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En gestion, la compassion est encombrante et ambivalente : c'est un impératif comportemental, une règle éthique, mais elle peut aussi être instrumentalisée au service d'un management efficace. Elle peut aussi être une activité florissante, à travers diverses formes de « social business ». Son développement traduit autant la montée de la prise en compte des sentiments dans le management, que le développement de la préoccupation compassionnelle dans les sociétés contemporaines. Mais en tant qu'impératif adressé aux managers, la compassion établit une critique indirecte du monde de la gestion : si l'empathie doit être demandée avec autant de vigueur, c'est qu'hélas elle ne va pas de soi dans l'univers du travail. La compassion est donc encombrante, mais c'est peut-être un moindre mal face aux conditions modernes du travail.

Résumé Dans son article de 1976, « Pour une crisologie », Edgar Morin appelle de ses vœux la création d'une discipline qui soit à même de comprendre les crises, dans l'intégration et le dépassement des antagonismes du social. Si les sciences sociales se sont de facto focalisées sur des « crises » (sociales, économiques, politiques...), elles ne l'ont pas fait dans la perspective qu'il pressentait. Elles ont privilégié dans leurs objets non pas l'effectivité de la crise mais sa potentialité, c'est‑à-dire le risque (psychosocial, environnemental...).

Résumé Les débats autour de l'usage de la métaphore dans les sciences sociales révèlent les tensions à l'œuvre dans les perceptions collectives de ce que doivent être, ou devraient être, ces sciences. Simple image, véhicule de sens, la métaphore peut-elle aller au-delà de son rôle perçu comme légitime d'illustration, voire se substituer à l'analyse ? La dimension heuristique de la métaphore permet-elle de justifier ces usages ? À travers l'analyse de la controverse ouverte par A. Sokal et J. Bricmont, on cherche à montrer la difficulté qu'il y a à établir des frontières nettes à l'usage légitime de la métaphore, et comment les discussions sur la métaphore focalisent et concentrent de nombreux autres débats, épistémologiques comme politiques.

The Sokal Affair created a huge debate in France in past years, about the social sciences, scientificity, and postmodernism. It was initiated with a "hoax article," a false postmodern article published by Allan Sokal in the U.S. review Social Text, and a book copublished with Jean Bricmont, where the authors denounce the abusive borrowings of words and concepts from physics or biology by famous intellectuals such as Derrida, Kristeva, Virilio, Debray, and Latour. The debate presented a wide span of positions, from methodological disagreement to approval. Finally, it poses important questions about the structure and the behavior of the scientific field.

Résumé Sociologie et art n'ont pas toujours fait bon ménage. Historiquement, la sociologie universitaire s'est construite contre la littérature. Dès le XIX e siècle, l'art, à travers la littérature, a pu paraître ainsi pour les sociologues soit comme un référent encombrant et honni (le roman social), un modèle à combattre, soit comme un objet d'étude. Au XX e siècle, avec le développement de la sociologie de l'art, l'art passe clairement du statut de référent ambigu à celui d'objet d'étude, auquel on applique un regard sociologique. Pourtant, de nombreuses approches développées en esthétique pourraient, à l'inverse, être utiles pour les sociologues, notamment les sociologues des sciences. C'est ce que nous nous proposons de développer ici. Après avoir présenté brièvement les relations complexes et souvent conflictuelles entre tradition sociologique et univers artistique, nous essaierons de montrer en quoi les approches de la réception des œuvres artistiques développées par Jauss peuvent être intéressantes pour analyser les sciences sociales, et enfin nous verrons comment les théories de l'interprétation peuvent enrichir la réflexion des sociologues.

Pour des jeunes dont l'histoire de vie n'offre d'autre présence au réel que celle dictée par le passage à l'acte, l'activité de médiation devient un support au déplacement de soi dans son rapport à l'environnement et aux autres. L'expérience d'une activité de vtt conduite au sein d'un itep , laquelle a permis la rencontre entre de futurs professionnels en formation et les adolescents accueillis, éclaire de façon particulière le travail éducatif ainsi réalisé.