Résumé La mobilité des personnes âgées est un des facteurs clef de la prévention de la dépendance. Il est donc essentiel d'envisager, dans une logique de prévention, l'ensemble des mesures pouvant permettre de maintenir cette mobilité. Nous aborderons dans cet article les différents modes de transport et les difficultés pouvant surgir lors de l'avancée en âge. Ce rapide tour d'horizon nous permettra d'envisager quelques pistes susceptibles d'être développées.
Le tabou social qui pèse sur le suicide, les questions juridiques, les interdits religieux, l'inégale transmission des informations des instituts médico-légaux (ILM) entraînent une sous-estimation des décès dus à cette cause mais n'affectent pas les grandes tendances générales que l'on peut observer. Le rapport des tentatives aux suicides accomplis est plus élevé chez les jeunes que chez les personnes âgées. Le suicide devient de plus en plus fréquent au fur et à mesure de l'avancée en âge et touche davantage les hommes que les femmes. A 65-74 ans le rapport est de 2,8 fois supérieur, à 85 ans et plus, 6,5 fois. La baisse du taux de suicide au cours de ces dix dernières années caractérise principalement les moins de 85 ans. Les principaux facteurs de risque sont : l'isolement, la mise à la retraite et ses conséquences, le veuvage caractérisé par la surmortalité masculine au cours de la première année qui suit le décès du conjoint, les facteurs physiques et psychologiques, les dépressions. La comparaison avec les 15 états membres de l'Union Européenne place la France à l'avant-dernier rang pour le suicide des hommes âgés et au onzième rang pour le suicide féminin. Les pays du sud de l'Europe paraissent mieux protégés grâce à l'intervention de la famille dans le soutien aux aînés. Les moyens mis en œuvre dans le domaine de la prévention restent encore insuffisants en France.
L'amélioration des performances des services de réanimation a permis de prendre en charge des malades de plus en plus graves. Toutefois, le succès de toute réanimation dépend de plusieurs facteurs propres au patient et à l'organisation des soins. La prise en charge des personnes âgées dans un service de réanimation reste controversée. Toutefois, la notion de « personne âgée » ne revêt pas la même signification pour chacun et l'âge chronologique, en dehors du très grand âge (> 85-90 ans), ne suffit pas à établir un seuil discriminant. La proportion de malades âgés de plus de 65 ans admis en réanimation variait de 17 % en Nouvelle-Zélande, à 45 % aux États-Unis, avec des chiffres proches de 30 % au Japon, au Canada et en France, en 1993. Le vieillissement de la population risque de majorer ces chiffres. Cette évolution n'est pas dénuée de conséquences médicales, bien sûr, mais elle entraîne aussi des implications économiques, liées à une augmentation des dépenses de Santé publique. Il est apparu, ainsi, nécessaire de fixer des limites à l'admission de malades ne pouvant bénéficier des soins de réanimation ? Des scores évaluant la gravité initiale et la réponse au traitement au cours du séjour ont été développés dans ce but. Parmi les critères retenus dans ces scores, l'âge est considéré comme un facteur pouvant limiter l'intérêt de la réanimation. Si on juge de l'efficacité de la réanimation en termes de mortalité, une étude multicentrique française portant sur 3 867 patients a montré que celle-ci passait de 12 % pour des malades de 40 ans à 25 % à 70 ans. Cependant, selon les études, le type de service de réanimation et l'âge considéré, la mortalité varie entre 30 et 50 %. Ainsi, les chances de survie au cours d'un séjour en réanimation baissent avec l'âge, mais d'autres facteurs liés à la pathologie aiguë ou aux maladies sous-jacentes interviennent aussi et l'admission en réanimation ne saurait être refusée sur ce seul critère. La prise en charge des personnes âgées durant leur séjour en réanimation ne semble pas différente de celle des sujets jeunes dans l'indication et la réalisation des techniques de réanimation, mais les particularités physiques et psychiques liées au vieillissement doivent être considérées. L'analyse des rares études portant sur la qualité de vie des personnes âgées après un séjour en réanimation médicale ou chirurgicale fait état d'une mortalité accrue chez les personnes âgées par rapport aux sujets plus jeunes à un an, mais d'une qualité de vie comparable. La plupart de ces études soulignent l'importance de la réadaptation du sujet âgé au décours de l'hospitalisation en réanimation, indispensable à sa réinsertion sociale.
En quantité comme en volume, la consommation d'hospitalisation augmente de plus en plus rapidement avec l'âge chez les adultes, et elle prend une part de plus en plus importante dans la consommation médicale totale ; toutefois, selon les clés de répartition, nombre de journées par grande discipline, « prix de journée » et/ou honoraires, nature et évaluation des soins administrés, le profil de cette augmentation présente une pente plus ou moins raide. Après avoir rapidement décrit la variation avec l'âge de données quantitatives, fréquentation, durée de séjour, nombre de jours, soins fournis, on propose trois évaluations de la dépense annuelle d'hospitalisation des personnes âgées. Les résultats obtenus laissent penser que la tarification forfaitaire entraîne une péréquation aux dépens des personnes âgées.
Les politiques du logement qui se sont succédé depuis la Seconde Guerre mondiale ont atteint l'un de leurs objectifs en permettant aux retraités d'accumuler un patrimoine immobilier qui les place dans une situation plus enviable que les jeunes générations. La question aujourd'hui prégnante est celle de l'adaptation de ce patrimoine au vieillissement de ses occupants. Aménager son logement pour bien y vieillir est considéré comme un moyen de prévenir la dépendance et de limiter son coût. La loi d'adaptation de la société au vieillissement, votée fin 2015, consacre cette approche. La mobilisation par les personnes âgées de leur patrimoine immobilier pour répondre à leurs besoins apparaît en outre comme une piste prometteuse qui pourrait davantage être encouragée, même si elle trouve ses limites dans certains territoires.
L'importance du vieillissement de la population, les situations spécifiques de soins qu'elle génère obligent chaque intervenant - social, soignant mais aussi administratif - à réfléchir sur ses décisions et sur ses attitudes. Ainsi peut naître une véritable éthique de la vieillesse et des personnes âgées. Où et comment favoriser cette réflexion ? Au niveau des institutions les chartes apportent un support à la réflexion. Dans les établissements, sur le terrain et au quotidien, la démarche repose sur la connaissance de l'individu au travers de sa vie, de ses désirs, de ses réactions, de son entourage. Il s'agit d'intégrer le questionnement dans le projet élaboré par les intervenants ; cette démarche nécessite la définition d'un espace de temps pour que la parole puisse circuler entre tous. Chaque situation, chaque décision sont spécifiques d'une personne, toute situation nouvelle amène à renouveler l'analyse. Éthique du non-abandon, responsabilité et compétence de chacun, reconnaissance de l'autre au travers de son histoire et de sa dynamique de vie aideront à définir des attitudes empreintes de solidarité et d'humanité.
In: Revue internationale de la Croix-Rouge: débat humanitaire, droit, politiques, action = International Review of the Red Cross, Band 57, Heft 682, S. 627-628
À partir des données de l'enquête « Biographies et entourage », cet article explore les relations familiales des habitants de la région Île-de-France âgés de 50 à 70 ans en 2000. Les enquêtés sont étudiés à la fois en tant qu'enfants, c'est-à-dire dans leur implication vis-à-vis de leurs parents, et en tant que parents, à travers les relations qu'ils ont développées avec leurs enfants adultes. Le concept d'entourage utilisé dans l'enquête permet de dépasser l'analyse dans laquelle le rôle de la famille est réduit aux seules fonctions de fournisseur de services et de pourvoyeur de capital. La taille moyenne de l'entourage des enquêtés s'élève ainsi à sept/huit personnes. 15% d'entre eux habitent à proximité de leurs parents et 20% de leurs enfants. Plus de la moitié des femmes interrogées ont des contacts au moins une fois par semaine avec leur mère et les deux tiers des générations plus âgées (plus de 60 ans) entretiennent des relations hebdomadaires avec leurs enfants adultes. À partir de trois indicateurs: la proximité affective, la distance géographique et la fréquence des contacts, l'investissement des générations de 50 à 70 ans dans le réseau familial apparaît toujours aussi fort même si les rapports entre générations ont fortement changé au cours des dernières décennies. En effet, si les générations étudiées dans l'enquête «Biographies et entourage» ont initié de nouveaux comportements familiaux (cohabitation hors mariage, divorce, etc.), la majorité d'entre elles ont su dans leur maturité développer des relations différentes au sein de la famille. Mais ces transformations ne doivent pas masquer les continuités des liens familiaux ni les ruptures qui ont pu s'opérer dans certaines familles.