Vichy, le 10 juillet 1940 : le vote des parlementaires francs-maçons démythifié
In: Parlement(s): revue d'histoire politique, Band 32, Heft 2, S. 183-215
ISSN: 1760-6233
L'influence – voire l'emprise – supposée de la franc-maçonnerie sur la vie politique nourrit plus les marronniers journalistiques que la recherche historique, malgré des travaux récents sur la crise Boulangiste, l'Affaire Dreyfus ou la Résistance. À partir de l'identification du corpus des francs-maçons convoqués le 10 juillet 1940 (15,6 % des parlementaires), cette étude analyse et interroge leur comportement lors de ce vote et durant la guerre. Le vote parlementaire accordant les pleins pouvoirs à Pétain est dans son ensemble massif (84,8 %). Le vote des francs-maçons l'est également, même si un peu moins (73,8 %), surtout lorsque ceux-ci sont de gauche. Comme leurs collègues profanes, nombre d'entre eux ayant dit oui à Pétain rejoignent également la Résistance. À la Libération, la franc-maçonnerie, célébrant ses martyrs, fustigeant les « traîtres » aux idéaux maçonniques, n'a pas débattu du vote de « ses » parlementaires.