Pour un usage des statistiques dans l'étude des concepts politiques : aspirations, potentialités et limites d'une série d'expériences de recherche
International audience ; Les réflexions sur le positionnement de la théorie politique vis-à-vis des sciences sociales, et lestentatives d'en rompre l'isolement au sein de la science politique sont loin d'être inexistantes. Onpeut toutefois émettre l'hypothèse qu'une forme de « réflexe platonicien », opposant nombre etraison, quantité des observations et qualité logique du raisonnement, a contribué à maintenir uneméfiance vis-à-vis des statistiques parmi les théoricien.ne.s du/de la politique. Les effortsexistants pour se rapprocher des sciences sociales empiriques témoignent d'ailleurs de cette plusgrande bienveillance vis-à-vis des méthodes qualitatives qu'à l'égard des méthodes quantitatives.La théorie politique présente en effet des affinités évidentes avec les outils de l'enquêtequalitative, qui prennent le temps de comprendre la rationalité des acteurs étudiés (enquêtes deterrain mobilisant les outils de l'ethnographie ou de l'entretien semi-directif) (Estève 2019;Hauchecorne 2012; Ternier 2018), ou avec les méthodes expérimentales, fondées sur des misesen situation avec un nombre d'observations (relativement) restreintes (Hassoun 2016). Or, sicomprendre comment pensent les acteurs politiques « ordinaires » peut constituer un enjeu pourla théorie politique, pourquoi ne pas le faire en investissant les méthodes quantitatives à partir de(grandes) enquêtes par questionnaire ? Ce type de matériau, pourtant fondamental dans la sciencepolitique contemporaine, n'est que très rarement exploité en théorie politique (Bauböck 2008;Banting et Kymlicka 2006). C'est à une défense de son usage et aux problématiques qu'il soulèvequ'est consacrée cette communication.