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Following the marked increase in the use of digital technologies during the recent pandemic, the article reconsiders the concept of social telepresence, in the sense of interpersonal connection at a distance, locating it in the longue durée and within media studies. It reminds the reader that, for centuries, when people were separated from one another by the force of various circumstances, including pandemics, they resorted to technologies at their disposal to experience telepresence, long before the term itself was coined by scholars. Foremost among these has been the epistolary, a vitally important interpersonal media largely overlooked by media and telepresence researchers. Rather than competitively evaluating the performance of various technologies, the article proposes a framework to compare them, along with the practices of social telepresence, in the course of history. This comparative program employs the following criteria: embodiment, synchronicity, the space of the encounter, the ontology of entities other than humans actuated by telepresence and the social preferences for different forms of telepresence.

S'appuyant sur des corpus épistolaires classiques, cet article suggère que la lettre interpersonnelle offre une occasion singulière de comparer, dans le long terme historique, le « parler de soi », dans un texte où les individus ont à la fois construit et éprouvé très tôt la complexité d'une représentation de l'individu, échappant parfois à son auteur. Quête de gloire politique, présente et future, du citoyen romain Cicéron ; érémitisme mis en public de Saint-Jérôme ; inquiétude d'un Pétrarque multilingue se réinventant à travers la réappropriation de thèmes antiques ; performance maternelle de Madame de Sévigné ; intime épistolaire de Flaubert permettant de confesser un désir de gloire à peine avouable : diverses formes de soucis du moi s'expriment très tôt, et conduisent à reconsidérer l'idée d'une différence essentielle entre notre âge « narcissique » contemporain, et ceux qui l'ont précédé.

Depuis les années 2000, Israël exporte avec succès un nouveau cinéma, donnant place au destin de groupes jusque-là peu ou pas représentés sur l'écran : femmes, juifs mizrahim (orientaux), minorité palestinienne d'Israël. Ce cinéma plus critique n'est-il pas aussi utilisé comme « soft diplomacy » par un État particulièrement soucieux de son image ? Fondée principalement sur une analyse des critiques de films en France, États-Unis, Grande-Bretagne et Israël, cet article propose une réponse nuancée. La pratique du financement et la production de ces films n'obéit pas à un souci politique. Bien reçus à l'étranger, et très minoritaires, les films critiques de l'armée et de l'occupation suscitent l'ire des représentants de l'État israélien, qui, sous Netanyahou, sont allés jusqu'à l'appel à l'autocensure. Au-delà de toute intention politique, les films font l'objet de réinterprétations et de malentendus qui peuvent provoquer des effets imprévisibles, par exemple sur la compréhension du statut des femmes, juives ou arabes, en Israël. Chaque pays met l'accent sur des aspects différents : l'Angleterre est la plus critique et la plus politique, les critiques français écrivent dans le contexte de leur culture cinéphilique, les Américains sont les plus prudents à l'instar de leurs journalistes. À l'exception de certains cinéastes palestiniens d'Israël, les créateurs ne s'exilent pas ou très peu, et continuent de porter un discours critique, par ailleurs rare dans les médias israéliens.

Comparant de façon systématique trois dimensions de la communication à distance : la désincarnation (versus la présence physique), le délai (versus l'instantanéité), et la dissémination (versus le dialogue privé), l'article montre les continuités qui unissent les réseaux sociaux numériques aux technologies précédentes, principalement l'épistolaire. L'histoire n'est pas linéaire, ne suggère ni progrès de la communication, ni perte d'authenticité. Les attitudes par rapport à la présence médiatisée ont été, d'emblée, profondément ambivalentes.

This article discusses the specific epistemological and methodological difficulties which historians of audience face while taking stock of recent developments in the field. It starts with a definition of the audience as an entity with both objective and subjective dimensions. It refutes the textualist claim according to which audiences are pure discursive entities. Put into historical perspective, textualism appears as less postmodern than romantic. This article then warns historians against another form of less conscious, 'rampant textualism': being influenced by 'grand narratives' based on axiologies of hopes and fears triggered by the media. They may provide interesting ideal-types but should not be considered as directly relevant to history. The main part of this article is devoted to a typology of sources, following four categories: from above (coming from media, political, administrative elites), from the side (references to audiences in other media, including art and literature), from below (written and more recently oral expressions of audience members) and from the media themselves (both physical artefacts and media messages). It shows the advantages and drawbacks of each and explains the danger of pitching one against the other (e.g. 'good' ethnography, against 'bad' statistics).

Résumé Les recherches actuelles concernant l'histoire de la télévision se limitent encore trop souvent à des monographies nationales. L'étude des télévisions en Europe invite pourtant à réviser une telle échelle d'analyse. Elle témoigne en effet de l'importance de processus transnationaux dans leur histoire, aussi bien dans le domaine des techniques, de la programmation que des modèles professionnels.