Comment la fabrique du profit s'exprime-t-elle dans le secteur de l'éducation ? L'article explore la financiarisation des écoles à but lucratif et en particulier des écoles dites internationales. La concentration financière de l'éducation à but lucratif, notamment dans l'enseignement secondaire, a jusqu'à présent conduit à peu de travaux. En analysant les trajectoires socio-historiques de trois écoles internationales détenues par une multinationale de l'éducation, cet article examine les configurations spatiales et régionales des phénomènes financiers dans l'enseignement secondaire. Il analyse la façon dont de multiples acteurs définissent dans un contexte de reprise financière ce qu'est une « école » et leur école, en tant que bien qui se construit et s'échange. Les enjeux de requalification financière et entrepreneuriale des activités et des légitimités éducatives, mais aussi le maintien d'un capital associé à l'ancrage en Suisse de ces écoles y sont étudiés.
Les « finishing schools » en Suisse ont été particulièrement recherchées par les bourgeoisies et aristocraties européennes et américaines depuis la fin du XIX e siècle. Les séjours dans ces pensionnats de jeunes filles étaient alors dédiés à l'apprentissage d'une féminité d'élite par le voyage, la maîtrise des langues étrangères et des arts d'agrément. À partir de l'analyse des archives du Bureau de l'enseignement privé du canton de Vaud, l'article montre que le secteur local des finishing schools est toujours dans les années 1950 peu stabilisé du point de vue des clientèles, des structures et de leur reconnaissance par les autorités. Dans les années 1960, les normes et les pratiques partagées entre les familles bourgeoises et les directeurs des établissements, qui contribuaient à assurer et reconduire l'existence de ces écoles, cessent d'être évidentes. L'article vise à saisir, durant cette période, la place de plus en plus relative qu'occupent ces institutions pour l'éducation des filles, en regard des transformations des attentes éducatives dans les milieux sociaux très favorisés.
En partant des transformations de pensionnats privés internationaux en Suisse et de leurs publics, cet article s'attache à montrer que la scolarité dans une école dite internationale et à l'étranger n'a pas toujours un effet de levier « international » dans les trajectoires ultérieures des élèves. Le cas des élèves issus de familles russes fortunées, envoyés en Suisse pour leur scolarité secondaire dans les années 1990 et 2000, permet de saisir la formation de trajectoires élitaires individuelles et collectives plus nuancées que l'alternative d'un retour dans le champ du pouvoir national ou d'une carrière professionnelle internationale. L'article montre les aspirations contradictoires qui accompagnent ces scolarités mais aussi la force des ancrages locaux et les voies d'installation en Suisse développés par les ancien·ne·s élèves dans les années qui suivent leur sortie du pensionnat.
Registered childminders, daycare assistants and nursery staff are encouraged to do " educational" work with children. From a qualitative survey conducted between 2017 and 2019 by observations in daycare centers, childminding centers and the homes of home-based registered childminders, and by interviews with daycare assistants, registered childminders, nursery staff and early child educators, an analysis was carried out on the place of instructions emanating from institutions, which contribute to the " professionalization" of the sector, in the practices and discourse of these professionals. It shows how a concern for the " stimulation" of young children and " educational" expectancies from their care has become widespread. Professionals' concrete practices and their relation to work are analyzed, and their relation to children's autonomy and safety, and how they routinely categorize the children in particular. From these two aspects of work, the article shows the broad variety of practices found among the early childhood professionals, and how they daily steer between prescribed work norms and real work among the children.
Cet article interroge les modes d'institutionnalisation de la gestion des enseignants contractuels en France en réponse à l'émergence de la « pénurie » d'enseignants comme nouvelle problématisation de l'action publique. Fondé sur une enquête qualitative menée à la fois au niveau national et dans trois académies (Créteil, Dijon et Lyon), il met en évidence comment la contractualisation, dont les modalités concrètes de mise en œuvre sont grandement laissées aux rectorats, a progressivement été conçue comme une solution politique à cette pénurie, puis comment elle s'institutionnalise selon les configurations académiques – avant d'interroger son lien avec la gestion des enseignants titulaires. Si cette institutionnalisation décalque le schéma de gestion des enseignants contractuels sur celui des titulaires, elle se caractérise aussi par des « errements inventifs » des gestionnaires académiques, notamment en situation de tension. Ces errements impliquent parfois des sauts qualitatifs importants mais localisés, dont les effets sur la gestion des enseignants dans son ensemble restent encore incertains.
Cet article interroge les modes d'institutionnalisation de la gestion des enseignants contractuels en France en réponse à l'émergence de la « pénurie » d'enseignants comme nouvelle problématisation de l'action publique. Fondé sur une enquête qualitative menée à la fois au niveau national et dans trois académies (Créteil, Dijon et Lyon), il met en évidence comment la contractualisation, dont les modalités concrètes de mise en œuvre sont grandement laissées aux rectorats, a progressivement été conçue comme une solution politique à cette pénurie, puis comment elle s'institutionnalise selon les configurations académiques – avant d'interroger son lien avec la gestion des enseignants titulaires. Si cette institutionnalisation décalque le schéma de gestion des enseignants contractuels sur celui des titulaires, elle se caractérise aussi par des « errements inventifs » des gestionnaires académiques, notamment en situation de tension. Ces errements impliquent parfois des sauts qualitatifs importants mais localisés, dont les effets sur la gestion des enseignants dans son ensemble restent encore incertains.
Cet article interroge les modes d'institutionnalisation de la gestion des enseignants contractuels en France en réponse à l'émergence de la « pénurie » d'enseignants comme nouvelle problématisation de l'action publique. Fondé sur une enquête qualitative menée à la fois au niveau national et dans trois académies (Créteil, Dijon et Lyon), il met en évidence comment la contractualisation, dont les modalités concrètes de mise en œuvre sont grandement laissées aux rectorats, a progressivement été conçue comme une solution politique à cette pénurie, puis comment elle s'institutionnalise selon les configurations académiques – avant d'interroger son lien avec la gestion des enseignants titulaires. Si cette institutionnalisation décalque le schéma de gestion des enseignants contractuels sur celui des titulaires, elle se caractérise aussi par des « errements inventifs » des gestionnaires académiques, notamment en situation de tension. Ces errements impliquent parfois des sauts qualitatifs importants mais localisés, dont les effets sur la gestion des enseignants dans son ensemble restent encore incertains.