La mise en évidence d'un conflit entre les générations est une démarche complexe en raison du flou de la notion de génération et de la difficulté pour apprécier l'équité entre les générations. La définition de celle-ci soulève des questions tant conceptuelles et que méthodologiques, portant sur la mesure des inégalités entre générations et sur le choix des indicateurs ainsi que sur la détermination de ce qui est jugé inéquitable, ce qui renvoie à des principes de justice sous-jacents qu'il importe d'expliciter. Un conflit des générations peut se nourrir du fait que certaines générations, les plus jeunes, se sentent lésées vis-à-vis du rendement des transferts publics à leur égard ou du fait d'une prise en compte insuffisante de leur sort par les politiques publiques.
La séparation est à l'origine d'une baisse de niveau de vie marquée pour les enfants, et d'une dégradation générale de leurs conditions de vie, en particulier quand ils vivent avec leur mère seule. Le risque d'entrée en pauvreté s'en trouve accru. Les taux de pauvreté des enfants l'année de la séparation sont bien plus élevés (29 %) que ceux des enfants vivant avec leurs deux parents (13 %). Cet écart reste marqué les années suivantes. Plus les enfants connaissent la séparation de leurs parents à des âges jeunes, plus le risque de pauvreté est important. Certains enfants, en résidence alternée, ne sont pauvres qu'avec un de leurs parents (plus souvent la mère), tandis que d'autres sont pauvres chez leurs deux parents.
En France, bien qu'encore peu nombreux, les travaux sur la connaissance des droits à retraite soulignent le niveau peu élevé d'information des individus, non seulement en termes de législation, mais aussi en ce qui concerne leurs propres droits. Jusqu'à présent, la littérature s'est concentrée sur les droits à la retraite acquis par les individus en contrepartie des cotisations versées. Mais il est aussi possible d'acquérir des droits d'une autre manière, en tant que conjoint ou parent. Cet article a deux objectifs : le premier est de documenter la connaissance des individus sur les grands principes du dispositif de la pension de réversion ; le second consiste à étudier l'adéquation entre certaines règles des dispositifs actuels tenant compte de la famille dans le système de retraite et les aspirations des individus. Devant le peu de données disponibles, nous avons introduit des questions spécifiques dans l'enquête Relations familiales et intergénérationnelles (Erfi), réalisée en 2005. L'article met en évidence qu'un tiers des individus âgés de 40 ans et plus vivant en couple ne sait pas ou se trompe sur ce qu'il recevrait en cas de décès de son conjoint. Le degré d'information dépend par ailleurs des caractéristiques des individus. Il augmente avec l'âge, le diplôme et, plus important, pour les couples dans lesquels les revenus de la femme représentent une part plus faible des ressources du ménage. Il apparaît aussi que les droits à la retraite des veuves sont mieux connus que ceux des veufs, dont on pense souvent qu'ils ne sont pas éligibles à la réversion. Concernant les opinions sur la pension de réversion et les droits familiaux, le soutien à ces dispositifs est important, même si des différences apparaissent selon le sexe, l'âge ou la catégorie socioprofessionnelle.
La moindre présence des femmes sur le marché du travail ne leur permet d'atteindre que des niveaux de retraite limités par rapport aux hommes. L'évolution des comportements conjugaux, entre autres, conduira un nombre croissant d'entre elles à vivre isolées à la retraite, sans toutefois être veuves. Leur niveau de vie dépendra alors plus étroitement de leurs droits propres. Afin de corriger les inégalités de retraite entre les hommes et les femmes, cinq pays européens – l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni, la Suède et la France – semblent limiter les conditions d'octroi de la réversion et développer parallèlement des dispositifs visant au renforcement des droits propres des femmes : le partage des droits à la retraite au sein des couples (le splitting ) mais surtout la compensation à la retraite de l'impact des enfants sur les carrières.
Résumé Afin d'évaluer l'évolution prévisible du rendement des régimes publics obligatoires d'assurance-vieillesse en France et d'en analyser les effets en termes de transferts inter et intragénérationnels, nous simulons le devenir d'un échantillon d'environ 40 000 individus à l'aide du modèle Destinie. Le taux de rendement interne de ces régimes décroîtrait de plus de 9% pour la génération 1920 à un peu plus de 3 % pour la génération 1974. Le vieillissement (via des cotisations plus fortes) explique en partie la diminution du rendement pour les dernières générations. Mais il apparaît que l'augmentation sensible de l'espérance de vie aux âges élevés pourrait permettre le maintien des taux de rendement à des valeurs supérieures à 3 % pour les générations des années soixante et soixante-dix.