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Le détatouage pourrait être compris comme un effacement : effacer son passé pourrait être le moyen de recommencer à zéro, de retrouver une peau d'origine et de donner un sens nouveau à sa peau. Si le sel a pu être utilisé sans succès, les nouvelles techniques font l'objet d'évaluation et d'évolution.Mais les techniques d'effacement sont si invasives et comportent de telles séquelles que le détatouage apparait bien comme un désengagement assumé et risqué : tant du point de vue de l'état de la peau détatouée, qui ne revient jamais à l'état de page blanche sur laquelle on pourrait réécrire immédiatement, que du point de vue physiologique qui voudrait renouveler l'âge de la peau.Nous démontrons qu'il n'y a pas un arrangement avec sa peau mais un « agenrement » à opérer pour redonner un style et un genre à un corps déconsidéré par ce qui serait maintenant un défaut à éliminer.

Osmose, Symbiose, Vertige et Extase sont des expériences qui font ressentir depuis le corps et en dehors de la maîtrise de soi et du contrôle d'action une émersion non représentationnelle, sinon irreprésentable, difficilement supportable par le sujet par la déraison même de l'intensité sensorielle de la transe immersive.

Porter sur soi des quantificateurs de l'activité ( quantified self ) de son corps vivant n'est pas seulement une nouvelle forme de biopolitique par la gestion de ses données par la marche des corps, mais la découverte des limites du biofeedback par la démesure de l'activité de son vivant. Connaître ses rythmes, motricités, dépenses énergétiques, taux sanguins entretient l'illusion du bio-contrôle sur soi alors qu'elle instaure une nouvelle connaissance de son vivant par la conscience de son corps vécu. Plus que la médecine prédictive d'un agrandissement du corps, cette médecine réflexive oblige le sujet à penser son auto-santé en délimitant son hybridation in vivo , ce qui dépend de lui de ce qui lui échappe. Cette médecine réflexive, que nous avons appelée l'auto-santé, entretient l'illusion d'une correspondance et d'une exactitude de mesure entre ce que produit le vivant en nous et ce dont notre vécu en aurait conscience. Pour contourner cet écart, la quantification de soi par la wearable technologie instaure un bio-contrôle fictif. De ce fait la transmutation biologique s'effectue en nous sans que nous puissions intégralement en disposer à volonté, nous confrontant à l'involontaire, à l'accident ou au déroulement de la logique interne du vivant.

Nous présentons ici trois types de fondateurs de l'écologie corporelle, les naturistes et naturiens, les immerseurs écologiques et les émerseurs de conscience. Chaque type d'expérience décrit un niveau de profondeur du corps vivant et de la conscience du corps vécu.

L'apparence corporelle a pu être comprise comme entièrement rectifiable par des techniques de restauration et de réparation avant que son vieillissement ne confronte le sujet à une nouvelle recherche plus intérieure et intercorporelle. Cette santé tactile trouve dans la relation une sensorialité lente et profonde qui rend le vif de la chair. Nous décrivons ici ce passage de l'apparence à l'être dans le monde corporel.