L' œuvre d'Ernest Labrousse: genèse d'un modèle d'histoire économique
In: Recherches d'histoire et de sciences sociales 106
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In: Recherches d'histoire et de sciences sociales 106
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 57, Heft 6, S. 1593-1613
ISSN: 1953-8146
RésuméDepuis 1995, les historiens italiens du droit ont publié des manuels présentant de nouvelles interprétations du droit médiéval, avec, entre autres, la question de la position centrale de la renaissance des études juridiques au XIIesiècle dans la périodisation de l'histoire juridique du Moyen Âge. D'un côté, le concept deius commune, traité par Francesco Calasso comme la création la plus importante de la science juridique après 1100, semble maintenant montrer plutôt ses origines anciennes et coutumières. De l'autre, la fonction de la science a été questionnée par Paolo Grossi, qui insiste sur l'importance créative des premiers siècles du Moyen Âge. Ce qui fait la singularité du droit médiéval, suivant Grossi, serait justement l'originalité des institutions créées par la coutume entre la chute de l'Empire romain et la réforme grégorienne. La science scolastique, triomphante pendant le Moyen Âge tardif, n'avait d'autre fonction que de confirmer les créations de la pratique. Les institutions juridiques médiévales, vues comme l'invention unitaire d'un âge, peuvent ainsi être opposées à celles de l'Antiquité romaine et de l'État moderne. L'article montre comment cette vision de Grossi dépend encore largement de l'historiographie des germanistes du XIXesiècle, qui opposaient le droit romain centré sur l'individu au droit médiéval et germanique fondé sur la communauté. De même, les propositions de Grossi montrent un faible sens historique: elles présentent un Moyen Âge plat, dépourvu de tensions et de contradictions.
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 57, Heft 6, S. 1491-1520
ISSN: 1953-8146
RésuméLe pluralisme juridique est un objet souvent évoqué par les historiens des sociétés d'Ancien Régime, mais hélas rarement étudié. Cet article cherche à comprendre comment, dans une même situation et à un même moment historique (Turin au XVIIIe siècle) ont pu coexister au moins deux systèmes de revendication des droits et d'administration de la justice. La procédure sommaire (en vigueur dans le Consulat de commerce), s'inspirant des idéaux du droit naturel et de la «nature des choses», légitimait les pratiques sociales comme sources du droit; la procédure ordinaire était en revanche sensible à des critères liés à la hiérarchie des statuts. En fait, elle satisfaisait à des demandes sociales différentes, à une conception supra-locale, ou bien locale, du droit. Entre 1720 et 1730, la justice sommaire fut supplantée par la procédure ordinaire. L'analyse du fonctionnement du Consulat et des procès qui s'y tinrent montre qu'elle ne fut pas la victime d'un processus inéluctable de professionnalisation progressive du droit, mais plutôt d'une compétition entre deux façons de concevoir et de revendiquer le «juste ». En fait, l'histoire des rapports entre les deux procédures est celle de l'articulation entre l'action et le statut, ainsi que de la dialectique entre les dimensions locales et supra-locales du droit. Autant de thèmes qui dominent la culture juridique d'Ancien Régime.
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 56, Heft 4-5, S. 903-925
ISSN: 1953-8146
RésuméBien que caractérisée, dans son ensemble, par l'élévation des taux d'alphabétisation, l'Italie moderne reste encore un monde dans lequel l'oralité et l'écriture sont inextricablement liées. Afin de comprendre ce phénomène en profondeur, notamment les formes d'alphabétisation répandues parmi les groupes populaires, en particulier les femmes, il faut tenir compte non seulement des professionnels de l'enseignement mais aussi d'autres protagonistes, figures marginales ou improvisées souvent négligées dans les sources. Pour ces différentes raisons, on s'est intéressé ici, en priorité, au rôle, peu connu, des maîtresses de petites écoles et à leur enseignement, en général très simplifié par rapport à celui de l'école officielle. Puis, au travers d'un exemple concret, on a cherché à éclairer de l'intérieur les phénomènes identifiés précédemment grâce au travail d'archives. D'une autobiographie écrite par une femme de la fin du XVIIIesiècle — fille d'un jardinier, lectrice enthousiaste et poétesse autodidacte — émerge, filtré par le souvenir, le cadre très vivant et détaillé d'une éducation rustique, d'un contact passionné avec les livres et d'une lutte acharnée pour pénétrer le monde de l'écriture.
In: Annales: histoire, sciences sociales, Band 56, Heft 4-5, S. 849-861
ISSN: 1953-8146
Résumé
Une enquête sur les pratiques de lecture dans le monde byzantin fait apparaître une grande continuité avec celles de l'époque gréco-romaine. On lit en général à haute voix. Écriture et lecture des livres sont entièrement dissociées, l'une de ces opérations étant manuelle et rémunérée, l'autre purement intellectuelle. La lecture est une activité essentiellement privée, circonscrite à la sphère domestique; il existe des « cercles de lecture » où les ouvrages littéraires sont lus et présentés en avantpremière. En revanche, il n'y a pas de lecture à l'intérieur des monastères, car les moines ne connaissent qu'un tout petit nombre de textes et ne pratiquent bien souvent que le psautier. Le haut Moyen Âge occidental présente un panorama profondément différent: la lecture est habituellement silencieuse ou murmurée. La lecture privée chez les laïcs est un phénomène rare, car les livres sont lus dans les institutions ecclésiastiques: évêchés et monastères. Il n'existe, par ailleurs, aucun hiatus entre lire et écrire, puisque la copie des textes pieux concourt elle-même à l'instruction chrétienne. Ces différences très marquées ont leur source dans des facteurs qui relèvent à la fois de l'anthropologie et de l'histoire culturelle, voire de la pratique quotidienne.