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Ressources publiques et construction étatique en Europe, XIIIe-XVIIIe siècle: colloque des 2 et 3 juillet 2012
In: Histoire économique et financière de la France
In: Animation de la recherche
Cet ouvrage présente, dans une perspective comparatiste et sur la longue durée, les moyens de mobilisation des ressources publiques des Etats médiévaux et modernes, dont les besoins de fonds sont accrus par les guerres. Couvrant six siècles de l'histoire de l'Europe occidentale, les contributions étudient les transformations des méthodes de financement (émission monétaire, fiscalité, emprunt public à court ou long terme, forcé ou volontaire, vente d'offices) et les institutions, les acteurs, les marchés primaire et secondaire des titres de dette. Elles interrogent les modèles d'organisation politique et leurs interactions avec le drainage efficace de l'argent, la construction d'une information statistique, financière et fiscale et ses conséquences sur la prise de décision des gouvernants. Elles invitent à examiner l'impact des innovations financières, les différents modes d'anticipation des ressources et les effets macroéconomiques des mécanismes de mobilisation de la richesse privée. Elles explorent l'influence de déterminants tels que les dimensions spatiales des Etats, les régimes politiques, l'inégale distribution des richesses, l'utilisation du privilège, les différents degrés de risque imposés aux prêteurs, pour expliquer comment et pourquoi un mode de financement l'emporte ici et non ailleurs
La duchesse du Maine (1676-1753): une mécène à la croisée des arts et des siècles
In: Études sur le XVIIIe siècle
« Chamarrée », ainsi Saint-Simon qualifiait-il la personnalité complexe d'Anne-Louise-Bénédicte de Bourbon-Condé (1676-1753), précieuse et pédante, frivole mais frondeuse. Sans doute cette excentricité – au sens premier du terme – s'explique-t-elle par un statut social bancal : petite-fille du Grand Condé, membre à part entière de la plus haute aristocratie, celle du sang, elle avait été mariée en 1692 au duc du Maine, l'aîné des bâtards nés du double adultère de la marquise de Montespan et de Louis XIV. Cependant, tout en rappelant à son époux l'infériorité de sa naissance, elle n'aura de cesse – et de plus en plus au fur et à mesure que la mort du roi se rapprochera inévitablement – de le soutenir : à la tête de la conjuration de Cellamare, elle tentera mème de faire enlever la Régence au duc d'Orléans au profit du duc du Maine. Le complot fut déjoué et la duchesse emprisonnée. Ces revers ne l'empêchèrent pas de reprendre ensuite, certes sur un mode assourdi, une vie mondaine et intellectuelle brillante : le président Hénault, Rose de Staal-Delaunay, Fontenelle, Houdar de La Motte ou la marquise du Deffand comptèrent alors parmi ses familiers. Sa célébrité demeure cependant attachée aux Grandes Nuits de Sceaux, divertissements aussi singuliers que dispendieux par laquelle elle avait su ranimer un temps les splendeurs éteintes de la cour du Roi Soleil. Mêlant poésies galantes, théâtre de société, bals, ballets ou cantates, ranimant le flambeau de la tragédie grecque tout en faisant éclore le genre de l'opéra-comique, les Divertissements de Sceaux témoignent de l'éclectisme de la duchesse et de ses principaux mentors : l'abbé Genest et Malézieu. La réputation de son esprit et plus encore la sûreté de son goût séduisirent les tenants des Anciens comme les plus résolus des Modernes, les célébrités confirmées – Chaulieu, Baron ou Fontenelle – autant que les débutants les plus prometteurs : Mouret, Bourgeois ou Colin de Blamont... C'est à Sceaux que Voltaire fit ses premiers pas dans le monde et c'est à l'intention de la duchesse qu'il écrivit les premiers de ces contes qui devaient les immortaliser tous deux.