Résumé Face à la crise, ses enjeux à court terme et ses défis à long terme, Barack Obama fait front. La relance budgétaire, les plans de stabilité financière et de soutien au marché immobilier sont une réponse idoine à court terme. Il y a des premiers signes de succès. Mais la reprise n'est pas encore définitivement acquise. Et la soutenabilité des finances publiques est un casse-tête. Aux autres défis à long terme, l'administration Obama répond par un projet ambitieux de refonte de la régulation et de la supervision financière et par le pari de la croissance verte.
Globalement, l'économie américaine se porte bien : la croissance perdure malgré le choc inflationniste et le resserrement monétaire massif engagé pour le juguler. Le taux de chômage se situe à un niveau historiquement bas. Grace à l'hégémonie du dollar et à leur leadership dans les nouvelles technologies, les États-Unis restent le fer de lance de l'économie mondiale. Certains points faibles persistent toutefois, au premier rang desquels figurent les déséquilibres extérieurs et budgétaires et les inégalités socio-spatiales. La recherche d'un renouveau industriel s'accompagne d'un retour au protectionnisme, tandis que l'essor du secteur pétrolier contrecarre les mesures en faveur de la décarbonation .
Au cours de la décennie qui vient de s'écouler, le paysage budgétaire américain a radicalement changé. Le solde public fédéral est ainsi passé d'un déficit historique de 290 milliards de dollars en 1992 à un excédent de 124 milliards en 1999 (soit 1,4 % du PIB). De tels chiffres, inhabituels pour les États-Unis, s'appuient sur la combinaison d'une croissance très rapide des recettes fiscales et d'un infléchissement dans l'évolution des dépenses. D'une part, une conjoncture particulièrement dynamique s'est trouvée associée à une politique monétaire plutôt accommodante. D'autre part, structurellement, un ajustement vers un solde équilibré a été engagé dès le début des années 1990. En comparaison avec les efforts d'assainissement un peu plus tardifs des pays européens, l'ajustement américain apparaît plus progressif, quoique d'un niveau extrêmement important : entre 1992 et 1999, un peu plus de la moitié de l'amélioration du solde effectif est due à l'effort structurel. C'est en réaction aux déficits des années 1980 et du début des années 1990 que la discipline budgétaire a été renforcée. Les lois budgétaires se sont succédées, introduisant des plafonds sur les dépenses et augmentant la pression fiscale. C'est cependant au plan institutionnel que les mutations ont été les plus importantes : les États-Unis sont passés à la « programmation pluriannuelle » des finances publiques, et ont substitué, à l'objectif de budget unifié équilibré, un objectif de solde « on-budget » équilibré, i.e. hors excédents de la « Social Security ». Ainsi, ces derniers ne peuvent-ils plus être utilisés pour renflouer le solde total, et ceci afin d'assurer la sauvegarde du système de retraite. Les deux candidats aux élections présidentielles de novembre 2000 ne remettent pas en cause ces évolutions, mais — malgré les effets d'annonce de remboursement de la dette — les propositions d'augmentation des dépenses sociales d'Al Gore et de réductions d'impôts massives de George W. Bush laissent augurer un relâchement de la discipline. Cette ...
Au cours de la décennie qui vient de s'écouler, le paysage budgétaire américain a radicalement changé. Le solde public fédéral est ainsi passé d'un déficit historique de 290 milliards de dollars en 1992 à un excédent de 124 milliards en 1999 (soit 1,4 % du PIB). De tels chiffres, inhabituels pour les États-Unis, s'appuient sur la combinaison d'une croissance très rapide des recettes fiscales et d'un infléchissement dans l'évolution des dépenses. D'une part, une conjoncture particulièrement dynamique s'est trouvée associée à une politique monétaire plutôt accommodante. D'autre part, structurellement, un ajustement vers un solde équilibré a été engagé dès le début des années 1990. En comparaison avec les efforts d'assainissement un peu plus tardifs des pays européens, l'ajustement américain apparaît plus progressif, quoique d'un niveau extrêmement important : entre 1992 et 1999, un peu plus de la moitié de l'amélioration du solde effectif est due à l'effort structurel. C'est en réaction aux déficits des années 1980 et du début des années 1990 que la discipline budgétaire a été renforcée. Les lois budgétaires se sont succédées, introduisant des plafonds sur les dépenses et augmentant la pression fiscale. C'est cependant au plan institutionnel que les mutations ont été les plus importantes : les États-Unis sont passés à la « programmation pluriannuelle » des finances publiques, et ont substitué, à l'objectif de budget unifié équilibré, un objectif de solde « on-budget » équilibré, i.e. hors excédents de la « Social Security ». Ainsi, ces derniers ne peuvent-ils plus être utilisés pour renflouer le solde total, et ceci afin d'assurer la sauvegarde du système de retraite. Les deux candidats aux élections présidentielles de novembre 2000 ne remettent pas en cause ces évolutions, mais — malgré les effets d'annonce de remboursement de la dette — les propositions d'augmentation des dépenses sociales d'Al Gore et de réductions d'impôts massives de George W. Bush laissent augurer un relâchement de la discipline. Cette dernière pourrait cependant être maintenue si le Congrès et l'administration restent de bords opposés. L'amélioration du solde public, entre 1992 et 1999, s'appuie à hauteur de 60% sur la vigueur des recettes fiscales et à hauteur de 40% sur l'infléchissement des dépenses. La forte contribution des recettes apparaît néanmoins de nature très conjoncturelle. En effet, le dynamisme de l'activité et la forte valorisation boursière, en augmentant le taux d'imposition apparent, ont dopé la croissance des recettes. La modération des dépenses ressort plus structurelle, même si elle s'appuie à hauteur de 80% sur la seule baisse des dépenses militaires. La fin de la guerre froide a largement justifié cette dernière évolution, mais la contrainte du plafonnement imposé aux dépenses discrétionnaires a également joué. La baisse des charges nettes d'intérêt a résulté de la baisse des taux d'intérêt et de la diminution de la dette publique consécutive à l'assainissement primaire. La faible progression des dépenses obligatoires s'explique en partie par le dynamisme de l'activité qui a limité le nombre des bénéficiaires des programmes sociaux, mais également par un ensemble de réformes structurelles. Parmi celles-ci, on peut noter la réforme du Welfare de 1996, qui prévoit des incitations plus fortes au retour au travail; le développement des organismes de soins intégrés qui contribue au ralentissement des affiliations à Medicare; et la diminution du taux de remboursement des actes décidée en 1997. De nombreuses contraintes politico-économiques pèsent aujourd'hui sur les choix d'affectation des excédents budgétaires cumulés anticipés. Les réductions d'impôts, les augmentations de dépenses, le remboursement de la dette et/ou le provisionnement des dépenses futures n'ont pas le même impact politique. Il faut, par ailleurs, tenir compte de la déformation active du budget en faveur des dépenses sociales du fait de l'arrivée à la retraite d'une classe d'âge nombreuse (choc du baby-boom), de l'allongement de la durée de vie des retraités, de l'intensification de la consommation de soins médicaux. Une solution généralement avancée aux Etats-Unis, pour lisser la hausse de la pression fiscale, ou de l'endettement, liée au choc du baby boom, est de s'engager dans une stratégie de provisionnement, ou au minimum de préservation des marges de manoeuvre en réduisant la dette nette. La stratégie de création d'un fonds de réserve peut être mieux comprise par l'électorat que la stratégie de remboursement de la dette, parce qu'il perçoit mieux le pro fit direct qu il peut en tirer (de meilleures retraites). Trois simulations d'évolution des finances publiques américaines montrent néanmoins que la stratégie de provisionnement n'est pas indispensable : même dans le cas assez improbable d'une chute brutale et permanente de l'activité aux Etats-Unis, une augmentation d'un point et demi du taux de pression fiscale suffirait pour restaurer l'équilibre budgétaire. Si le provisionnement peut s'avérer utile, c'est sans doute plus en raison du bas niveau inquiétant du taux d'épargne privé.
Entérinée dans un discours d'Alan Greenspan le 16 février 2005, l'énigme de l'inertie des taux d'intérêt longs publics américains face au resserrement de la politique monétaire n'est toujours pas résolue. L'évaluation des forces en présence (faiblesse de l'aversion au risque, interventions massives sur le marché des changes, .) ne permet pas d'avoir un diagnostic rétrospectif tranché, mais leur normalisation supposée à l'horizon 2 006 nous amène à privilégier l'hypothèse d'une remontée progressive et modérée des taux d'intérêt longs. Dans un environnement moins inflationniste et malgré l'ampleur des déséquilibres à résoudre, ce scénario suppose que la référence pertinente pour juger du niveau et de l'évolution des taux longs est celle des années 1960 et non plus celle des années 1970-1980.
Entérinée dans un discours d'Alan Greenspan le 16 février 2005, l'énigme de l'inertie des taux d'intérêt longs publics américains face au resserrement de la politique monétaire n'est toujours pas résolue. L'évaluation des forces en présence (faiblesse de l'aversion au risque, interventions massives sur le marché des changes, .) ne permet pas d'avoir un diagnostic rétrospectif tranché, mais leur normalisation supposée à l'horizon 2 006 nous amène à privilégier l'hypothèse d'une remontée progressive et modérée des taux d'intérêt longs. Dans un environnement moins inflationniste et malgré l'ampleur des déséquilibres à résoudre, ce scénario suppose que la référence pertinente pour juger du niveau et de l'évolution des taux longs est celle des années 1960 et non plus celle des années 1970-1980.
L'année 1998 aura été marquée par une nette bascule entre les pays industriels qui ont bénéficié de gains de termes de l'échange et les pays en développement dont la croissance s'est effondrée. Fin 1998, les marchés financiers internationaux se sont ressaisis. Le risque principal réside maintenant dans le niveau élevé des Bourses des pays développés et surtout de la Bourse américaine. L'hypothèse retenue ici est que la Fed évitera de resserrer sa politique monétaire et que le krach sera évité. Les taux d'intérêt en Europe devraient baisser au deuxième trimestre 1999, avant de remonter légèrement entre la fin 1999 et la mi-2000. Le mouvement récent d'appréciation du dollar vis-à-vis de l'euro devrait s'inverser à partir du troisième trimestre 1999 et l'euro remonterait 1,2 dollar fin 2000. Le yen se déprécierait modérément. Le commerce mondial progresserait de près de 4,5% en 1999 et de 7% en 2000. L'Asie hors Japon entre en convalescence. Elle connaîtrait une crois sance de 3,3% en 1999 et de 4,9% en 2000. La dévaluation du yuan pourrait être utilisée pour soulager l'économie chinoise. Les pays d'Amérique latine font l'objet d'une nouvelle crise de défiance des investisseurs étrangers. La situation n'est pas encore stabilisée au Brésil, l'Argentine devrait souffrir de la contagion commerciale. La zone devrait voir chuter de 3% son PIB en 1999. En 2000, les conditions de la reprise permettraient une croissance de 2,5%. La situation reste inextricable en Russie, qui collectionne les déséquilibres. Les pays d'Europe centrale et orientale devraient connaître en 1999-2000 un net ralentissement dû à des politiques budgétaires et monétaires restrictives et à la répercussion de la crise russe. Aux États-Unis, les effets richesse, le dynamisme de l'emploi et la faiblesse du coût du capital ont soutenu la demande intérieure. L'économie américaine bénéficie de la qualité de son policy mix. La croissance du PIB atteindrait 3,5% en 1999 et 2,6% en 2000. D'après une variante réalisée avec le modèle MIMOSA, une chute brutale de la Bourse amputerait le PIB de 0,8% point la première année, puis de 0,3 point l'année suivante. Le Japon s'est enfoncé dans la récession tout au long de 1998. La politique budgétaire devrait fournir en 1999 une impulsion de l'ordre de 3 points de PIB, Pratiquement nulle en 1999, la croissance japonaise pourrait atteindre 2,5% en 2000. Le ralentissement économique est à l'oeuvre au Royaume-Uni, pénalisé par le haut niveau de la livre. Des politiques budgétaire et monétaire plus expansionnistes autoriseraient une croissance proche de 1% en 1999 et de 2,2% en 2000. La croissance de la zone euro a été proche de 3% en moyenne en 1998. Quelques pays ont fait nettement mieux (Espagne, Pays- Bas,.), tandis que l'Italie et l'Allemagne pâtissaient du poids de leur industrie et souffraient particulièrement des crises asiatique et russe. Malgré le net ralentissement industriel du second semestre 1998 et du pre mier trimestre 1999, la zone devrait échapper à une récession généralisée, en raison de la dynamique autonome du secteur des services et du main tien de la confiance des consommateurs.
L'année 1998 aura été marquée par une nette bascule entre les pays industriels qui ont bénéficié de gains de termes de l'échange et les pays en développement dont la croissance s'est effondrée. Fin 1998, les marchés financiers internationaux se sont ressaisis. Le risque principal réside maintenant dans le niveau élevé des Bourses des pays développés et surtout de la Bourse américaine. L'hypothèse retenue ici est que la Fed évitera de resserrer sa politique monétaire et que le krach sera évité. Les taux d'intérêt en Europe devraient baisser au deuxième trimestre 1999, avant de remonter légèrement entre la fin 1999 et la mi-2000. Le mouvement récent d'appréciation du dollar vis-à-vis de l'euro devrait s'inverser à partir du troisième trimestre 1999 et l'euro remonterait 1,2 dollar fin 2000. Le yen se déprécierait modérément. Le commerce mondial progresserait de près de 4,5% en 1999 et de 7% en 2000. L'Asie hors Japon entre en convalescence. Elle connaîtrait une crois sance de 3,3% en 1999 et de 4,9% en 2000. La dévaluation du yuan pourrait être utilisée pour soulager l'économie chinoise. Les pays d'Amérique latine font l'objet d'une nouvelle crise de défiance des investisseurs étrangers. La situation n'est pas encore stabilisée au Brésil, l'Argentine devrait souffrir de la contagion commerciale. La zone devrait voir chuter de 3% son PIB en 1999. En 2000, les conditions de la reprise permettraient une croissance de 2,5%. La situation reste inextricable en Russie, qui collectionne les déséquilibres. Les pays d'Europe centrale et orientale devraient connaître en 1999-2000 un net ralentissement dû à des politiques budgétaires et monétaires restrictives et à la répercussion de la crise russe. Aux États-Unis, les effets richesse, le dynamisme de l'emploi et la faiblesse du coût du capital ont soutenu la demande intérieure. L'économie américaine bénéficie de la qualité de son policy mix. La croissance du PIB atteindrait 3,5% en 1999 et 2,6% en 2000. D'après une variante réalisée avec le modèle MIMOSA, une chute brutale ...
Fin septembre 1998, le ralentissement s'amorce aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ; le Japon s'enfonce dans la récession ; l'Europe continentale est en phase de nette reprise. L'extension de la crise financière se traduit par la baisse des Bourses et des taux obligataires dans les pays développés et par la contagion de la crise asiatique à d'autres pays émergents, frappés aussi par la baisse du prix des matières premières. La finance mondiale connaît depuis vingt ans un développement exubérant entrecoupé de crises récurrentes. La croissance mondiale pourrait être durablement affectée par le refus des capitaux d'investir de nouveau dans les pays émergents, par l'instabilité résultant de la globalisation financière et par la surabondance de capitaux demandant des taux de rentabilité trop élevés.Le ralentissement provoquerait une nette détente des taux courts américains. Le yen resterait à un bas niveau. Un certain attentisme monétaire paraît probable en Europe. Le dollar diminuerait jusqu 'à 1,55 DM à la fin de 1999. Une baisse supplémentaire de 5 % réduirait de 0,5 % l'activité en Europe en 1999. La chute des importations des pays émergents pèserait fortement sur la croissance du commerce mondial en 1998-1999. Selon une variante du modèle MIMOSA, la crise asiatique coûterait au total 2,4 % d'activité au Japon en 1999, 1,1 % aux Etats-Unis et 1,4 % en Europe.L'Asie en développement connaîtrait une stagnation de son activité en 1998 suivie d'une croissance de 3 % en 1999. En attendant les effets des plans structurels, la situation conjoncturelle ne cesse de se dégrader et la situation sociale reste extrêmement tendue. L'Amérique latine est fortement secouée par l'amplification de la crise. Les taux d'intérêt ont dû être fortement augmentés et les perspectives de croissance ont été encore revues à la baisse. En Russie, la chute du prix du pétrole a réduit à néant l'excédent commercial et a augmenté encore le déficit public. La chute du rouble provoque le retour d'une inflation galopante. Le PIB devrait se contracter de 5 % en 1998. La plupart des PECO connaissent une croissance vigoureuse, dont les déséquilibres semblent encore soutenables.La récession japonaise s'est encore aggravée depuis le début de l'année, malgré la mobilisation intensive des instruments traditionnels de politique économique. Les autorités n'ont pas su traiter efficacement les problèmes financiers hérités du précédent cycle de croissance. Aux Etats-Unis, la croissance était soutenue par la hausse de la Bourse, la baisse du taux d'épargne et le dynamisme de l'investissement ; ces facteurs se retournant en raison de la baisse du profit des entreprises et de la crise financière. Les exportations continuerait à se contracter. Le retournement resterait néanmoins limité grâce à une politique monétaire plus accommodante. Le taux de croissance du PIB serait ramené de 4 % en 1997 à 3,2 % en 1998 et 0,5 % en 1999.L'Europe peut-elle bâtir sa croissance sur son seul dynamisme interne ? Au premier semestre 1998 la contribution externe à sa croissance s'est affaibli mais la demande intérieure a gagné en vigueur. Les assainissements budgétaires sont achevés ; l'inflation ne constitue plus une menace ; les prix de l'énergie et des matières premières et les taux d'intérêt de long terme sont bas. Mais l'Europe souffrirait de la rechute du dollar. Dans la zone euro, la croissance serait de 2,8 % en 1998 et en 1999, ce qui est peu en période de reprise. Avec une reprise de la demande intérieure encore mal affermie, les performances allemandes resterait en retrait. L'Italie souffre de l'importance des ajustements budgétaires récents et d'une contribution particulièrement négative du commerce extérieur. L'économie britannique est soumise à des niveaux élevés de taux d'intérêt et de taux de change. La croissance ralentirait nettement en 1998 et 1999. Le refus du Royaume-Uni d'entrer dans la zone euro avant 2002 trouverait une justification a posteriori dans la persistance de son décalage conjoncturel.
Au tournant de l'an 2000, la mondialisation triomphe. C'est la capacité s'intégrer dans l'économie mondiale qui différencie la réussite des économies. En même temps, la mondialisation a ses périls : pression sur les salaires et les emplois, instabilité des mouvements de capitaux, des Bourses et des taux de change, fracture des solidarités nationales. Notre projection de l'évolution de l'économie mondiale à l'horizon 2005, réalisée à l'aide du modèle multinational MIMOSA, est relativement optimiste. La crise asiatique déclenchée l'été dernier ne serait que transitoire ; au delà de 2000 les Dragons et les pays Asie retrouveraient un rythme de croissance dynamique (6%). L'Amérique latine, l'Afrique et les pays de ancien bloc socialiste connaîtraient des croissances de ordre de 4,5%. Les prix du pétrole croîtraient de façon modérée. Dans les grands pays industriels, l'inflation et les soldes budgétaires resteraient maîtrisés. À l'échelle mondiale, les taux d'intérêt réels resteraient relativement bas. Aux États-Unis, la croissance, qui ne serait plus soutenue comme dans la période récente par une consommation des ménages et un investissement des entreprises exceptionnellement dynamiques, ralentirait (2,2% en moyenne de 2000 à 2005), le taux de chômage serait proche du taux équilibre (5,7% en 2005). Victime d'une crise durable de rentabilité, le Japon connaîtrait une croissance faible (1,9%) et tirée par l'extérieur ; il continuerait à accumuler des excédents courants. En Europe, l'UEM serait un succès : la croissance de 2,5% en moyenne, serait suffisamment vigoureuse pour que le Pacte de stabilité n'ait pas à jouer ; les finances publiques s'amélioreraient grâce la croissance, à la baisse des taux intérêt et à des politiques budgétaires modérément restrictives : le taux de chômage diminuerait lentement mais sensiblement (de 10,4% en 1997 à 8,4% en 2005). Malgré une conjoncture spécifique et une inflation moins basse, le Royaume-Uni devrait rejoindre les pays participant euro en 2002. L'article présente d'abord les ...
Au tournant de l'an 2000, la mondialisation triomphe. C'est la capacité s'intégrer dans l'économie mondiale qui différencie la réussite des économies. En même temps, la mondialisation a ses périls : pression sur les salaires et les emplois, instabilité des mouvements de capitaux, des Bourses et des taux de change, fracture des solidarités nationales. Notre projection de l'évolution de l'économie mondiale à l'horizon 2005, réalisée à l'aide du modèle multinational MIMOSA, est relativement optimiste. La crise asiatique déclenchée l'été dernier ne serait que transitoire ; au delà de 2000 les Dragons et les pays Asie retrouveraient un rythme de croissance dynamique (6%). L'Amérique latine, l'Afrique et les pays de ancien bloc socialiste connaîtraient des croissances de ordre de 4,5%. Les prix du pétrole croîtraient de façon modérée. Dans les grands pays industriels, l'inflation et les soldes budgétaires resteraient maîtrisés. À l'échelle mondiale, les taux d'intérêt réels resteraient relativement bas. Aux États-Unis, la croissance, qui ne serait plus soutenue comme dans la période récente par une consommation des ménages et un investissement des entreprises exceptionnellement dynamiques, ralentirait (2,2% en moyenne de 2000 à 2005), le taux de chômage serait proche du taux équilibre (5,7% en 2005). Victime d'une crise durable de rentabilité, le Japon connaîtrait une croissance faible (1,9%) et tirée par l'extérieur ; il continuerait à accumuler des excédents courants. En Europe, l'UEM serait un succès : la croissance de 2,5% en moyenne, serait suffisamment vigoureuse pour que le Pacte de stabilité n'ait pas à jouer ; les finances publiques s'amélioreraient grâce la croissance, à la baisse des taux intérêt et à des politiques budgétaires modérément restrictives : le taux de chômage diminuerait lentement mais sensiblement (de 10,4% en 1997 à 8,4% en 2005). Malgré une conjoncture spécifique et une inflation moins basse, le Royaume-Uni devrait rejoindre les pays participant euro en 2002. L'article présente d'abord les hypothèses de taux d'intérêt et de taux de change de la projection. Sont ensuite développées les perspectives du commerce international, puis les évolutions des grands pays industriels, l'accent étant mis sur la situation des finances publiques et des marchés du travail, enfin celles des zones en développement.
L'année 2000 sera le meilleur millésime de croissance mondiale depuis 1984, grâce à la conjonction de facteurs favorables : effets de la nouvelle économie, surtout aux Etats-Unis ; sortie de crise en Asie, en Amérique latine et en Russie ; dynamisme persistant de la Chine et de plusieurs pays d'Europe en transition ; nouvel essor européen. Seuls quelques pays (Japon, Argentine) restent en retrait. Pourtant, les incertitudes se sont amplifiées au cours des six derniers mois. Le prix du pétrole reviendrait de 30 dollars fin septembre 2000 à 26 en 2001, le marché retrouvant un certain équilibre et l'OPEP reprenant le contrôle de la situation. La glissade de l'euro depuis janvier 1999 s'explique par des facteurs psychologiques, mais surtout structurels (les États- Unis ont repris le leadership dans les secteurs innovateurs ; leur taux de change réel d'équilibre s'est apprécié) et conjoncturels (un dollar fort permet aux États-Unis de lutter contre l'inflation, et à l'Europe d'impulser sa croissance). L'euro se redresserait lors du basculement de croissance en faveur de l'Europe, vers la mi-2001. Depuis le début de l'année, la Bourse stagne aux États- Unis. Compte tenu du niveau élevé atteint par les PER et de la fin de la montée en puissance des valeurs technologiques, une période prolongée de fluctuations autour d'une tendance plate, permettant le retour progressif des PER à un niveau normal est envisageable. Les taux d'intérêt à court terme ont fortement remonté depuis la mi-1999. La hausse des taux longs a été beaucoup plus faible. Aux États-Unis, une détente monétaire aurait lieu courant 2001. La politique monétaire ne constituerait pas un frein puissant à l'échelle mondiale, les taux restant bas relativement au taux de croissance anticipé. Les premiers signes de ralentissement apparaissent aux États-Unis. Grâce aux gains de productivité induits par les technologies de l'information et de la communication, l'inflation reste modérée, malgré un taux de chômage historiquement bas. Les plus-values boursières ne ...
L'année 2000 sera le meilleur millésime de croissance mondiale depuis 1984, grâce à la conjonction de facteurs favorables : effets de la nouvelle économie, surtout aux Etats-Unis ; sortie de crise en Asie, en Amérique latine et en Russie ; dynamisme persistant de la Chine et de plusieurs pays d'Europe en transition ; nouvel essor européen. Seuls quelques pays (Japon, Argentine) restent en retrait. Pourtant, les incertitudes se sont amplifiées au cours des six derniers mois. Le prix du pétrole reviendrait de 30 dollars fin septembre 2000 à 26 en 2001, le marché retrouvant un certain équilibre et l'OPEP reprenant le contrôle de la situation. La glissade de l'euro depuis janvier 1999 s'explique par des facteurs psychologiques, mais surtout structurels (les États- Unis ont repris le leadership dans les secteurs innovateurs ; leur taux de change réel d'équilibre s'est apprécié) et conjoncturels (un dollar fort permet aux États-Unis de lutter contre l'inflation, et à l'Europe d'impulser sa croissance). L'euro se redresserait lors du basculement de croissance en faveur de l'Europe, vers la mi-2001. Depuis le début de l'année, la Bourse stagne aux États- Unis. Compte tenu du niveau élevé atteint par les PER et de la fin de la montée en puissance des valeurs technologiques, une période prolongée de fluctuations autour d'une tendance plate, permettant le retour progressif des PER à un niveau normal est envisageable. Les taux d'intérêt à court terme ont fortement remonté depuis la mi-1999. La hausse des taux longs a été beaucoup plus faible. Aux États-Unis, une détente monétaire aurait lieu courant 2001. La politique monétaire ne constituerait pas un frein puissant à l'échelle mondiale, les taux restant bas relativement au taux de croissance anticipé. Les premiers signes de ralentissement apparaissent aux États-Unis. Grâce aux gains de productivité induits par les technologies de l'information et de la communication, l'inflation reste modérée, malgré un taux de chômage historiquement bas. Les plus-values boursières ne soutenant plus la consommation, le taux d'épargne remonterait en 2001. Les effets induits de la nouvelle économie limiteraient l'infléchissement de l'investissement. La croissance serait de 5,3 % en 2000 et de 3,3 % en 2001, le déficit extérieur atteignant 5,1 % du PIB. En 2000, comme en 1999, le PIB Japonais serait en net repli au second semestre en raison des à-coups de la politique budgétaire. L'investissement productif, tiré par les technologies de l'information est en accélération. Mais les indicateurs de commandes et de ventes restent atones. La dégradation de l'emploi et la stagnation des revenus pèseraient encore sur la consommation des ménages ; la mauvaise rentabilité des entreprises et leur surendettement sur leur investissement. Après 1,7% en 2000, la croissance ne serait que de 1,6% en 2001. Depuis le passage à vide de la fin 1998-début 1999, la zone euro a connu une croissance vigoureuse et généralisée, l'Italie restant seule en retrait. La hausse du prix du pétrole grève la croissance en 2000, d'un point de PIB. L'inflation a dépassé 2% dans les onze pays en juillet. Aucune spirale inflationniste ne s'est enclenchée, la hausse des prix de l'énergie et les tensions sur le marché du travail ne s'étant pas traduites en fortes augmentations salariales. La ponction pétrolière continuerait à peser sur la consommation des ménages au second semestre 2000, mais celle-ci serait soutenue en 2001 par la baisse du taux de chômage et les réductions d'impôts. Grâce à la bonne santé financière des entreprises et la nécessité d'investir dans les nouvelles technologies, l'investissement ne serait pas fortement affecté. L'indice de confiance dans l'industrie s'est légèrement tassé dans les dernières enquêtes, mais demeure à un haut niveau. La zone euro connaîtrait un certain ralentissement au second semestre 2000, corroboré par l'indicateur avancé de l'OFCE, puis une reprise en 2001. La croissance serait de 3,5% en 2000 et de 3,3% en 2001.
En 2000, la croissance mondiale a été de 4,7 %, soit le plus haut niveau depuis 1988, ceci grâce à la conjonction exceptionnelle de facteurs favorables : effets de la « nouvelle économie » ; bulle boursière ; sortie de crise dans les pays émergents d'Asie, en Amérique latine et en Russie ; dynamisme persistant de la Chine et de plusieurs pays d'Europe en transition ; enfin, nouvel essor européen. Par contre, la hausse des prix de l'énergie a pesé sur la croissance. Le bas niveau de l'euro a eu un effet positif, en redistribuant la demande des États-Unis vers l'Europe. Après un premier semestre euphorique, l'activité a montré des signes de faiblesse au second semestre, en particulier aux États-Unis et en Allemagne.En 2001 la croissance mondiale ne serait que de 3,1 % mais remonterait à 3,7 % en 2002. La croissance connaîtrait un passage à vide aux États-Unis, entraîné par la fin de la bulle de la « nouvelle économie » : chute des cours boursiers et épuisement de l'impulsion donnée par les nouvelles technologies. S'y ajouteraient l'engluement du Japon et un net ralentissement de la croissance en Asie, frappée par la baisse de la demande de biens à haut contenu technologique. La zone euro verrait le maintien d'une croissance relativement vigoureuse, malgré un ralentissement en cours d'année 2001 induit par la faiblesse des demandes d'Amérique du Nord et d'Asie. L'écart se creuserait entre une conjoncture favorable en France et plus déprimée en Allemagne, malgré une réforme fiscale expansionniste. La croissance du commerce mondial passerait d'un rythme de 14 % l'an en 2000 à 4 % au premier semestre 2001, puis 8 % en 2002. Le prix de l'énergie resterait à un niveau relativement élevé (22 dollars pour le Brent en 2002). La remontée de l'euro vis-à-vis du dollar serait limitée.La plus grande incertitude provient des États-Unis. Notre prévision suppose que, même s'il a généré une bulle financière, l'essor récent de l'économie américaine reposait sur une base réelle : l'amélioration importante des perspectives de productivité et de production. La croissance potentielle est passée de 2,25 à 3,5 % l'an. Le ralentissement actuel serait alors une « pause cyclique », brève et facilement curable par la baisse des taux d'intérêt et la baisse des impôts. L'expérience récente montre qu'une croissance vigoureuse est possible dans la zone euro sans de trop fortes tensions inflationnistes. Dans notre prévision, la dynamique interne de la zone serait suffisante pour que la croissance se maintienne malgré le ralentissement américain. Selon une variante réalisée à l'aide du modèle MIMOSA, l'effet des chocs extérieurs sur la zone euro en 2001 (ralentissement américain, retour de l'euro à la parité, baisse du yen, baisse du prix du baril), induirait une baisse du PIB de 0,7 à 1 point de PIB (selon que la BCE baisse fortement ou modérément son taux d'intérêt). La croissance de la zone s'infléchirait à 2,6 % en 2001, puis rebondirait à 2,9 % en 2002. Ce scénario serait encore consolidé par un policy mix plus satisfaisant et concerté, la BCE acceptant de soutenir la croissance et les gouvernements ne mettant pas en place des politiques budgétaires restrictives.L'autre scénario envisageable est celui d'une période prolongée de marasme aux États-Unis en raison d'une forte hausse du taux d'épargne des ménages et d'une baisse de l'investissement. Il implique une forte baisse du dollar, quand les marchés auront cessé d'escompter de forts profits aux États-Unis. Cette baisse propagerait la récession américaine à l'échelle mondiale. La poursuite des désordres financiers priverait de financement les pays émergents. La dynamique de croissance européenne serait brisée par une demande extérieure plus faible que prévue, un environnement financier plus défavorable, un ralentissement plus net de l'investissement, induit par la désillusion vis-à-vis des TIC, déjà sensible par exemple dans le secteur des télécommunications et par l'effet de contagion, sur les anticipations des entrepreneurs, que pourrait avoir une récession aux États-Unis alors que la politique économique en Europe serait hésitante et peu disposée à prendre le relais pour impulser la croissance mondiale.