Einer der Grundwiderspruche der kapitalistischen Demokratien beruht auf der Tatsache, die Einzelnen in politischer Hinsicht als genau gleich und an der Wahlurne mit jeweils nur einer Stimme versehen zu betrachten, wáhrend auf wirtschaftlichen Gebiet davon ausgegangen wird, daß diejenigen, die uber das meiste Geld verfügen, auch den größten Einfluß ausuben. Es ist jedoch schwierig, zwischen dem politischen und dem ökonomischen Sektor immer in aller Schärfe zu trennen. Niemals war der Einfluß des Geldes in den Vereinigten Staaten größer als heute. Abgesehen von der nunmehr praktisch vollständig vollzogenen Unterwerfung der demokratischen Partei unter die Interessen der Wirtschaft, wird dieser Einfluß ganz allgemein in der den politischen Parteien offenstehenden Möglichkeit deutlich, sich in gunstigster Weise vorhandene Gesetze zur Sammlung von Spendengeldern zunutze zu machen und in verschiedenster Form wirkungsvolle Strategien politischer Einflufinahme zu entfalten. Diese Situation bringt es mit sich, daß systematisch immer nur die reichsten und am meisten den Werten der Geschäftswelt verschriebenen Kandidaten nach oben gelangen, und sich ein immer engeres Netz gegenseitiger Abhängigkeit und Verpflichtung zwischen Politikem und Geschäftsleuten knüpft.
This volume is a collection of papers on money, currency and economic history.0Money and currency have always been used for buying, paying, exchanging values, services or commodities. However there has always been a deep contradiction between the national character of coins and the international trade.0This volume gathers papers on different periods and different regions from Europe to China. These regions were able to trade despite having different cultures, religions, traditions, economic systems.0Each country tried to improve trade by developing a new approach with its possible metal stock, social organization or local institutions taken into account.0The papers presented in this volume are also the results of debates at recent conferences and meeting with the authors. For this reason they present the state of the art in their fields of research.0The aim of this book is to contribute to a diachronic and general analysis of monetary history, as many volumes published in this collection (Collection Moneta) have already done
L'article examine différentes théories concernant la nature d'une économie monétaire, en insistant sur la différence spécifique associée à la monnaie comme unité de valeur. Les rôles de la monnaie et de la circulation financière sont considérés et l'on évalue la différence spécifique associée à chacune d'elles. On étudie les arguments théoriques présentés par l'économie politique classique, Marx et Schumpeter. On insiste en particulier sur l'importance de la monnaie et de la circulation financière.
The aim of the dissertation is to present the richness of the monetary thought of Edwin Walter Kemmerer (1875-1945). It stresses his contribution to the quantity theory of money, his central bank theory and his conception of the Gold Standard. The Money Doctor and the money theorist is analysed in four chapters. The first chapter approaches the intellectual formation and political background which support his monetary and banking reform. The second chapter analyzes the exchange equation, his Business Confidence concept and the "test" to validate the quantity theory. The third chapter deals with Kemmerer's role in the creation of the Federal Reserve System in 1913: his vision of the problems persisting under the National Banking System of 1863, his study of the American money market in 1910, his defence and propositions for the future central bank. Finally, chapter four presents the different Gold Standards proposed by Kemmerer and implemented in several colonies and Latin American countries, in particular, the Gold Exchange Standard system – of which he is one of the forerunners. The conclusion deals with the neglect of Kemmerer's contributions in monetary theory. ; L'objectif de la présente thèse est de mettre au jour la richesse de la pensée monétaire d'Edwin Walter Kemmerer (1875-1945). Nous soulignons sa contribution à la théorie quantitative de la monnaie, à la théorie de la banque centrale et à l'analyse de l'étalon-or. Nous présentons "le médecin" et théoricien de la monnaie en quatre chapitres. Le premier aborde sa formation intellectuelle et les idées politiques qui accompagnaient ses propositions de réforme monétaire et bancaire. Le deuxième chapitre analyse l'équation d'échange, la notion de Business confidence et le « test » statistique construit pour valider la théorie quantitative. Le troisième chapitre traite de la participation de Kemmerer au processus de création de la Réserve fédérale américaine en 1913 : sa vision des problèmes persistant sous le National Banking System de 1863, son étude du ...
The aim of the dissertation is to present the richness of the monetary thought of Edwin Walter Kemmerer (1875-1945). It stresses his contribution to the quantity theory of money, his central bank theory and his conception of the Gold Standard. The Money Doctor and the money theorist is analysed in four chapters. The first chapter approaches the intellectual formation and political background which support his monetary and banking reform. The second chapter analyzes the exchange equation, his Business Confidence concept and the "test" to validate the quantity theory. The third chapter deals with Kemmerer's role in the creation of the Federal Reserve System in 1913: his vision of the problems persisting under the National Banking System of 1863, his study of the American money market in 1910, his defence and propositions for the future central bank. Finally, chapter four presents the different Gold Standards proposed by Kemmerer and implemented in several colonies and Latin American countries, in particular, the Gold Exchange Standard system – of which he is one of the forerunners. The conclusion deals with the neglect of Kemmerer's contributions in monetary theory. ; L'objectif de la présente thèse est de mettre au jour la richesse de la pensée monétaire d'Edwin Walter Kemmerer (1875-1945). Nous soulignons sa contribution à la théorie quantitative de la monnaie, à la théorie de la banque centrale et à l'analyse de l'étalon-or. Nous présentons "le médecin" et théoricien de la monnaie en quatre chapitres. Le premier aborde sa formation intellectuelle et les idées politiques qui accompagnaient ses propositions de réforme monétaire et bancaire. Le deuxième chapitre analyse l'équation d'échange, la notion de Business confidence et le « test » statistique construit pour valider la théorie quantitative. Le troisième chapitre traite de la participation de Kemmerer au processus de création de la Réserve fédérale américaine en 1913 : sa vision des problèmes persistant sous le National Banking System de 1863, son étude du marché monétaire américain en 1910, son plaidoyer, et ses propositions, pour la future banque centrale. Enfin, le quatrième chapitre expose les différents types d'étalon-or proposés par Kemmerer, mis en oeuvre dans certaines colonies et dans certains pays de l'Amérique latine, en particulier le Gold Exchange Standard dont il est un des précurseurs. La conclusion aborde la question de l'oubli dont Kemmerer est l'objet.
Cet article explore une manière d'étendre la théorie classique aux situations de déséquilibre. Il introduit la monnaie à titre de pur moyen d'échange. A la différence des théories de la gravitation, nous introduisons un mécanisme de marché qui détermine les prix à l'équilibre comme en déséquilibre. La monnaie et la règle de formation des prix sont intimement liées à l'analyse que Marx fournit de la division sociale du travail. Nous montrons que le mécanisme marchand, ainsi énoncé en termes monétaires, contribue à résoudre certains problèmes de base que Marx a en réalité laissés ouverts. Le déséquilibre temporaire est à la fois réel et monétaire. Nous introduisons un arrangement institutionnel qui permet d'apurer les soldes monétaires et qui conduit à l'allocation finale des ressources de la période ainsi qu'aux productions effectives qui s'en déduisent. La dynamique de l'économie est celle d'une séquence de déséquilibres temporaires faisant apparaître plusieurs types d'évolution possibles selon la valeur des paramètres (stabilité locale ou globale, cycles).
Nos activités de recherches se déclinent selon une double perspective : l'histoire de la pensée économique et l'économie historique. Ceci implique, si nécessaire, des détours par des disciplines connexes mais tout à fait nécessaires, comme la philosophie, la science politique et, bien sûr, l'histoire proprement dite. A cet égard, le mémoire de synthèse pour cette habilitation à diriger les recherches (HDR) est essentiellement centré autour de recherches en histoire des idées, même si un thème ordonne l'ensemble de nos travaux : la notion d'institution. Celle-ci, selon nous, permet de mieux comprendre la construction et la valeur empirique des catégories économiques. La référence à cette notion est issue des travaux fondateurs des économistes américains dits « institutionnalistes » du début du XXième siècle : plus encore, nous intégrons le travail de Polanyi et de son école dans cette mouvance. C'est pourquoi la première partie de notre travail - « une trajectoire de recherche » - est une mise en confrontation, dans le champ de l'histoire économique, entre les thèses institutionnalistes et les thèses néoclassiques, voire néo-institutionnalistes (inspirées notamment par l'œuvre de North). Nous essayons de montrer que les débats portant sur l'histoire économique d'avant la révolution industrielle sont marqués par l'ambivalence de la figure du marché. Cette figure est, en effet, parfois comprise comme le système constitué par les marchés autorégulateurs, ou parfois entendue selon des cadres institutionnels n'autorisant pas de tels mécanismes autorégulateurs, comme en témoigne la problématique polanyienne de la « place de marché » et les travaux plus récents d'A. Guéry sur les marchés d'Ancien Régime. Nous ne faisons qu'illustrer la formule de Commons qui, en 1923, écrivit que le capitalisme avait besoin de fondations légales, ce qui nous contraint à revenir sur la richesse du cadre d'analyse wébérien pour enrichir notre perspective. La seconde partie de la présente HDR est un exercice en histoire des idées, qui se distribue selon des axes a priori bien différents, mais tentant tous d'illustrer la problématique institutionnaliste dans ce qu'elle a d'essentiel. Dans un premier chapitre - « instituer, « monnayer et troquer » -, nous nous interrogeons sur la place du troc dans le discours économique parce que celui-ci est la forme matricielle de l'interaction économique ne présupposant pas de cadre institutionnel. L'économie comme science part, en effet, de ce prototype de l'échange rationnel, qu'est le troc, pour y intégrer la monnaie a posteriori, qui fonctionne alors comme une marchandise d'un type singulier. L'hypothèse qui est présentée est inverse : c'est le caractère institutionnel de la monnaie qui est la condition de possibilité de l'économie marchande. Nous nous inscrivons, pour une bonne part, dans la problématique développée, dès 1982, par M. Aglietta et A. Orléan, en essayant d'y introduire des éléments fondamentaux de la problématique institutionnaliste comme Mitchell, le fondateur du NBER, les avait déjà conçus. La présente réflexion s'écarte toutefois de la problématique de la « fable du troc », reprise par nombre d'économistes hétérodoxes et de sociologues à la suite de J-M Servet, grâce à un réexamen critique des assertions typiques des années 1970 et d'une reconsidération de données anthropologiques. La thèse d'une « institution monétaire de la société » est ainsi remise en cause car, considérer la monnaie comme une essence anthropologique revient à l'essentialiser, ce qui est fort peu institutionnaliste. Par ailleurs, il n'est pas sûr que le perspectivisme nietzschéen s'accorde avec la valeur que l'économie comme science, marxiste ou non, accorde à la vérité. Dans un deuxième chapitre – « Souveraineté et économie » -, nous essayons de poser la question du rapport entre économie et souveraineté à un moment où le processus actuel de la construction européenne, parce qu'il tend à modifier les institutions politiques et économiques, remet au premier plan une préoccupation fondatrice de l'économie politique, celle du Traicté de l'Œconomie politique de Montchrestien (1615). Cet auteur illustre une conception moderne, profondément politique, de l'économie, en rupture avec l'esprit antique ou médiéval selon lequel l'économie appartient de facto à la stricte sphère domestique et ne peut être l'objet de l'action publique. Montchrestien montre que la richesse des peuples, donc de l'Etat, est fondamentalement instituée par le Prince ; l'économie n'est pas ici une catégorie autonome de pensée ou une dimension émergente des comportements. Mais, la concurrence est au cœur du discours de Montchrestien, les marchés étant la codification politique des flux concurrentiels. Contre une interprétation répandue, nous montrons que, selon Montchrestien, les échanges intérieurs, où les gains issus de l'échange sont possibles, s'opposent aux formes extérieures de l'échange réfractant l'état de nature, où ce que gagne l'un est perdu par l'autre. Il estime même que l'application du droit des gens pourrait rendre le commerce extérieur bénéfique si disparaissent les asymétries de position résultant des politiques des Etats. Toutefois, avec Cantillon, en moins d'un siècle, la question des articulations entre institutions politique et économique se reformule radicalement cependant qu'apparaît dans la théorie économique, en un sens devenu plus familier, une figure devenue majeure : l'entrepreneur. Il n'en demeure pas moins que Cantillon ne pousse pas ses intuitions libérales de l'autoconstitution du social et de l'équilibre économique jusqu'à dénier au politique toute efficacité en économie. Dans le dernier chapitre – « Economie, politique et fascisme » -, contribution à l'histoire des idées institutionnalistes, nous montrons que la portée scientifique de l'apport de Polanyi va bien au delà du concept fort connu d'embeddedness, en exposant les analyses méconnues faites par Polanyi des fascismes et de l'économie des années 1930. La thèse fondamentale de Polanyi est la suivante : la société de marché n'est pas le fruit d'un évolutionnisme qui aurait conduit au meilleur des mondes. Fruit de contingences historiques, comme le furent les actions délibérées des Etats et la volonté d'incarner un projet essentiellement utopique, la société de marché doit être comprise comme une création humaine porteuse de catastrophes dont le nazisme est un exemple. Anticipant la fameuse « querelle des historiens » propre à l'Allemagne des années 1980, Polanyi s'inscrit en faux contre l'explication de la genèse des fascismes par le bolchevisme, thèse déjà développée dans les années 1930 elles-mêmes, et veut redonner toute sa force à ce processus très singulier de la constitution d'une société économique du XIXième siècle. Polanyi met donc en avant le caractère absolument nouveau que constitue le capitalisme concurrentiel du XIXième siècle, tout en insistant sur la nature endogène des processus détruisant les capacités d'autorégulation de ce système inédit. A cet égard, le fascisme est une issue à la société libérale caractérisée par la séparation institutionnelle du politique et de l'économie. Or, dans cette société, les propriétaires du capital ont la capacité de vider de tout pouvoir effectif les institutions politiques investies par les représentants des partis populaires, chose fréquente en cas de crise grave, ce qui rend impossible la reproduction même d'une société complexe qui ne peut faire l'économie d'une régulation politique de ses contradictions. Le fascisme est ainsi une expression toujours possible de la contradiction entre démocratie et capitalisme. Il s'agit donc de redonner à la science économique toute sa place dans l'explication d'un phénomène comme le fascisme et de reconsidérer les acquis problématiques d'une certaine science politique en la matière. En conclusion, nous rappelons que notre intérêt pour les institutions, du point de vue des idées ou des faits, est issu de la problématique de P. Dockès dans La Libération Médiévale, qui se donnait pour objet, en 1979, comme l'école radicale américaine, de penser la détermination sociale de l'économie à l'encontre des thèses technicistes ou économicistes.
Nos activités de recherches se déclinent selon une double perspective : l'histoire de la pensée économique et l'économie historique. Ceci implique, si nécessaire, des détours par des disciplines connexes mais tout à fait nécessaires, comme la philosophie, la science politique et, bien sûr, l'histoire proprement dite. A cet égard, le mémoire de synthèse pour cette habilitation à diriger les recherches (HDR) est essentiellement centré autour de recherches en histoire des idées, même si un thème ordonne l'ensemble de nos travaux : la notion d'institution. Celle-ci, selon nous, permet de mieux comprendre la construction et la valeur empirique des catégories économiques. La référence à cette notion est issue des travaux fondateurs des économistes américains dits « institutionnalistes » du début du XXième siècle : plus encore, nous intégrons le travail de Polanyi et de son école dans cette mouvance. C'est pourquoi la première partie de notre travail - « une trajectoire de recherche » - est une mise en confrontation, dans le champ de l'histoire économique, entre les thèses institutionnalistes et les thèses néoclassiques, voire néo-institutionnalistes (inspirées notamment par l'œuvre de North). Nous essayons de montrer que les débats portant sur l'histoire économique d'avant la révolution industrielle sont marqués par l'ambivalence de la figure du marché. Cette figure est, en effet, parfois comprise comme le système constitué par les marchés autorégulateurs, ou parfois entendue selon des cadres institutionnels n'autorisant pas de tels mécanismes autorégulateurs, comme en témoigne la problématique polanyienne de la « place de marché » et les travaux plus récents d'A. Guéry sur les marchés d'Ancien Régime. Nous ne faisons qu'illustrer la formule de Commons qui, en 1923, écrivit que le capitalisme avait besoin de fondations légales, ce qui nous contraint à revenir sur la richesse du cadre d'analyse wébérien pour enrichir notre perspective. La seconde partie de la présente HDR est un exercice en histoire des idées, qui se ...
Nos activités de recherches se déclinent selon une double perspective : l'histoire de la pensée économique et l'économie historique. Ceci implique, si nécessaire, des détours par des disciplines connexes mais tout à fait nécessaires, comme la philosophie, la science politique et, bien sûr, l'histoire proprement dite. A cet égard, le mémoire de synthèse pour cette habilitation à diriger les recherches (HDR) est essentiellement centré autour de recherches en histoire des idées, même si un thème ordonne l'ensemble de nos travaux : la notion d'institution. Celle-ci, selon nous, permet de mieux comprendre la construction et la valeur empirique des catégories économiques. La référence à cette notion est issue des travaux fondateurs des économistes américains dits « institutionnalistes » du début du XXième siècle : plus encore, nous intégrons le travail de Polanyi et de son école dans cette mouvance. C'est pourquoi la première partie de notre travail - « une trajectoire de recherche » - est une mise en confrontation, dans le champ de l'histoire économique, entre les thèses institutionnalistes et les thèses néoclassiques, voire néo-institutionnalistes (inspirées notamment par l'œuvre de North). Nous essayons de montrer que les débats portant sur l'histoire économique d'avant la révolution industrielle sont marqués par l'ambivalence de la figure du marché. Cette figure est, en effet, parfois comprise comme le système constitué par les marchés autorégulateurs, ou parfois entendue selon des cadres institutionnels n'autorisant pas de tels mécanismes autorégulateurs, comme en témoigne la problématique polanyienne de la « place de marché » et les travaux plus récents d'A. Guéry sur les marchés d'Ancien Régime. Nous ne faisons qu'illustrer la formule de Commons qui, en 1923, écrivit que le capitalisme avait besoin de fondations légales, ce qui nous contraint à revenir sur la richesse du cadre d'analyse wébérien pour enrichir notre perspective. La seconde partie de la présente HDR est un exercice en histoire des idées, qui se distribue selon des axes a priori bien différents, mais tentant tous d'illustrer la problématique institutionnaliste dans ce qu'elle a d'essentiel. Dans un premier chapitre - « instituer, « monnayer et troquer » -, nous nous interrogeons sur la place du troc dans le discours économique parce que celui-ci est la forme matricielle de l'interaction économique ne présupposant pas de cadre institutionnel. L'économie comme science part, en effet, de ce prototype de l'échange rationnel, qu'est le troc, pour y intégrer la monnaie a posteriori, qui fonctionne alors comme une marchandise d'un type singulier. L'hypothèse qui est présentée est inverse : c'est le caractère institutionnel de la monnaie qui est la condition de possibilité de l'économie marchande. Nous nous inscrivons, pour une bonne part, dans la problématique développée, dès 1982, par M. Aglietta et A. Orléan, en essayant d'y introduire des éléments fondamentaux de la problématique institutionnaliste comme Mitchell, le fondateur du NBER, les avait déjà conçus. La présente réflexion s'écarte toutefois de la problématique de la « fable du troc », reprise par nombre d'économistes hétérodoxes et de sociologues à la suite de J-M Servet, grâce à un réexamen critique des assertions typiques des années 1970 et d'une reconsidération de données anthropologiques. La thèse d'une « institution monétaire de la société » est ainsi remise en cause car, considérer la monnaie comme une essence anthropologique revient à l'essentialiser, ce qui est fort peu institutionnaliste. Par ailleurs, il n'est pas sûr que le perspectivisme nietzschéen s'accorde avec la valeur que l'économie comme science, marxiste ou non, accorde à la vérité. Dans un deuxième chapitre – « Souveraineté et économie » -, nous essayons de poser la question du rapport entre économie et souveraineté à un moment où le processus actuel de la construction européenne, parce qu'il tend à modifier les institutions politiques et économiques, remet au premier plan une préoccupation fondatrice de l'économie politique, celle du Traicté de l'Œconomie politique de Montchrestien (1615). Cet auteur illustre une conception moderne, profondément politique, de l'économie, en rupture avec l'esprit antique ou médiéval selon lequel l'économie appartient de facto à la stricte sphère domestique et ne peut être l'objet de l'action publique. Montchrestien montre que la richesse des peuples, donc de l'Etat, est fondamentalement instituée par le Prince ; l'économie n'est pas ici une catégorie autonome de pensée ou une dimension émergente des comportements. Mais, la concurrence est au cœur du discours de Montchrestien, les marchés étant la codification politique des flux concurrentiels. Contre une interprétation répandue, nous montrons que, selon Montchrestien, les échanges intérieurs, où les gains issus de l'échange sont possibles, s'opposent aux formes extérieures de l'échange réfractant l'état de nature, où ce que gagne l'un est perdu par l'autre. Il estime même que l'application du droit des gens pourrait rendre le commerce extérieur bénéfique si disparaissent les asymétries de position résultant des politiques des Etats. Toutefois, avec Cantillon, en moins d'un siècle, la question des articulations entre institutions politique et économique se reformule radicalement cependant qu'apparaît dans la théorie économique, en un sens devenu plus familier, une figure devenue majeure : l'entrepreneur. Il n'en demeure pas moins que Cantillon ne pousse pas ses intuitions libérales de l'autoconstitution du social et de l'équilibre économique jusqu'à dénier au politique toute efficacité en économie. Dans le dernier chapitre – « Economie, politique et fascisme » -, contribution à l'histoire des idées institutionnalistes, nous montrons que la portée scientifique de l'apport de Polanyi va bien au delà du concept fort connu d'embeddedness, en exposant les analyses méconnues faites par Polanyi des fascismes et de l'économie des années 1930. La thèse fondamentale de Polanyi est la suivante : la société de marché n'est pas le fruit d'un évolutionnisme qui aurait conduit au meilleur des mondes. Fruit de contingences historiques, comme le furent les actions délibérées des Etats et la volonté d'incarner un projet essentiellement utopique, la société de marché doit être comprise comme une création humaine porteuse de catastrophes dont le nazisme est un exemple. Anticipant la fameuse « querelle des historiens » propre à l'Allemagne des années 1980, Polanyi s'inscrit en faux contre l'explication de la genèse des fascismes par le bolchevisme, thèse déjà développée dans les années 1930 elles-mêmes, et veut redonner toute sa force à ce processus très singulier de la constitution d'une société économique du XIXième siècle. Polanyi met donc en avant le caractère absolument nouveau que constitue le capitalisme concurrentiel du XIXième siècle, tout en insistant sur la nature endogène des processus détruisant les capacités d'autorégulation de ce système inédit. A cet égard, le fascisme est une issue à la société libérale caractérisée par la séparation institutionnelle du politique et de l'économie. Or, dans cette société, les propriétaires du capital ont la capacité de vider de tout pouvoir effectif les institutions politiques investies par les représentants des partis populaires, chose fréquente en cas de crise grave, ce qui rend impossible la reproduction même d'une société complexe qui ne peut faire l'économie d'une régulation politique de ses contradictions. Le fascisme est ainsi une expression toujours possible de la contradiction entre démocratie et capitalisme. Il s'agit donc de redonner à la science économique toute sa place dans l'explication d'un phénomène comme le fascisme et de reconsidérer les acquis problématiques d'une certaine science politique en la matière. En conclusion, nous rappelons que notre intérêt pour les institutions, du point de vue des idées ou des faits, est issu de la problématique de P. Dockès dans La Libération Médiévale, qui se donnait pour objet, en 1979, comme l'école radicale américaine, de penser la détermination sociale de l'économie à l'encontre des thèses technicistes ou économicistes.