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Le Front national à l'Assemblée (1986-1988). Respect et subversion de la règle du jeu parlementaire.
Guy Birenbaum [99-118].
L'élection en mars 1986 de 35 députés du FN à l'Assemblée nationale a été l'occasion d'une représentation ambiguë du parti de Jean-Marie Le Pen. Les députés nationaux frontistes ont tout d'abord tenté de jouer le jeu de l'institution parlementaire et d'apparaître, au contraire des députés poujadistes de 1950, comme des parlementaires comme les autres. Mais ils ont aussi, contradictoirement, adopté des positions extrêmes, les démarquant des autres partis. Cette ambivalence peut être analysée comme l'effet d'une stratégie claire et consciente, elle est sans doute aussi le résultat d'une dichotomie des ressources légitimes à l'Assemblée nationale, d'une part, et à l'intérieur du parti, d'autre part.

En cherchant à interpréter la défaite de Raymond Barre au premier tour de l'élection présidentielle de 1988, nombre d'observateurs et d'acteurs politiques ont avancé des pistes diverses mais un consensus s'est établi entre la plupart d'entre eux sur une faillite organisationnelle. Si cette analyse est pertinente, elle est cependant insuffisante, car on ne peut restreindre l'explication de l'échec de l'entreprise barriste à ses aléas internes, en ne relevant que des ajustements stratégiques imparfaits. Elargir le cadre de l'étude permet, en effet, de repérer les causes externes de l'échec, qui s'ajoutent et qui jouent un rôle déterminant dans l'échec de l'homogénéisation du système d'action barriste.