In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 89, S. 150
En pensant les migrations internationales comme des dynamiques de mobilité sociale, cet article analyse les effets de l'émigration dans les milieux populaires aux Comores à l'échelle des familles et sur plusieurs générations. Dans le pays d'origine, la mobilité spatiale transforme la position sociale des émigrés et de leurs proches. En favorisant la circulation des ressources matérielles acquises à l'étranger, la migration peut diminuer la vulnérabilité économique de l'entourage familial. En forgeant progressivement des dispositions à migrer pour se former et étudier, elle amoindrit la distance des familles populaires aux normes culturelles dominantes. Quand elle a été engagée par plusieurs membres de l'entourage, et surtout quand elle s'inscrit durablement dans l'histoire familiale, l'internationalisation des émigrés peut permettre une sortie des classes populaires, voire un relatif rapprochement avec les classes moyennes. Les migrations internationales ont donc joué un rôle important dans la recomposition de l'espace social aux Comores. Cependant, la dynamique générationnelle de ces mobilités spatiales et sociales est fondamentale pour comprendre les diverses trajectoires familiales et les inégalités qui s'instaurent au fil du temps au sein même des classes populaires comoriennes.
Dans un contexte d'accélération des migrations de retour des immigrés dans leur pays d'origine, cet article propose d'analyser le rôle des ressources scolaires dans ce processus de réinstallation. Le diplôme constitue une faible protection contre le déclassement des immigrés en France, mais qu'en est-il dans leur pays d'origine ? Si les migrants comoriens et togolais de retour enquêtés sont plus souvent diplômés que leurs compatriotes qui restent en France, les effets de leur(s) diplôme(s) ne semblent pas univoques et dépendent largement de leur trajectoire migratoire. Selon leur position sociale, le diplôme est une ressource — plus ou moins indispensable — pour accéder à une promotion sociale. En déclinant ces situations socialement contrastées, l'article démontre qu'il est difficile de penser le diplôme comme un capital scolaire déterminant et isolé des autres formes de ressources. Il est davantage un révélateur du caractère socialement très sélectif de ces migrations de retour.
S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'œuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants développent différentes stratégies pour s'accommoder de la frontière, ou la contourner, selon leurs propriétés sociales, leurs histoires familiales et leurs ressources individuelles et collectives. Cette approche de l'action publique par le bas, et par ses usagers, permet de saisir comment l'inextricable enchevêtrement des frontières, à la fois politiques et sociales, renforce l'immobilité spatiale des uns, mais surtout complexifie les mobilités des autres.
Les réinstallations des émigré·e·s dans leur pays d'origine semblent s'accélérer ces dernières années. La nécessité de préparer son retour, de s'appuyer sur des ressources à la fois économiques et scolaires, rendent ce processus particulièrement sélectif. Si cet article souligne les logiques inégalitaires de ces migrations, il démontre avant tout le rôle prégnant du capital social dans ce phénomène. La possession d'un capital social en migration, mais surtout dans le pays d'origine, renforce les propensions au retour et accélère les réinstallations des émigré·e·s. L'article plaide donc pour une approche du capital social en migration qui soit plus attentive à sa dimension socialisatrice. Les émigré·e·s reviennent d'autant plus qu'ils ont été socialisé·e·s, par l'exemple et par la pratique, à la migration de retour par leur entourage familial et amical.
International audience ; Although political discourses emphasize the attractiveness of France and the reception conditions for foreign students, these students remain strangers like any others, progressively facing monitoring policies over their entry and stay in France. African students are at the forefront of this border closure, implemented from the consulates. This article proposes to reverse the perspective by observing not the production of these borders, but the perceptions and practices of the students who face them. Investigating students' life courses—both those who have obtained their visa and those who have not—reveals the inequalities introduced by this political filter, which is very socially selective. Often confined by a student visa procedure, students develop different strategies to adapt to borders, or to bypass them, according to their social profile, their family history, and their individual and collective resources. This approach to public policies from below, and from its users, explains how the inextricable imbrication of borders, both political and social, reinforces the spatial immobility of some, but above all makes the mobility of others more complex. ; S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'oeuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants développent différentes stratégies pour s'accommoder de la frontière, ou la contourner, selon leurs propriétés sociales, leurs histoires familiales et leurs ressources individuelles et collectives. Cette approche de l'action publique par le bas, et par ses usagers, permet de saisir comment l'inextricable enchevêtrement des frontières, à la fois politiques et sociales, renforce l'immobilité spatiale des uns, mais surtout complexifie les mobilités des autres.
International audience ; Although political discourses emphasize the attractiveness of France and the reception conditions for foreign students, these students remain strangers like any others, progressively facing monitoring policies over their entry and stay in France. African students are at the forefront of this border closure, implemented from the consulates. This article proposes to reverse the perspective by observing not the production of these borders, but the perceptions and practices of the students who face them. Investigating students' life courses—both those who have obtained their visa and those who have not—reveals the inequalities introduced by this political filter, which is very socially selective. Often confined by a student visa procedure, students develop different strategies to adapt to borders, or to bypass them, according to their social profile, their family history, and their individual and collective resources. This approach to public policies from below, and from its users, explains how the inextricable imbrication of borders, both political and social, reinforces the spatial immobility of some, but above all makes the mobility of others more complex. ; S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'oeuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants ...
International audience ; Although political discourses emphasize the attractiveness of France and the reception conditions for foreign students, these students remain strangers like any others, progressively facing monitoring policies over their entry and stay in France. African students are at the forefront of this border closure, implemented from the consulates. This article proposes to reverse the perspective by observing not the production of these borders, but the perceptions and practices of the students who face them. Investigating students' life courses—both those who have obtained their visa and those who have not—reveals the inequalities introduced by this political filter, which is very socially selective. Often confined by a student visa procedure, students develop different strategies to adapt to borders, or to bypass them, according to their social profile, their family history, and their individual and collective resources. This approach to public policies from below, and from its users, explains how the inextricable imbrication of borders, both political and social, reinforces the spatial immobility of some, but above all makes the mobility of others more complex. ; S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'oeuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants ...
International audience ; Although political discourses emphasize the attractiveness of France and the reception conditions for foreign students, these students remain strangers like any others, progressively facing monitoring policies over their entry and stay in France. African students are at the forefront of this border closure, implemented from the consulates. This article proposes to reverse the perspective by observing not the production of these borders, but the perceptions and practices of the students who face them. Investigating students' life courses—both those who have obtained their visa and those who have not—reveals the inequalities introduced by this political filter, which is very socially selective. Often confined by a student visa procedure, students develop different strategies to adapt to borders, or to bypass them, according to their social profile, their family history, and their individual and collective resources. This approach to public policies from below, and from its users, explains how the inextricable imbrication of borders, both political and social, reinforces the spatial immobility of some, but above all makes the mobility of others more complex. ; S'ils sont associés à des discours politiques soulignant la forte attractivité de la France, les étudiants étrangers demeurent des étrangers comme les autres, progressivement soumis à des politiques de contrôle de leur entrée et de leur séjour. Les étudiants africains sont en première ligne de ce processus de fermeture des frontières, à l'oeuvre dès les consulats de France. Cet article propose de renverser la perspective en observant, non pas la production de la politique des visas, mais les perceptions et les pratiques des étudiants qui l'affrontent. Enquêter les parcours d'étudiants qui ont obtenu ou se sont vus refuser leur visa permet de saisir les logiques des inégalités qui persistent face à ce filtre consulaire socialement très sélectif. Souvent captifs d'une procédure du visa étudiant diversement appropriée, les étudiants développent différentes stratégies pour s'accommoder de la frontière, ou la contourner, selon leurs propriétés sociales, leurs histoires familiales et leurs ressources individuelles et collectives. Cette approche de l'action publique par le bas, et par ses usagers, permet de saisir comment l'inextricable enchevêtrement des frontières, à la fois politiques et sociales, renforce l'immobilité spatiale des uns, mais surtout complexifie les mobilités des autres.
In: Lien social et politiques: revue internationale et interdisciplinaire de sciences humaines consacrée aux thèmes du lien social, de la sociabilité, des problèmes sociaux et des politiques publiques, Heft 74, S. 37-56
L'examen des trajectoires migratoires de citoyens comoriens issus des catégories populaires permet de mettre en lumière de fortes inégalités dans leur rapport à la mobilité, dans leur accès à l'émigration et dans leur capacité à transformer la mobilité spatiale en mobilité sociale ascendante. Leur plus ou moins grande possession de ressources scolaires et culturelles ainsi que la connaissance pratique et directe de l'émigration au sein de la famille viennent dessiner des frontières internes à ce groupe social. L'article montre également comment la migration participe significativement à la recomposition des catégories populaires dans le pays d'origine en permettant à ceux qui ont un peu plus de ressources d'obtenir une ascension sociale individuelle ou familiale et en laissant les plus précaires à l'écart de ce processus. La migration favorise donc tout autant la mobilité que la reproduction sociale au sein des milieux populaires.
International audience ; L'examen des trajectoires migratoires de citoyens comoriens issus des catégories populaires permet de mettre en lumière de fortes inégalités dans leur rapport à la mobilité, dans leur accès à l'émigration et dans leur capacité à transformer la mobilité spatiale en mobilité sociale ascendante. Leur plus ou moins grande possession de ressources scolaires et culturelles ainsi que la connaissance pratique et directe de l'émigration au sein de la famille viennent dessiner des frontières internes à ce groupe social. L'article montre également comment la migration participe significativement à la recomposition des catégories populaires dans le pays d'origine en permettant à ceux qui ont un peu plus de ressources d'obtenir une ascension sociale individuelle ou familiale et en laissant les plus précaires à l'écart de ce processus. La migration favorise donc tout autant la mobilité que la reproduction sociale au sein des milieux populaires. ; Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « (Im)mobilité internationale : les inégalités au sein des catégories populaires face à la migration » Hugo Bréant Lien social et Politiques, n° 74, 2015, p. 37-56. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/1034063ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 28 octobre 2016 04:39
International audience ; L'examen des trajectoires migratoires de citoyens comoriens issus des catégories populaires permet de mettre en lumière de fortes inégalités dans leur rapport à la mobilité, dans leur accès à l'émigration et dans leur capacité à transformer la mobilité spatiale en mobilité sociale ascendante. Leur plus ou moins grande possession de ressources scolaires et culturelles ainsi que la connaissance pratique et directe de l'émigration au sein de la famille viennent dessiner des frontières internes à ce groupe social. L'article montre également comment la migration participe significativement à la recomposition des catégories populaires dans le pays d'origine en permettant à ceux qui ont un peu plus de ressources d'obtenir une ascension sociale individuelle ou familiale et en laissant les plus précaires à l'écart de ce processus. La migration favorise donc tout autant la mobilité que la reproduction sociale au sein des milieux populaires. ; Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « (Im)mobilité internationale : les inégalités au sein des catégories populaires face à la migration » Hugo Bréant Lien social et Politiques, n° 74, 2015, p. 37-56. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/1034063ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 28 octobre 2016 04:39
International audience ; L'examen des trajectoires migratoires de citoyens comoriens issus des catégories populaires permet de mettre en lumière de fortes inégalités dans leur rapport à la mobilité, dans leur accès à l'émigration et dans leur capacité à transformer la mobilité spatiale en mobilité sociale ascendante. Leur plus ou moins grande possession de ressources scolaires et culturelles ainsi que la connaissance pratique et directe de l'émigration au sein de la famille viennent dessiner des frontières internes à ce groupe social. L'article montre également comment la migration participe significativement à la recomposition des catégories populaires dans le pays d'origine en permettant à ceux qui ont un peu plus de ressources d'obtenir une ascension sociale individuelle ou familiale et en laissant les plus précaires à l'écart de ce processus. La migration favorise donc tout autant la mobilité que la reproduction sociale au sein des milieux populaires. ; Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. Érudit offre des services d'édition numérique de documents scientifiques depuis 1998. Pour communiquer avec les responsables d'Érudit : info@erudit.org Article « (Im)mobilité internationale : les inégalités au sein des catégories populaires face à la migration » Hugo Bréant Lien social et Politiques, n° 74, 2015, p. 37-56. Pour citer cet article, utiliser l'information suivante : URI: http://id.erudit.org/iderudit/1034063ar Note : les règles d'écriture des références bibliographiques peuvent varier selon les différents domaines du savoir. Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter à l'URI https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Document téléchargé le 28 octobre 2016 04:39