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Intro -- TITLE PAGE -- FOREWORD -- YOUTH -- 1 THE SEASONS -- 2 MACHIAVELLIANISM -- 3 1469, TIME RETURNS -- 4 A FATHER'S AMBITION -- 5 STORY OF A DANGEROUS BOOK -- A TIME FOR ACTION -- 6 SUDDENLY SAVONAROLA -- 7 A YOUNG MAN IN POLITICS -- 8 TRAVEL -- 9 THE CUTTING EDGE OF LANGUAGE -- 10 COUP D'ETAT -- AFTER DISASTER -- 11 AN EXILE'S LETTER -- 12 HOW TO READ THE PRINCE -- 13 TO CONQUER AND PRESERVE -- 14 EVIL IN POLITICS -- 15 STATE OF EMERGENCY -- POLITICS OF WRITING -- 16 THE COMEDY OF POWER -- 17 MACHIAVELLI THE JOKER -- 18 POLITICS OF OBSCENITY -- 19 THE COURAGE TO NAME -- 20 THE POLITICAL ART OF TAKING A POSITION -- REPUBLIC OF DISAGREEMENTS -- 21 WHAT IS A REPUBLIC? -- 22 IN PRAISE OF DISAGREEMENT -- 23 WE ARE DISARMED -- 24 VIOLENCE IN POLITICS -- 25 THE END DOES NOT JUSTIFY THE MEANS -- NEVER TOO LATE -- 26 WRITING HISTORY -- 27 IS IT TOO LATE? -- 28 1527, END OF A WORLD -- 29 ANATOMY OF A GHOST -- 30 PHILOSOPHIZING IN A STORM -- BIBLIOGRAPHICAL NOTE -- IMAGE CREDITS -- ABOUT THE AUTHOR -- ABOUT THE PUBLISHER -- COPYRIGHT -- MACHIAVELLI -- Cover image, designed by Oliver Munday -- Fresco by Giovanni Stradano (1523-1605), under the direction of Giorgio Vasari. Raffaello Bencini / -- Painting by Sandro Botticelli, circa 1480. Uffizi Gallery, Florence. colaimages /Alamy Stock Photo -- Painting by Santi di Tito (1536-1603). Palazzo Vecchio, Florence. GL Archive /Alamy Stock Photo -- Painting by Peter Paul Rubens, circa 1612-1616. Museum Plantin-Moretus, Antwerp, Belgium. -- Photograph by Giuseppe Alinari, circa 1857. The Miriam and Ira D. Wallach Division of Art, Prints an.

Le sombre temps du confinement convoque le souvenir des solitudes craintives au frontispice du Léviathan de Hobbes, ainsi qu'une ancienne légende japonaise de catastrophe.

International audience ; Lorsqu'un architecte, un historien et un philosophe parlent d'espace public, disent-ils la même chose ? Non sans doute, et la beauté des lieux n'est pas propre à apaiser leur dispute. La calme assurance des places civiques des communes italiennes vient troubler cette évidence : l'histoire urbaine dénie aux espaces publics toute qualité architecturale autre que celle d'accueillir et d'ordonner des corps cinglants et des langages assemblés. Voici pourquoi l'on ne s'y attarde pas trop, préférant mesurer l'intensité de leur mise en puissance historique. Car le recours au passé sert, là encore, à jeter des lueurs d'intelligibilité sur un présent incertain. Ce qui le rend incertain ? Quelques confusions qu'il s'agit ici de dissiper, par exemple le fait que les lieux publics ne garantissent pas plus qu'ils ne promettent le déploiement d'un espace public. Cette histoire n'est pas seulement faite de formes mais de luttes, pas seulement de rassemblements mais de dispersion – car le moment éminemment politique est toujours celui où l'on se désassemble. On ne se désolera donc pas trop de ne pas partager les mêmes mots pour dire le lieu commun : c'est dans leur espacement que se situe la puissance proprement historique de l'espace public.

International audience ; Lorsqu'un architecte, un historien et un philosophe parlent d'espace public, disent-ils la même chose ? Non sans doute, et la beauté des lieux n'est pas propre à apaiser leur dispute. La calme assurance des places civiques des communes italiennes vient troubler cette évidence : l'histoire urbaine dénie aux espaces publics toute qualité architecturale autre que celle d'accueillir et d'ordonner des corps cinglants et des langages assemblés. Voici pourquoi l'on ne s'y attarde pas trop, préférant mesurer l'intensité de leur mise en puissance historique. Car le recours au passé sert, là encore, à jeter des lueurs d'intelligibilité sur un présent incertain. Ce qui le rend incertain ? Quelques confusions qu'il s'agit ici de dissiper, par exemple le fait que les lieux publics ne garantissent pas plus qu'ils ne promettent le déploiement d'un espace public. Cette histoire n'est pas seulement faite de formes mais de luttes, pas seulement de rassemblements mais de dispersion – car le moment éminemment politique est toujours celui où l'on se désassemble. On ne se désolera donc pas trop de ne pas partager les mêmes mots pour dire le lieu commun : c'est dans leur espacement que se situe la puissance proprement historique de l'espace public.

International audience ; Il y a quelques années, un Forum Philo Le Monde/ Le Mans entièrement consacré au thème de la "peur" aurait été impensable. Trop étroit, ou trop sombre. Pourtant, lorsque cette idée a été suggérée à l'automne 2016, la réaction a été unanime : ce qui aurait naguère suscité une réticence relevait maintenant de l'urgence. La peur s'imposait comme une évidence. Est-ce un effet des attentats djihadistes ? Le résultat de la précarité sociale, des nouvelles tensions géopolitiques ou des multiples dérèglements climatiques ? Quoi qu'il en soit, la peur est là, multiforme et solide. Plutôt que de l'écarter d'un revers de main en affirmant qu'elle est sans objet ou qu'elle relève d'une orchestration politique (le fameux "gouvernement de la peur"), il convient de l'affronter. L'enjeu importe. En effet, si la crainte est classiquement envisagée comme le ressort du despotisme, la communauté de la peur ne saurait tenir lieu de communauté politique. D'où la nécessité de la surmonter, ou du moins de la déconstruire. Des philosophes, des historiens mais aussi des écrivains, un comédien, un cinéaste et même un artiste de cirque ont tenté de penser cet effroi collectif qui entrave le présent et menace d'annuler l'avenir. Voici le fruit de leurs réflexions. [4e de couverture ].

International audience ; Il y a quelques années, un Forum Philo Le Monde/ Le Mans entièrement consacré au thème de la "peur" aurait été impensable. Trop étroit, ou trop sombre. Pourtant, lorsque cette idée a été suggérée à l'automne 2016, la réaction a été unanime : ce qui aurait naguère suscité une réticence relevait maintenant de l'urgence. La peur s'imposait comme une évidence. Est-ce un effet des attentats djihadistes ? Le résultat de la précarité sociale, des nouvelles tensions géopolitiques ou des multiples dérèglements climatiques ? Quoi qu'il en soit, la peur est là, multiforme et solide. Plutôt que de l'écarter d'un revers de main en affirmant qu'elle est sans objet ou qu'elle relève d'une orchestration politique (le fameux "gouvernement de la peur"), il convient de l'affronter. L'enjeu importe. En effet, si la crainte est classiquement envisagée comme le ressort du despotisme, la communauté de la peur ne saurait tenir lieu de communauté politique. D'où la nécessité de la surmonter, ou du moins de la déconstruire. Des philosophes, des historiens mais aussi des écrivains, un comédien, un cinéaste et même un artiste de cirque ont tenté de penser cet effroi collectif qui entrave le présent et menace d'annuler l'avenir. Voici le fruit de leurs réflexions. [4e de couverture ].

International audience ; Au mois de juin 2014, au Centre scientifique de l'Académie Polonaise des sciences à Paris, dix médiévistes polonais et français se sont réunis deux jours durant pour échanger autour de l'œuvre de Jacques Le Goff. Survenue quelques semaines plus tôt, la mort de l'historien qui, plus qu'aucun autre, avait entretenu, malgré tous les obstacles politiques, le dialogue entre la Pologne et la France a changé la rencontre en hommage. Le thème, dans la ligne de nombreux travaux de Jacques Le Goff, intéressait l'altérité, cet « autre » qui, à l'exemple du Moyen Âge lui-même, est tout à la fois familier et différent, nécessaire dans tous les cas. Sur la dizaine de contributions alors présentées, plus des deux tiers intègrent ce volume coordonné par Philippe Josserand et Jerzy Pysiak. Quatre autres études de édiévistes nantais, analysant eux aussi la dynamique des altérités, les ont rejointes. Ensemble, ces textes prétendent aider à mieux saisir la figure de l'« autre» à travers le Moyen Âge et, depuis l'Antiquité tardive jusqu'au début de l'époque moderne, ils s'attachent, en développant des perspectives temporelles, thématiques, géographiques et culturelles variées, à interroger ce qui distingue et ce qui unit, ce qui fait que le « nous », parfois, est un « autre » – aujourd'hui comme hier – et que l'« autre » résonne en « nous », participant de nos appartenances et servant de façon décisive à les forger.

International audience ; C'est à bonne distance l'une de l'autre que se sont déployées les œuvres de Giorgio Agamben et de Patrick Boucheron. Quoi de commun entre le philosophe italien et l'historien français ? Peut-être justement ce qui semble les séparer : la langue – les langues : l'italien et le français, qu'ils ont en partage. Mais aussi le « terrain », non pas exclusif, mais preferito d'une Italie médiévale et renaissante qu'ils arpentent l'un et l'autre. Et surtout l'importance qu'ils accordent à l'écriture et à la variété de ses régimes dans l'exercice de la pensée. Il y a aussi, chez l'un comme chez l'autre, une conviction que résume le terme foucaldien d'archéologie : il faut interroger les traditions de l'histoire si l'on veut se forger des concepts pour décrire le présent. Et cette archéologie, pour Agamben comme pour Boucheron, est indissociable d'une inquiétude politique. \textitCritique a pris l'initiative de leur proposer d'entrer dans un dialogue qui s'est poursuivi tout au long de l'automne 2016. Cet entretien, par questions et réponses, s'est déroulé sans protocole ni programme préétablis, sans terme assigné : il a été interrompu (suspendu ?) seulement par le « bouclage » de ce numéro spécial. Il n'en est pas la conclusion, mais le point d'orgue.

International audience ; C'est à bonne distance l'une de l'autre que se sont déployées les œuvres de Giorgio Agamben et de Patrick Boucheron. Quoi de commun entre le philosophe italien et l'historien français ? Peut-être justement ce qui semble les séparer : la langue – les langues : l'italien et le français, qu'ils ont en partage. Mais aussi le « terrain », non pas exclusif, mais preferito d'une Italie médiévale et renaissante qu'ils arpentent l'un et l'autre. Et surtout l'importance qu'ils accordent à l'écriture et à la variété de ses régimes dans l'exercice de la pensée. Il y a aussi, chez l'un comme chez l'autre, une conviction que résume le terme foucaldien d'archéologie : il faut interroger les traditions de l'histoire si l'on veut se forger des concepts pour décrire le présent. Et cette archéologie, pour Agamben comme pour Boucheron, est indissociable d'une inquiétude politique. \textitCritique a pris l'initiative de leur proposer d'entrer dans un dialogue qui s'est poursuivi tout au long de l'automne 2016. Cet entretien, par questions et réponses, s'est déroulé sans protocole ni programme préétablis, sans terme assigné : il a été interrompu (suspendu ?) seulement par le « bouclage » de ce numéro spécial. Il n'en est pas la conclusion, mais le point d'orgue.

International audience ; Au mois de juin 2014, au Centre scientifique de l'Académie Polonaise des sciences à Paris, dix médiévistes polonais et français se sont réunis deux jours durant pour échanger autour de l'œuvre de Jacques Le Goff. Survenue quelques semaines plus tôt, la mort de l'historien qui, plus qu'aucun autre, avait entretenu, malgré tous les obstacles politiques, le dialogue entre la Pologne et la France a changé la rencontre en hommage. Le thème, dans la ligne de nombreux travaux de Jacques Le Goff, intéressait l'altérité, cet « autre » qui, à l'exemple du Moyen Âge lui-même, est tout à la fois familier et différent, nécessaire dans tous les cas. Sur la dizaine de contributions alors présentées, plus des deux tiers intègrent ce volume coordonné par Philippe Josserand et Jerzy Pysiak. Quatre autres études de édiévistes nantais, analysant eux aussi la dynamique des altérités, les ont rejointes. Ensemble, ces textes prétendent aider à mieux saisir la figure de l'« autre» à travers le Moyen Âge et, depuis l'Antiquité tardive jusqu'au début de l'époque moderne, ils s'attachent, en développant des perspectives temporelles, thématiques, géographiques et culturelles variées, à interroger ce qui distingue et ce qui unit, ce qui fait que le « nous », parfois, est un « autre » – aujourd'hui comme hier – et que l'« autre » résonne en « nous », participant de nos appartenances et servant de façon décisive à les forger.