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Michel GRABAR, Vjačeslav Ivanov et Vladimir Solov'ev.
Philosophe et poète, Vladimir Solov'ev a eu une influence déterminante sur la constitution de la « nouvelle conscience religieuse », à l'Âge d'Argent. Vjačeslav Ivanov, faisant œuvre ici d'historien de la culture russe, analyse dans un texte datant de 1911 ce rôle joué par Solov'ev. Le philosophe russe a, nous dit Ivanov, donné forme au nouveau sentiment religieux, encore amorphe, qu'un Dostoevskij ou un Tolstoj a mis en scène dans ses romans. Il a porté la foi russe, exclusive et nationale, à un degré d'universalité inconnu jusqu'à lui. Il a permis, la divino-humanité sunnontant le surhomme, de sortir de l'aporie de l'individualisme décadent. Mais par delà ce rôle grandiose joué par Solov'ev dans l'histoire intellectuelle de l'Âge d'Argent, un lien intime s'est noué entre l'œuvre de Solov'ev et le destin poétique et spirituel de Vjačeslav Ivanov : éclairer ce rapport subtil permettra peut-être de mieux comprendre la logique profonde de l'œuvre ivanovienne.

Simon Markish, Viacheslav Ivanov and the Jews.
The present article examines the attitude of Viacheslav Ivanov toward the Jewish people, and most particularly toward Russian Jews. (The opinion of Ivanov concerning the Judaism in its religious aspect and as a specific concept of the world is only slightly touched upon from a general point of view.) The author endeavors to appraise the position taken up by Ivanov on the nature of the problem itself within the context of philosemitism of the Silver Age in Russia.

Leonid HELLER, Viacheslav Ivanov s synthetism.
From the 1880 's on, the evolution of modernism is punctuated with various synthetic schemes, such as a "great synthesis of science, art and religion", a synthesis of art and being, a "synthetic art", and finally "synthetic" devices in art. Viacheslav Ivanov occupies one of the foremost places among those who, in Russia, supplied these ideas with a real critical and philosophic consistency, and also among those who pioneered the road towards the "great synthesis". This article briefly examines Ivanov's « synthetism » as an element of his theoretical discourse, on the background of his time. It follows the progression of the notion of "synthesis" : science, mysticism and art, elements of the great synthesis, manifest themselves through particular tendencies and motives — energetism, esoterism, synthetism — and it stresses their influence on Ivanov's thought. It also endeavors to show the close connection of these motives in the cultural conscience of the Silver Age and of its successors, that is to say the point up to which they constitute themselves into the cultural paradigm of modernism.

Georges Nivat, Prospero et Ariel. Esquisse des rapports ď Andrej Belyj et Vjačeslav Ivanov.
L'article tente d'établir la chronique et un bilan des rapports entre deux poètes du symbolisme russe : Vjačeslav Ivanov et Andrej Belyj. En s 'appuyant sur les mémoires et articles, ainsi que sur la correspondance, conservée à la Bibliothèque Lénine et, à ce jour, inédite, l'auteur retrace l'histoire d'une amitié traversée de polémiques très vives (1907-1908), d'incompréhensions graves (comme en témoigne le texte virulent de Belyj, Sirin učenogo varvarstva / La sirène de la barbarie savante, 1918), mais aussi de périodes d'intense fraternité. La correspondance inédite, largement citée, permet d'éclairer de façon nouvelle la réconciliation de 1909, l'intérêt ambigu que porta Ivanov à 1 'anthroposophie (1912), et quelques autres points. Empruntant à Brjusov une de ses formules, l'auteur suggère qu' Ivanov a joué le rôle de Prospero, Belyj celui d'Ariel.

Andrej SHISHKIN, Le banquet platonicien etsoufi à la « Tour» pétersbourgeoise : Berdjaev et Vjačeslav Ivanov.
La « Tour » de Vjačeslav Ivanov à Saint-Pétersbourg a été le centre organisateur de ce que Hodasevič a appelé la « création collective » du symbolisme russe. À partir de 1905 s'y donnaient rendez-vous poètes, philosophes, peintres. Les maîtres de jeu et les participants de ces réunions les appelaient « banquets », le « symposion » platonicien était leur modèle.
À l'aide des mémoires et de la correspondance personnelle de l'époque, l'auteur reconstruit et analyse la succession des événements et les grands thèmes débattus à la «Tour» ; il communique des documents d'archivé inédits de Vjačeslav Ivanov, L. Zinov'eva-Annibal, N. Berdjaev, E. Aničkov, M. Kuzmin, P. Florenskij.
Le choix des grands thèmes — Éros, amour, mort, nouvelle naissance — , l'idée du dialogue éclairé par la réflexion philosophique et religieuse, et la manière de les aborder étaient dictés par les besoins de l'époque et la volonté de rester fidèle au modèle du symposion. L'essai s'applique à montrer comment les thèmes et les formes du symposion se reflètent dans l'œuvre écrite des participants aux réunions de la « Tour », chez Vjačeslav Ivanov lui-même, chez L. Zinov'eva-Annibal, N. Berdjaev et M. VoloSin.

Eridano Bazzarelli, Blok et Ivanov. Quelques réflexions.
La question des relations de Blok et ď Ivanov a été peu étudiée jusqu'à ce jour. A travers les écrits (lettres, journaux intimes et poèmes) des deux écrivains, l'auteur fait entrevoir la complexité de leurs relations : mélange d'attirance et de rejet (de la part de Blok), mais admiration, amour et attirance sans restrictions (de la part ď Ivanov). C'est surtout à travers 1' "épître" de Blok à Vjačeslav Ivanov et les deux poèmes que ce dernier a dédiés à Blok pour l'exhorter à revenir à sa quête de l'Absolu que l'ambiguïté de leurs relations sera mise en lumière.

Konstantin LAPPO-DANILEVSKIJ, Vjačeslav Ivanov et Aleksej Kručenyh dans un débat sur Nietzsche et Dostoevskij.
Sur la base de documents inédits, l'article décrit un épisode peu connu de la vie culturelle à Bakou après la révolution. Il s'agit d'un débat qui eut lieu à une séance de la chaire de littératures étrangères à l'Université de Bakou, le 9 mai 1921. L'argumentation de Vjačeslav Ivanov présente un intérêt particulier car elle contient une analyse des concepts clés de la philosophie de Dostoevskij. En annexe, sont publiés plusieurs documents d'archives, parmi lesquels un impromptu en vers d'A. Kručenyh adressé à Vjačeslav Ivanov.

Dimitri SEGAL, Vjačeslav Ivanov et la famille Šor (Chor).
Au cours des années 1920-1930, Vjačeslav Ivanov a eu des contacts intensifs avec le jeune philosophe émigré Evsej (Yehoshua) Šor à Tel Aviv. Ces relations étaient principalement consacrées aux activités d'E. Šor en sa qualité de traducteur ď Ivanov en allemand. Nous publions ici une sélection de lettres d'Ivanov et de Šor, centrées pour la plupart autour de la tentative de Šor de reconstituer la conception du monde d'Ivanov.