Jeune Afrique l'intelligent: hebdomadaire politique et économique international ; édition internationale
ISSN: 0021-6089
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ISSN: 0021-6089
Blog: TRAFO – Blog for Transregional Research
Mourad Ouchichi est docteur en science politique, Diplômé de l'IEP de Lyon II. Actuellement enseignant chercheur à l'université de Béjaiai. Ses recherches s'articulent autour de la problématique de la Rente, la nature des institutions en lien avec le développement des pays extractives. Son axe privilégié est les études comparatives entre l'Algérie est les pays extractivistes de l'Amérique Latine.
Blog: Blog der Angewandten Politikwissenschaft
"La violence – approches sociologiques, politiques et littéraires" – so lautete der Titel des diesjährigen "Einführungsseminars", welches die Studierenden des Jahrgangs 2021 vor deren Aufenthalt in Aix-en-Provence Anfang September 2022 im südfranzösischen Sisteron mitgestalteten. Das Seminar begann mit einem gemeinsamen Abendessen. An den darauffolgenden zwei Tagen beschäftigten sich die Studierenden zusammen mit den Dozenten Rainer Gregarek […]
Blog: Theory Talks
Bertrand Badie sur le moment Trump, la science de la souffrance, et les RI
entre puissance et faiblesse
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La discipline de RI se focalise traditionnellement sur l'enjeu de pouvoir
entre états. Mais, s'interroge Bertrand Badie, est-ce que cela veut dire que
notre discipline est basée sur la négation de notre humanité ? Un géant
dans les RI françaises, Badie a œuvré pour remplacer le pouvoir et pour mettre
la souffrance au cœur de l'analyse de l'international, en appliquant des idées
sociologiques sur une réalité véritablement globale. Dans ce Talk, Badie, entre autres, défie la
centralité de l'idée de pouvoir, qui a peu de sens dans un monde où la plupart
de l'agenda international est défini par des défis qu'émanent de la faiblesse ;
défend la centralité de la souffrance pour une discipline de RI plus adaptée ;
et utilise ces idées de base pour contextualiser le Moment Trump.
Quel est selon vous actuellement le plus grand défi ou débat dans le
domaine des Relations Internationales ? Quelle est votre position vis-à-vis de
cet ou ces enjeu(x) ?
Incontestablement, c'est la question du
changement. C'est à dire que le moment est venu de conceptualiser, et au-delà
même, de théoriser le changement qui s'effectue dans les Relations
Internationales (RI). On a toujours le sentiment qu'on vit une période de
changement, mais concernant les RI nous avons plusieurs repères qui montrent
l'effectivité du changement. J'en vois au moins trois.
Le premier, c'est la nature inclusive
du système international. Pour la première fois dans l'Histoire de l'humanité
le système international couvre la quasi-totalité de l'humanité, alors que le
système Westphalien était un système Européen dans lequel les Etats-Unis sont
entrés pour en faire un système, je dirais, euro-nord-américain.
Deuxième élément, et plusieurs ouvrages
déjà ont permis de le montrer, il y a une mutation profonde de la nature du
conflit. La guerre était autrefois, dans le modèle Westphalien, une affaire de
compétition de puissance. Aujourd'hui on a le sentiment que la faiblesse
remplace la puissance, c'est à dire la puissance n'est plus explicative des
situations belligènes, que l'on doit trouver davantage dans les manifestations
de faiblesse : que ce soit les « collapsing states », c'est à dire le
déchirement des Nations souvent mal ou hâtivement construites ou encore la
déliquescence des liens sociaux. Cette nouvelle conflictualité vient
complètement bouleverser la donne internationale et constitue un deuxième
marqueur de transformation.
Le troisième axe, c'est ce que
j'appellerais la mobilité. Tout notre système international reposait sur l'idée
de territoire et de frontière, sur l'idée de fixité marquant de manière très
précise les compétences des Etats. L'Etat renvoie au territoire, comme la
définition donnée par Max Weber l'indique très clairement, alors qu'aujourd'hui
le territoire est défié par toute une série de mobilités, c'est à dire de flux transnationaux
: qu'il s'agisse de flux commerciaux, de flux d'informations ou de flux humains
à travers notamment toutes les diverses formes de migrations.
Donc voilà au moins trois indicateurs
objectifs d'une transformation profonde de la nature même des RI qui m'incitent
d'abord à parler plus volontiers désormais de « relations intersociales »
plus que de « relations interétatiques ». Les relations entre Etats
ne saturent plus le jeu mondial et ça amène à considérer que toute notre
théorie des RI reposait sur le modèle Westphalien tel qu'il est issu de la paix
de Westphalie, tel qu'il a été confirmé par l'accomplissement du travail de
construction des Etats-Nations et tel qu'il a dominé l'actualité internationale
jusqu'à la chute du Mur. Jusqu'à la chute du Mur, ce qui ne relevait pas de l'Europe
et des Etats-Unis, et de l'Amérique du Nord disons plus exactement, était nommé
périphérique, ce qui en dit long. Aujourd'hui la périphérie est centrale au
moins du point de vue de la conflictualité, donc il faut abandonner notre
grammaire Westphalienne et construire un nouveau guide d'analyse des RI qui
tienne compte de ces mutations. Supprimer notre grammaire Westphalienne des RI,
c'est remettre en cause notre théorie classique des RI et c'est remettre en
cause aussi les modèles pratiques d'action en politique internationale, c'est à
dire l'ordinaire de la diplomatie.
Comment est-ce que vous êtes arrivé dans votre pensée autour les Relations
Internationales ?
Vous savez souvent quand on écrit,
quand on travaille, on est d'abord influencé par son insatisfaction. C'est à
dire que la théorie classique Westphalienne des RI, comme je l'ai dit tout à
l'heure, ne me satisfaisait pas parce que j'avais l'impression qu'elle
focalisait sur des évènements qui n'avaient plus l'importance qu'on continuait
à leur prêter, par exemple la course aux armement, les relations entre
puissances ou les négociations diplomatiques traditionnelles alors que je
voyais, peut-être est-ce là l'élément déclenchant, que l'essentiel des
souffrances dans le monde venait d'espaces que ne couvrait pas réellement la
théorie des RI.
J'ai toujours dit à mes étudiants que
les RI c'était la science des souffrances humaines. Ces souffrances bien sûr
elles existent chez nous, elles existent en Europe, elles existent en Amérique
du Nord, elles existent partout dans le monde mais l'essentiel des souffrances
se situe hors champ westphalien et du coup l'analyse classique des RI en
donnait une image tout d'abord marginale et déformée. L'Afrique ou le Moyen
Orient vus au prisme du système Westphalien avaient une allure aplatie qui ne
correspondait en rien à l'extraordinaire richesse, en bien et en mal, de ces
régions du monde. Je considérais aussi que dans un monde où 6 à 9 millions
d'individus meurent de faim chaque année, les grands agendas des RI classiques
étaient dérisoires. Même le terrorisme, auquel on donne tant d'importance, a
des scores dérisoires par rapport à ceux de l'insécurité alimentaire.
Mes trois derniers livres sont trois
cris de révolte contre la théorie classique des RI. La diplomatie de
connivence est un livre dans lequel j'ai essayé de montrer qu'en réalité le
jeu des puissances était un jeu beaucoup plus intégré qu'on ne le dit et
renvoyant souvent à de fausses conflictualités. Il y a bien un club, et c'est
ça que j'essayais de décrire, un club de puissants.
Le Temps des humiliés était là
pour mettre en scène justement ce que la théorie classique ne savait pas
exprimer, c'est à dire la domination vue du côté des dominés, l'humiliation vue
du côté des humiliés, la violence vue du côté des désespérés. Même si on
regarde des puissances aussi accomplies que la Chine aujourd'hui, première ex
aequo avec les Etats-Unis en PIB, il faut bien admettre que la mémoire de
l'humiliation constitue pour la Chine une source énorme d'inspiration et
d'élaboration de son actuelle politique étrangère.
Et puis, dans mon dernier livre Nous
ne sommes plus seuls au monde, là le cri était encore plus direct, c'est à
dire nous sommes en train d'écrire les RI qui concernent un gros milliard
d'êtres humains en oubliant tous les autres et aujourd'hui ce ne sont pas ces
vieilles puissances qui font l'agenda international. Il est écrit à
l'initiative du petit, du faible, du dominé, avec bien entendu des recours à
des formes de violences extrêmes, mais qu'il faut essayer d'analyser et de
comprendre, donc totalement renverser la théorie des RI.
Il ne faut pas oublier que l'essentiel
de la théorie des RI nous a été livré par les Etats-Unis triomphants en 1945.
Le fameux « power politics » qui domine la théorie classique des RI,
inaugurée par Morgenthau et porté par tellement d'autres, mettait en scène ce
qui était vrai à l'époque, c'est à dire la capacité de la puissance américaine
de nous délivrer du monstre nazi. Aujourd'hui l'enjeu il est tout autre, et
c'est d'ailleurs significatif que deux des plus grands politistes
internationalistes américains, Robert Keohane (Theory Talk #9) et Ned Lebow (TheoryTalk #53), aient écrit
le premier un livre qui s'appelle After hegemony et le second Goodbye
hegemony. Et bien justement, moi ce qui m'intéresse c'est de voir ce qu'il
y a après l'hégémonie.
Une question maintenant pour les étudiants qui aspireraient à se
spécialiser dans le domaine des RI : quels conseils ?
D'abord je leur conseillerais de
débaptiser leur science, comme je le disais tout à l'heure, et de l'appeler
relations intersociales, c'est à dire que l'avenir de ce que nous nous appelons
les Relations Internationales se trouve dans la capacité de comprendre les
interactions extrêmement riches, multiples et diversifiées qui s'opèrent entre
les sociétés du monde. Ce qui ne veut pas dire de complètement abandonner la
piste des Etats, mais replacer les Etats au milieu de cette multiplicité
d'acteurs pour constater souvent l'impuissance de ces États face à ces acteurs
nouveaux. Ce serait mon premier conseil.
Mon deuxième conseil c'est regarder
devant eux et non derrière eux, c'est à dire ne pas se laisser dominer par le
modèle westphalien et essayer de bâtir ce dont nous avons besoin parce que
presque rien n'a été fait encore aujourd'hui pour bâtir ce modèle
post-westphalien, méta-westphalien. Au-delà de la puissance il y a des choses
que l'on identifie encore mal et qui sont le moteur des RI. De ce point de vue-là,
l'aide de la sociologie est particulièrement précieuse car si nous sommes dans
des relations intersociales, évidemment, la sociologie a un rôle très important
à jouer. J'ai considéré, dans ma contribution au The return of the theorists que Durkheim est une source très importante d'inspiration
pour comprendre le monde aujourd'hui. Voilà un auteur à étudier et à appliquer
aux RI.
Le troisième conseil que je leur
donnerais c'est de ne pas oublier qu'effectivement les « RI » ou les
relations intersociales sont les sciences de la souffrance humaine. Il faut
savoir remettre la souffrance au centre de la réflexion. On a trop perdu de
temps à analyser la puissance, il est temps maintenant de se mettre du côté de
la souffrance. Pourquoi ? D'abord parce que éthiquement c'est meilleur,
peut-être pourra-t-on en tirer alors des enseignements pratiques ? Mais aussi
pour une deuxième raison, c'est que dans les nouvelles RI la souffrance est
plus proactive que la puissance, ce qui n'est pas forcément optimiste mais qui
permet notamment de mieux s'interroger sur les formes nouvelles de
conflictualité. Hélas ce n'est plus avec des canons que l'on écrit l'agenda
international, mais c'est avec des larmes. C'est peut-être là qu'il y a un
effort important à consentir sur le plan de la réflexion.
Dans Le temps des humiliés, vous proposez une lecture durkheimienne
des RI dont l'accent est surtout mis sur le « grievance » qui
s'oppose à une autre logique : celle du « greed ». Que pensez-vous de
ce parallèle ?
« Greed » on peut le traduire
par accaparement, captation. En réalité vous avez raison, l'idée de grievance,
de récrimination, le mot est parfait aussi en français, est une idée très
structurante du jeu international. On ne l'a pas vu venir pour deux raisons.
D'abord parce que notre analyse classique des RI supposait une unité de temps,
comme si le temps africain, le temps chinois, le temps indien et le temps
européen étaient identiques. Or ceci est complètement faux parce que nous dans
notre culture européenne nous n'avons pas compris qu'avant Westphalie il y
avait des modèles politiques, des histoires qui avaient profondément marqué les
peuples qui les avaient alors façonnés. Pensez que la Chine c'est 4000 ans
d'empire, pensez que l'Afrique avant la colonisation c'était des royaumes, des
empires, des civilisations, un art, des productions artistiques. Pensez que
l'Inde aussi est multimillénaire. Le temps Westphalien est venu totalement nier
et écraser cette temporalité, cette historicité, presque sur un mode
négationniste, c'est à dire que dans l'esprit de ceux qui étaient porteurs du
modèle Westphalien seul ce modèle associé à la Renaissance et au Siècle des
Lumières et à la Raison avec un grand R avait vocation à formater le monde. Or,
c'était un pari insensé, un pari pour lequel nos ancêtres Européens qui l'ont
mené avaient des excuses parce qu'à l'époque on connaissait mal ces Histoires,
à l'époque on n'avait pas cette connaissance de l'autre et de l'altérité donc
on a réglé ça au plus simple, c'est à dire à partir de la négation de
l'altérité. Or les RI c'est au contraire l'accomplissement de l'altérité. Donc,
inévitablement tous ceux qui se sont vus nier dans leur historicité sur
plusieurs siècles et même plusieurs millénaires ont accumulé un ressentiment de
récrimination, de grievance particulièrement fort.
Le deuxième élément c'est que tout ceci
s'est opéré dans un contexte de déséquilibre des ressources de puissance, lié à
différents facteurs qui faisaient qu'effectivement à un moment donné du temps
les puissances occidentales étaient mieux armées au sens propre, au sens
figuré, que les autres sociétés. Donc cette négation de l'altérité a été
aggravée par l'imposition d'un système multilatéral de force qui s'est traduit
de la pire des façons, c'est à dire à partir d'une hiérarchie proclamée des
cultures, donc voilà il y avait comme disait Jules Ferry, en France au
XIXe siècle, les « races », « Nous avons l'obligation d'éduquer les races inférieures ».
C'est le début d'une Histoire, c'est le début de l'Histoire de l'humiliation et
comme au même moment la mondialisation venait à se faire, cette humiliation est
devenue le nerf de la vie international. Un nerf qui a été utilisé autant par
les puissants, qui en ont fait un instrument, c'est à dire où on va humilier
les autres pour mieux les dominer (guerres de l'Opium,
la colonisation) et en même temps un nerf qui a irrigué la réaction
mobilisatrice de ce monde extra-westphalien qui pour exister a eu besoin de
s'affirmer contre ceux qui les humiliaient. Donc vous voyez c'est vraiment la
trame des nouvelles RI. Dans mon
esprit c'est devenu un paradigme, ça explique tout même si d'autres facteurs
continuent à expliquer parallèlement.
Et pour apprécier cela on a besoin d'une
approche sociologique, ce que pour moi a
deux fonctions. Ces deux fonctions il faut les avoir en tête toutes les
deux pour bien comprendre ce qu'elle veut dire. La première c'est une fonction
intemporelle, c'est à dire considérer que partout et de tout temps le politique
est un produit social, donc ne peut pas être compris hors de la société, ce qui
n'était pas forcément la posture de certains et même de, je dirais, la majorité
des analystes qui croyaient de manière excessive à une autonomie du politique
et de l'Etat. La deuxième composante de cette approche sociologique est une
composante temporelle historique. Ce que je vous disais tout à l'heure : avec
la mondialisation le social a beaucoup progressé en propre par rapport au
politique et les relations intersociales, ayant grandi, on a besoin d'une
approche sociologique pour les comprendre.
Est-ce que vous pensez que « le moment Trump » constitue une
rupture fondamentale avec la conduite des RI ?
Trump en soi peut-être pas, ce qu'il
représente certainement. C'est à dire si on regarde les Etats-Unis on voit,
depuis le changement de millénaire, trois modèles se succéder. Vous avez eu au
lendemain du 11 Septembre un temps néo-conservateur où la mondialisation était
considérée par les dirigeants Américains comme un moyen ou peut-être une chance
d'universaliser le modèle américain de gré ou de force. De force comme ce fut
le cas par exemple en Irak en 2003. Ce modèle a échoué.
Cela a amené un deuxième modèle qui
est, je dirais, un modèle libéral, néo-libéral, incarné par Obama qui tirant
les leçons de l'échec du néo-conservatisme, a eu le courage de remettre en
cause l'hypothèse jugée jusque-là indiscutable d'un leadership américain et
considéré que les Etats-Unis ne pouvaient gagner aujourd'hui qu'à travers le
soft power ou le smart power ou le libre échangisme. C'est la raison pour
laquelle Obama se faisait très peu interventionniste et misait beaucoup sur le
TTIP, sur tous ces accords transrégionaux.
Avec Trump est arrivé un troisième
modèle, que j'appellerais néo-nationaliste, qui considère la mondialisation
mais de façon différente. La mondialisation est ramenée dans son esprit à une
chance donnée de satisfaire les intérêts nationaux américains, l'idée de « national
interest » rejaillit après ce long temps de vision globalisante. Ca ne
veut pas dire qu'on n'est pas interventionniste. Ce qui s'est passé en Syrie le
démontre. Ça veut dire qu'on interviendra non pas en fonction des besoins de la
mondialisation mais en fonction des intérêts des Etats-Unis. Il s'agit de
montrer l'image des Etats-Unis forts, puissants et d'autre part de servir les
intérêts concrets du peuple américain et de la nation américaine.
Ce modèle néo-nationaliste n'est pas
porté par Trump tout seul, c'est la raison pour laquelle je disais qu'il ne
faut pas prendre Trump isolément. On le retrouve exactement de la même manière
chez Poutine. On le retrouve chez quantité d'autres dirigeants du monde, comme
par exemple Erdogan ou Duterte ou Victor Orbán, donc des personnages aussi
différents, ou le Maréchal Sissi en Egypte.
On le retrouve dans des postures : le
Brexit en Grande-Bretagne, ce néo-populisme de droite en Europe : Mme Le Pen,
Mr Wilders, voire un certain néo-populisme de gauche comme Mélenchon en France.
Bref il est dans l'air du temps, c'est presque un effet de mode et il constitue
peut-être une double rupture dans les RI.
D'abord parce que depuis l'avènement de
la mondialisation, les années 70 disons en gros même si la mondialisation n'est
pas née à un jour précis, on avait un peu laissé de côté l'idée d'intérêt
national pour raisonner en termes de biens collectifs. Là c'est un abandon des
biens collectifs et un retour vers l'intérêt national. On le voit bien, l'un
des actes de Trump a été de dire que la COP21 de Paris doit être reconsidérée.
Et puis c'est une certaine forme aussi de réhabilitation de la force, qui
redevient le langage des RI.
Voilà deux bonnes raisons d'abord de
compléter notre science positive pour comprendre cette nouvelle tentation mais
aussi pour s'en inquiéter. Vous savez l'internationaliste ce n'est pas
quelqu'un de neutre, c'est aussi quelqu'un qui doit mettre sa science au
service de l'action et de la définition des politiques publiques. Aller à
l'encontre de l'idée de biens communs, c'est à dire à nouveau jeter un doute
sur l'idée de sécurité humaine, de sécurité environnementale, de sécurité
alimentaire, de sécurité sanitaire c'est extrêmement dangereux car ce n'est
jamais la composition des intérêts et des égoïsmes nationaux qui fera une
politique globalement cohérente. C'est le faible qui en pâtira le premier.
La deuxième raison c'est ce paradoxe à
un moment où l'on voit que la puissance est de plus en plus impuissante, j'ai
fait tout un livre là-dessus, de réhabiliter la force. Or regardez, ne
serait-ce que depuis 1989, où la force a-t-elle triomphé sur le plan des RI ?
Où donc le plus fort a gagné la bataille qui lui a permis de résoudre le problème
à son avantage ou conformément à ses objectifs ? Jamais. Ni en Somalie, ni en
Afghanistan, ni en Irak, ni en Syrie, ni en Palestine. Nulle part. Ni au Sahel,
ni en République Démocratique du Congo. Nulle part. Donc je suis un peu
inquiet, effectivement, de cette réhabilitation naïve et ringarde de la force.
Peut-on considérer que l'idée de la mondialisation, ou plutôt de l'ambition
intégratrice, aurait échoué ? Devrait-on enterrer l'idée d'intégration
régionale ou mondiale ?
Je n'aime pas les enterrements, ce
n'est pas un terme que j'emploierai, mais votre question est très pertinente.
Pendant près de vingt ans j'ai enseigné que l'intégration régionale c'était
l'échelon intermédiaire et réaliste entre le temps des nations et le temps de
la globalisation, c'est à dire j'ai longtemps cru que l'intégration régionale
était l'antichambre d'une gouvernance globale du monde.
J'ai longtemps cru que ce qui n'était
pas possible à l'échelle mondiale, à un gouvernement mondial, pouvait l'être
au niveau régional et déjà simplifier de
beaucoup la carte du monde et donc de progresser vers cette adhésion au
collectif que commande la mondialisation. Or non seulement l'Europe est en
échec, vous avez raison de le dire, mais toutes les constructions régionales
dans le monde sont en échec. Alors Mr. Trump bouscule ouvertement le NAFTA
ALENA, le MERCOSUR est en panne chaque Etat qui le compose a des récriminations
à son encontre, on pourrait continuer l'énumération… Toutes les formes
d'intégration que Chavez avait mis en place autour de son idéal bolivarien
n'existent plus, l'Afrique ne progresse que très très très lentement en matière
d'intégration régionale : l'Union du Maghreb Arabe, qui est quand même un
dispositif essentiel, a totalement échoué. Donc effectivement la conjoncture
n'est pas bonne.
Pour l'Europe le phénomène est double :
d'une part il y a cet échec très grave du départ de la Grande Bretagne de
l'Europe et puis il y a un malaise général du modèle européen. Alors, le départ
de la Grande Bretagne c'est très grave parce que c'est très rare si vous
regardez l'Histoire contemporaine des RI qu'un Etat claque la porte d'une
organisation régionale ou mondiale. C'est arrivé avec l'Indonésie aux Nations
Unies en 1964, ça n'a duré que 19 mois. C'est arrivé pour le Maroc au sein de
l'Union Africaine et le Maroc est actuellement en voie de réintégration. Donc
ce fait Britannique claque comme un coup de tonnerre, aggravé par le fait que
paradoxalement ce n'est pas tant sur l'idée d'intégration régionale que les
Britanniques ont voté contre l'UE. C'est beaucoup plus dans un réflexe
anti-migratoire, xénophobe, nationaliste (correspondant à cet élan de
nationalisme que je décrivais tout à l'heure) et donc ce qui est dramatique
c'est que l'on voit bien que cet ère du temps nationaliste vient réellement
attaquer les principes même de l'intégration régionale.
Alors je disais que pour l'Europe il y
a des problèmes internes encore plus profonds que la défection Britannique,
j'en vois au moins deux.
D'abord il y a un échec démocratique de
l'Europe, c'est à dire l'Europe n'a pas su faire coïncider les espaces
d'élection et les espaces de décisions, le peuple vote au niveau national et
les décisions se prennent à Bruxelles. Du coup, le contrôle démocratique sur
les décisions est extrêmement faible. Comment résoudre cette équation ? Et là
la panne est complète car personne ne propose de solutions.
L'autre élément à mon avis composant de
cette crise, c'est que l'Europe a été construite avec succès au lendemain de la
Seconde Guerre Mondiale de manière progressive sur le maître mot d'association
et effectivement, Durkheim l'a montré, la logique d'intégration associative
fait sens. C'est à dire l'union fait la force et l'union a fait la force en son
temps en Europe pour empêcher la guerre premièrement, c'est à dire une
troisième guerre européenne au XXe siècle, et deuxièmement pour favoriser la
reconstruction de pays européens dont l'économie s'était totalement effondrée.
Ce temps-là est terminé et la faute de l'Europe c'est de ne pas avoir su se
contextualiser, c'est à dire réagir aux contextes nouveaux.
Rendant à nouveau hommage à Durkheim
qui avait vu juste, Durkheim avait dit il y a deux façons de construire le lien
social : autour de l'association et autour de la solidarité. Je pense que le
temps de l'association est terminé, on doit entrer dans le temps de la
solidarité, c'est à dire la solidarité consiste à dire non pas « Nous
Allemands nous nous associons à la Grèce » mais « Nous Allemands
sommes solidaires de la Grèce car nous savons que si la Grèce s'effondre, à
terme, nous en subirons les conséquences ». Donc cette idée d'unité
fondamentale est une idée qui a été un peu snobée, abandonnée par les Européens
et maintenant ils se trouvent dans une situation de paralysie complète.
Est-ce que la période de décolonisation laisse encore des traces au niveau
des RI contemporaines ?
Ah totalement, totalement. Je dirais
d'abord parce que c'est un événement majeur des RI, qui a quand même fait
passer le monde de 51 Etats Souverains membres des Nations Unies en 1945 à 193
aujourd'hui mais surtout, circonstance très aggravante, c'est que cette
décolonisation a été complètement ratée et que l'échec de la décolonisation
pèse énormément sur les RI.
Elle a été ratée parce que la
décolonisation a conduit à copier le modèle étatique occidental dans les pays
qui accédaient à l'indépendance, alors que ce modèle n'était pas forcément
adapté, ce qui a provoqué une prolifération de failed States, et ces collapsed
States ont eu un effet effroyable sur les RI.
Deuxièmement parce que la
décolonisation aurait dû conduire à un enrichissement et en tous les cas à une
modification substantielle du multilatéralisme en créant de nouvelles
institutions capables de prendre en charge les défis nouveaux issus de la
décolonisation. Or, à part la création de la CNUCED
en 1964 et du PNUD en 1965, il y a eu très peu d'innovations sur le plan de la
gouvernance mondiale. Donc la gouvernance mondiale reste dominée par ce que
j'appelais tout à l'heure le club, c'est à dire les puissances du Nord et ceci
est très dysfonctionnel dans la gestion des crises contemporaines. Puis enfin
parce que les anciennes puissances coloniales sont amenées à trouver des formes
nouvelles de domination qui ont en quelques sorte compliqué le jeu
international. Donc effectivement la décolonisation c'est l'ordinaire des
crises que rencontre le système international aujourd'hui.
Question finale : quel autre souci vous inquiète dans les RI
contemporaines ?
J'ai trouvé que votre questionnement
était très pertinent parce qu'il permettait de toucher aux thèmes que je tiens
pour essentiels. Maintenant, si vous voulez, le grand problème qui moi
m'inquiète c'est le formidable décalage qu'il y a entre les analystes et les
acteurs. Je ne dis pas que les analystes ont tout compris, loin de là, mais je
crois que les analystes sont très conscients de ces transformations. Si vous
prenez les grands auteurs comme James Rosenau, Ned Lebow, comme Robert Keohane,
juste quelques-uns il y en aurait beaucoup d'autres, ils ont tous apporté une
pierre à la reconstruction de l'édifice des RI.
Moi ce qui me frappe, c'est l'autisme
des acteurs politiques, c'est à dire ils se croient encore à l'époque du
Congrès de Vienne et ça c'est source de tension absolument extraordinaire. Donc
tant que ce parfum de changement n'aura pas touché les acteurs politiques,
peut-être que Barack Obama était le premier à commencer à entrer dans ce jeu et
puis la parenthèse s'est refermée, tant donc qu'il n'y aura pas ce mouvement
vers la découverte d'un nouveau monde, peut-être aussi en intégrant dans notre
réflexion sur l'international des partenaires comme la Chine, ce n'est quand
même pas normal que cette Chine si puissante n'ait d'autre choix finalement que
de se rallier au paradigme et au modèle d'action propre à la diplomatie
occidentale, tant qu'on n'aura pas fait cet effort là et bien on sera encore
dans la négation de l'humain, et c'est ça le problème essentiel aujourd'hui,
c'est que nous n'arrivons pas à comprendre qu'au bout de tout ça il y a une
seule unité qui est l'être humain.
J'ai eu la chance de visiter 105 pays
et partout j'ai rencontré les mêmes hommes et les mêmes femmes, avec leurs
souffrances, avec leurs bonheurs, leurs malheurs, leurs joies, leurs peines,
leurs besoins qui étaient partout absolument identiques. Tant qu'on n'aura pas
compris cela, et bien je crois que l'on vivra dans un monde qui est en
contradiction totale avec ce qu'il est vraiment et essentiellement. On vivra dans
un monde d'artifice et donc dans un monde de violence.
Lire plus
· Lire Badie's Printemps Arabe : un commencement (SER
Études 2011) ici
(pdf)
· Lire Badie's Pour une sociologie historique de la
négotiation (préface de Négociations
internationales) ici
(pdf)
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Blog: Rechtspopulismus
Dieser Beitrag stellt einige Erkenntnisse meiner Seminararbeit über den Wandel des französischen Parteiensystems vor. Über Jahrzehnte hinweg war das Parteiensystem der V. französischen Republik von einer starken bipolaren Rechts-Links-Logik geprägt. Das politische Spektrum ließ sich dabei in vier grobe Gruppierungen unterteilen: Linkssozialisten und Kommunisten (Linksfront), Sozialisten und Linksliberale (Parti socialiste), dann die gemäßigte Rechte um die rechtsliberalen und konservativen UDI und Les Républicains und schließlich der rechtspopulistische Rassemblement National (früher: Front National).Infolge des Mehrheitswahlrechts dominierten die zwei gemäßigten Großparteien des linken und rechten Lagers (PS und LR) die Institutionen. Kleinere Parteien konnten sich durch Bündnisse mit ihnen an der Macht beteiligen. Das Zentrum um die Partei MoDem spielte eine eher untergeordnete Rolle (vgl. Höhne 2015: 41; Kimmel 2017: 328; Ruß-Sattar & Jakob 2018: 5).Diese Grundstruktur in einem "semipräsidentiellen System", in dem das Staatsoberhaupt die Richtlinien der Politik bestimmt, sorgte nach relativer Instabilität in der IV. Republik für stabile Mehrheiten und regelmäßige Machtwechsel zwischen den beiden politischen Lagern. Ferner konnten durch das Wahlsystem extreme Kräfte erfolgreich in Schach gehalten werden. So sorgte auch das Erreichen der Stichwahl von Jean-Marie Le Pen (FN) im Jahr 2002 nicht dafür, dass die bipolare Struktur aufgebrochen wurde, da bei der nachfolgenden Parlamentswahl kein Kandidat der Rechtsextremen in die Nationalversammlung einzog. Man spricht hier auch von einer "republikanischen Front", die den Einfluss rechtsextremer Kräfte einhegt (vgl. Kimmel 2017: 329-33).Das Erdbeben 2017Wahlergebnisse nach https://de.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A4sidentschaftswahl_in_Frankreich_2017Diese Bipolarität wurde mit der Wahl Macrons im Jahre 2017 aufgebrochen, was einem politischen Erdbeben gleichkam (vgl. Martin 2017). Obwohl schon vorher andere Parteien versucht hatten, das politische Zentrum zu besetzen und mit der Rechts-Links-Logik zu brechen, war die Situation im Jahr 2017 nach Evans & Ivaldi (2018: 20) aus drei Gründen besonders günstig:Eine starke, radikale Wählerschaft (sowohl die linksextreme Partei LFi als auch der rechtspopulistische FN schnitten rekordverdächtig gut ab,eine glaubwürdige zentristische Alternative unter Macron, der auch davon profitierte, dass das politische Zentrum überhaupt erst frei wurde ("Da mit Fillon ein Vertreter der ausgesprochen konservativen Orientierung der Republikaner und mit Hamon ein Exponent des linken Flügels der sozialistischen Partei kandidierten, wurde die politische Mitte für Macrons Kandidatur frei", Kimmel 2017: 340),eine erhöhte Fragmentierung des Parteiensystems.Dem sind weitere Gründe hinzuzufügen:Ein mehr und mehr salonfähig gewordener Front National, der unter Marine Le Pen seit 2011 erfolgreich "entdämonisiert" wird,eine bemerkenswerte Unzufriedenheit mit den Kandidaten der "Regierungsparteien" (innerhalb der PS war man mit dem Kandidaten Hamon gar so unzufrieden, dass einige Wahlwerbung für Macron machten (vgl. Martin 2017: 251),ein immer stärker werdender Konflikt rund um das Thema Globalisierung, auf den ich nun etwas näher eingehen möchte.Dieser Konflikt wurde nämlich von den erfolgreichsten Parteien (LREM, RN, LFi) am deutlichsten integriert, während die "Regierungsparteien" sich hierzu gespalten zeigten. Während Macron die "Gewinner" der Globalisierung für sich gewinnen konnte, ein klares Ja zur europäischen Integration hat, kulturliberale Werte vertritt und sich durch eine liberale Wirtschaftspolitik auszeichnet (vgl. Algan et al. 2018: 2ff; Holzer 2018: 121; Kallinich 2020: 23f), attackieren Mélenchon (LFi) und Le Pen (RN) den gegenwärtigen Kurs von linker bzw. rechter Seite.Dies lässt sich an Le Pens hartem Kurs beim Thema Migration, ihrer Ablehnung des Multikulturalismus, einem starken EU-Skeptizismus bis hin zum lange Jahre angestrebten 'Frexit', einem großen Misstrauen ihrer Wähler gegenüber dem politischen System (vgl. Algan et al. 2018: 19.32; Durovic 2019: 1491f) und dem geforderten Wirtschaftsprotektionismus zeigen.Mélenchons Partei zeichnet sich durch ihren Euroskeptizismus, ihre globalisierungskritische Einstellung und das ebenfalls relativ starke Misstrauen ihrer Wähler gegenüber dem politischen System (vgl. Algan et al. 2018: 32) aus, gründet aber nicht in einer generellen Ablehnung der Globalisierung, sondern in ihrer neoliberalen Ausprägung (vgl. Martin 2017: 261-63).Weiter lässt sich festhalten, dass sich diese Konfliktlinie mitten durch die Mitte-Rechts- und Mitte-Links-Parteien zieht (vgl. Grillmayer 2017: 211). Auf linker und rechter Seite lassen sich jeweils Befürworter und Ablehner der Globalisierung in ihrer gegenwärtigen Ausprägung ausmachen. Die klassischen Volksparteien weisen bei diesem Konflikt also Elemente beider Pole auf.Dies lässt folgende Schlussfolgerung zu: Die neue Konfliktlinie rund um die Globalisierung (Offenheit vs. Geschlossenheit) verläuft entgegen der Rechts-Links-Logik und trennt nicht das linke vom rechten Lager, sondern die Mitte von den Extremen (vgl. Pütz 2017: 206-08). Auf Seite der Rechtspopulisten liegt die Vermutung nahe, dass die Probleme der Globalisierung durch den Rückzug ins Nationale gelöst werden sollen, auf Seite der Linksextremen hingegen durch eine Demokratisierung und Neuordnung der Institutionen jenseits einer neoliberalen Grundordnung (vgl. Martin 2017: 257-63). Die folgende Grafik (eigene Darstellung) macht diese Entwicklung deutlich:Die Präsidentschaftwahl 2022 konnte diese Entwicklung eindrucksvoll bestätigen: Wahlergebnisse nach: https://de.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%A4sidentschaftswahl_in_Frankreich_2022 RN und LFi konnten ihre Ergebnisse sogar weiter verbessern, während die traditionellen Regierungsparteien in der Bedeutungslosigkeit versunken sind. Die große Frage, die sich damit für die Präsidentschaftswahl 2027 stellt, lautet: Was wird passieren, wenn mit Macron die einzige Alternative des politischen Zentrums wegfällt, da er dann bereits zwei Legislaturperioden im Amt war? Eine rechtspopulistische Regierung unter Marine Le Pen scheint realistischer denn je - die republikanische Front in Frankreich wackelt erheblich. Die Folgen für Deutschland und die EU wären gravierend...LiteraturAlgan et al. (2018): The rise of populism and the collapse of the left-right paradigm: Lessons from the 2017 French presidential election. In: Cepremap Working Papers (Docweb) 1805.Durovic, Anja (2019): The French elections of 2017: shaking the disease? In: West European Politics. Volume 42,7. S. 1487-1503.Evans, Jocelyn & Ivaldi, Gilles (2018): The 2017 French Presidential Elections.: A Political Reformation?. Palgrave; Springer International Publishing, 2018, 978-3-319-68326-3.10.1007/978-3-319-68327-0.halshs-01697559.Grillmayer, Dominik (2017): Das Wahljahr 2017. In: Bürger & Staat. Frankreich. Heft 4-2017, 67. Jahrgang. Landeszentrale für politische Bildung Baden-Württemberg. Ulm:Süddeutsche Verlagsgesellschaft. S. 210-15.Holzer, Birgit (2018): Understanding the Macron Phenomenon - The Causes and Consequences of an Unprecedented Political Rise. In: Echle, Christian et al. (Hg.): Panorama. Insights into Asian and European Affairs. Singapore: Konrad-Adenauer- Stiftung. S. 113-22.Höhne, Roland (2015): Parteiensystem im Umbruch. In: Rill, Richard (Hg.): Frankreich im Umbruch. Argumente und Materialien zum Zeitgeschehen, 100. München: Hanns Seidel Stiftung; Akademie für Politik und Zeitgeschehen. S. 41-48.Kallinich, Daniela (2020): Zwischen Polarisierung und Moderation. Frankreichs Präsident Macon und sein Dritter Weg auf dem Prüfstand. Brüssel: Friedrich-Naumann-Stiftung.Kimmel, Adolf (2017): Die französischen Wahlen 2017 und die Entwicklung desParteiensystems. In: Zeitschrift für Politik. Vol. 64, No. 3. Baden-Baden: NomosVerlag. S. 328-49.Martin, Pierre (2017): Un séisme politique. L'élection présidentielle de 2017. Commentaire 158: 249–264.Pütz, Christine (2017): Frankreichs Parteiensystem im Wandel. In: Bürger & Staat. Frankreich. Heft 4-2017, 67. Jahrgang. Landeszentrale für politische Bildung Baden-Württemberg. Ulm: Süddeutsche Verlagsgesellschaft. S. 204-09.Ruß-Sattar, S., & Jakob, S. (2018): Unruhe im System: seit Macrons Wahl wandelt sich die französische Parteienlandschaft. (DGAP-Analyse, 2). Berlin: Forschungsinstitut der Deutschen Gesellschaft für Auswärtige Politik e.V.. Online verfügbar unter: https://nbn-resolving.org/urn:nbn:de:0168-ssoar-58156-7. Abgerufen am: 24.02.22.
Blog: Unemployed Negativity
In the last year or so there have been two books published on Althusser and Spinoza. Juan Domingo Sánchez Estop's Althusser et Spinoza: Detours et Retours and now Jean Matthys Althusser lecteur de Spinoza: Genèse et enjeux d'une éthico-politique de la théorie. This is perhaps not surprising, after all Althusser confessed to being a Spinozist famously in 1972, but I would argue that there are still some surprises to be found in terms of this combination. First, and most fundamentally, it is surprising to see two full length studies on Althusser and Spinoza since as much as the name and concepts of Spinoza played fundamental or pivotal roles in Althusser's thought, underlying his own concepts of structural, or immanent, causality, symptomatic reading, and ideology, Althusser wrote very little on Spinoza. I have often thought that the Althusser Spinoza connection exists more in its effects, in what it made possible in the writing of Macherey and Balibar, to name just two proximate effects, rather than in Althusser's thought. Estop and Matthys both contest such an interpretation, arguing for a Spinozism that is more immanent and more consistent in Althusser's works than the few times he is mentioned by name. That is not the only surprise. As I mentioned in my review of Estop's book, it is perhaps surprising that Althusser once stated in an interview that "the Tractatus Theologico-Politicus is the Capital of Spinoza, because Spinoza is preoccupied above all with history and politics." One would think that Althusser, who drew from the Ethics in terms of his theory of ideology and immanent causality, would focus more on the Ethics and Capital, two works that are systematic and complete. However, Althusser's invocation of the TTP suggests that it is less Spinoza's system than his particular intervention in a specific conjuncture that matters. To this point Matthys adds another somewhat surprising, even paradoxical consideration, that Spinoza is less a foundation of Althusser's thought than the critical destruction of any such foundation. As Matthys writes, "With respect to Althusser the principle political virtue of spinozism is found paradoxically in its radical critique of any foundation, of any purity of knowledge, and of any originary and transcendental position which supposed to guarantee political action in its course, its end and means, and to reassure its subjects of a form of self-identity in action, supported by an instance of definitive and overwhelming truth. The paradox is doubled in that, if is precisely in not founding, in not delimiting a priori a philosophical guarantee of a true politics that spinozism can produce its properly political effects, it only seems to be able to free political practice from its imaginary guarantees by investing in the most literally "dogmatic" position in the kampflatz which is the fortress of metaphysics."For Althusser Spinoza is a question of theory of its conditions and limits. Matthys argues that this not only makes it possible to read a trajectory through Althusser's thought in which the question of theoretical practice is central, but it also distinguishes Althusser from the two primary orientations to Spinoza today, a rationalist and structuralist orientation in Lordon and a vitalist and ontological orientation that can be found in Deleuze and Negri. Althusser (and to some extent Macherey and Balibar) would represent a third orientation. It might be easy to call this orientation epistemological, since it would seem to be primarily concerned with knowledge, and the division between ideology and science, but I think that misses the way in which the question of knowledge is thoroughly implicated with that of practice in the works of Althusser. Matthys uses the phrase the "ethico-political of theory" to express this third orientation. With respect to the former, the trajectory of Althusser's thought, the formulation "without origin or end" is familiar to any reader of Althusser, and he made this idea central to his understanding of not only Marx's idea of history, as a process without origin or end, but his understanding of philosophy. Origin and end remained for Althusser fundamentally theological questions taken up by philosophy, but fundamentally alien to it. As Althusser writes in Philosophy for Nonphilosophers, "Philosophy inherited this question of questions, the question of the Origin of the World, which is the question of the World, humanity and God." This is a latter text, written in the late sixties and early seventies, but published posthumously. Matthys demonstrates that the question of the origin can be found at the origin of Althusser's thought, from his early text on Hegel onward. Althusser is not so much searching for an origin, a foundation, in the sense of an archimedean point, but trying to think without origin and guarantee. Spinoza in some sense resolves the question of origin by splitting it into two. We begin at once with imagination, with our immediate knowledge, which is necessarily distorted and inadequate. This immediate knowledge is necessary ideological. However, as Matthys argues, the illusions of ideology are also allusions, they always allude to the very social conditions that they conceal and efface, which is to say that there is the condition of knowledge in our misrecognition. Or as Spinoza puts it, habemus enim ideam veram, we have a true idea. For Althusser this true idea is tied to practice, which is to say that truth must be produced from ideological conditions. We are always at once in our imaginary and ideological apprehension of the world and in our practical engagement with it. The question of knowledge is how to turn the latter against the former, to locate the orientation of a practical dimension in ideology. As Spinoza describes such a production in the Treatise on the Emendation of the Intellect, "But just as men, in the beginning, were able to make the easiest things with the tools they were born with (however laboriously and imperfectly), and once these had been made, made other, more difficult things with less labor and more perfectly, and so, proceeding gradually from the simplest works to tools, and from tools to other works and tools, reached the point where they accomplished so many and so difficult things with little labor, in the same way the intellect, by its inborn power, makes intellectual tools for itself, by which it acquires other powers ... until it reaches the pinnacle of wisdom." (This is a passage that is essential to Macherey's reading, I also write about it here)This probably won't be the cover but speaking of Spinozaand tools, Spinoza and Marx. I thought I would throw in a plug for my forthcoming book. As Matthys argues this idea of knowledge as a kind of production is what connects Marx and Spinoza. As Matthys writes, "That to read, to know, is always to produce: this is the first lesson that Althusser retains from Spinoza, projecting it to Marx and applying it to his own reading of Marx." Althusser's "symptomatic reading" is situated in between the theory of reading put forward by Spinoza in the Tractatus Theologico-Politicus and Marx's practice of reading political economy. Matthys juxtaposes this practice of producing knowledge, a practice that always begins with its specific and determined position, with ideology that begins with the subject. Reading, the production of knowledge, what Althusser calls science, is infinitely productive, capable of new knowledge because it begins from its finite position; in contrast to this ideology is infinitely repetitive and limited because it believes that it can immediately grasp everything. Two things are most striking about Matthys book. First, even though it is exhaustive in its survey of Althusser's writing, begin with the thesis on Hegel from 1947, it is unapologetically a book about what could be considered "peak" Althusser, the period between 1965-1972 when the concepts of symptomatic reading, structural causality, theoretical practice, and ideological interpellation where developed. This is the period in which Althusser is most influenced by Spinoza, thinking through in his own way, the Spinoza/Marx conjunction. This is also the period that came under the most criticism, as ahistorical, functionalist, determinist, etc., or, in terms of Althusser's own self-criticism, as theoreticist. Theoreticism as Althusser defined is reducing all of the demarcations between Marxism and political economy, as well as between Marx and the young Marx to a distinction between "truth and error," overlooking the social, historical, and political dimensions of Marx's transformation. This brings us to the second aspect of Matthys book, Matthys argues that what Althusser dismissed as too rational and theoretical has, at its core, a hidden ethico-political dimension. This is perhaps surprising. What does the critic of humanism have to say about ethics, that human, all too human of disciplines. Althusser's interest in Spinoza never seemed to touch on the title of his most important book. As André Tosel argued in his Du Matérialisme de Spinoza, "the Althusser of Spinoza has lost all ethico-political dimensions." It is hard to see immediately what the ethical dimension to Althusser's theoretical interventions are, and it is hard not to agree with Tosel. Tosel proves to be quite important to the final section of the book, however, not in terms of his criticism but in terms of important points of overlap between Althusser and Tosel. (Matthys is also the also the author of a great series of essays on Tosel). In some sense it is Tosel who provides the concepts to make sense of the ethical dimension of Althusser's theoretical interventions. As I have argued, here, and elsewhere, Tosel argues for a "finite communism," that is in sharp contrast to capital's dreams of endless accumulation as well as Marxist ideas of a thoroughly rational mastery of the productive forces. Matthys argues that Althusser can be understood as a thinker of finitude. That the very idea of theoretical practice was to think the limited efficacy of theory as practice, to situate it within other practices. As Matthys writes, "Practice in the Althusserian sense would be from this point of view analogous to the Spinozist mode, in the sense that it cannot be conceived by itself, but it can only exist, produce effect and be known in that it is articulated differently with different instances of the field." Finitude is understood here not as some particular relation to death, an all too human definition, but to be finite is to exist in and through relations with other finite things. Similarly, Althusser's famous statement about the lonely hour of the last instance is a statement about the finitude of Marxism as a theory. It will always be necessary to think the causality of the structure through its effects, to recognize the overdetermination of any essence or any essential contradiction. As Matthys writes,"Thinker of the limit, certainly, but if one prefers: a thinker of finitude. Because if Althusser tries to think the limit between marxism and its outside, between science and ideology, between materialism and idealism, it means that this line of demarcation necessarily through the heart of Marxism itself." Althusser's demarcations are not divisions accomplished once and for all, as in the epistemic break, but are produced again and again, and that finitude, that incomplete status, is precisely what makes them productive, creating new knowledge. I feel like I could go on and on about this book, but blogposts are definitely finite and limited in what they can do, so it seems necessary to conclude. The merits of Matthys book are multiple. To begin with the last, Matthys puts two of the most important Marxist philosophers of the second half of the twentieth century, Althusser and Tosel, in dialogue, using one to expand the insights of the other. Second, it is a thorough study of the "Spinoza effect" in Althusser's thought, how much Althusser was transformed by his engagement with Spinoza. Spinoza cannot be reduced to the few citations in Lire le Capital and Elements of Self-Criticism, but is immanent in its effects throughout Althusser. Matthys, like Estop referred to above, as well as Morfino, Montag, Sharp, Stolze, etc. recognizes that Althusser is as much a Spinozist as a Marxist. Thus, all of Althusser's deviations of the sixties, deviations labelled "theoreticism," "structuralism," "functionalism," have to be understood as not just fidelity to Marx and Spinoza, but ultimately as conditions for new theoretical production.