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Résumé Behar (Cem).- Sources pour la démographie historique de l'empire ottoman : Les tahrirs (dénombrements) de 1885 et 1907 Les deux recensements ottomans, tardifs, de 1885 et 1907, ainsi que les registres de population qui leur avaient été associés, sont une riche source d'information sur un des aspects les moins bien connus de l'histoire de l'Empire ottoman. Sauf exception, ces sources documentaires n'ont été exploitées jusqu'à présent qu'en vue d'obtenir des totaux par province et par région. Or ces registres constituent une source irremplaçable pour l'étude de la fécondité, du mariage et des structures familiales dans l'ensemble des Etats et territoires ayant fait partie de l'Empire ottoman finissant (il s'agit, en fait, d'une grande partie des Balkans et du Moyen Orient). Cet article a pour objet de présenter ces deux recensements en soulignant leur importance comme fonds documentaire de l'histoire démographique et sociale de cet ensemble de pays.

L'analyse de la fécondité a connu au XVIIIe siècle une fortune et suivi des voies toutes différentes de celles de l'analyse de la mortalité. On n'assiste pas ici à un progrès ou à un raffinement univoques, quantitatifs ou qualitatifs. L'aiguillon actuariat, médical et financier n'ayant pas joué en matière de fécondité, la mesure de celle-ci a souvent été un sous-produit, un tremplin ou une étape obligatoire dans l'étude des "véritables" problèmes démographiques. Est-ce parce que la fécondité est considérée à cette époque comme naturelle, non dirigeable ou différentiable qu'elle reçoit la portion congrue de l'attention des démographes ? Il est difficile d'y répondre. La rareté relative de notre matière première permet cependant d'entrer quelque peu dans le détail.

La table de mortalité est l'outil d'analyse démographique le plus ancien. Sa découverte se confond pratiquement avec la naissance de la démographie. La première ébauche de table de mortalité n'est-elle pas due à Graunt (1662) ? Tout au long du XVIIIe siècle, les diverses transformations et améliorations dont elle est l'objet scandent l'histoire de la démographie. Tous les grands démographes des XVIIe et XVIIIe siècles ont attaché leur nom d'une façon ou d'une autre à son évolution : Graunt, Halley, Deparcieux, Kersseboom, W argentin, Sussmilch, Duvillard. La chaîne aboutit, en 1835, à Demonferrand ; son œuvre peut être considérée comme le point de départ de la table « moderne » en France. De la table de survie partit aussi, avec le grand mathématicien suisse Euler, la théorie des populations stables. Autant dire qu'il s'agit, dans cette étude, d'histoire de la démographie plutôt que de démographie historique.