Les liens entre l'homme et l'environnement naturel sont si variés et diffus qu'il est difficile de les modéliser de manière exhaustive. C'est pourtant ce que cherche à faire le Millenium Ecosystem Assessment, une branche de l'ONU, en voulant les recenser et les mesurer sous la forme de services rendus aux sociétés humaines. Cette notion, bien que très populaire dans la recherche en économie des services, pose un certain nombre de problème si l'on s'intéresse à ces interactions en prenant en compte leur contexte social et politique. Cette étude à caractère exploratoire privilégie donc le concept de systèmes de valeurs à celui de services écosystémiques pour analyser les interactions entre l'homme et son environnement naturel sur l'île de la Réunion, à la frontière des secteurs du tourisme et de la conservation. L'enquête de terrain réalisée a permis de mettre en évidence la manière dont l'environnement naturel est mis en débat entre ces deux secteurs en traçant les contours de quatre systèmes de valeurs associés à la nature réunionnaise. Ce sont des systèmes de représentation de la réalité structurés par un ensemble de valeurs, de normes, de concepts et d'objets qui sont mobilisés par les acteurs pour se mettre d'accord sur la légitimité d'une action, d'une personne ou d'une institution. Ce modèle a pour principal avantage de pouvoir expliquer les processus de négociation et de compromis entre les acteurs.
La thèse s'inscrit dans le cadre des activités de recherche du Prasac (Pôle Régional de Recherche Appliquée au Développement des Savanes d'Afrique Centrale) qui a assuré la coordination scientifique, l'équipement informatique et bureautique, et le financement des missions de terrain au Tchad. Le Prasac est un projet régional qui intéresse les régions des savanes du Nord Cameroun, du Sud du Tchad et du Nord de la République Centrafricaine (Carte n°1). C'est une initiative des institutions de recherche de ces trois pays, parrainée par le Cirad, l'Ird et l'Université de Leiden (Pays-Bas). Le pôle bénéficie, en outre, du soutien du Coraf et de la Cemac. Le projet vise à réaliser des économies d'échelle et de moyens dans les travaux de recherche appliquée au développement de ces zones aux caractéristiques et problématiques similaires. La mission dévolue au pôle consiste en la mise en commun des acquis et la coordination des travaux des structures de recherche des différents pays. Il est structuré en six composantes correspondant à six thèmes de recherche, dont l'Observatoire du développement (Composante 1) et la Gestion de terroirs et des ressources naturelles (Composante 2). Les résultats obtenus dans le cadre de cette thèse alimentent donc principalement ces deux composantes. Un des objectifs de la Cl est de fournir des outils d'aide à la décision pour les politiques et responsables du développement afin de permettre l'orientation de la recherche agronomique suivant les résultats obtenus et les recommandations formulées. La C2 a pour objectif général l'identification des méthodes de recherche participative et les modalités de gestion durable des ressources naturelles à l'échelle des terroirs tout en prenant en compte les diversités agro-écologiques et humaines. La présente thèse est la version élargie et approfondie d'une étude intitulée "Le peuplement de l'espace et ses conséquences " dont nous étions responsable.
A travers l'analyse de la politique de conservation des forêts publiques et privées au Costa Rica, nous chercherons à mettre à l'épreuve le cadre théorique de la gouvernance tel qu'il a été conceptualisé par Le Galès (1995). Il s'agit non seulement d'évaluer la gestion institutionnelle de la politique de conservation des forêts au travers de deux évolutions fondamentales liées à la gouvernance, de type verticale avec la multiplication des échelons de gouvernement et de type horizontale avec l'ouverture de l'action publique à des acteurs non étatiques, mais également de montrer, en s'appuyant sur le cadre analytique des coalitions (Sabatier et Jenkins-Smith, 1993), que ces évolutions peuvent se comprendre comme le résultat de conflit et d'évolution du rapport de forces entre des coalitions positionnées sur cet enjeu.
Les zones insulaires possèdent de nombreuses ressources spécifiques, parfois faiblement valorisées, pouvant aboutir à leur extinction progressive et définitive : pertes de savoirs et savoir faire détenus par des "vieux" et non transmis aux nouvelles générations, perte de biodiversité. Ces ressources, quelles soient biologiques, naturelles, culturelles, sociales, ., représentent un capital important et engendrent de la territorialité (sentiment d'appartenance à un territoire : Tizon, 1996). Leur activation peut contribuer au développement durable des territoires, à condition qu'elles s'inscrivent dans une démarche raisonnée. En agroalimentaire, cette démarche implique la prise en compte des relations homme - produit - territoire (social - économique - environnement) où l'homme valorise au mieux les spécificités du territoire en mettant en oeuvre des savoirs particuliers. Cette démarche aboutit à des produits à forte spécificité territoriale (typicité) qui permettent en retour la valorisation des hommes (reconnaissance des savoirs faire, de la culture) et du territoire (renforcement de son attractivité). Une telle démarche de développement, collective, s'inscrit sur le long terme et est source de richesses sociales et économiques d'autant plus importantes que les produits et services proposés sur le territoire y sont fortement ancrés et de qualité, et que l'environnement est préservé. L'image territoriale engendrée profite alors au développement touristique, réalisé dans une logique de préservation de la ressource.
Récemment, la législation foncière malgache a été intégralement révisée. Dans ce contexte, " les terrains relevant du domaine d'application de la législation relative aux Aires protégées et ceux servant de support à la mise en application de conventions signées dans le cadre de la législation sur la gestion des ressources naturelles " devront faire l'objet d'un régime foncier spécifique (article 38 de la loi 2005-019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les différents statuts des terres à Madagascar). Ce statut spécifique tarde cependant à être précisé. Pourtant, suite au Vème Congrès mondial sur les parcs tenu à Durban en 2003, près de 20 % du territoire national se sont vus attribuer un statut de protection temporaire interdisant toute exploitation des ressources forestières pourtant indispensables à la survie des populations. L'insécurité foncière entrave tant les objectifs de conservation de la biodiversité que le développement rural et il devient urgent de préciser le régime juridique du sol dans une perspective raisonnée d'aménagement du territoire. Associé à une condition de maintien des services écosystèmiques, la reconnaissance ou l'octroi de droits réels aux populations locales sur un domaine forestier immatriculé est une piste pour engager un processus de sécurisation foncière privilégiant l'organisation territoriale et la responsabilisation sociale.
Dynamiques sociales et transformation des espaces, le cas d'un village burkinabé en pleine recomposition. En Afrique soudanienne, l'évolution de l'agriculture est souvent accompagnée par des phénomènes démographiques marquants telles que les migrations. Ils contribuent à bouleverser l'organisation sociale des communautés locales et de leur territoire, associant de nouvelles pratiques de gestion des ressources naturelles. En étudiant le cas de Torokoro, village burkinabé, situé à la frontière de la Côte d'ivoire, soumis depuis moins d'une décennie à de grands changements, nous proposons de décrire les différents processus qui participent à cette reconstruction territoriale. Les descriptions des dynamiques d'occupation du sol, de l'utilisation des parcours et des trames foncières caractérisent l'organisation spatiale des activités agro-pastorales qui est interprétée par l'étude des différents systèmes de production et de leur évolution, révélée par les trajectoires des exploitations. Les résultats mettent en évidence une recomposition de l'espace villageois qui se caractérise par différents niveaux d'organisation et de gestion des activités agro-pastorales. Dans la perspective de politiques de décentralisation et développement local, ils montrent les enjeux liés à la présence de nouveaux acteurs et de leurs stratégies qui se révèlent par l'émergence de nouvelles activités de production.
La politique gouvernementale de développement des concessions pour plantations de palmier à huile et d'Acacia mangium aboutit dans les années 1990/2000 en Indonésie à une redistribution juridique des terres au détriment des populations locales. La politique de redistribution des terres par le gouvernement à des sociétés de plantations est liée à l'introduction de ces nouvelles cultures (palmier à huile et Acacia mangium) par des sociétés privées ou semi publiques ("HTI" forestières). Celles ci se sont avérées être des opportunités intéressantes pour le secteur agricole dans le contexte indonésien (superficie des terres non limitantes, du moins dans les années 1980, faible coût de la main d'oeuvre) et mondial (prix rémunérateurs et marchés en pleine croissance jusqu'en 1997). A travers ce développement des plantations pérennes et forestières industrielles, les communautés paysannes locales entrevoient des opportunités d'emploi à court terme. En terme foncier, la logique de développement des sociétés privées de plantation va cependant à l'encontre de celles des populations locales. Cette allocation des terres peut aussi créer des situations de conflits avec les communautés locales. On observe un changement rapide, et une réelle adaptation des systèmes sociaux aux nouvelles conditions de production (spécialisation sur les cultures pérennes) avec une individualisation du foncier et le développement d'une "privatisation des terres" au sens ou les individus et non plus la communauté en ont le contrôle. La reconnaissance d'un droit au long terme sur les terres en "plantation", un droit d'usage de même durée que les plantations devenu progressivement équivalent à un "droit de propriété", a été un facteur important de la permanence des pratiques agroforestières et a favorisé l'extension de ce type de système. Le contexte politique est aussi en pleine évolution avec un contexte de réformes et de questionnement sur les actions de l'Etat ("Reformasi" et décentralisation), après une conjonction de crise politique (chute de Suharto en 1998), économique avec la crise 1997-2001) et écologique (grand feux depuis l'années El Nino en 1997).
Madagascar représente un hot spot pour la biodiversité mondiale, le plus brulant selon Myers (2000). Avec l'inscription à l'agenda politique de la préservation des Services Environnementaux (SE) et dans le contexte de la REDD+, les forêts de l'île sont également vues comme de potentiel espaces importants de captation et de stockage de carbone. Depuis une vingtaine d'années, les instruments économiques s'imposent dans le champ académique et présentent pour les praticiens des solutions permettant de réinstaurer une gestion durable des ressources naturelles renouvelables. L'un d'entre eux génère beaucoup d'espoir : les Paiements pour les Services Environnementaux (PSE). Dans ce travail, je propose d'étudier la place que pourrait prendre des mécanismes PSE dans le mix de politiques publiques afin d'endiguer la déforestation dans le Corridor Ankeniheny-Zahamena ; un mix dominé par un autre instrument : le statut juridique d'Aire Protégée (AP). La politique menée sera analysée sous le prisme efficacité-efficience-équité. En enrichissant la grille d'analyse standard par la mobilisation de la littérature du Common Pool Ressource (CPR) Management, je montrerai que l'intégration de PSE en complément du statut d'AP est possible et pertinent, au sein d'une politique plus générale de développement rural.
La compétitivité de l'agriculture régionale correspond à sa capacité à fournir des produits à prix raisonnables aux populations du septentrion et à exporter sur les marchés du sud, de la sous-région et internationaux. Cette compétitivité est largement dépendante de l'état et de la disponibilité en ressources naturelles (sol, eau, parcours naturels). Le lien étroit entre l'état de ces ressources, le développement économique d'un ensemble régional (35% du territoire du Cameroun) et le bien-être de ses habitants (34% de la population du pays) justifie le programme ASGIRAP. Contraintes et enjeux La fertilité des sols cultivés a fortement diminué dans les 3 régions, surtout dans les départements le plus peuplés, et par conséquence les rendements des cultures. Le déficit organique des sols est prégnant, ainsi que celui en biomasse végétale, biomasse qui pourrait fournir l'humus directement au sol (couverture du sol, compostage, litière sous les bovins) ou indirectement (via l'animal et la production d'un fumier de qualité). Les agriculteurs à l'exception du sud du bassin cotonnier et de l'Adamaoua, doivent par ailleurs faire face à un renforcement des aléas pluviométriques. Les deux facteurs de dégradation des performances des systèmes de culture sont étroitement liés, d'où un besoin prioritaire d'appui aux producteurs pour limiter les pertes en eau (et donc en terre érodée) et pour accroitre l'usage des biomasses organiques afin de restaurer les sols agricoles. Les systèmes d'élevage au nord du Cameroun sont peu intensifiés et reposent essentiellement sur les parcours naturels et la vaine pâture. Dans les régions Nord et Extrême-Nord le maintien de cet élevage de ruminants se heurte à la réduction de la surface des parcours du fait de leur mise en culture. Les usages des résidus de culture se diversifient (construction, combustible, plus rarement couverture du sol) même si le droit de vaine pâture demeure fortement ancré dans les campagnes. La crise de l'élevage est diverse : spatiale par la réduction des surfaces exclusivement réservées aux troupeaux, écologique par la dégradation des parcours naturels, sociale par l'accroissement de la fréquence des conflits entre éleveurs et agriculteurs et aussi en terme de gouvernance, avec la dualité des décideurs, publics et coutumiers. Les contraintes à l'élevage sont différentes dans l'Adamaoua. L'envahissement des parcours par le Chromolaena ou leur embuissonnement par des arbres et abutes ne cessent de s'étendre. Quelles que soient les régions, le déficit en biomasse fourragère est patent surtout en fin de saison sèche. L'abreuvement du bétail reste contraint en saison sèche même dans l'Adamaoua du fait d'un ruissellement accru non contrôlé et d'un manque d'infrastructures de stockage et d'exhaure de l'eau. Les problèmes de gestion des ressources naturelles non directement liées à l'agriculture et l'élevage sont aussi à prendre en compte dans une gestion systémique des écosystèmes. La pénurie de bois énergie affecte l'ensemble de l'Extrême-Nord et une grande partie de la région Nord. Les plantations d'arbres ne sont pas d'ampleur suffisante pour faire face à cette pénurie. Les 3 régions du nord du Cameroun sont internationalement reconnues pour la richesse de leur faune sauvage mais le maintien de pratiques de gestion non participatives des aires protégées et des ZIC et l'augmentation des surfaces protégées depuis les années 1960, sont mal vécus par les populations. Plus globalement les producteurs du Nord Cameroun doivent faire face à un faisceau d'insécurités. Alors que la question de l'insécurité des biens et des personnes semble moins prégnante aujourd'hui les autres formes d'insécurité demeurent : insécurité foncière, insécurité juridique et fiscale, insécurité économique,¿ Le paysage institutionnel Les appuis et services pour le monde rural sont fournis et coordonnés par trois types de structure : les services de l'Etat mais ils manquent de moyens et d'engagement sur le terra
The topic of ecosystem services, ecological services, environmental services (ES) and payments for environmental services (PES) has recently become the main reference for international environmental policies (broadly including forest policy, agro-environmental measures, conservation policies etc.). Brought to media attention by the Millennium Ecosystem Assessment (MA ) in 2005, these notions have spread rapidly in both political and scientific arenas. But there has been very little analysis retracing the social construction and political scope of these concepts in the scientific and policy fields. It is as if thinking in terms of ecosystem services and promoting payments for environmental services were taking for granted. This paper seeks to fill this gap, offering a historical and institutional analysis that explores the relationship between the ES and PES concepts. We put forward the hypothesis that two relatively independent processes led to the emergence of the ES concept on one hand and the PES concept on the other. Whereas the concept of ES is closely linked to a desire to attract official attention to the threats to ecosystems posed by human pressure, the concept of PES seems rather to have stemmed from a concern to ensure funding for conservation in tropical countries over the long term. In the past few years the two concepts have gradually converged, apparently due to a shared desire to translate them into operational form through public policy instruments. Taking a multidisciplinary approach combining political science, sociology, economics and law, we aim to substantiate this hypothesis using the notion of an epistemic configuration, derived from that of an epistemic community (Haas, 1992), to highlight the composite nature of the networks involved in the emergence and promotion of PES schemes. In the first section below, we study the genesis of the concepts of ES and PES, showing how the two terms are connected with different epistemic configurations. In the second section, we show how the two concepts have converged at the international level, during the MA process but mainly afterwards. In the third section, we try to identify new trends and ongoing processes concerning ES and PES. (Texte intégral)
As a pioneer program using notion of PES, Costa Rican Payment for Environmental Services Program (PESP) has been analyzed as a very promising innovating instrument for conservation and has been considered as a reference for PES schemes. In fact, an important array of information and knowledge has been produced on the PESP by a variety of actors. Since his beginning, the PESP has changed (target groups, modalities.). This communication aims at providing a better understanding of the links between knowledge generation, learning processes and policy change. We identify six pathways of feedbacks, with internal or external dimensions. We show that despite the large external knowledge generation on PESP, the internal pathway linked to the classical Costa Rican policy process and control authorities is the most influential in PESP transformations. The communication invites to consider a multiple complex of learning process where both dimension, internal and external, are intertwined and interacting to explain policy changes.
L'Amazonie, réservoir de biodiversité à l'échelle de la planète, est au coeur des débats scientifiques et sociaux pour la conservation et la gestion durable de ses ressources renouvelables. La déforestation sur les fronts pionniers concentre les attentions et rejette au second plan les symptômes d'un développement régional mal maîtrisé dans les régions de colonisation pionnière, comme dans celles d'occupation plus ancienne et traditionnelle où la gestion des ressources renouvelables est mieux équilibrée. On peut parler d'échec des politiques nationales et internationales à promouvoir une gestion durable de la biodiversité. Le questionnement tourne autour de la conciliation entre les aspirations des populations locales, les ambitions économiques des pouvoirs en place et la protection d'espaces forestiers suffisamment étendus pour y conserver la biodiversité naturelle. Les quinze équipes de recherche franco-brésiliennes réunies pour ce projet interviennent dans plusieurs régions du bassin amazonien, en considérant les différentes échelles spatiales et temporelles de l'accès aux ressources renouvelables et de la gestion de la biodiversité, et en s'intéressant particulièrement aux pratiques et aux impacts de l'agriculture pionnière et des systèmes agroforestiers traditionnels. Le projet vise à : - caractériser puis modéliser les principaux modes d'accès et de gestion des ressources renouvelables en Amazonie, Biodiversité 38 Commune Benjamin Constant-AM - Populations amérindienne et cabocla exploitant des milieux différents : terre ferme et alluvion fluviatile (varzea) - Région très peu déforestée (<10 %) - Agriculture traditionnelle de subsistance, agroforesterie, cueillette, extractivisme et pêche. Les surplus sont commercialisés - Exploitation forestière réduite - Gestion participative - Système associatif fort et liens sociaux traditionnels - Production diversifiée - Relations transfrontalières libres entre Colombie, Pérou et Brésil Communauté de Benfica (Commune de Itupiranga - PA) - Population immigrée sur un front pionnier récent avec une forte arrivée de migrants depuis 10-12 ans - Région relativement déforestée (50 %) à l'échelle de la communauté - Agriculture familiale pionnière de culture vivrière, le pâturage planté prédomine sur les cultures - Exploitation forestière sans implantation de scierie - Gestion participative récente - Entraide et un système associatif se met en place - Production vivrière et de veaux qui seront commercialisés - Proximité du centre urbain et pôle industriel Marabá-PA Commune de Uruará - PA - Population immigrée sur un front pionnier récent d'une trentaine d'années - Région peu deforestée (20 %) avec de grandes disparités entre les zones anthropisées ou pas - Agriculture familiale pionnière associant l'élevage aux cultures pérennes rendues possibles par la présence de terra roxa - Exploitation forestière très active à l'échelle de la commune - Expérience de gestion participative - Système associatif fort et ancien - Possibilité de diversification de la production - Forte dynamique avec la construction du barrage sur le Xingú - comprendre la relation entre les impacts de l'utilisation du milieu par l'homme et les réponses en termes de biodiversité, de dynamique agro-écologique et socio-économique, - élaborer des outils de gestion et de monitoring de la biodiversité, en particulier à partir des SIG et de la modélisation d'accompagnement, - participer à l'élaboration, l'application et l'évaluation de politiques publiques écologiquement et socialement viables, et - contribuer à la formation de ressources humaines au Brésil pour la gestion durable des ressources renouvelables amazoniennes. Trois terrains d'étude, représentatifs des trois grandes dynamiques d'occupation de l'Amazonie, permettent d'aborder les principales situations où se rencontrent habituellement les acteurs contemporains : l'Amazonie des fleuves peuplée de populations traditionnelles adoptant des systèmes agroforestiers de faib
Au Nord-Cameroun, comme dans l'ensemble des zones semi-arides africaines, les agriculteurs ont depuis longtemps défriché les savanes arborées pour les mettre en culture. Ce défrichement a souvent été sélectif: les cultivateurs ont conservé les arbres peu gênants ou utiles. Par la suite, ils ont parfois enrichi ces systèmes agroforestiers en introduisant de nouvelles espèces ou en conservant une partie de la régénération naturelle. En fonction de la composition du peuplement arboré d'origine, des conditions écologiques, des savoirs et des besoins des populations et de leur environnement socio-économique, différents types de parcs arborés se sont ainsi construits, dont les plus connus sont les parcs à faidherbia (Faidherbia albida) et les parcs à karité (Vitellaria paradoxes). De 1950 à 1990, les Administrations forestières ont surtout cherché à protéger les arbres situés dans les champs et dans les formations naturelles, en interdisant la coupe. Ces politiques de conservation, si elles ont permis le maintien des parcs, ont eu aussi un effet contre-productif car les agriculteurs se sont sentis dépossédés de la gestion de leur patrimoine, si bien qu'ils n'ont plus conservé ou planté de jeunes arbres et que les peuplements ont vieilli. Des actions de recherche-développement montrent qu'il est possible de re-dynamiser la gestion de ces systèmes agroforestiers, à l'échelle des exploitations agricoles et à celle des communautés villageoises. Cela suppose une sécurisation des droits sur l'arbre qui peut passer par la création de "forêts communautaires", instituées par la loi forestière camerounaise de 1994, et pouvant inclure le parc agroforestier villageois. Dès lors, il y a transfert de propriété des arbres de l'Etat vers la communauté, ce qui ouvre le droit à leur exploitation dans le respect d'un plan de gestion. Afin de préparer cette démarche, les pratiques traditionnelles raisonnées de gestion des arbres ont été décrites; une méthode d'émondage conciliant conservation et développement du tronc, production de feuilles, de fruits et de bois a été testée, ce qui a permis de mesurer le stockage de biomasse sur pieds et la production annuelle. Une réflexion sur la combinaison des techniques de gestion dans le cadre d'un aménagement des parcs a été conduite et des pistes pour des modèles d'aménagement simplifié des parcs ont été proposées. Ces aménagements permettraient de concilier notamment la production par émondage de bois de feu, ressource rare, et la pérennité des parcs. Cette démarche recueille aussi l'appui des hauts responsables de l'Administration et des organismes de recherche et de développement, malgré la réticence d'une partie des agents administratifs de base qui craignent d'y perdre leur pouvoir et leurs avantages. Ces enjeux de changements demandent donc à être soutenus et devraient trouver un appui favorable auprès du Fonds pour l'Environnement Mondial puisqu'ils rentrent dans le champ de plusieurs conventions internationales: convention pour la diversité biologique, convention sur le changement climatique, convention de lutte contre la désertification.
La Nouvelle-Calédonie est un territoire français du Pacifique engagé dans un processus de décolonisation. Pour accompagner ce processus et mettre fin aux affrontements intercommunautaires des années 1980 entre les populations kanakes autochtones (44% de la population) qui réclament majoritairement l'indépendance et leurs opposants, l'Etat français a mis en oeuvre une politique de partage du pouvoir local et un programme de rééquilibrage économique au profit des populations kanakes. Les réformes foncières constituent l'un des principaux leviers de ce rééquilibrage. Entre 1978 - date à laquelle sont engagées les premières opérations de réformes agraires - et la fin des années 1990 plus de 100000ha de terres ont été rétrocédées aux populations kanakes spoliées sous la colonisation par les colons européens. A l'instar d'autres régions du monde, les débats autour de la question foncière en Nouvelle-Calédonie ont opposé les tenants d'une approche moderniste revendiquant les bienfaits d'une politique de sécurisation foncière qui favorisent le productivisme agricole ou le développement d'activités économiques, et les partisans d'une approche que l'on qualifiera de "communautaristes", revendiquant le bien fondé d'usages et de modes d'action "endogènes" et se présentant comme les défenseurs de la culture. Entre ces deux pôles, les actions et réflexions engagées par l'Agence de Développement Rural et d'Aménagement Foncer (ADRAF) - en charge de la réforme foncière - prennent en compte les registres pluriels de l'action collective et s'efforcent de rendre compte d'un "pluralisme" conçu comme l'hybridation des pratiques relevant de chacun de ces pôles. Alors même que le débat sur le foncier agricole tend à s'apaiser, de nouvelles tensions intra et intercommunautaires apparaissent, qui mobilisent un registre de revendication fondé sur les droits liés à l'autochtonie. Ces revendications prennent à la fois la forme d'une prise de position des kanaks au sein dans l'espace national, avec la reconnaissance des Kanaks par I'Etat français comme "peuple autochtone" en 1999; elles ont aussi une déclinaison micro-locale qui se traduit notamment par la revendication et la captation des ressources - notamment minières - par des groupes sociaux, au nom de l'autochtonie. Nous voudrions dans cette communication explorer les conséquences de ce débat sur l'autochtonie, dans son expression actuelle du point de vue de la gestion des ressources naturelles. A travers l'étude de conflits fonciers localisés, notamment autour de bassins miniers, nous proposerons également une analyse des modalités au travers desquelles se définissent de nouvelles identités politiques.
L'exploitation des ressources vivantes aquatiques et la consommation des produits ont connu un développement spectaculaire pendant ces cinquante dernières années. Les niveaux d'exploitation des ressources marines sont globalement et mondialement situés à leur maximum depuis une vingtaine d'années. À ce jour, une partie importante de ces stocks sont surexploités et la possible multiplication de cas de gestion inefficiente des pêches risquerait d'amplifier ce constat. Depuis une dizaine d'années, les politiques d'exploitation des ressources se sont durcies et on observe des résultats positifs, en particulier pour la régulation de l'effort de pêche. Lorsque l'on évalue l'impact des systèmes de captures et de production intensifs sur les écosystèmes, les constats de déséquilibres et de perturbations sont multiples. L'objectif d'exploitation ou de production durable est hypothéqué par la caractéristique naturelle de ces écosystèmes exploités ou cultivés qui conduit à un bas niveau de contrôle par les décisions de gestion, ainsi que par le caractère irréversible de certains phénomènes. Les voies vers le développement soutenable des systèmes de production aquatique passent par la meilleure connaissance du fonctionnement de ces systèmes à diverses échelles d'observation (du micro au macro) et aux différents niveaux d'intégration (du gène à l'écosystème), par la prise en compte des effets des changement globaux d'origine naturelle (par ex. augmentation de la température et de la salinité, du rayonnement UV) et anthropique, par la mise en oeuvre de mesures et d'outils de gestion, la maîtrise du développement sectoriel dans ses dimensions technologique, économique et social. La région Languedoc-Roussillon bénéficie, au large de ses 200 km de côtes, du vaste plateau continental du Golfe du Lion (15 000 km², propice aux activités de pêche mais au potentiel halieutique limité.