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Le titre de ce livre, Violence et messianisme, n'est pas une paraphrase du titre de l'un des textes les plus influents du siècle dernier, « Violence et métaphysique » de Walter Benjamin : il veut précisément interroger la possibilité d'une traduction philosophique de l'idée messianique. Pourquoi faut-il découvrir dans le champ de la philosophie un espace pour l'impossible venue de ce qui n'est pas encore là? Traduite dans la problématique du messianisme, la question qui se pose est de savoir s'il existe un lien entre la violence (la guerre) et la venue du Messie (de la justice, de la démocratie, de l'ordre, de la paix…). Dans cette perspective, combien de violence faut-il? Et quelles figures de violence sont susceptibles d'y mener? L'agir messianique est-il possible? Est-il nécessaire d'agir violemment pour qu'une nouvelle époque advienne? Il s'agit donc de chercher l'agir qui, d'urgence, mène à l'autre et en est pourtant l'attente. À cet égard, la philosophie comme praxis est déjà un agir politique qui possède un potentiel messianique ou révolutionnaire. Elle nous engage, car elle cherche à associer et à inclure tout le monde, à faire entrer chacun dans un devenir actif ou, ce qui revient au même, à ce que personne ne demeure passif.

There is a closer relationship between 1789 and 1968 than it is usually believed. 1968 bases its propulsive impetus on a democratic and libertarian thought, and hedonistic and communistic will, in a romantic and messianic atmosphere. On a political plan, 1968 is not so much of a failure as it has been said.

Des sociétés de types très variés, chrétiennes ou non, apportent les mêmes solutions à des crises sociales diverses : il s'agit des mouvements appelés « millénaristes » ou « messianiques », groupements organisés qui veulent substituer à l'ordre présent insupportable un monde nouveau juste et parfait. Ce ne sont pas des mouvements religieux « purs », mais des mouvements de rébellion utilisant la religion pour arriver à la solution d'un problème socio-politique. Tout mouvement millénariste ou messianique contient donc un refus de la société existante et un sentiment de révolte contre des faits sociaux considérés comme particulièrement exécrables ; la collectivité se met en branle pour extirper un mal : nous sommes devant des « mouvements », non devant de simples spéculations théoriques sur la félicité des temps à venir.

This article analyzes the political aspect of the concept of mesianism. It is held that the resort to this concept in some contemporary philosophers, particularly Agamben, is debtor of Smith, Benjamin and Taubes'opinions about Paul's thinking. From these premises, it is examined the philosophical-political importance of mesianism from its question of everything nomos, justifying its unpolitical character. The unpolitical messianism is the complete opposite of the political theology. ; Este artículo examina la dimensión política del concepto de mesianismo. Se sostiene que el recurso a este concepto en ciertos filósofos contemporáneos, sobre todo Agamben, es deudor de las tesis de Schmitt, Benjamin y Taubes sobre el pensamiento paulino. Desde estas premisas, se examina la relevancia filosófico-política del mesianismo a partir de su cuestionamiento de todo nomos, justificando su carácter impolítico. El mesianismo impolítico es la antítesis de la teología política.