La question énergétique est depuis presque toujours un enjeu majeur pour la Méditerranée et le Moyen-Orient. Au sommaire notamment de ce numéro : L'Iran peut-elle devenir une "superpuissance" énergétique ? La Turquie au coeur des enjeux géopolitiques et énergétiques régionaux ; Le gaz naturel, nouvel élément structurant du Mare Nostrum ; Le secteur électrique palestinien, un enjeu géopolitique ; La variable énergétique dans la crise syrienne ; La coopération énergétique israélo-chypriote : nouvelle source de tension en méditerranée occidentale.
La découverte d'abondantes ressources gazières en Méditerranée orientale pourrait alourdir les contentieux géopolitiques qui y sont déjà très intenses. C'est à partir de l'analyse du rapprochement israélo-chypriote, récent et inédit, que seront évalués ces risques de confrontation alors qu'au départ ce potentiel gazier était censé représenter un atour majeur pour cette zone voire pour l'Europe, par ailleurs peu impliquée dans la recherche d'une solution.
La question du changement climatique est devenue un enjeu majeur des relations internationales et désormais une préoccupation d'ordre stratégique et militaire, l'eau étant au cœur de ces évolutions et réflexions. Si des opportunités existent afin de limiter les effets du changement climatique sur l'"or bleu", des risques de manipulations ne sont pas exclus.
L'insurrection violente que connaît la Syrie depuis mars 2011 a très rapidement trouvé un prolongement au Liban. Après avoir rappelé ses conséquences, les différentes hypothèses susceptibles de s'imposer en Syrie seront étudiées (effondrement suivi d'une alternance islamiste, anarchie sans vainqueur ni vaincu, maintien a minima du régime) et surtout la façon dont elles pourront ou non impacter l'importance des relations avec le pays du Cèdre.
Le Liban connait une situation politique instable depuis l'assassinat de Rafic Hariri en février 2005, qui fut suivi presqu'immédiatement du retrait des troupes syriennes du pays, Damas ayant à l'époque été jugé responsable de cette tragédie. Le pays du Cèdre, en permanente ébullition, a fonctionné depuis, et tant bien que mal, principalement à partir de deux accords politico-institutionnels, « Taëf » et « Doha » 1 . Ce dernier semble avoir volé en éclat début 2011 lorsque Walid Joumblatt et la majorité de son groupe parlementaire, appuyés par quelques individualités principalement sunnites et tripolitaines (dont Nagib Mikati, devenu le 26 janvier le nouveau chef du gouvernement) ont rallié l'ancienne opposition emmenée par le Hezbollah lui permettant de devenir désormais majoritaire 2 . Doha est-il pour autant définitivement abandonné ou est-ce qu'à tout le moins son esprit subsistera, puisque sans cette vision de compromis il semble peu probable que le Liban n'affronte pas de nouvelles turbulences de forte intensité ? Pour pouvoir mieux évaluer cette perspective, il conviendra de revenir sur sa genèse, avant de préciser quels ont été ses acquis, ses insuffisances depuis sa mise en place en mai 2008, tout en s'interrogeant sur sa potentielle pérennité, sous une forme ou une autre. Les évènements qui se produisent au Liban peuvent à tout moment provoquer une déflagration régionale avec des répercussions internationales et il n'est donc pas inutile d'esquisser une réflexion sur ces différentes évolutions.
Les récentes révoltes arabes ont surpris l'ensemble de la communauté internationale et Israël, qui, bien qu'en principe extrêmement bien informé des évolutions de ses voisins, n'a pas davantage pu ou su anticiper ces bouleversements. La question qui est maintenant posée est celle de l'attitude qu'adoptera l'Etat hébreu, acteur incontournable de toute perspective de paix ou de stabilité régionale, car de celui-ci peut dépendre en partie le sort de ces révolutions. Il semble que trois types de réactions soient possibles de sa part, bien que toutes prévisions en ce sens restent plus qu'incertaines, ne serait-ce que parce qu'Israël souhaite conserver ce qui a constitué un de ses atouts majeurs au cours des dernières décennies : l'effet de surprise. La première hypothèse, c'est que l'on assiste à un raidissement voire à une fuite en avant de la coalition ultranationaliste qui montrerait ainsi aux nouveaux régimes sa détermination et pourrait aussi profiter de l'affaiblissement de certains alliés de l'Iran pour attaquer ses sites nucléaires et accélérer la colonisation. A l'inverse, Tel-Aviv pourrait accompagner positivement les évènements actuels en en devenant un acteur à part entière, via la relance de négociations aboutissant à l'émergence d'un authentique Etat palestinien (avant qu'il ne soit proclamé unilatéralement) ce qui favoriserait l'émergence d'un climat régional pacifié. Enfin, on peut également supposer que face au tumulte observé, la prudence ne l'emporte et que le statu quo, plus confortable à court terme, ne soit finalement privilégié alors qu'Israël a toujours une certaine difficulté à savoir s'il doit se réjouir ou s'inquiéter de cette déferlante démocratique.
Le Liban connaît de façon récurrente des périodes de déstabilisation, la plus récente étant celle qui a débuté en février 2005 avec l'assassinat de Rafic Hariri et le retrait des forces syriennes, et qui s'est provisoirement atténuée depuis mai 2008, suite à l'accord de Doha. Ces périodes de fortes tensions auraient des considérations essentiellement politiques, voire religieuses. Or, un des aspects les plus méconnus de cette instabilité, c'est sa dimension économique. Elle explique notamment l'hostilité profonde qui oppose le Hezbollah à Israël qui ne sont pas seulement d'irréductibles adversaires sur le plan militaire mais aussi des rivaux pour le contrôle du commerce du diamant africain. Par ailleurs, une piste d'origine financière pouvant expliquer l'élimination de Rafic Hariri, et venant s'ajouter à des motivations politiques, n'a pas été suffisamment étudiée, avec pour toile de fond le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. Enfin, les affrontements relatifs à la question de l'eau, autre enjeu économique, qu'utilise l'État hébreu et qui prend en partie sa source au Liban, est une cause potentielle de conflit et le facteur aggravant d'une lutte sans merci, qui contribue à entretenir cette hostilité israélo-chiite.