À partir d'une démarche socio-historique, l'auteur propose une discussion critique des termes plaisir / souffrance et justice / injustice au regard notamment des situations de travail industriel. La dimension interprétative des expériences des travailleurs, en termes de souffrance / plaisir, justice / injustice, repose sur les interactions établies entre les travailleurs et entre les travailleurs et les chercheurs. À travers l'exemple des actions prudhomales, l'auteur met en évidence le rôle joué par le travail argumentatif d'une part, le déroulement dramatique d'autre part, qui caractérisent des conciliations réussies. L'article propose en conclusion une discussion sur le statut de la vérité en rapport avec la pratique des enquêtes sur les situations de travail.
Compter comme les gens comptent : tel est le point de départ de l'enquête d'ethnocomptabilité. Pour y parvenir, il convient de développer une méthode ethnographique qui met entre parenthèses l'évidence occidentale que la mesure monétaire exprime l'évaluation économique. Une ethnographie de l'évaluation demande des techniques d'enquêtes simples et rigoureuses pour retrouver les dimensions multiples de l'évaluation, en situation réelle, et ne pas traiter la valeur économique séparément des autres évaluations de la vie courante. Il en est ainsi, entre autres, lorsque l'on veut prendre la mesure de la pauvreté.
RésuméL'émancipation ouvrière, à la suite de la Révolution française, loin d'être une formule creuse, a donné lieu à des exigences efficaces de bon droit et s'est traduite en pratiques jurisprudentielles locales. L'article décrit un double phénomène: la mise en œuvre de cette émancipation, puis sa dénégation soudaine durant les années 1880-1890, un « coup de force dogmatique » tenant pour nulles et non avenues neuf décennies de droit des ouvriers, pour lui substituer le « droit du travail ». Au lieu du principe de bilatéralité des volontés libres, s'instaura un principe de protection en contrepartie d'une subordination industrielle impérative.
Alain Cottereau Theories of Action and the Notion of Work : Difficulties and Prospects The many meanings of the term «work» in current usage and in theory are clarified. Similarities between contemporary notions of work and theories of action are pointed out. Work can be reconceptualized around three complementary axes of current research : descriptive interactionist inquiries, the revival in studies of forms of coordination, and new approaches to the investigation of norms.
Pour porter sur un passé déjà quelque peu lointain, cet article ne traite pas moins d'une grande question, celle des résistances opposées par l' idéologie commune et les pratiques officielles à un changement dans les représentations que les données empiriques — ici statistiques — auraient imposé si la lecture n'en avait pas été occultée : tuberculose maladie d'usure bien plus que d'insalubrité de l'habitat. Mais dans l'état des thérapeutiques disponibles, aucune conclusion pratique, socialement applicable, n'aurait été tirée d'un progrès , possible et refusé, de l'étiologie. L'ignorance avait des vertus conservatrices, ce n'est pas dire qu'elle fut volontaire ; cependant, du milieu ouvrier, des voix discordantes s'élevaient et n'étaient point entendues.
La planification urbaine a connu des périodes plus ou moins fastes en France. Dans cet article sur «le mouvement municipal parisien », l'auteur présente des tentatives extrêmement ambitieuses d'aménagement de la région parisienne, tentatives qui furent entreprises sous l'impulsion d'élus locaux parisiens depuis les années 1900 jusqu aux années 1920, et dont on ne soupçonne guère l'ampleur actuellement. Dans une seconde partie, il propose une réflexion sur les conditions de la planification urbaine.
Comme de nombreux autres pays d'Europe, la France a connu au début du siècle un urbanisme volontaire aussi «moderne » que celui qu'elle croit découvrir aujourd'hui. Dans ce premier article, l'auteur analyse la naissance de ce phénomène avec la construction du métropolitain , et propose un cadre conceptuel pour rendre compte des changements de rapports sociaux que traduit l'apparition de «l'urbanisme ».