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La Polynésie Française vit depuis 1963 à l'heure du Centre d'Expérimentation du Pacifique (CEP). La réduction de ses activités et la décision prise par la France d'interrompre ses expériences nucléaires rendent de plus en plus probable son départ et font craindre la disparition des retombées économiques et financières qui lui sont liées. L'inquiétude est autant plus grande que, malgré les efforts déployés, aucune solution de rechange n'a pu jusqu'ici être trouvée. Comme dans le reste de l'Outre-Mer, les activités de consommation ont pris le pas sur celles de production, et l'économie du Territoire se fonde de plus en plus sur la quasi-rente que représentent les fonds qu'y tranfère l'Etat. Pour pallier les inconvénients et les effets pervers qu'entraîne cette situation, l'Etat et le Territoire viennent de conclure un "Pacte de Progrès". Il doit par des efforts concertés amorcer une reconversion de l'économie en direction d'un développement plus endogène, moins tributaire des transferts. L'incertitude qui pèse sur la poursuite des expériences nucléaires risque de retarder ce processus comme le maintien en place du CEP et des transferts qui l'accompagnent risquent de prolonger le statu quo. (Résumé d'auteur)

This paper is a shortened and updated version of a previous report on French Polynesia's econonomy (Blanchet 1985), and is a descriptive overview rather than a comprehensive survey. The main objective of the paper has been to bring together data, complemented by extensive explanatory information, to provide material for the assessment of the evolution of French Polynesia's economy up to 1990. In order to complement the earlier report, the paper devotes substantial attention to developments during the 1980s. The most important factors shaping the economy of the territory have been political in nature. The drastic transformation and problematic adjustment to the outside world of what was formely a relatively insignificant, small, colonial-style economy, was brought about by French metropolitan policies on defence (essentially, the decision to set up a nuclear testing site in the territory). This report is chronological in its presentation. It examines the territory's key economic characteristics in each decade from the early 1960s onwards

Au début des années soixante, l'économie de la Polynésie française se trouve dans un état de langueur et de dépendance de la métropole qu'expliquent le déclin des productions de base et un tourisme encore en gestation. L'installation du Centre d'Expérimentation du Pacifique (CEP) bouleverse ces données ; elle entraîne un essor sans précédent dont la nature et le rythme sont liés à son activité et au caractére transitoire de sa présence. Dès la seconde moitié de la décennie, les pouvoirs publics s'emploient à favoriser des activités de remplacement susceptibles de prendre son relais. Leurs efforts s'orientent vers le tourisme et l'exploitation des ressources de la mer qui apparaissent comme les potentialités du Territoire les plus prometteuses ainsi que vers la relance d'une production agricole modernisée capable de mieux satisfaire les besoins et de se substituer à des importations accrues. Mais les perspectives d'avenir s'assombrissent et les distorsions engendrées par une croissance exogène trop rapide se font sentir avec acuité. Les disparités sociales sont grandissantes, tandis que la détérioration de la conjoncture internationale se répercute sur l'économie et entraîne dans la seconde moitié des années soixante dix une déflation des activités du CEP. Un réajustement de la politique suivie est opéré en direction d'un développement moins ambitieux et moins extraverti. Ces nouvelles orientations sont largement impulsées par l'Etat, bailleur de fonds, qui tend à accroître son intervention civile lorsque l'activité militaire reflue. Indépendamment de l'inconnue que représente pour l'avenir le CEP, reste à savoir dans quelle mesure un processus de développement autocentré peut se concilier avec une dépendance de l'extérieur croissante ? (résumé d'auteur)