Métamorphoses
In: Inflexions, Band 22, Heft 1, S. 53-60
Le courage se métamorphose. Il est protéiforme. Nous admirons beaucoup plus celui d'Hector que celui d'Achille, et plus encore celui de Rosa Parks. Le courage n'est plus le privilège d'un petit nombre. C'est sa première métamorphose : ne plus être la vertu des héros mais une valeur populaire. La seconde est qu'il ne se résume pas à la confrontation à un danger mortel. Il faudrait d'ailleurs réserver à ce cas précis le terme de bravoure. Il y a courage lorsqu'un individu se dresse seul face à l'injustice, l'iniquité ou encore l'absurdité. Un glissement sémantique né avec la Seconde Guerre mondiale qui a consacré le modèle du résistant. Mais certains ont célébré aussi le courage des mutins de 1917 de façon plus polémique. Néanmoins, quelque chose persiste du courage des anciens. Les oxymores qui le constituent perdurent. Un acte courageux est à la fois absurde, individuel et scandaleux, mais aussi exemplaire, raisonnable et valeureux.