Dissonances identitaires
In: Politique et sociétés, Band 33, Heft 1, S. 61-75
ISSN: 1703-8480
En prenant appui sur les théories de l'intersectionnalité et postcoloniales, cet article se propose d'explorer les nouvelles grammaires de l'injustice sociale lorsqu'on prend au sérieux le caractère coextensif du capitalisme, du sexisme et du racisme conçus comme systèmes sociaux globaux et de dégager la signification des luttes sociales qui se développent contre ces injustices. Dans la première partie, en prenant appui sur les analyses de Young concernant les diverses facettes de l'injustice et sur celles de Renault qui propose une problématisation théorique de l'injustice, il est fait mention des procédés de domination/assujettissement qui confortent ces injustices. La deuxième partie s'appuie sur la notion de subjectivation politique développée par Rancière pour soutenir que les mouvements de luttes contre l'injustice ne peuvent se réduire à des mouvements identitaires, même s'ils sont susceptibles de recourir à ce que Spivak qualifie « d'essentialisme stratégique », et relèvent plutôt d'une volonté de rendre le monde véritablement commun. C'est d'ailleurs ce qui explique le recours au langage des droits pour construire ce monde commun en tentant d'échapper aux logiques de la domination.