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This article belongs to the special cluster, "Think Tanks in Central and Eastern Europe", guest-edited by Katarzyna Jezierska and Serena Giusti. The article looks at think tanks through the prism of a specific social space whose emergence is ascribable to both transnational processes and local social structures. Four processes are identified as shaping the institutionalization of the first think tanks in Belarus, founded as a tool for the "desovietization" of science and "democratization" of politics in the early 1990s: (1) the destabilization of relations between science and politics spurred by the Soviet perestroika beginning in 1986; (2) the autonomization of national elites and a political field in Belarus following the collapse of the Soviet Union; (3) the transformation of the labor market, including the crisis of state-supported research and academia, which ejected a large number of well-educated professionals; and (4) the intensification of transnational exchanges and the legitimization of references to Western practices. To systematically analyze these processes, a model consisting of the following four dimensions is proposed: configuration of relations between science and politics, position of the think tank space in the field of power, professional logics of career or competition, and transnational diffusion of resources and their local appropriation.

En mobilisant l'exemple de deux types de situations qui font participer les experts biélorusses au travail du Conseil de l'Europe, l'article pose la question des usages de l'expertise. À travers l'analyse de l'évolution du profil socio-professionnel des experts et l'observation des situations d'expertise, le caractère hétérogène et multiple de ces usages est souligné. L'expertise ne sert pas uniquement, pour l'organisation internationale, de source d'information (l'expertise pourvoyeuse de « ressources »), mais aussi d'instrument d'influence dans un État non-membre (à travers des experts collaborateurs) et d'outil de communication complétant les canaux diplomatiques officiels (experts para-diplomates).

La 4e de couverture indique : "Après la dissolution de l'Union soviétique, des experts des questions sociales et politiques biélorusses forment de nouvelles organisations référées au modèle occidental des think tanks. Initialement positionnés comme auxiliaires du gouvernement, ces ingénieurs de la transition démocratique qui jouent un rôle potentiellement clef dans ce contexte incertain de changements politiques majeurs forment, quelques années plus tard, le pôle intellectuel d'opposition au régime de Loukachenko, puis sont cantonnés à des positions devenues marginales, tout juste tolérés dans les interstices du champ du pouvoir. Retraçant ainsi la structuration et les transformations d'un espace de production intellectuelle extérieur aux institutions étatiques en Biélorussie, Maria Bigday pose à nouveaux frais la question du rôle politique des intellectuels. Cette histoire, Maria Bigday l'a écrite sur la base d'une remarquable enquête, menée dans un pays où la collecte d'information est souvent particulièrement difficile, en raison du manque de sources et des réticences à témoigner sur des questions parfois sensibles, comme le financement des activités d'expertise ou les liens avec l'étranger. Le cas biélorusse permet de revisiter tout un ensemble de problèmes qui émaillent plus généralement les rapports entre engagement intellectuel, expertise et politique, conférant par là à cette recherche une indéniable portée générale. Cette recherche forme un travail de référence pour l'histoire sociale des sciences sociales et la sociologie de l'expertise, révélant les différences et les concurrences disciplinaires, les hiérarchies changeantes entre recherche académique et appliquée, les croisements improbables entre le modèle soviétique du savant au service de l'Etat et celui du think tanker qui se dit indépendant."