et logique de coexistence — dont les exigences respectives en matière de traitement des pollutions de l'eau ne se distinguent pas tant par leurs soucis d'efficacité technique que par le regard sous-jacent qu'elles portent sur la nature et sur les rapports homme-nature.
"L'Initiative pour l'eÌ?limination mondiale de la syphilis congeÌ?nitale contribue aux efforts mondiaux visant aÌ? l'obtention des objectifs du MilleÌ?naire pour le deÌ?veloppement (OMD) 4 (ReÌ?duire la mortaliteÌ? infantile), 5 (AmeÌ?liorer la santeÌ? maternelle) et 6 (Combattre le virus de l'immunodeÌ?ficience humaine (VIH)/ le syndrome d'immunodeÌ?ficience acquise (sida), le paludisme et d'autres maladies). La surveillance, le suivi et l'eÌ?valuation constituent conjointement l'un des quatre piliers essentiels des efforts visant aÌ? eÌ?liminer la syphilis congeÌ?nitale. Le preÌ?sent outil de surveillance, de suivi et d'eÌ?valuation a eÌ?teÌ? conçu pour eÌ'tre utiliseÌ? aux niveaux mondial, reÌ?gional et national par les professionnels de la santeÌ? publique qui sont responsables des efforts visant aÌ? eÌ?liminer la syphilis congeÌ?nitale. Le preÌ?sent document a pour objet de fournir des indica- tions sur les principaux indicateurs aÌ? utiliser dans le cadre des efforts d'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?- nitale (ESC) dans les ReÌ?gions et pays ; ils sont harmoniseÌ?s avec les systeÌ€mes de recueil de donneÌ?es existants et peuvent eÌ'tre inteÌ?greÌ?s aÌ? ceux-ci, afin de renforcer les systeÌ€mes d'information sous-jacents. L'utilisation d'indicateurs et d'outils communs au niveau mondial par les ReÌ?gions et les pays facilitera la comparabiliteÌ? des donneÌ?es obtenues entre pays, permettra l'instauration d'un suivi reÌ?gional et mondial des efforts visant aÌ? l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale, ameÌ?liorera la prestation des services et contribuera aÌ? la reÌ?alisation des OMD." --p. vi ; Remerciements -- AbreÌ?viations i -- ReÌ?sumeÌ? d'orientation -- Introduction -- Public viseÌ? et utilisation du preÌ?sent outil -- Principes directeurs pour les activiteÌ?s de suivi et d'eÌ?valuation de l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale -- Soutien politique pour le suivi et l'eÌ?valuation de l'eÌ?limination mondiale de la syphilis congeÌ?nitale -- Pourquoi les donneÌ?es sur l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale sont importantes -- Indicateurs pour le suivi et l'eÌ?valuation de l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale -- Recueil des donneÌ?es pour le suivi et l'eÌ?valuation de l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale -- Analyse des donneÌ?es -- Diffusion des donneÌ?es relatives aÌ? l'eÌ?limination congeÌ?nitale de la syphilis -- ReÌ?feÌ?rences bibliographiques. -- Appendice A: DeÌ?finitions et descriptions des indicateurs ; Le preÌ?sent document repose sur une seÌ?rie de consultations techniques organiseÌ?es par l'OMS sur le suivi et l'eÌ?valuation de l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?nitale: Consultation technique OMS/CDC : L'eÌ?limination mondiale de la syphilis congeÌ?nitale, GeneÌ€ve (Suisse), 10-12 juillet 2007; Consultation technique OMS/CDC : Argumentation pour l'eÌ?limination de la syphilis congeÌ?- nitale dans le cadre de l'ameÌ?lioration de l'acceÌ€s et de la qualiteÌ? des soins preÌ?natals inteÌ?- greÌ?s, Ferney-Voltaire (France), 24-25 juin 2008; VideÌ?oconfeÌ?rence OMS/CDC : Identification des indicateurs de suivi et d'eÌ?valuation de l'Initiative pour l'eÌ?limination mondiale de la syphilis congeÌ?nitale, GeneÌ€ve (Suisse), 13 mai 2009. ; English language version: World Health Organization. Methods for surveillance and monitoring of congenital syphilis elimination within existing systems. Geneva, Switzerland : World Health Organization, 2011 ; Available via the World Wide Web as an Acrobat .pdf file (1.11 MB, 36 p.). ; ReÌ?feÌ?rences bibliographiques p. 13. ; Includes bibliographical references (p. 11-12).
In: 2016; Symposium de l'Académie d'Agriculture de France & de la Commission Européenne. Lancement en France du 'Global Soil Biodiversity Atlas, Paris, FRA, 2016-11-28-, 6-7-17
Les sols représentent l'épiderme vivant de la planète qui supporte la production d'aliments, de fibre et de bois, qui purifie l'eau et l'air, contribuant ainsi à la santé humaine. Les organismes du sol, allant des bactéries et protistes microscopiques aux vers de terre, coléoptères et taupes, remplissent des tâches essentielles, dans les écosystèmes naturels et anthropisés, qui rendent possible la vie sur Terre. Ces organismes représentent des acteurs-clé des transformations des nutriments et de leurs cycles ; ils impactent la décomposition et la dynamique de la matière organique dans les sols, le stockage du carbone dans le sols et l'émission de gaz à effet de serre ; les interactions symbiotiques des champignons mycorhiziens et des bactéries fixatrices d'azote avec les plantes promeuvent le niveau et l'efficacité de la nutrition des plantes ; les prédateurs et antagonistes des ravageurs et agents phytopathogènes assurent une protection biologique des plantes, certains organismes du sol sont de plus capables de stimuler les réactions de défense des plantes contre ces ravageurs et pathogènes, l'ensemble de ces interactions contribuant à la santé des plantes. Malheureusement, la remarquable biodiversité des sols est soumise à des pressions majeures du fait de la gestion parfois inappropriée des sols. En réponse aux challenges urgents associés à la gestion durable des sols et à la préservation de la vie dans ces sols, une action collective s'est mise en place. Elle mobilise des chercheurs dans des domaines variés et complémentaires. La publication du premier atlas mondial de la biodiversité des sols 'Global Soil Biodiversity Atlas' représente une première réalisation remarquable de cette action collective. Le 'Global Soil Biodiversity Atlas' paru en mai 2016 est le résultat d'un effort collaboratif entre le 'Joint Research Centre' de la Commission Européenne et l'initiative mondiale de biodiversité des sols 'Global Soil Biodiversity Initiative'. Il présente pour la première fois une vue globale de la biodiversité des sols qu'ils soient soumis ou non à l'action humaine. L'Atlas représente un effort scientifique international majeur comprenant la contribution de plus de 120 experts issus de 26 pays différents. Les progrès rapides dans le développement de nouvelles technologies d'analyse du vivant, en particulier dans le domaine de la biologie moléculaire, mais également les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont facilité l'effort collectif qui a conduit à la réalisation du 'Global Soil Biodiversity Atlas'. Cependant, cet Atlas serait resté incomplet sans l'apport de collaborations globales qui ont permis l'émergence de nouvelles synthèses et analyses de l'importance des organismes du sol à la surface du globe. Les huit chapitres de l'Atlas couvrent tous les aspects de la biodiversité des sols, allant de la taxonomie, la distribution géographique, les services écosystémiques, les menaces, les interventions et politique de gestion des sols en relation avec la biodiversité. L'ouvrage a été conçu pour s'adresser à un large public, aux politiciens mais également aux chercheurs et techniciens. Plus de 800 images, plus de 50 cartes et des centaines d'encadrés conduisent le lecteur au travers un voyage fantastique au coeur de la vie des sols. Cet Atlas a pour ambition de contribuer à rendre chacun et chacune conscient de l'importance et de la beauté de organismes vivants dans le sol et d'attirer l'attention et le respect qu'ils méritent. Ce symposium a pour objectif le lancement en France du 'Global Soil Biodiversity Atlas'. Cela représente une occasion unique de présenter des initiatives européenne et mondiale relatives à la biodiversité des sols et d'illustrer les avancées de connaissances, de stratégies d'études et de gestion durable des sols en relation avec leur biodiversité dans des environnements variés par des experts européens et mondiaux, dont certains ont contribué à l'Atlas. Titre en anglais : Launch in France of the Global Soil Biodiversity Atlas
In: 2016; Symposium de l'Académie d'Agriculture de France & de la Commission Européenne. Lancement en France du 'Global Soil Biodiversity Atlas, Paris, FRA, 2016-11-28-
Les sols représentent l'épiderme vivant de la planète qui supporte la production d'aliments, de fibre et de bois, qui purifie l'eau et l'air, contribuant ainsi à la santé humaine. Les organismes du sol, allant des bactéries et protistes microscopiques aux vers de terre, coléoptères et taupes, remplissent des tâches essentielles, dans les écosystèmes naturels et anthropisés, qui rendent possible la vie sur Terre. Ces organismes représentent des acteurs-clé des transformations des nutriments et de leurs cycles ; ils impactent la décomposition et la dynamique de la matière organique dans les sols, le stockage du carbone dans le sols et l'émission de gaz à effet de serre ; les interactions symbiotiques des champignons mycorhiziens et des bactéries fixatrices d'azote avec les plantes promeuvent le niveau et l'efficacité de la nutrition des plantes ; les prédateurs et antagonistes des ravageurs et agents phytopathogènes assurent une protection biologique des plantes, certains organismes du sol sont de plus capables de stimuler les réactions de défense des plantes contre ces ravageurs et pathogènes, l'ensemble de ces interactions contribuant à la santé des plantes. Malheureusement, la remarquable biodiversité des sols est soumise à des pressions majeures du fait de la gestion parfois inappropriée des sols. En réponse aux challenges urgents associés à la gestion durable des sols et à la préservation de la vie dans ces sols, une action collective s'est mise en place. Elle mobilise des chercheurs dans des domaines variés et complémentaires. La publication du premier atlas mondial de la biodiversité des sols 'Global Soil Biodiversity Atlas' représente une première réalisation remarquable de cette action collective. Le 'Global Soil Biodiversity Atlas' paru en mai 2016 est le résultat d'un effort collaboratif entre le 'Joint Research Centre' de la Commission Européenne et l'initiative mondiale de biodiversité des sols 'Global Soil Biodiversity Initiative'. Il présente pour la première fois une vue globale de la biodiversité des sols qu'ils soient soumis ou non à l'action humaine. L'Atlas représente un effort scientifique international majeur comprenant la contribution de plus de 120 experts issus de 26 pays différents. Les progrès rapides dans le développement de nouvelles technologies d'analyse du vivant, en particulier dans le domaine de la biologie moléculaire, mais également les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont facilité l'effort collectif qui a conduit à la réalisation du 'Global Soil Biodiversity Atlas'. Cependant, cet Atlas serait resté incomplet sans l'apport de collaborations globales qui ont permis l'émergence de nouvelles synthèses et analyses de l'importance des organismes du sol à la surface du globe. Les huit chapitres de l'Atlas couvrent tous les aspects de la biodiversité des sols, allant de la taxonomie, la distribution géographique, les services écosystémiques, les menaces, les interventions et politique de gestion des sols en relation avec la biodiversité. L'ouvrage a été conçu pour s'adresser à un large public, aux politiciens mais également aux chercheurs et techniciens. Plus de 800 images, plus de 50 cartes et des centaines d'encadrés conduisent le lecteur au travers un voyage fantastique au coeur de la vie des sols. Cet Atlas a pour ambition de contribuer à rendre chacun et chacune conscient de l'importance et de la beauté de organismes vivants dans le sol et d'attirer l'attention et le respect qu'ils méritent. Ce symposium a pour objectif le lancement en France du 'Global Soil Biodiversity Atlas'. Cela représente une occasion unique de présenter des initiatives européenne et mondiale relatives à la biodiversité des sols et d'illustrer les avancées de connaissances, de stratégies d'études et de gestion durable des sols en relation avec leur biodiversité dans des environnements variés par des experts européens et mondiaux, dont certains ont contribué à l'Atlas. Titre en anglais : Launch in France of the Global Soil Biodiversity Atlas
En décembre 2019, les membres deRethinking Economics Belgium(dorénavant REB) ont diffusé un rapport intitulé "Dix ans après la crise, faut-il changer la formation des futurs économistes ?". Ce rapport présente les résultats d'une enquête statistique réalisée auprès d'un échantillon d'étudiants bacheliers en sciences économiques en Fédération Wallonie-Bruxelles entre 2016 et 2017. Ses auteurs y déplorent que l'enseignement des sciences économiques est presque exclusivement centré sur l'approche néoclassique alors que celle-ci, selon eux, souffre d'un biais en faveur de l'idéologie néolibérale. Stigmatisant cette situation comme un manque de pluralisme, le rapport avance un certain nombre de propositions de réforme de l'enseignement et de la recherche en économie. Nous accueillons ce rapport comme une belle opportunité dedisputatioet c'est dans cet esprit que notre note a été écrite. Bien que selon nous le rapport comporte plusieurs défauts méthodologiques, notre intention dans cette note est de nous limiter à l'essentiel en proposant une interprétation différente du phénomène que les auteurs du rapport appellent la «domination de la théorie néoclassique» et en défendant l'idée que la question du pluralisme en économie gagne à être abordée d'une manière différente. Une domination néoclassique ? L'approche néoclassique est un courant de la pensée économique qui vit le jour dans le dernier quart du 19ème siècle. Ses piliers sont la notion d'équilibre et la théorie subjective de la valeur, enracinée dans une perspective d'individualisme méthodologique et fondée sur les concepts d'utilité marginale et de productivité marginale*. Les auteurs du document de REB rattachent sa "domination" dans l'enseignement au fait qu'elle existe "quasiment sans partage" dans la recherche. En d'autres termes, elle y occupe le statut de "mainstream". La notion demainstreamse rencontre fréquemment dans la littérature économique – ainsi que dans le rapport de REB – mais elle est souvent définie d'une manière vague. Dans un article récent (De Vroey et Pensieroso 2020), nous avançons la thèse que cette notion n'est intéressante que si on lui donne un fondement méthodologique au lieu de se contenter de la rattacher à une simpleprépondérance statistique. Dans cette vue, une situation demainstreamn'existe que si un consensus s'établit sur des critères méthodologiques considérés comme dessine qua nonpour une bonne pratique scientifique. Dans notre article, nous montrons que trois types de situations se sont succédés au cours du 20ème siècle. La première est un état d'absence demainstream. Elle a perduré jusque dans les années 1980. Ces dernières ont vu l'émergence d'unmainstreamen économie théorique, qu'il s'agisse de travaux de pure théorie ou de travaux combinant théorie et mesure empirique. C'est la seconde situation. Elle a émergé à la croisée de deux évolutions distinctes. La première est l'extension à différents champs de l'économie de trois principes méthodologiques déjà en vigueur en théorie des jeux et en microéconomie:(i)le rôle-pivot donné au concept d'équilibre,(ii)la modélisation mathématique et(iii)le caractère micro-fondé de l'analyse, à savoir l'exigence que les fonctions de demande et offre agrégées soient explicitement dérivées des règles de comportement optimisateur suivies par les agents économiques. Une telle extension s'est produite plus ou moins simultanément et d'une manière non-coordonnée dans différentes disciplines comme par exemple la macroéconomie et l'économe industrielle. A son origine, on trouve une insatisfaction quant aux principes méthodologiques en vigueur antérieurement. La seconde évolution est le phénomène général de certification qui a graduellement imprégné nos sociétés pour prendre son plein essor avec l'émergence de l'internet – l'attribution de brevets de qualité et la construction d'échelles appréciatives permettant de classer des objets ou des expériences diverses en fonction de leur excellence. Dans ce contexte, les revues scientifiques, en plus de leur rôle d'instrument de diffusion de la recherche, ont commencé à fonctionner comme organes de certification, séparant les articles respectant les standards méthodologiques de ceux qui ne les respectent pas et sont dès lors écartés. L'effet de cette double transformation se résume en quelques chiffres ayant trait au contenu des articles publiés dans les quatre principales revues économiques (American Economic Review,Econometrica,Journal of Political EconomyetQuarterly Journal of Economics) dans les périodes 1970-1990 et 1990-2010. Alors que les articles respectant les trois choix méthodologiques précités représentaient 38 % du total des articles publiés en 1970, en 1990 ils en représentaient 67 % et en 2010 69 %. Nous interprétons ces chiffres comme offrant une indication claire de l'émergence d'unmainstreamdans le champ théorique entre 1970 et 1990. Par contre durant cette période, aucun consensus méthodologique n'existait en ce qui concernait les travaux faisant une contribution exclusivement empirique, l'économie appliquée. Mais ce qui n'était pas vrai en 1990 l'est devenu au cours de la première décennie de ce siècle. La situation actuelle se caractérise par la montée en puissance de l''économie expérimentale', ce terme étant entendu dans un sens large comme le commun dénominateur(i)des expériences comportementales de laboratoire,(ii)desrandomized controlled trialet(iii)des 'expériences naturelles'.** Le premier de ces courants résulte de l'adoption par un groupe d'économistes de protocoles expérimentaux propres aux psychologues cognitifs dans le but de justifier le remplacement de l'hypothèse de comportement optimisateur par des hypothèses plus réalistes. Le succès venant, cette démarche est maintenant connue sous le nom d''économie comportementale'. Le second découle de l'adoption par des économistes du développement de techniques expérimentales en usage en épidémiologie et centrées sur une confrontation entre groupe de traitement et de groupe de contrôle (cfr. Parienté 2016). Quant aux études d'expériences naturelles, elles consistent à exploiter «des situations où les forces de la nature ou des politiques étatiques semblent avoir conspiré pour produire un environnementproche de celui sur lequel lesrandomized trialsse penchent» (Angrist and Krueger 2001 : 73). Les méthodes adoptées en économie expérimentale au sens large ont eu un impact majeur sur l'économie appliquée. Une nouvelle manière de la concevoir, marquant une triple rupture par rapport à l'économie appliquée traditionnelle, s'est dégagée. On y observe :i)Une émancipation à l'égard des impératifs méthodologiques imposés par les économètres théoriques. Le recours à des outils économétriques plus simples en est la conséquence (cfr. Angrist et Peschke 2017).ii)Une adhésion à la 'révolution causale' avec, comme corolaire, un résultat de rétrécissement de l'objet d'étude. L'explanandumest une question concrète et spécifique ayant souvent une incidence politique immédiate; l'explanansest une cause unique. A titre d'exemple, citons l'étude de Dal et Krueger (2002) visant à répondre la question, le fait d'être diplômé d'une université prestigieuse au minerval élevé plutôt que d'une université moins prestigieuse et moins chère génère-t-il une différence de revenu significative une vingtaine d'année après l'obtention du diplôme ?iii)Le recours à des instruments statistiques - telles que les variables instrumentales, la stratégie de double différence ou les discontinuités de régression - visant à éliminer les biais de sélection ou d'omissions et dont les règles de bon usage font l'objet d'un consensus à l'intérieur de la communauté des économistes appliqués. Lemainstreamthéorique se voit ainsi complété par unmainstreamempirique fondé sur des règles méthodologiques régissant chacune de trois composantes de l'économie expérimentale. De nos jours, il y a donc deux manières d'appartenir aumainstream. La première résulte d'une définition méthodologique de ce qui est considéré être une bonne pratique théorique, la seconde d'une définition méthodologique de ce qui est considéré être une bonne pratique empirique. Notre analyse sur le débat ouvert par le rapport REB a deux retombées. En premier lieu, on peut se demander simainstreamet approche néoclassique coïncident. A strictement parler, cela n'est pas le cas. D'abord, la théorie des jeux est une composante dumainstreamqui ne peut être identifiée à l'approche néoclassique. Ensuite, il y a des travaux néoclassiques qui se trouvent être exclus dumainstream- la théorie autrichienne, parce qu'elle n'adopte pas le langage mathématique, et les études néoclassiques qui n'adoptent pas la démarche de micro-fondements. Enfin, en 2010, la part dumainstreamempirique dans le total des deuxmainstreamsreprésentait 22 %. Or, par définition, aucun des articles qui en font partie n'appartient à l'approche néoclassique. Le tableau contemporain est donc bien plus riche et varié que ce qui est dépeint dans le rapport REB. La seconde question qui se pose du fait de l'existence d'unmainstreamen économie porte sur l'interprétation de cette réalité. Il est clair que les tenants des approches écartées se sentent frustrés d'être exclus dumainstreamavec toutes les conséquences professionnelles qui en découlent. Ils auront donc tendance à voir cette situation comme une régression par rapport à une situation antérieure plus satisfaisante car marquée du sceau du pluralisme. Par contre, les économistes dont les travaux s'inscrivent à l'intérieur des critères définissant lemainstreampeuvent avancer l'idée que l'unification de la discipline autour de critères méthodologiques clairs et nets est un signe de progrès. En conséquence, la question de savoir si l'existence d'unmainstreamest une régression ou la marque d'un progrès ne peut recevoir de réponse univoque. Une absence de pluralisme ? Trois stratégies s'offrent aux tenants de choix méthodologiques exclus dumainstream. La première (et la plus intéressante à nos yeux) est de centrer leur énergie sur le développement de leur paradigme préféré, comme si de rien n'était, dans le but d'en démontrer la fécondité explicative. La seconde vise à convaincre les tenants dumainstreamque les choix de base sur lesquels ils reposent sont inadéquats. A notre avis, les chances de succès de cette seconde stratégie sont minimes si, comme nous le pensons, les révolutions théoriques trouvent en général leurs origines dans des faiblesses mises en avant par une critique interne. La troisième consiste à affirmer que l'existence même d'un mainstream est condamnable parce qu'il s'agit d'un manque de pluralisme. Comme ce point de vue occupe une place centrale dans le document REB, il mérite d'être passé au crible. A nos yeux, la justification qui en est donnée n'est pas convaincante. Le fait que l'exigence de pluralisme est d'une importance primordiale dans le domaine de la démocratie politique et de l'information n'implique pas que ceci soit aussi le cas pour la connaissance scientifique. Comme nous l'avons déjà évoqué plus haut, une unification paradigmatique peut être interprétée comme une marque de progrès. Il reste qu'en économie, peut-être plus que dans d'autres sciences, la question du pluralisme doit être posée. Mais, à nos yeux, elle doit l'être dans d'autres termes. Depuis Adam Smith jusqu'à nos jours, les économistes ont débattu de la meilleure manière d'organiser la société dans sa dimension économique. L'objet d'étude de la science économique est donc éminemment politique. D'ailleurs, les travaux économiques débouchent souvent, sinon toujours, sur des conclusions de politique économique. L'enjeu sous-jacent porte sur le rôle respectif de l'Etat et des forces de marchés dans le fonctionnement de l'économie. Schématiquement, trois visions du capitalisme sont en présence : une vision pleinement libérale (le laissez faire d'Hayek ou de Friedman), une vision marxiste et une vision que l'on peut qualifier de «libéralisme mitigé» ou de «libéralisme raisonné». Cette dernière, associée notamment au nom de Keynes, consiste en une défense de l'économie de marché allant de pair avec la réalisation qu'elle peut rencontrer des échecs de fonctionnement auxquels seules des interventions étatiques sont à même de remédier. L'accusation de manque de pluralisme serait pertinente s'il s'avérait que lemainstreamthéorique, tel que nous l'avons cerné dans la section précédente, est intrinsèquement partisan d'une seule vision, le plein libéralisme par exemple. Dans un article, publié dans lesRegards Économiquesen 2018, nous avons démontré que cela n'est pas le cas en nous centrant sur trois épisodes de l'histoire des théories économiques - une comparaison du cadre conceptuel de Marx et des économistes classiques, l'utilisation de la théorie walrasienne pour justifier le socialisme et les controverses entre keynésiens et monétaristes. Dans cette perspective, tant la théorie classique que la théorie néoclassique sont un langage qui peut être mis au service de visions du capitalisme différentes. L'existence d'unmainstreamen économie n'est donc pas synonyme d'un manque de pluralisme en économie. *Cfr. De Vroey et Pensieroso (2018) pour plus de détails.**En témoignent les prix Nobel en économie décernés à D. Kahneman et V. Smith en 2002, à A. Roth en 2012, à R. Shiller en 2013, à R. Thaler en 2017 et à A. Banerjee, E. Duflo and M. Kremer en 2019. Références: Angrist, J. and A. Krueger (2001), "Instrumental Variables and the Search for Identification: From Supply and Demand to Natural Experiments."Journal of Economic Perspectives. 15, No. 4 : 69-85. Angrist, J. and J-S. Pischke. 2009.Mostly Harmless Econometrics. An Empiricist's Companion. Princeton (N. J.) and Oxford, Princeton University Press. Dale, S. and Al Krueger. 2002. "Estimating the Payoff to Attending a More Selective College: An Application of Selection on Observables and Unobservables."Quarterly Journal of Economics117: 1491–1527. De Vroey M. et L. Pensieroso (2020), "Mainstream Economics. Its Rise and Evolution", mimeo. De Vroey M. et L. Pensieroso (2018), "La question du pluralisme en économie. Une mise en perspective",Regards Économiques, numéro 137. Parienté W. (2016), "Mesurer l'effet des politiques publiques : l'essor des évaluations aléatoires",Regards Économiques, numéro 124. Rethinking Economics Belgium (2019),10 ans après la crise : faut-il changer la formation des futur·e·s économistes ?
Cette synthèse, qui porte sur un corpus de travaux antérieurs, ne se limite ni à un bilan ni à un arrêt sur image. En tentant de dégager une permanence dans le questionnement, elle répond à des exigences contradictoires : tournée à la fois vers le passé et vers l'avenir, elle présente l'unité des travaux antérieurs tout en la construisant et en la dépassant. Soumettant mes travaux à un éclairage théorique, elle vise à les situer à la fois dans l'histoire de la critique littéraire et dans mon propre parcours épistémologique, jetant ainsi les bases de recherches futures. Les discours critiques ayant constaté l'existence, en littérature anglaise, surtout à partir des années 1980, d'un type de roman qui effectue un retour au monde après les expérimentations formelles de l'avant-garde " postmoderniste " dite " autonome ", j'ai voulu, dans cette synthèse, cerner avec plus de précision les contours de cette nouvelle forme à laquelle je m'intéresse depuis ma thèse. Celle-ci portait sur les douze premiers romans d'Anita Brookner, et a été suivie d'un ouvrage qui ouvre le corpus aux vingt-et-un romans alors publiés (1981-2002), tout en les abordant sous un autre angle. Mes autres travaux portent sur : les romans de Penelope Lively (1977-2003) ; Wide Sargasso Sea (1966) de Jean Rhys, comme reprise de Jane Eyre (1847) de Charlotte Brontë ; Boating for Beginners (1985) de Jeanette Winterson, qui reprend l'épisode biblique de l'Arche et du Déluge; The Wild Girl (1984) de Michèle Roberts, qui se présente comme un " cinquième évangile "; Indigo (1992) de Marina Warner, comme révision de The Tempest (1611-12) de Shakespeare; The Rape of Sita (1993) de Lindsey Collen, conçu comme une réécriture d'un épisode de l'épopée du Ramayana. Ces romans font partie de ce qui a été appelé " l'explosion des métafictions historiographiques des années 1980 ", ou encore le " retour à l'éthique des années 1990 ". En effet, ils représentent un type de roman essentiellement paradoxal par son curieux mélange d'autoréflexivité et d'historicité, conjuguant les jeux formels de l'avant-garde " postmoderniste " (située à partir de 1960) et la fonction morale et sociale du roman réaliste des XVIIIe et XIXe siècles. Le terme " postréalisme " a l'avantage de signifier l'époque visée, tout en plaçant cette catégorie de romans dans le droit-fil du réalisme. Pour comprendre l'émergence de ce type de fiction, il m'a fallu remonter le cours du temps et me demander pourquoi les techniques narratives du " réalisme " avaient dû changer pour dire le monde. J'ai été amenée à poser la question des fondements philosophiques du roman, genre qui, à mon avis, ne saurait être étudié indépendamment d'un contexte socio-historique qui le conditionne (sans toutefois le déterminer) et dont il contribue à façonner les valeurs. La synthèse se divise en trois chapitres. Le premier prolonge les travaux que j'ai consacrés à la réflexion philosophique qu'offrent les romans de Brookner. Je les interprète ici comme illustrant l'impasse rencontrée par le " texte réaliste classique ", qui serait né avec la " modernité ", en tant que notion historique (dont les origines remontent à la Renaissance) et nouvelle " attitude " ou " vision du monde ", caractérisée par une sécularisation de la pensée. Le roman résulterait d'un désir de retrouver l'harmonie perdue entre l'individu et le monde -- la mimésis est en fait muthos, tentative pour imposer un sens à une réalité discordante. Mais, lorsque le projet de " modernité " des Lumières, avec ses notions de " sujet kantien autonome " raisonnablement maître de sa vie et d'une réalité universelle extérieure -- fondées sur la primauté du " signifié transcendantal " (la présence pleine) sur le " signifiant " (le langage) -- est remis en question, le roman " réaliste " perd les présupposés philosophiques dont découlent ses caractéristiques formelles. Vouloir remplacer le terme " postmodernisme " par " postréalisme " pour situer tout un pan du roman dans l'histoire de la littérature anglaise m'a conduite à distinguer plus nettement philosophie et esthétique et clarifier des termes dont l'emploi reste parfois flou. Ainsi, le deuxième chapitre présente le " postmodernisme " (ou l'esthétique " postmoderniste ") des années 1960 comme représentant l'exacerbation des jeux formels du " modernisme " (ou esthétique " moderniste ") des années 1910 à 1930, qui prenait le contre-pied du " postréalisme ". " Modernisme " et " postmodernisme " seraient tous deux une réponse à la remise en cause " postmoderne " de l'" attitude moderne ", qui se préparait déjà dès le milieu du XIXe siècle, se manifeste surtout avec le structuralisme des années 1960 et 1970, et aboutit à l'inversion pure et simple du modèle de pensée binaire des Lumières : lorsque le signifiant vient à primer sur le signifié, les notions de sujet et de réalité sont invalidées et le texte " postmoderniste " se retire du monde pour ne se référer qu'à lui-même. Alors que les esthétiques " réaliste ", " moderniste " et " postmoderniste " se situeraient toutes à l'intérieur d'un système de pensée fondé sur des oppositions binaires, l'esthétique " postmoderniste " signalant la fin de l'" attitude moderne ", le " postréalisme " serait la forme privilégiée d'une nouvelle " attitude ", véritablement " postmoderne ", qui tente alors de se libérer d'un mode de pensée binaire, de conjuguer signifié et signifiant, de réconcilier le sujet cartésien (qui se fonde lui-même) et la tradition nietzschéenne (qui le réduit à un simple effet linguistique). Mais, si le roman veut retrouver son rôle politique après la " mort de l'auteur " et la remise en cause de l'existence d'une réalité objective universelle, il doit trouver une nouvelle façon de commenter le monde. Le troisième chapitre pose la question de la forme que prend le " postréalisme " pour dire le monde, alors que le " réalisme " a été invalidé. Les notions d'auteur et de mimésis étant indissociables de celles de sujet et de réalité, philosophes et critiques littéraires se rejoignent dans les années 1980 pour ressusciter l'auteur comme " fonction du texte ", réintroduire la notion d'intention, et redéfinir la réalité comme mise en intrigue idéologique du monde. Les outils théoriques de " décontextualisation ", de " recontextualisation " et de " resignification " se sont avérés cruciaux pour comprendre le fonctionnement de ce type de texte, dont j'essaie de dégager quelques caractéristiques en m'appuyant sur mon corpus de thèse et d'articles. La " métafiction " (fiction sur la fiction) est reconnue comme une constante de la littérature britannique contemporaine. Une intertextualité foisonnante indique la présence de textes antérieurs, la relation transtextuelle privilégiée étant l'hypertextualité comme transformation parodique. La réécriture d'un hypotexte, comme répétition avec différence, représente en fait un dialogue entre muthoi : l'hypertexte reprend les personnages et événements de l'hypotexte et les réorganise selon une nouvelle mise en intrigue du monde. C'est donc la fameuse " autonomie " de l'écrit qui lui rend son rôle politique. Si le monde est mis en intrigue par le langage, il peut être réécrit selon une nouvelle vision du monde. Ces textes sont enracinés non seulement dans un autre texte, mais aussi dans le monde. L'ancrage spatio-temporel est double : des références à des personnages et événements historiques " contextualisent " l'hypotexte dans un passé empirique qui lui est contemporain ; divers procédés " réalistes " situent l'hypertexte dans un autre univers contemporain qui est le sien. Il s'agit, en effet, d'une " décontextualisation ", puis d'une " recontextualisation " de mêmes faits, qui, arrachés en amont à leur contexte d'origine, sont réorganisés selon un nouveau point de vue -- étant ainsi " resignifiés " -- et renvoyés comme " contre-interpellation " au monde en aval, appelant au changement. Ces réécritures " postréalistes " portent toutes sur des textes qui font partie du patrimoine culturel de la culture occidentale " moderne ", traitent des questions fondamentales de prise de possession de soi, des autres, du monde et véhiculent l'idéologie dominante. En posant la question éthique de la " vie bonne ", de ce qui pourrait être, en redistribuant les positions de chacun, les réécritures " postréalistes " sont à la fois répétition et rature, révisant toute l'" attitude " de la " modernité ".