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Le Livre du Corps de policie de Christine de Pizan (1406-1407) s'inscrit dans une trilogie, entre le Livre des fais et bonnes meurs du sage roy Charles V (1404), qui est un miroir du bon gouvernement et le Livre de la Paix (1412-1413), dédié au prince Louis de Guyenne, qui énumère les sept vertus du prince. Après un rappel contextuel (politique et littéraire) nécessaire à l'analyse de l'œuvre, qui s'inscrit dans la tradition de l'exposé des vertus du prince, il ressort que la particularité et la modernité de Pizan se situent dans son usage de la théorie organiciste, soit la représentation (classique) de l'État en un corps humain politique qui forme ce « corps de policie », comme entité abstraite. Il appartient au roi de maintenir l'ordre social établi et l'unité dans ce corps politique, non sans s'appuyer particulièrement sur les fidèles officiers, le tiers ordre (les villes et les bourgeois précisément) et les assemblées représentatives nouvelles. Le roi « n'est que le dépositaire d'un office », dans une vision moderne de la souveraineté. Pizan est non seulement la première femme – engagée – à écrire un miroir au prince mais aussi celle qui réussit à faire de son miroir un traité de science politique de son temps expliqué à un enfant.

International audience ; Au sein de la littérature politique médiévale, les Miroirs aux Princes forment une catégorie particulière que les littéraires ont abordé bien avant que les historiens ne s'y intéressent 1. Même si la classification demeure sujette à discussion, comme l'a rappelé Einar Már Jónsson dans un article de 2006 2 , les textes regroupés dans cet ensemble répondent à la même finalité : instruire ceux qui exercent le pouvoir, ou qui sont appelés à l'exercer, en vertu du principe selon lequel il faut savoir se gouverner pour bien gouverner. A n'en pas douter, Le Livre du corps de policie de Christine de Pizan, rédigé entre 1406 et 1407 3 , appartient bien à cette catégorie. Destiné au jeune Louis de Guyenne, le troisième fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, il se présente à la fois comme un manuel d'éducation royale et comme un traité de bon gouvernement. En 1404, le prince a sept ans ; il vient d'être marié avec la fille ainée de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et il est appelé à succéder à un père empêché par la maladie 4. L'expression en moyen français-« Mireoir as princes »-est apparue au XIV e siècle. Il prolonge le Speculum régale. Le reflet qu'il suggère est celui du modèle. Le prince qui se confronte à son image est invité à la correction ou à l'imitation 5. Le speculum, à la fois tableau et enseignement, n'est pas cantonné à la politique (c'est-à-dire à la science du bon gouvernement) ; il peut aussi servir à l'enseignement de la religion ou du droit. On en connait les racines et les inflexions. À la fin du XIV e siècle, il prend une

International audience ; Au sein de la littérature politique médiévale, les Miroirs aux Princes forment une catégorie particulière que les littéraires ont abordé bien avant que les historiens ne s'y intéressent 1. Même si la classification demeure sujette à discussion, comme l'a rappelé Einar Már Jónsson dans un article de 2006 2 , les textes regroupés dans cet ensemble répondent à la même finalité : instruire ceux qui exercent le pouvoir, ou qui sont appelés à l'exercer, en vertu du principe selon lequel il faut savoir se gouverner pour bien gouverner. A n'en pas douter, Le Livre du corps de policie de Christine de Pizan, rédigé entre 1406 et 1407 3 , appartient bien à cette catégorie. Destiné au jeune Louis de Guyenne, le troisième fils de Charles VI et d'Isabeau de Bavière, il se présente à la fois comme un manuel d'éducation royale et comme un traité de bon gouvernement. En 1404, le prince a sept ans ; il vient d'être marié avec la fille ainée de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, et il est appelé à succéder à un père empêché par la maladie 4. L'expression en moyen français-« Mireoir as princes »-est apparue au XIV e siècle. Il prolonge le Speculum régale. Le reflet qu'il suggère est celui du modèle. Le prince qui se confronte à son image est invité à la correction ou à l'imitation 5. Le speculum, à la fois tableau et enseignement, n'est pas cantonné à la politique (c'est-à-dire à la science du bon gouvernement) ; il peut aussi servir à l'enseignement de la religion ou du droit. On en connait les racines et les inflexions. À la fin du XIV e siècle, il prend une

Introduction -- Christine de Pizan and The Other Voice -- Christine's Life and Works -- Manuscripts and Date of Composition -- Analysis of the Text -- Historical Context -- The Sources and Their Integration -- Afterlife -- Note on the Translation -- Book of the Body Politic -- Part 1 -- Part 2 -- Part 3 -- Concordance -- Bibliography -- Manuscripts -- Catalogues -- Dictionaries -- Bibliographies -- Texts A: Christine de Pizan -- Texts B: Other Texts -- Critical Studies -- Annotated Index of Proper Names and Titles.