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Deux thèses de géographie humaine méditerranéenne ont été soutenues récemment, presque en même temps, celle de Renée Rochefort sur la Sicile, celle de Roger Livet sur la Basse-Provence. Milieux humains, à vrai dire fort différents, mais cadres naturels qui présentent bien des points communs, et types d'économie agricole, ancienne et moderne, qui s'apparentent. Or peu d'ouvrages sont aussi dissemblables dans leur conception, leur problématique, leurs méthodes. Leur confrontation semble illustrer un tournant dans l'histoire de la géographie.

L'Expression a été officialisée au lendemain de la guerre par M. Claudius Petit, lorsqu'il adjoignit à son ministère de la Reconstruction une direction de l'Aménagement du territoire. Notion nouvelle alors, apparue quelques années auparavant avec l'équipe que dirigeait Gabriel Dessus et qui parlait de « géographie volontaire ». Vingt ans après, que de progrès, tant dans le domaine des institutions que dans celui des principes d'action et des méthodes d'étude préalable ! L'attention croissante portée aux problèmes d'organisation de l'espace est un des aspects caractéristiques du progrès récent des sciences humaines. Voici six ans nous rendions compte ici même de quelques ouvrages qui répondaient à cette préoccupation. Depuis lors, à un rythme accéléré, les publications se sont multipliées. Les idées se sont affirmées aussi, à la faveur d'une convergence assez remarquable entre les disciplines : en plus des géographes et des urbanistes, pour lesquels la chose allait de soi, le point de vue spatial a été adopté par des économistes, des sociologues, et même des juristes. D'une abondante moisson récente, nous retiendrons quelques titres.

Les géographes n'ont pas fini de s'interroger sur l'objet et la portée de leur discipline. Pourquoi s'en affligerait-on si, ce faisant, ils restent décidés à ne pas élever de murailles entre elle et les disciplines voisines? C'est au moins l'indice qu'ils s'efforcent de ne pas cheminer en aveugles. Plusieurs prises de position récentes, françaises et allemandes, en apportent témoignage.Si certains Allemands, comme Troll ou Mortensen, estiment que la géographie est maintenant maîtresse de son objet et de ses méthodes, d'autres,. comme Obst, Schmitthenner ou Lautensach, engagent une discussion qui prouve que l'unanimité n'est pas plus faite là que chez nous. Les progrès même de la géographie régionale, la complexité croissante des relations mises en évidence par l'analyse géographique d'une contrée ont conduit certains géographes à se demander si la généralisation était encore possible et si l'on pouvait donner .un contenu véritablement scientifique à une géographie générale.

Vie pastorale dans les Alpes ? Cf. Val d'Anniviers... Il est rare que l'exemple ne soit pas cité, depuis l'article de Jean Brunhes en 1906. Exemple bien choisi d'ailleurs : au coeur du Valais, c'est sans doute le genre de vie alpin le plus parfaitement organisé, terriblement rude pour l'autochtone, captivant pour l'hôte de passage.Cadre : une petite vallée suspendue à 1000 mètres au-dessus de la hautevallée du Rhône, séparée d'elle par un gradin difficilement franchissable. Un petit monde à part, groupant en six communes quelque 2000 personnes.

Tout village a sa physionomie propre ; elle résulte du jeu combiné, dans le temps et dans l'espace, d'une quantité de facteurs — naturels, sociaux, économiques. Parmi ces facteurs peut-on ranger la religion, ou fait-elle partie d'un univers qui n'a rien à voir avec la géographie ?Problème souvent posé, et qui peut l'être de diverses manières. Nous n'avons pas l'intention d'étudier ici, à la manière de P. Deffontaines, l'empreinte directement laissée et entretenue par la religion dans le paysage, mais bien de l'envisager comme facteur de l'évolution interne de la collectivité villageoise. Vouloir isoler le facteur religieux est peut-être une gageure ; aussi bien ne chercherons-nous pas à opposer croyants et agnostiques : ce serait déjà hâter la solution du problème que de considérer les deux religions chrétiennes au sein d'une région restée très croyante, en s'efforçant de préciser en quoi un village protestant peut différer d'un village catholique.