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L'absent a toujours tort. A fortiori s'il rate la révolution qui chante dans son pays, quitté pour le Nouveau Monde. Abdallah Benadouda tente, avec un brin de mauvaise foi, de faire mentir l'adage en livrant une ode à son pays et à son peuple et rétablit ainsi la voix de l'absent qui n'en croit pas ses yeux face au surgissement du monde nouveau.

En décembre 1918, Paul d'Estournelles de Constant organise une fête franco-américaine au Mans afin de faire valoir le rôle des Américains dans la victoire et dans le règlement de la paix à venir. Ami de Joseph Caillaux, emprisonné depuis janvier 1918 comme suspect du crime de haute-trahison, il entend également rappeler la présence d'une autre vision de la paix que celle du gouvernement Clemenceau.

Dans cet article, l'auteur propose un ensemble d'indicateurs portant sur l'évolution des médias durant ces trois dernières décennies en Algérie. Il s'agit pour lui de mettre en relation des jeux d'acteurs qui expriment et dessinent l'évolution du système médiatique algérien dans la moyenne durée. Il souligne le fait que l'histoire des modalités d'appropriation et d'usages des médias dans le monde nous apprend que souvent les pouvoirs les plus autoritaires sur les sociétés voient dans les innovations technologiques de redoutables déstabilisateurs du statu quo ante qu'ils ont vainement tenté d'édifier. Cependant, selon l'auteur, l'équation est plus complexe. L'Algérie est aujourd'hui dotée d'un espace médiatique « national » à double façade : D'un côté, des radios et télés étatiques, encore très peu libérées quant à leur regard sur les réalités nationales, transgressent violemment les principes universels de service public. De l'autre, un nombre pléthorique de journaux et de télés de droit privé, en majorité domestiqués, et un champ immense de possibles ouvert par des activités nouvelles via Internet. Les promesses de liberté de l'information que ces nouvelles activités peuvent porter en elles demeurent assujetties au grand dam des professionnels qui ont à cœur le développement des métiers du journalisme indépendamment du business prédateur des nouvelles formes de communication/marchandisation.

Comme celui du 11 décembre 1960, le soulèvement du peuple algérien le 22 février 2019 a surpris tout le monde. Ce mouvement concerne toute la nation, se caractérise par la non-violence et est porté par la jeunesse.

Le mouvement populaire (Hirak) déclenché en Algérie le 22 février 2019 a brisé le mur de la peur disent les observateurs. Il a libéré l'expression auprès de plusieurs corporations professionnelles. Celle des journalistes de la presse publique en est une. La politique gouvernementale de l'Algérie d'avant 1990 avait empêché les journalistes d'assurer leur fonction critique vis-à-vis des actions menées par les autorités publiques. Autocensure, peur des représailles, couverture des événements de routine comme guillotine de la créativité journalistique et interférence des responsables dans le façonnage de l'information diffusée, ce sont là les quelques mécanismes mis en œuvre au sein de la sphère interne de la Radio algérienne qui limitent la liberté d'expression des journalistes. Cette privation a été l'un des facteurs qui ont empêché la formation d'une conscience sociopolitique et d'une dynamique sociale à même d'accompagner le développement du pays. Nous y voyons, en partie, les raisons des sit-in tenus par les journalistes de la Radio après le déclenchement du « Hirak » du 22 février 2019 pour la levée de l'omerta imposée sur le traitement médiatique de l'actualité. L'enquête de terrain menée auprès d'eux contribue à éclairer le problème des entraves à la liberté d'expression des journalistes au sein de la Radio algérienne .

Mustapha Benfodil est écrivain, poète, dramaturge et journaliste au quotidien algérien El Watan . Il est notamment l'auteur de la pièce Fièvres , écrite lors d'une résidence de création à La Chartreuse (Centre national des écritures du spectacle) à Villeneuve-Lès-Avignon, du 23 septembre au 4 octobre 2019, et dont les premières représentations ont eu lieu les 21 et 22 février 2020 au Kaaitheater, à Bruxelles, dans le cadre du festival Moussem Cities / Algiers. Il nous en présente ici quelques extraits.

Lorsque Charles VII vint à mourir le 22 juillet 1461, ce fut un deuil universel. L'expression de la douleur de la perte se laisse mal appréhender dans un monde d'émotions codifiées et normées, filtrées qui plus est par des sources enclines à la stylisation et au stéréotype, mais il est possible de mobiliser une documentation variée, produite sur le moment ou par la suite, pour saisir les manifestations de la peine éprouvée et comprendre comment les cœurs brisés des gouvernés renferment des sentiments authentiquement politiques.

Peut-on être à la fois un jeune homme riche, nommé sous-préfet de Dinan à 22 ans grâce aux relations de son père et un « homme du peuple » adoré par une population d'ouvriers ? Le cas d'Eugène Janvier, en 1847-1848, semble le prouver puisqu'une pétition rassemblant la signature de 10 % des habitants de cette ville réclame et obtient le maintien de ce fonctionnaire de la monarchie de Juillet sous la seconde République. Cet article cherche à comprendre les raisons de cette popularité paradoxale, entre idéologie, clientélisme et réelle proximité.

L'unification des deux parties du Yémen, proclamée le 22 mai 1990, a été favorisée par la conjoncture politique internationale, notamment la fin de la guerre froide. Cette réunification, longuement attendue par le peuple yéménite, a alors été perçue comme un processus de construction tourné vers l'avenir et un vecteur de paix. Trente ans plus tard, le pays plonge dans une guerre civile – qui n'est pas la première au cours des dernières décennies – dans laquelle s'impliquent des acteurs régionaux. La crise actuelle est d'une ampleur telle que la cohésion sociale et l'intégrité du pays sont désormais remises en cause et l'unité du pays ne rencontre aujourd'hui plus le consensus populaire.

« Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. » ( Jean-Jacques Rousseau , Du contrat social, I, 3 ) « On se soumet à l'autorité et au pouvoir d'autrui pour plus d'un motif : on est conduits par la bienveillance qu'on nous témoigne, par l'importance des bienfaits reçus, par la supériorité en valeur, par l'espoir d'un profit à en tirer, par la crainte d'être portés à l'obéissance, par l'attente d'un don généreux, par les promesses qu'on nous fait, ou enfin, comme il arrive souvent dans notre république, par vénalité. » ( Cicéron , Traité des devoirs, II, VI, paragraphe 22 )

Né le 22 février 2019, le Hirak (mouvement populaire), qui s'est développé en dehors des partis et du monde syndical, s'est arrêté le 13 mars 2020 à l'appel de ses principaux acteurs et figures en raison de la pandémie du coronavirus. Retour sur une année d'un mouvement populaire qui a fait vaciller le régime, provoqué la chute d'Abdelaziz Bouteflika et de son entourage et l'annulation des scrutins présidentiels des 18 avril et 4 juillet 2019, mais qui n'a pu empêcher, le 12 décembre, une élection présidentielle caractérisée par une faible participation (39,1 %). Et qui, malgré la pandémie et la répression qui s'est accentuée durant le confinement, va sans doute repartir, mais avec une dimension nettement sociale car la crise socioéconomique est bien là.