L'histoire de la pensée politique européenne de la fin du XVIe siècle a longtemps été présentée à travers le filtre l'anti-machiavélisme. Cette clé de lecture est aujourd'hui insatisfaisante. Il convient de mettre en évidence la fonction instrumentale et stratégique des professions d'anti-machiavélisme : elles sont avant tout l'instrument commun des batailles idéologiques de l'époque, non leur enjeu véritable. Au-delà d'un anti-machiavélisme affiché, Botero fait un usage de Machiavel complexe, que l'on ne saurait réduire au thème du « machiavélisme honteux » dont la tradition critique l'a affublé. On comprend bien mieux ce rapport à Machiavel si l'on délaisse le terrain des thèses machiavéliennes (de leur reprise ou de leur réfutation) et que l'on s'attache à la question de la langue machiavélienne. Botero opère la synthèse de l'aristotélisme scolastique et du langage politique né à Florence dans le cadre des guerres d'Italie. Or ce recours à la langue florentine – machiavélienne avant tout, mais aussi guichardinienne – a une fonction stratégique précise, élaborer une pensée politique catholique permettant de " bloquer " le langage juridico-politique de la souveraineté provenant de France.
L'histoire de la pensée politique européenne de la fin du XVIe siècle a longtemps été présentée à travers le filtre l'anti-machiavélisme. Cette clé de lecture est aujourd'hui insatisfaisante. Il convient de mettre en évidence la fonction instrumentale et stratégique des professions d'anti-machiavélisme : elles sont avant tout l'instrument commun des batailles idéologiques de l'époque, non leur enjeu véritable. Au-delà d'un anti-machiavélisme affiché, Botero fait un usage de Machiavel complexe, que l'on ne saurait réduire au thème du « machiavélisme honteux » dont la tradition critique l'a affublé. On comprend bien mieux ce rapport à Machiavel si l'on délaisse le terrain des thèses machiavéliennes (de leur reprise ou de leur réfutation) et que l'on s'attache à la question de la langue machiavélienne. Botero opère la synthèse de l'aristotélisme scolastique et du langage politique né à Florence dans le cadre des guerres d'Italie. Or ce recours à la langue florentine – machiavélienne avant tout, mais aussi guichardinienne – a une fonction stratégique précise, élaborer une pensée politique catholique permettant de " bloquer " le langage juridico-politique de la souveraineté provenant de France.
L'histoire de la pensée politique européenne de la fin du XVIe siècle a longtemps été présentée à travers le filtre l'anti-machiavélisme. Cette clé de lecture est aujourd'hui insatisfaisante. Il convient de mettre en évidence la fonction instrumentale et stratégique des professions d'anti-machiavélisme : elles sont avant tout l'instrument commun des batailles idéologiques de l'époque, non leur enjeu véritable. Au-delà d'un anti-machiavélisme affiché, Botero fait un usage de Machiavel complexe, que l'on ne saurait réduire au thème du « machiavélisme honteux » dont la tradition critique l'a affublé. On comprend bien mieux ce rapport à Machiavel si l'on délaisse le terrain des thèses machiavéliennes (de leur reprise ou de leur réfutation) et que l'on s'attache à la question de la langue machiavélienne. Botero opère la synthèse de l'aristotélisme scolastique et du langage politique né à Florence dans le cadre des guerres d'Italie. Or ce recours à la langue florentine – machiavélienne avant tout, mais aussi guichardinienne – a une fonction stratégique précise, élaborer une pensée politique catholique permettant de " bloquer " le langage juridico-politique de la souveraineté provenant de France.
Ce mémoire examine l'évolution de la situation linguistique en Angleterre au cours des XIVe et XVe siècles. Cette région présente une redistribution des rôles de ses langues d'usage, l'anglo-français, le moyen anglais et le latin, au cours du conflit qui l'oppose au royaume de France. On observe par ailleurs une différence significative dans le traitement de ces langues en politique et en littérature. Durant cette période, l'anglais, langue du peuple, accède au statut de langue du roi, et ce processus se fait par opposition au français, devenu langue de l'ennemi. Cette évolution est influencée par les événements politiques, et notamment par l'usurpation du trône par Henri, duc de Lancastre, en 1399. En parallèle se développe un anglais littéraire, dont la création passe par une volonté d'égaler le français, langue de la culture par excellence. L'étude de ce processus se base sur trois auteurs, Geoffrey Chaucer, John Gower et Charles d'Orléans.
La langue française au Liban est intimement liée à l'histoire de ce pays depuis des siècles, ainsi qu'à sa situation géographique qui l'a prédisposé à être une porte ouverte entre l'Orient et le monde occidental. Tantôt catalogué langue d'élite, tantôt accusé d'être l'apanage d'une seule communauté, d'une seule minorité ou d'un seul camp, le français transcende aujourd'hui tous les clivages. L'analyse de l'évolution du statut de la langue française au Liban et du rapport qu'entretiennent les Libanais avec cette langue permet aujourd'hui d'apporter un éclairage nouveau sur l'évolution de la société libanaise elle-même, trop souvent perçue à travers le prisme des stéréotypes et des généralisations faciles mais erronées.
L'expression langue de bois est devenue française, à usage multiple. Cet article issu des travaux menés au sein de la revue propose une synthèse d'une réflexion collective actualisée sur ce concept polymorphe, polysémique, controversé et évolutif. ; The expression "langue de bois" (literally wooden language) has entered the French language and is used in several ways. This article, deriving from work conducted in the journal Hermès, offers a synthetic overview of up-to-date collective thinking about this polymorphous, polysemic, controversial, and evolving concept.
The subject of this article is the use of language in the midst of the conflict between Russia and Ukraine, and also the language of authoritarianism as a resource of the official propaganda of the Lukašenka regime. The central theme is the Belarusian language and how it is used to portray the strife (a simple conflict or crisis according to the regime and a war according to the opposition) outside the country, how it describes and transmits the ideological orientation of the different political forces, how official agents (authorities) and unofficial agents (the opposition) influence the language and finally how native speakers react to the situation by forging new words, by criticizing and sometimes by making fun of the language usage. The use of the Belarusian language during this time of conflict is examined through the prism of national stereotypes, which, in radical conditions, turn into hate speech and can lead to war. With this, the research tackles an unexpected dimension: under the influence of the activity of radical Russian groups nicknamed "the Russian world", the Belarusian language has become the object of attacks, of criticisms, a real victim of propaganda and war. ; Le sujet de cet article est la langue en situation de guerre (russo-ukrainienne), mais aussi la ressource que représente la langue de l'autoritarisme pour la propagande officielle du régime de Lukašenka. Cette étude a pour objet la langue bélarussienne et vise à montrer comment elle évolue en période de guerre (un simple conflit ou une crise selon le régime, et une guerre selon l'opposition) qui se déroule à l'extérieur du pays, comment elle décrit et transmet l'orientation idéologique des différentes forces politiques, et finalement comment les agents officiels (les autorités) et les agents non-officiels (l'opposition) influencent la langue et comment les locuteurs natifs réagissent à la situation en forgeant de nouveaux mots, moyen langagier par lequel ils critiquent le régime, voire s'en moquent. La langue en situation de guerre est étudiée à travers le prisme des stéréotypes nationaux, qui, dans des conditions radicales, se transforment en discours de haine et peuvent conduire à la guerre. Avec cela, la recherche aborde une dimension inattendue : sous l'influence de l'activité de groupes radicaux russes que l'on surnomme « le monde russe », la langue bélarussienne est devenue l'objet d'attaques, de critiques, et constitue désormais une véritable victime de la propagande et de la guerre. ; Libro publicado gracias al apoyo de la Facultad de Filología de la Universidad de Łódź, del Instituto de Estudios Románicos y de Stowarzyszenie Nauczycieli Akademickich na Rzecz Krzewienia Kultury Języków Europejskich
International audience ; The present multiplication of acronyms when it comes to the teaching and learning of French (FLM, FLE, FLI, etc.) questions « a language » as a unique and fixed reality. This study will try to determine the social and educative impact of taking into account variation in French. The results of a questionnaire (filled in by 588 speakers of French) focusing on psychosocial representations of non-acceptable digital written productions will show that non-use of the academic norms is stigmatized. This study enlightens the possible implications of taking into account a potential diglossia of French speakers in the field of education policies, pedagogical approaches and research in order to reduce phenomena of resistance that could explain school results below expectations. ; La multiplication terminologique actuelle (FLM, FLE, FLI, etc.) remet en question la réalité de « la langue » comme unique et figée. Cette étude préliminaire cherchera à déterminer l'impact socio-éducatif de la prise en compte de la variation en français. Les résultats d'un questionnaire sur 588 locuteurs du français portant sur les représentations psychosociales de productions numériques non-conformes à la norme montreront un phénomène de stigmatisation lié au non-usage du code académique. Cette étude éclaire les implications possibles d'une prise en compte d'une potentielle diglossie des francophones sur le plan des politiques éducatives, des approches pédagogiques et de la recherche afin de limiter des phénomènes de résistance qui pourraient expliquer des résultats scolaires en deçà des attentes. A
International audience ; The present multiplication of acronyms when it comes to the teaching and learning of French (FLM, FLE, FLI, etc.) questions « a language » as a unique and fixed reality. This study will try to determine the social and educative impact of taking into account variation in French. The results of a questionnaire (filled in by 588 speakers of French) focusing on psychosocial representations of non-acceptable digital written productions will show that non-use of the academic norms is stigmatized. This study enlightens the possible implications of taking into account a potential diglossia of French speakers in the field of education policies, pedagogical approaches and research in order to reduce phenomena of resistance that could explain school results below expectations. ; La multiplication terminologique actuelle (FLM, FLE, FLI, etc.) remet en question la réalité de « la langue » comme unique et figée. Cette étude préliminaire cherchera à déterminer l'impact socio-éducatif de la prise en compte de la variation en français. Les résultats d'un questionnaire sur 588 locuteurs du français portant sur les représentations psychosociales de productions numériques non-conformes à la norme montreront un phénomène de stigmatisation lié au non-usage du code académique. Cette étude éclaire les implications possibles d'une prise en compte d'une potentielle diglossie des francophones sur le plan des politiques éducatives, des approches pédagogiques et de la recherche afin de limiter des phénomènes de résistance qui pourraient expliquer des résultats scolaires en deçà des attentes. A