"Dans les relations franco-polonaises, on peut distinguer, plusieurs épisodes. Le premier fut bref : le 9 mai 1573, Henri de Valois était élu roi de Pologne par une noblesse qui cherchait à éviter de passer sous la suzeraineté des Habsbourg. La cohabitation entre cette noblesse attachée à ses libertés et un roi peu concerné par les réalités du pays ne pouvait qu'être éphémère. Henri quitta le pays, dans la nuit du 18 au 19 juin 1574, interrompant pour de longues années les relations bilatérales. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, une série de mariages royaux marquèrent les relations ; ils entraînèrent des voyages : diplomates, courtisans, soldats, domestiques, cuisiniers, laquais, artistes prirent la route de Varsovie puis, en sens inverse, un demi-siècle plus tard celle de Paris et celle de la Cour du roi Stanislas en Lorraine. Après la disparition de la Pologne, Paris devint le centre de l'émigration polonaise. Les liens se renforcèrent quand le Grand Duché de Varsovie fut capable de créer une armée apportant son puissant concours à l'empereur. En 1831, la défaite de l'insurrection de Varsovie provoqua à nouveau l'arrivée en France d'émigrés polonais. Une série de problèmes se pose : quelle est l'importance du flux et de qui se composait-il ? Quels furent les effets de ces rencontres ? Assiste-t-on à l'émergence d'une véritable culture cosmopolite ? Enfin, quel en fut l'héritage ? Pour en traiter, J. Dumanowski, M. Figeac et D. Tollet ont réuni les 25 contributions constituant les actes du colloque, organisé, en octobre 2014 à Wilanów, autour de l'Histoire de ces échanges."--Page 4 of cover
Résumé Le domaine francoprovençal a été défini comme un espace linguistique présentant un haut niveau de fragmentation. Cet article vise les effets de contact au niveau micro-linguistique des variétés francoprovençales avec lesquelles le locuteur francoprovençal, qu'il soit natif ou non natif, se confronte dans ses pratiques communicatives quotidiennes. Au regard de l'anthropologue, la fragmentation du domaine n'est pas envisagée d'une manière statique. Au contraire, elle constitue un point de départ possible pour une exploration des dynamiques langagières internes à la communauté des locuteurs, à travers l'analyse de la structuration des échanges linguistiques, notamment par le biais des nombreuses stratégies d'intercompréhension mises en place par les locuteurs, mais aussi à travers l'expression des sentiments identitaires du locuteur et de ses représentations de la langue. La conclusion place l'accent sur l'importance de ces dynamiques internes dans l'organisation du système linguistique et de leur implication dans les démarches visant la revitalisation, la transmission et la normalisation du francoprovençal, afin d'attirer l'attention sur des ressources dont les locuteurs disposent naturellement et qu'il est pertinent de prendre en compte dans toute réflexion relative à l'aménagement linguistique.
Ce volume réunit des études menées et/ou présentées dans le cadre du programme de recherches interuniversitaire et interdisciplinaire, financé par la Politique scientifique fédérale belge, sur les « cultures du spectacle baroque ». Il se donne pour ambition de renouveler l'analyse historique et théorique des solennités spectaculaires en s'intéressant tout particulièrement aux effets produits par les dispositifs déployés lors de ce type de manifestations. Par ailleurs, soucieux d'élargir le champ déjà bien exploré des rituels civiques ou monarchiques, il porte essentiellement l'accent sur les solennités religieuses. Tout en tenant compte de la circulation à l'échelle européenne et même mondiale des modèles festifs, il veille également à privilégier la comparaison entre deux espaces culturels, les anciens Pays-Bas et l'Italie, qui, bien qu'ils développent des cultures festives propres ancrées dans des traditions locales, n'entretiennent pas moins des échanges qui s'accélèrent à partir du XVIe siècle. Il ne s'agit cependant moins d'envisager les traces de ces influences que de mieux comprendre la façon dont ces deux cultures ont pu construire, indépendamment l'une de l'autre et/ou au contact l'une avec l'autre, de mêmes conceptions de l'expérience festive, au-delà de la différence des moyens mis en œuvre.
Résumé À partir d'une enquête réalisée dans un musée parisien, l'article interroge les pratiques professionnelles des commissaires d'exposition en art contemporain. La préparation de ces manifestations, processus laissant une large place à la coopération entre artistes et commissaires, conduit à s'intéresser aux modalités de leurs échanges, plutôt qu'à l'analyse des conditions des pleins pouvoirs du commissaire. L'apprentissage de celui-ci s'effectue au contact des plasticiens et des œuvres. Impliquant une importante mobilité, il aiguise leurs capacités à faire - et à justifier - des choix à partir de l'observation couplée du travail de l'artiste et de son contexte. Cet empirisme renvoie à un outillage conceptuel pour partie commun aux acteurs des mondes de l'art contemporain. Les expositions sont ainsi l'occasion de « populariser » certaines tendances interprétatives au détriment d'autres, et, par là, de dynamiser ces univers. De son côté, à partir de ces outils communs et à travers ses choix, le commissaire s'attache un style à la fois lisible et singulier, à travers lequel s'inscrivent et s'affichent ses manières de faire.
Témoignage d'une assistante de service social sur la situation des personnes accompagnées qui vivent à la campagne (mobilités, minimas sociaux et représentations) et la singularité de travailler à la campagne (échanges, contact avec la nature).
Contacter l'auteur : audrasjb(arobase)gmail.com ; Blogs de villages est un travail d'étude et de recherche qui vise à montrer l'existence d'une continuité entre pratiques traditionnelles et pratiques technicisées (dites "modernes"). Cette hypothèse de départ est au final validée par la mise en évidence de pratiques sociales traditionnelles transposées sur le blog de village, faisant ainsi advenir un "continuum de pratiques". La littérature convoquée est volontairement transdisciplinaire. Le 1er chapitre est consacré au cadrage historique de l'espace rural français et à la construction d'une approche communicationnelle de l'objet d'étude. Le deuxième chapitre montre combien le village rural français constitue un construit social avant d'être un territoire géographiquement délimité (de l'importance de l'imaginaire et des représentations sociales par rapport à la définition institutionnelle et/ou administrative du village). Le troisième chapitre, qui clôt la première partie de ce travail, est consacré à une présentation critique des politiques publiques de modernisation de l'espace rural français. La deuxième partie du mémoire nous amène enfin à explorer l'objet blog de village en tant que tel. Le quatrième chapitre s'intéresse donc aux modalités suivant lesquelles ce type de blog peut se présenter : on relève par exemple un passage de l'oralité traditionnelle du discours villageois à l'écrit (d'écran). Dans le cinquième chapitre, nous tentons de caractériser les finalités qui peuvent guider les acteurs du blog de village. Ces finalités peuvent être en apparence d'ordre exogène (publicisation du village sur le réseau mondial), mais nous montrons finalement qu'elles sont en réalité d'ordre endogène (le blog est celui du village, par le village, pour le village : il y est question de prolonger la communauté villageoise, pas vraiment de s'ouvrir vers l'extérieur). Sixième et dernier chapitre : nous arrivons à la conclusion de ce travail. S'il est clair que l'existence du blog de village ne révolutionne pas vraiment la vie du village (certaines pratiques sociales y sont simplement transposées), on se rend bien compte que ce dispositif constitue quand même un point d'ancrage d'internet particulièrement intéressant. Par ce type d'initiative, le villageois trouve un sens à l'utilisation de ce réseau : dans le prolongement de son utilisation du blog de village (même s'il n'en est que commentateur, voire simple lecteur), il peut développer d'autres usages du web : recherche d'information, échange de courriel, Tv à la demande, achat en ligne, etc.
Contacter l'auteur : audrasjb(arobase)gmail.com ; Blogs de villages est un travail d'étude et de recherche qui vise à montrer l'existence d'une continuité entre pratiques traditionnelles et pratiques technicisées (dites "modernes"). Cette hypothèse de départ est au final validée par la mise en évidence de pratiques sociales traditionnelles transposées sur le blog de village, faisant ainsi advenir un "continuum de pratiques". La littérature convoquée est volontairement transdisciplinaire. Le 1er chapitre est consacré au cadrage historique de l'espace rural français et à la construction d'une approche communicationnelle de l'objet d'étude. Le deuxième chapitre montre combien le village rural français constitue un construit social avant d'être un territoire géographiquement délimité (de l'importance de l'imaginaire et des représentations sociales par rapport à la définition institutionnelle et/ou administrative du village). Le troisième chapitre, qui clôt la première partie de ce travail, est consacré à une présentation critique des politiques publiques de modernisation de l'espace rural français. La deuxième partie du mémoire nous amène enfin à explorer l'objet blog de village en tant que tel. Le quatrième chapitre s'intéresse donc aux modalités suivant lesquelles ce type de blog peut se présenter : on relève par exemple un passage de l'oralité traditionnelle du discours villageois à l'écrit (d'écran). Dans le cinquième chapitre, nous tentons de caractériser les finalités qui peuvent guider les acteurs du blog de village. Ces finalités peuvent être en apparence d'ordre exogène (publicisation du village sur le réseau mondial), mais nous montrons finalement qu'elles sont en réalité d'ordre endogène (le blog est celui du village, par le village, pour le village : il y est question de prolonger la communauté villageoise, pas vraiment de s'ouvrir vers l'extérieur). Sixième et dernier chapitre : nous arrivons à la conclusion de ce travail. S'il est clair que l'existence du blog de village ne révolutionne pas vraiment la vie du village (certaines pratiques sociales y sont simplement transposées), on se rend bien compte que ce dispositif constitue quand même un point d'ancrage d'internet particulièrement intéressant. Par ce type d'initiative, le villageois trouve un sens à l'utilisation de ce réseau : dans le prolongement de son utilisation du blog de village (même s'il n'en est que commentateur, voire simple lecteur), il peut développer d'autres usages du web : recherche d'information, échange de courriel, Tv à la demande, achat en ligne, etc.
Résumé La classe préparatoire. Une triple ascension sociale. Préparation. Intégration. Professionnalisation. Échanger une perspective de souffrance imposée par une vie et qu'on ne contrôlera pas, contre celle issue d'un effort librement consenti, à la fin de l'adolescence, pour se voir ouvrir les portes de « l'Olympe », c'est le choix effectué par les jeunes, issus des ZEP, qui décident, malgré les pronostics sociaux d'échec, de faire quand même l'essai de la classe préparatoire et qui réussissent ICN, école de Management. Le premier contact du lycéen avec la voie royale ne se fait pas dans le réel, mais dans l'imaginaire : la rumeur colportée. Ceux qui ont parcouru le chemin, retournent voir les impétrants, avec plein d'histoires terribles sur les « monstres » qu'ils ont combattus. Cette rumeur mythique explique en partie pourquoi les jeunes issus des ZEP sont si peu nombreux à tenter leur chance. Ce milieu inconnu est ressenti comme hostile à travers ces histoires. Cette représentation fait naître l'angoisse et la peur. C'est moins la masse de travail à fournir que ces rumeurs qui découragent la décision de tenter sa chance... Une fois le choix effectué, les difficultés existent bien, mais elles sont réelles et non imaginaires...
La situation de conflictualité dans le Sahel est connue ; elle s'exacerbe continuellement dans une grande complexité due à la multiplicité des groupes armés à base communautaire et la volatilité de leurs rapports entre eux et avec l'armée nationale et l'État central en général. Les analyses se sont, de nécessité, concentrées sur l'histoire et la sociologie du nord, la géopolitique du Sahel, les faits religieux et leurs implications politiques et sécuritaires, avec un retour constant sur la nature de l'État postcolonial (« faible », « fragile » ou même « failli »). La linguistique – notamment la sociolinguistique – ne joue pas un rôle important dans les efforts de clarification de la situation. Et pourtant, la région est le site de recherches bien établies sur le contact linguistique et sa pertinence pour une meilleure compréhension de l'histoire des peuplements, les échanges humains, culturels et techniques qui ont façonné cet espace de civilisation singulier. Aussi, dans une large mesure, la langue, la parole ou le récit témoignent de la présence de l'autre, qui, dans le contexte de dispute intime, même existentielle entre deux groupes, est surtout le « presque semblable » (Jankélévitch). Le retour à la langue élargit le débat en prenant en compte les implications rhétoriques, esthétiques et éthiques du débat en cours. C'est également à la lumière de la situation actuelle que nous devons poser la question du rôle d'une langue dans la représentation de la communauté, voire du territoire qu'elle occupe ou que ses locuteurs considèrent comme leur terroir ancestral.
In France, there is a debate in Urban Policies: are the "zones urbaines sensibles", underprivileged urban areas benefiting from specific public policies, suffering from geographical isolation ? On the one hand, these areas are perceived in collective representations as "enclaves" where inhabitants are blocked in their district. On the other hand, this isolation is nuanced, even refuted, by many researchers who suggest focusing on the socio-economic factors of exclusion.With an approach in between social sciences and geomatics, this PhD thesis develops a generic method of measuring geographical isolation in urban spaces by using a geographic information system. We aims to question the contribution of geomatics to a debate that until then belong to disciplines such as geography, sociology or planning.We define geographical isolation as a situation of weak potential for contact with otherness, which reduces the exchanges between an entity and the rest of the territory, and causes the severance of its inhabitants. We propose to distinguish three dimensions of geographical isolation: Enclosing, Remoteness and Differentiation. These three dimensions give a frame to our method. Each refers to different fields of research – "community severance" or "barrier effect", pedestrian mobility, characterization of urban form, accessibility, segregation measure – that we mobilize to construct indicators of geographical isolation.We then apply this method to the "zones urbaines sensibles". This specific application enables us both to validate our method, by combining known results with other approaches (planning, sociology), and both to contribute to the debate on the geographical isolation of the "zones urbaines sensibles" with a quantitative approach ; L'enclavement des territoires de la Politique de la ville fait l'objet d'un débat. D'un côté, l'image des zones urbaines sensibles comme enclavées est forte dans les discours sur la ville et dans les représentations collectives. D'un autre côté, cet enclavement est nuancé, voire réfuté, par de nombreux chercheurs qui suggèrent de se concentrer sur les facteurs socio-économique de l'exclusion de leurs habitants. Positionnée à « l'entre-deux » entre sciences humaines et sociales et géomatique, cette thèse élabore une méthode générique de mesure de l'enclavement dans les espaces urbains à l'aide d'un système d'information géographique. Nous questionnons ainsi l'apport de la géomatique à une problématique relevant jusque-là de disciplines comme la géographie, la sociologie ou l'urbanisme. Nous entendons l'enclavement comme une situation de faible potentiel de contact avec l'altérité, qui réduit les échanges entre une entité et le reste du territoire, et provoque une mise à l'écart de ses habitants. Nous proposons de distinguer trois dimensions de l'enclavement : la Fermeture, l'Isolement et la Différenciation. Ces trois dimensions structurent notre méthode. Chacune renvoie à des axes de recherche différents – les coupures urbaines, les mobilités piétonnes, la caractérisation de la forme urbaine, l'accessibilité, la mesure de ségrégation – que nous mobilisons pour construire des indicateurs géographiques d'enclavement. Nous appliquons ensuite cette méthode aux zones urbaines sensibles. Cette application spécifique nous permet à la fois de valider notre méthode, en recoupant des résultats connus avec d'autres approches (urbanisme, sociologie), et à la fois de contribuer au débat sur l'enclavement des territoires de la Politique de la ville au moyen d'une approche quantitative
In France, there is a debate in Urban Policies: are the "zones urbaines sensibles", underprivileged urban areas benefiting from specific public policies, suffering from geographical isolation ? On the one hand, these areas are perceived in collective representations as "enclaves" where inhabitants are blocked in their district. On the other hand, this isolation is nuanced, even refuted, by many researchers who suggest focusing on the socio-economic factors of exclusion.With an approach in between social sciences and geomatics, this PhD thesis develops a generic method of measuring geographical isolation in urban spaces by using a geographic information system. We aims to question the contribution of geomatics to a debate that until then belong to disciplines such as geography, sociology or planning.We define geographical isolation as a situation of weak potential for contact with otherness, which reduces the exchanges between an entity and the rest of the territory, and causes the severance of its inhabitants. We propose to distinguish three dimensions of geographical isolation: Enclosing, Remoteness and Differentiation. These three dimensions give a frame to our method. Each refers to different fields of research – "community severance" or "barrier effect", pedestrian mobility, characterization of urban form, accessibility, segregation measure – that we mobilize to construct indicators of geographical isolation.We then apply this method to the "zones urbaines sensibles". This specific application enables us both to validate our method, by combining known results with other approaches (planning, sociology), and both to contribute to the debate on the geographical isolation of the "zones urbaines sensibles" with a quantitative approach ; L'enclavement des territoires de la Politique de la ville fait l'objet d'un débat. D'un côté, l'image des zones urbaines sensibles comme enclavées est forte dans les discours sur la ville et dans les représentations collectives. D'un autre côté, cet enclavement est nuancé, voire réfuté, par de nombreux chercheurs qui suggèrent de se concentrer sur les facteurs socio-économique de l'exclusion de leurs habitants. Positionnée à « l'entre-deux » entre sciences humaines et sociales et géomatique, cette thèse élabore une méthode générique de mesure de l'enclavement dans les espaces urbains à l'aide d'un système d'information géographique. Nous questionnons ainsi l'apport de la géomatique à une problématique relevant jusque-là de disciplines comme la géographie, la sociologie ou l'urbanisme. Nous entendons l'enclavement comme une situation de faible potentiel de contact avec l'altérité, qui réduit les échanges entre une entité et le reste du territoire, et provoque une mise à l'écart de ses habitants. Nous proposons de distinguer trois dimensions de l'enclavement : la Fermeture, l'Isolement et la Différenciation. Ces trois dimensions structurent notre méthode. Chacune renvoie à des axes de recherche différents – les coupures urbaines, les mobilités piétonnes, la caractérisation de la forme urbaine, l'accessibilité, la mesure de ségrégation – que nous mobilisons pour construire des indicateurs géographiques d'enclavement. Nous appliquons ensuite cette méthode aux zones urbaines sensibles. Cette application spécifique nous permet à la fois de valider notre méthode, en recoupant des résultats connus avec d'autres approches (urbanisme, sociologie), et à la fois de contribuer au débat sur l'enclavement des territoires de la Politique de la ville au moyen d'une approche quantitative
Minority and community are concepts that have dominated the analysis of Christians in the Arab world, leading to a perception of Middle-Eastern societies as confessional or sectarian mosaics. This paradigm posits that religious and political identities and dynamics are closely intertwined in countries where the dominant culture is Islam, and that religious and ethnic groups live side by side, maintaining limited interactions while their immutable identities offer a strong potential for conflict. This work questions the paradigm of the mosaic by focusing on identity formation and interaction across religious boundaries over a period that extends from the later decades of Ottoman rule in Transjordan (1870) to present Jordan (1997). It asks whether confessionnal identities are by nature conflictual and if the 'minority' concept is the only relevant one to evaluate the degree of social, political and economic participation of non-Moslems in countries where Islam is the dominant culture. The approach is inductive and historical but mobilises concepts from the disciplines of social and political anthropology and political sociology. The dissertation comprises of 10 chapters set chronologically and covering the period 1870 to 1997. Taking a historical approach, it focuses on the modalities of exchanges, transactions, cooperation and communication (looking at kinship, mariage patterns, the role of women, economic cooperation, and various aspects of local and national politics) between Christians and Moslems and between several Christian denominations in Jordan (Orthodox and Roman Catholic, or Latin, in particular), more particularly in the town of Madaba however set within a broader national and international context. These broader contexts (that encompass the politics of states and of transnational Church actors over time) allow to bridge between the local and other levels to document how institutions regulate identity formation and cross-communal interactions. Over a century, Madaba provides the background, widely open to the rest of the country and the world, of a social, religious and political history of Arab Christian families. The work combines historical and anthropological approches and sources (in particular so far unexploited parish and Vatican archives, together with other archival sources). It questions the nature and the maintenance of the social and political link between Christians and Moslems in Madaba and in Jordan, and the changes that have affected identity boundaries between groups: both as Christians and Moslems, but equally as members of different Christian denominations, particularly in the context of missionary activities. The thesis defended here is that it is time to 'break the mosaic' so as to cast light from the inside on the societies and polities within which Christians in the Arab world are inserted. The title of the dissertation refers both to this paradigm and to the Byzantine mosaics that have made Madaba famous as an archaeological site. In place of the static image of the mosaic, the dissertation offers successive episodes of a moving picture where political powers, Churches (missionary or not), those local families that transfer their assets to Amman, the Jordanian capital, and the national arena, negotiate the organisation of local social interactions. One important contribution of the dissertation is to document how the tribe, over more than a century, remains a central social form to express identities, regulate economic and political interactions, and manage conflict both between Christians and between Christians and Moslems. Communal identities, however central they have become since the inception of the modern state, do not appear to threaten the cohesion of the society and the polity, either at the local or national levels. The maintenance of tribal identities is dealt with throughout the dissertation as a dynamic process in which both successive states, regimes, social actors at the national and local levels play a part, in particular in the historical context of the arrival of the Palestinians in Jordan and in the town of Madaba. At another level, the dissertation deals extensively with the institutional relations between the Greek Orthodox and the Roman Catholic Churches and the Jordanian state, bringing a new insight into a previously under-studied domain. Finally, this work offers an argument about the relationships between state and society in contemporary Jordan by interrogating the changing nature of the social pact between the Hashemite regime and local constituencies, more specifically with non-Moslems but also with Transjordanians as opposed to Palestinians. This work is therefore not a mere monograph about Christians in the town of Madaba: looking at a 'marginal' and local phenomenon, it enlightens broader social, political and historical dynamics. ; En partant d'un phénomène observé 'à la marge' afin de mieux illustrer ce qui se passe au centre, ce travail aborde des questions fondamentales pour la compréhension des sociétés du Moyen-Orient en déconstruisant notamment la catégorie de 'minorité', en s'interrogeant sur la nature du lien social entre chrétiens et musulmans dans l'agglomération de Madaba et au-delà dans la Jordanie contemporaine et en analysant la construction des identités collectives sur plus d'un siècle (1870-1997). Sont proposés d'autres paradigmes que ceux des traditions orientaliste et développementaliste pour l'analyse des minorités en pays musulmans. Ces traditions postulent la primauté du facteur religieux dans la formation et l'expression des identités sociales et envisagent les sociétés arabes comme des 'mosaïques' formées de groupes ethnoconfessionnels homogènes, relativement hermétiques les uns aux autres et inscrits dans une hiérarchie de statuts. On s'est plutôt inspiré ici de l'approche sur les frontières et les interactions entre groupes ethniques proposée par F. Barth en lui adjoignant une certaine profondeur historique et en intégrant une analyse des rapports entre le pouvoir politique et les groupes sociaux. Il s'agit de poser les affiliation religieuses et confessionnelles comme des constructions sociales et historiques dont on peut étudier le développement, les méandres et les interactions avec d'autres types d'affiliation. S'inspirant de tous les travaux récents portant sur la construction des identités collectives, qu'il s'agisse de nations ou d'ethnies, l'approche choisie défend une conception plurielle et mouvante des identités décrites en termes de processus dynamiques et interactionnels en s'interrogeant sur les temporalités et les facteurs de continuité/changement et en montrant des continuité beaucoup plus longues que celles qui posent la période coloniale comme période charnière de fixation des identités collectives. En plus d'une méthodologie d'observation anthropologique du terrain et des acteurs, quatre types principaux de sources ont été exploités : la littérature des voyageurs occidentaux, les archives paroissiales et missionnaires (en particulier celles de la Propaganda Fide à Rome), les témoignages oraux, la littérature d'histoire locale produite à Madaba. On a adopté un plan chronologique découpé en trois périodes principales. A l'intérieur de chaque partie, l'analyse thématique a été privilégiée en suivant, dans l'agglomération de Madaba depuis sa fondation en 1880, les alliances matrimoniales, politiques et économiques entre chrétiens et musulmans et entre groupes de différents rites chrétiens (essentiellement orthodoxes et latins) afin de déterminer où passent les frontières de l'identité et comment elles changent. Une variété d'acteurs institutionnels et individuels, dont certains apparaissent à un moment historique donné, influent sur la forme de ces frontières : les administrations des États qui se succèdent et leur personnel, les hiérarchies ecclésiastiques, les prêtres, les Grandes Puissances occidentales et leurs représentants locaux, les intellectuels de formation moderne, les partis politiques, les notables traditionnels et modernes, les organisations de la société civile, les émigrés et les immigrés, les tribus et leurs membres. Centré sur l'agglomération de Kérak, dont sont issus les chrétiens qui fondent Madaba en 1880, le prologue fait apparaître que, dans la Syrie du Sud (Transjordanie) du milieu du XIXe siècle, les institutions ecclésiastiques (grecques orthodoxes) et impériales (ottomanes) n'ont que très peu d'influence sur ce territoire situé à l'extrême périphérie de l'empire. Minoritaires sur le plan démographique et dispersés sur le territoire, les chrétiens ne sont pas marginalisés du fait de leur appartenance religieuse car l'ordre tribal des relations sociales assure différents niveaux d'intégration sociale et de coopération politique et économique entre lignages chrétiens et musulmans en fonction d'autres critères que ceux de l'appartenance religieuse. Les chrétiens sont fragmentés en plusieurs clans et tribus sans que l'on puisse repérer de cohésion confessionnelle. Sur le plan de la pratique religieuse, c'est une forme de syncrétisme qui prévaut. L'impossibilité des échanges matrimoniaux entre chrétiens et musulmans n'est pas nécessairement perçue comme témoignant d'un frontière religieuse infranchissable mais s'inscrit dans le contexte plus vaste des règles qui régissent les alliances matrimoniales entre tribus. L'appartenance religieuse est avant tout un marqueur d'identité tribale. La première partie analyse comment l'ordre communautaire religieux apparaît dans les dernières décennies du XIXe siècle, sous l'action conjuguée des organisations missionnaires (protestantes et catholiques) et de l'administration alors que les Ottomans entreprennent de rétablir leur autorité sur la Syrie du Sud. Autour de la fondation du village de Madaba par des lignages chrétiens immigrés de Kérak sous l'impulsion des missionnaires latins, on montre comment de nouveaux acteurs religieux et civils entreprennent d'imposer un ordre communautaire des relations sociales à travers l'éducation missionnaire, le marquage d'espaces chrétiens, le contrôle des alliances matrimoniales, de nouvelles pratiques cultuelles, l'accès aux instances de représentation administratives et juridiques ottomanes. Les modalités d'insertion des tribus chrétiennes qui fondent Madaba dans leur environnement permettent de mettre en lumière les résistances à l'ordre communautaire par l'établissement de partenariats économiques et d'alliances politiques avec les tribus musulmanes du lieu selon des logiques lignagères persistantes où les acteurs instrumentalisent à leur profit les nouvelles ressources communautaires fournies par les Églises ou les consulats européens. Au cours du XXe siècle, la Transjordanie, d'abord sous mandat britannique, accède à l'indépendance. Malgré ce changement politique, le régime monarchique se perpétue sans que les modalités d'insertion sociale des chrétiens ne soient bouleversées au niveau du pays dans son ensemble ou au sein de l'agglomération de Madaba. La deuxième partie se penche alors sur la manière dont l'État hachémite et les Églises majoritaires (grecque orthodoxe et romaine catholique) négocient les frontières des espaces communautaires à travers la législation sur les communautés confessionnelles et leurs prérogatives religieuses, éducatives et caritatives. Le traitement différencié accordé par l'État aux différentes Église en présence ainsi que des relations diverses entre les hiérarchies ecclésiastiques et les laïcs des communautés sont deux dimensions qui contribuent à empêcher la cohésion des chrétiens pris comme un ensemble. Le statut politique des chrétiens est ensuite étudié non en isolation mais en parallèle avec celui d'autres groupes sociaux, Circassiens, bédouins, réfugiés palestiniens, familles musulmanes transjordaniennes du nord et du sud, etc. afin de poser question quant à la réalité d'un statut minoritaire et à l'existence d'une majorité politique dans le royaume hachémite. Il ressort que le régime octroie aux communautés chrétiennes et aux familles chrétiennes de notables (anciens ou modernes) un espace privilégié d'expression et de représentation qui leur permet d'occuper une place centrale, et non marginale, dans la société. Dans le même temps, il est difficile d'identifier une norme identitaire autre qu'hachémite et il apparaît qu'une des modalités d'exercice du pouvoir monarchique repose sur la cooptation d'individus et de familles appartenant à tous les groupes de la société. Dans un second temps, recentrer l'analyse sur l'agglomération de Madaba permet d'observer comment les acteurs locaux relaient les efforts de l'État qui visent à maintenir une fragmentation sociale selon des clivages communautaires et lignagers afin de résister à la formation d'identités politiques transversales qui mettraient en danger sa stabilité. La modernité politique et économique n'en engendre pas moins un système de relations multiples entre chrétiens et musulmans que l'on peut repérer à travers les alliances politiques lors d'épisodes électoraux, dans les mouvements associatifs, dans les partenariats économiques, dans les partis politiques ou lors d'épisodes de conflit aigus tels celui de Septembre noir. En parallèle, les logiques tribales continuent à ordonner conflit et coopération entre groupes de religions différentes qui se définissent d'abord selon leur affiliation lignagère. C'est le cas, en particulier, dans les domaines de l'économie agricole et pastorale traditionnelle, dans les épisodes de règlement de conflits de sang ou d'honneur où prévaut encore le droit coutumier, parfois à l'encontre des prescription du droit musulman. La fragmentation des chrétiens en groupes lignagers est ainsi préservée sans que ne s'effectue une communautarisation incluant une dimension politique. De même, les valeurs qui permettent aux chrétiens de participer pleinement à l'échange social, telles l'honneur individuel ou collectif, le prestige familial, la limitation de l'autonomie des femmes, ne sont pas menacées par l'imposition de normes islamiques. A partir des années 1970, la polarisation de la population du royaume hachémite entre Jordaniens 'de souche' et Jordaniens 'd'origine palestinienne' amène un processus de différenciation identitaire dans lequel l'organisation tribale en vient à symboliser l'identité jordanienne. Dans le même temps, les islamistes deviennent la principale force d'opposition que le régime tente d'endiguer en réaffirmant son propre caractère musulman et en islamisant de nouveaux espaces de la vie publique. Ces changements de paradigmes de la société politique jordanienne touchent Madaba, ville mixte où cohabitent Jordaniens des tribus et Palestiniens réfugiés, chrétiens et musulmans. De plus, les équilibres démographiques et politiques de la ville penchent de plus en plus en faveur des musulmans. Les chrétiens, autrefois majoritaires, entreprennent alors de défendre leur position de prééminence dans la ville. Les stratégies qu'ils mettent en place pour combattre une double logique de minorisation (en tant que chrétiens et Jordaniens 'de souche') font l'objet de la dernière partie de ce travail. On montre tout d'abord comment les chrétiens résistent sur le terrain à un recul de la neutralité religieuse de l'espace public et à leur mise en minorité démographique et politique (conseil municipal) dans l'agglomération et comment ils se redéploient dans l'espace urbain, créent des réseaux de soutien financier avec les immigrés, amorcent un rapprochement entre Églises, compensent dans le champ politique national la perte de leur hégémonie locale. Dans un second temps, on se penche sur la littérature d'histoire locale que produisent les chrétiens de Madaba afin d'analyser comment ces derniers, en reformulant leur histoire ancienne et récente, se construisent à la fois des identités confessionnelles, ethniques et lignagères et comment elles sont rendues compatibles afin de lutter contre une marginalisation symbolique. Le dernier chapitre se penche sur les élections législatives de 1997 afin d'illustrer la manière dont les chrétiens utilisent leurs imaginaires identitaires comme vecteurs de mobilisation politique à l'occasion des élections législatives, nouvelle arène de compétition depuis la libéralisation de la vie politique intervenue en 1989. Malgré l'existence d'un siège chrétien réservé pour la circonscription de Madaba, ce n'est pas la mobilisation communautaire qui apparaît comme efficace mais bien plutôt le discours des solidarités tribales, éventuellement (mais non nécessairement) en conjonction avec l'appartenance partisane ou confessionnelle. On peut alors avancer que les chrétiens participent pleinement aux dynamiques de la société dans son ensemble. Tout au long de la période étudiée, la parenté joue un rôle central comme vecteur essentiel de l'identification des groupes, que ceux ci soient dans un espace rural ou urbain. Les chrétiens de Madaba mobilisent les mêmes ressources symboliques que les autres groupes avec lesquels ils sont en contact. Comme l'ensemble de la société, les chrétiens participent à une multitude d'échanges et d'interactions et se positionnent en fonction de ces interactions. Au-delà de l'étude de cas qui s'ancre dans une ville moyenne de la Jordanie centrale, ce travail s'interroge en conclusion sur le système politique jordanien et sur les modes de légitimation de sa monarchie. Les analyses en termes de construction nationale sont critiquées, le terme de 'minorité' est mis en question tout comme le présupposé classique d'une imbrication nécessairement étroite du religieux et du politique dans les pays dits, ou qui se disent, musulmans.