Mieux connaître les circuits courts pour mieux les soutenir politiquement. Colloque national circuits courts alimentaires : état des lieux de la recherche et mise en réseau des acteurs de la recherche et du développement. Colloque national circuits courts alimentaires : état des lieux de la recherche et mise en réseau des acteurs de la recherche et du développement
Mieux connaître les circuits courts pour mieux les soutenir politiquement. Colloque national circuits courts alimentaires : état des lieux de la recherche et mise en réseau des acteurs de la recherche et du développement. Colloque national circuits courts alimentaires : état des lieux de la recherche et mise en réseau des acteurs de la recherche et du développement
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des exploitations restantes. Ce projet repose sur une perception polarisée du panorama des structures agricoles nationales : d'un côté, un grand nombre de petites et moyennes exploitations familiales produisant avant tout pour satisfaire les besoins de la famille, et contribuant faiblement ou moyennement seulement aux besoins du marché ; de l'autre côté, une minorité d'exploitations plus actives et plus grandes que la moyenne officielle nationale en cours d'évolution vers des modèles spécialisés, technicisés et liés au marché, évalués comme plus productifs. Cette thèse s'est fondée au contraire sur l'hypothèse de l'existence d'une masse centrale d'exploitations ni en repli sur des stratégies strictement vivrières, ni tournées vers la voie radicale de la « modernisation ». Cette catégorie, si elle existait, était susceptible de présenter des « performances » convenables, non selon un référentiel technico-économique exogène inspiré par une perspective industrielle générant une évaluation sévère, mais selon des objectifs endogènes propres à leurs propriétaires. Ce projet de recherche vise à porter le débat sur le terrain des chiffres et des indicateurs, appréhendés comme un langage de médiation entre des normes distinctes, en générant des indicateurs propres à refléter les logiques socio-économiques et techniques de la catégorie d'exploitants recherchée. Une quarantaine de monographies conduites dans quatre communes situées dans des régions aux caractéristiques socio-économiques et historiques aussi différentes que possible (voïvodies de Podlasie, Małopolska, Mazovie et Wielkopolska) ont nettement montré l'existence de cette catégorie centrale « ni-ni » d'exploitations. A partir du modèle des sociétés paysannes proposé par le sociologue rural français Henri Mendras, et grâce à une approche compréhensive inspirée par la perspective weberienne, cette thèse montre que ces familles développent une référence implicite commune à un modèle d'exploitation induit par la trajectoire politico-économique spécifique du secteur agricole polonais depuis un siècle : foncier comme socle non-négociable de l'assise socio-économique familiale, partition de l'exploitation en quatre espaces stables (ager, saltus, sylva et hortus), rotations culturales et forte complémentarité entre élevage et cultures, autonomie comme principe fondateur de l'ensemble des décisions, transmission intra-familiale des savoir-faire, complexité et hétérogénéité des sources de revenu basée sur la solidarité entre les générations cohabitant sur l'exploitation, forment les composantes d'un système idéal-typique de résilience qui a permis à ces familles et ces exploitations de traverser, au prix d'adaptations permanentes sur fond de modèle stable, la période socialiste, la crise économique de transition puis les premières étapes de l'adhésion européenne. Cette référence commune n'exclut pas des trajectoires de différenciations : deux de nos catégories typologiques montrent des voies de sortie du modèle, l'une par le ralentissement productif, l'autre par l'évolution vers un modèle à l'occidentale. Les trois autres catégories représentent des déclinaisons de ce modèle de référence : exploitations de semi-subsistance très productives, voie paysanne intensifiée, voie de la diversification des activités rurales. Le recours à la perspective proposée par l'analyse cognitive des politiques publiques, développée notamment par Jobert, Muller puis Fouilleux, a permis parallèlement de mettre en évidence deux référentiels de politique publique dans les textes-cadres européens fixant la nouvelle PAC en Pologne. En appréhendant ce système idéal-typique paysan comme la composante normative d'un référentiel professionnel, la thèse en propose une confrontation avec la composante normative de chacun des deux référentiels véhiculés par les textes européens. La confrontation avec le référentiel de marché révèle la violence du choc entre deux projets agricoles radicalement opposés, la puissance inédite des mesures mises en œuvre, les mécanismes fins d'adaptation, de distorsion propre au modèle de résilience paysan décrit ici. Rien ne permet réellement d'anticiper quelle dynamique dominera sur l'autre, chacune témoignant d'espaces spécifiques d'efficacité. La confrontation avec le référentiel de la multifonctionnalité-durabilité repose sur le recours à une batterie d'une cinquantaine d'indicateurs dans les domaines agro-écologique, socio-territorial et économiques, inspirés librement de la méthode française IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles). Les scores obtenus montrent des « performances » variables, en termes de durabilité, de la vaste catégorie d'exploitations étudiées : leurs performances dans le domaine agro-écologique sont globalement excellentes, offrant l'image d'un vivier méconnu de pratiques reflétant le meilleur de l'acquis agronomique de l'Europe tempérée froide du moyen-âge à la révolution technique du 20eme siècle. En revanche, dans le domaine socio-territorial, ces indicateurs montrent qu'alors que l'Union assignerait à ces exploitations l'objectif de répondre des demandes urbains dans les domaines de la qualité des produits, d'accès à l'espace et de services ruraux, ces exploitants consacrent plus volontiers leur énergie à la satisfaction de demandes de produits et de services dans la sphère locale d'interconnaissance et grâce à des réseaux d'économie informelle qui masquent ces activités à l'approche économique classique. Dans le domaine économique enfin, ces familles parviennent à hisser leur niveau de vie à parité avec la moyenne nationale, dès lors que l'on cesse de considérer le seul revenu agricole pour prendre en compte simultanément ce type de bénéfices productifs, les salaires complémentaires des membres de la famille pluri-actifs, les pensions de retraite des aînés vivant sur l'exploitation, et les nouvelles aides européennes. Si le revenu monétaire des ces familles est faible, et leur mode de vie souvent assez frugal en regard de l'occidentalisation progressive des modes de consommation, leurs besoins matériels de base n'en sont pas moins assez bien satisfaits : cette situation justifie à elle seule leur volonté de résistance dans un contexte politico-économique que ces familles appréhendent encore comme instable et souvent hostile. Ainsi, le projet européen, tout en mettant à rude épreuve un mode de vie fortement représenté démographiquement mais masqué par les catégories d'analyses dominantes institutionnellement, offre aussi des espaces de re-légitimation du modèle de résilience décrit ici, qui interdit sa relégation au rang d'archaïsme pour le ramener, au contraire, au premier plan d'une réflexion sur la modernité.
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des exploitations restantes. Ce projet repose sur une perception polarisée du panorama des structures agricoles nationales : d'un côté, un grand nombre de petites et moyennes exploitations familiales produisant avant tout pour satisfaire les besoins de la famille, et contribuant faiblement ou moyennement seulement aux besoins du marché ; de l'autre côté, une minorité d'exploitations plus actives et plus grandes que la moyenne officielle nationale en cours d'évolution vers des modèles spécialisés, technicisés et liés au marché, évalués comme plus productifs. Cette thèse s'est fondée au contraire sur l'hypothèse de l'existence d'une masse centrale d'exploitations ni en repli sur des stratégies strictement vivrières, ni tournées vers la voie radicale de la « modernisation ». Cette catégorie, si elle existait, était susceptible de présenter des « performances » convenables, non selon un référentiel technico-économique exogène inspiré par une perspective industrielle générant une évaluation sévère, mais selon des objectifs endogènes propres à leurs propriétaires. Ce projet de recherche vise à porter le débat sur le terrain des chiffres et des indicateurs, appréhendés comme un langage de médiation entre des normes distinctes, en générant des indicateurs propres à refléter les logiques socio-économiques et techniques de la catégorie d'exploitants recherchée. Une quarantaine de monographies conduites dans quatre communes situées dans des régions aux caractéristiques socio-économiques et historiques aussi différentes que possible (voïvodies de Podlasie, Małopolska, Mazovie et Wielkopolska) ont nettement montré l'existence de cette catégorie centrale « ni-ni » d'exploitations. A partir du modèle des sociétés paysannes proposé par le sociologue rural français Henri Mendras, et grâce à une approche compréhensive inspirée par la perspective weberienne, cette thèse montre que ces familles développent une référence implicite commune à un modèle d'exploitation induit par la trajectoire politico-économique spécifique du secteur agricole polonais depuis un siècle : foncier comme socle non-négociable de l'assise socio-économique familiale, partition de l'exploitation en quatre espaces stables (ager, saltus, sylva et hortus), rotations culturales et forte complémentarité entre élevage et cultures, autonomie comme principe fondateur de l'ensemble des décisions, transmission intra-familiale des savoir-faire, complexité et hétérogénéité des sources de revenu basée sur la solidarité entre les générations cohabitant sur l'exploitation, forment les composantes d'un système idéal-typique de résilience qui a permis à ces familles et ces exploitations de traverser, au prix d'adaptations permanentes sur fond de modèle stable, la période socialiste, la crise économique de transition puis les premières étapes de l'adhésion européenne. Cette référence commune n'exclut pas des trajectoires de différenciations : deux de nos catégories typologiques montrent des voies de sortie du modèle, l'une par le ralentissement productif, l'autre par l'évolution vers un modèle à l'occidentale. Les trois autres catégories représentent des déclinaisons de ce modèle de référence : exploitations de semi-subsistance très productives, voie paysanne intensifiée, voie de la diversification des activités rurales. Le recours à la perspective proposée par l'analyse cognitive des politiques publiques, développée notamment par Jobert, Muller puis Fouilleux, a permis parallèlement de mettre en évidence deux référentiels de politique publique dans les textes-cadres européens fixant la nouvelle PAC en Pologne. En appréhendant ce système idéal-typique paysan comme la composante normative d'un référentiel professionnel, la thèse en propose une confrontation avec la composante normative de chacun des deux référentiels véhiculés par les textes européens. La confrontation avec le référentiel de marché révèle la violence du choc entre deux projets agricoles radicalement opposés, la puissance inédite des mesures mises en œuvre, les mécanismes fins d'adaptation, de distorsion propre au modèle de résilience paysan décrit ici. Rien ne permet réellement d'anticiper quelle dynamique dominera sur l'autre, chacune témoignant d'espaces spécifiques d'efficacité. La confrontation avec le référentiel de la multifonctionnalité-durabilité repose sur le recours à une batterie d'une cinquantaine d'indicateurs dans les domaines agro-écologique, socio-territorial et économiques, inspirés librement de la méthode française IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles). Les scores obtenus montrent des « performances » variables, en termes de durabilité, de la vaste catégorie d'exploitations étudiées : leurs performances dans le domaine agro-écologique sont globalement excellentes, offrant l'image d'un vivier méconnu de pratiques reflétant le meilleur de l'acquis agronomique de l'Europe tempérée froide du moyen-âge à la révolution technique du 20eme siècle. En revanche, dans le domaine socio-territorial, ces indicateurs montrent qu'alors que l'Union assignerait à ces exploitations l'objectif de répondre des demandes urbains dans les domaines de la qualité des produits, d'accès à l'espace et de services ruraux, ces exploitants consacrent plus volontiers leur énergie à la satisfaction de demandes de produits et de services dans la sphère locale d'interconnaissance et grâce à des réseaux d'économie informelle qui masquent ces activités à l'approche économique classique. Dans le domaine économique enfin, ces familles parviennent à hisser leur niveau de vie à parité avec la moyenne nationale, dès lors que l'on cesse de considérer le seul revenu agricole pour prendre en compte simultanément ce type de bénéfices productifs, les salaires complémentaires des membres de la famille pluri-actifs, les pensions de retraite des aînés vivant sur l'exploitation, et les nouvelles aides européennes. Si le revenu monétaire des ces familles est faible, et leur mode de vie souvent assez frugal en regard de l'occidentalisation progressive des modes de consommation, leurs besoins matériels de base n'en sont pas moins assez bien satisfaits : cette situation justifie à elle seule leur volonté de résistance dans un contexte politico-économique que ces familles appréhendent encore comme instable et souvent hostile. Ainsi, le projet européen, tout en mettant à rude épreuve un mode de vie fortement représenté démographiquement mais masqué par les catégories d'analyses dominantes institutionnellement, offre aussi des espaces de re-légitimation du modèle de résilience décrit ici, qui interdit sa relégation au rang d'archaïsme pour le ramener, au contraire, au premier plan d'une réflexion sur la modernité.
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des ...
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des exploitations restantes. Ce projet repose sur une perception polarisée du panorama des structures agricoles nationales : d'un côté, un grand nombre de petites et moyennes exploitations familiales produisant avant tout pour satisfaire les besoins de la famille, et contribuant faiblement ou moyennement seulement aux besoins du marché ; de l'autre côté, une minorité d'exploitations plus actives et plus grandes que la moyenne officielle nationale en cours d'évolution vers des modèles spécialisés, technicisés et liés au marché, évalués comme plus productifs. Cette thèse s'est fondée au contraire sur l'hypothèse de l'existence d'une masse centrale d'exploitations ni en repli sur des stratégies strictement vivrières, ni tournées vers la voie radicale de la « modernisation ». Cette catégorie, si elle existait, était susceptible de présenter des « performances » convenables, non selon un référentiel technico-économique exogène inspiré par une perspective industrielle générant une évaluation sévère, mais selon des objectifs endogènes propres à leurs propriétaires. Ce projet de recherche vise à porter le débat sur le terrain des chiffres et des indicateurs, appréhendés comme un langage de médiation entre des normes distinctes, en générant des indicateurs propres à refléter les logiques socio-économiques et techniques de la catégorie d'exploitants recherchée. Une quarantaine de monographies conduites dans quatre communes situées dans des régions aux caractéristiques socio-économiques et historiques aussi différentes que possible (voïvodies de Podlasie, Małopolska, Mazovie et Wielkopolska) ont nettement montré l'existence de cette catégorie centrale « ni-ni » d'exploitations. A partir du modèle des sociétés paysannes proposé par le sociologue rural français Henri Mendras, et grâce à une approche compréhensive inspirée par la perspective weberienne, cette thèse montre que ces familles développent une référence implicite commune à un modèle d'exploitation induit par la trajectoire politico-économique spécifique du secteur agricole polonais depuis un siècle : foncier comme socle non-négociable de l'assise socio-économique familiale, partition de l'exploitation en quatre espaces stables (ager, saltus, sylva et hortus), rotations culturales et forte complémentarité entre élevage et cultures, autonomie comme principe fondateur de l'ensemble des décisions, transmission intra-familiale des savoir-faire, complexité et hétérogénéité des sources de revenu basée sur la solidarité entre les générations cohabitant sur l'exploitation, forment les composantes d'un système idéal-typique de résilience qui a permis à ces familles et ces exploitations de traverser, au prix d'adaptations permanentes sur fond de modèle stable, la période socialiste, la crise économique de transition puis les premières étapes de l'adhésion européenne. Cette référence commune n'exclut pas des trajectoires de différenciations : deux de nos catégories typologiques montrent des voies de sortie du modèle, l'une par le ralentissement productif, l'autre par l'évolution vers un modèle à l'occidentale. Les trois autres catégories représentent des déclinaisons de ce modèle de référence : exploitations de semi-subsistance très productives, voie paysanne intensifiée, voie de la diversification des activités rurales. Le recours à la perspective proposée par l'analyse cognitive des politiques publiques, développée notamment par Jobert, Muller puis Fouilleux, a permis parallèlement de mettre en évidence deux référentiels de politique publique dans les textes-cadres européens fixant la nouvelle PAC en Pologne. En appréhendant ce système idéal-typique paysan comme la composante normative d'un référentiel professionnel, la thèse en propose une confrontation avec la composante normative de chacun des deux référentiels véhiculés par les textes européens. La confrontation avec le référentiel de marché révèle la violence du choc entre deux projets agricoles radicalement opposés, la puissance inédite des mesures mises en œuvre, les mécanismes fins d'adaptation, de distorsion propre au modèle de résilience paysan décrit ici. Rien ne permet réellement d'anticiper quelle dynamique dominera sur l'autre, chacune témoignant d'espaces spécifiques d'efficacité. La confrontation avec le référentiel de la multifonctionnalité-durabilité repose sur le recours à une batterie d'une cinquantaine d'indicateurs dans les domaines agro-écologique, socio-territorial et économiques, inspirés librement de la méthode française IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles). Les scores obtenus montrent des « performances » variables, en termes de durabilité, de la vaste catégorie d'exploitations étudiées : leurs performances dans le domaine agro-écologique sont globalement excellentes, offrant l'image d'un vivier méconnu de pratiques reflétant le meilleur de l'acquis agronomique de l'Europe tempérée froide du moyen-âge à la révolution technique du 20eme siècle. En revanche, dans le domaine socio-territorial, ces indicateurs montrent qu'alors que l'Union assignerait à ces exploitations l'objectif de répondre des demandes urbains dans les domaines de la qualité des produits, d'accès à l'espace et de services ruraux, ces exploitants consacrent plus volontiers leur énergie à la satisfaction de demandes de produits et de services dans la sphère locale d'interconnaissance et grâce à des réseaux d'économie informelle qui masquent ces activités à l'approche économique classique. Dans le domaine économique enfin, ces familles parviennent à hisser leur niveau de vie à parité avec la moyenne nationale, dès lors que l'on cesse de considérer le seul revenu agricole pour prendre en compte simultanément ce type de bénéfices productifs, les salaires complémentaires des membres de la famille pluri-actifs, les pensions de retraite des aînés vivant sur l'exploitation, et les nouvelles aides européennes. Si le revenu monétaire des ces familles est faible, et leur mode de vie souvent assez frugal en regard de l'occidentalisation progressive des modes de consommation, leurs besoins matériels de base n'en sont pas moins assez bien satisfaits : cette situation justifie à elle seule leur volonté de résistance dans un contexte politico-économique que ces familles appréhendent encore comme instable et souvent hostile. Ainsi, le projet européen, tout en mettant à rude épreuve un mode de vie fortement représenté démographiquement mais masqué par les catégories d'analyses dominantes institutionnellement, offre aussi des espaces de re-légitimation du modèle de résilience décrit ici, qui interdit sa relégation au rang d'archaïsme pour le ramener, au contraire, au premier plan d'une réflexion sur la modernité.
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des exploitations restantes. Ce projet repose sur une perception polarisée du panorama des structures agricoles nationales : d'un côté, un grand nombre de petites et moyennes exploitations familiales produisant avant tout pour satisfaire les besoins de la famille, et contribuant faiblement ou moyennement seulement aux besoins du marché ; de l'autre côté, une minorité d'exploitations plus actives et plus grandes que la moyenne officielle nationale en cours d'évolution vers des modèles spécialisés, technicisés et liés au marché, évalués comme plus productifs. Cette thèse s'est fondée au contraire sur l'hypothèse de l'existence d'une masse centrale d'exploitations ni en repli sur des stratégies strictement vivrières, ni tournées vers la voie radicale de la « modernisation ». Cette catégorie, si elle existait, était susceptible de présenter des « performances » convenables, non selon un référentiel technico-économique exogène inspiré par une perspective industrielle générant une évaluation sévère, mais selon des objectifs endogènes propres à leurs propriétaires. Ce projet de recherche vise à porter le débat sur le terrain des chiffres et des indicateurs, appréhendés comme un langage de médiation entre des normes distinctes, en générant des indicateurs propres à refléter les logiques socio-économiques et techniques de la catégorie d'exploitants recherchée. Une quarantaine de monographies conduites dans quatre communes situées dans des régions aux caractéristiques socio-économiques et historiques aussi différentes que possible (voïvodies de Podlasie, Małopolska, Mazovie et Wielkopolska) ont nettement montré l'existence de cette catégorie centrale « ni-ni » d'exploitations. A partir du modèle des sociétés paysannes proposé par le sociologue rural français Henri Mendras, et grâce à une approche compréhensive inspirée par la perspective weberienne, cette thèse montre que ces familles développent une référence implicite commune à un modèle d'exploitation induit par la trajectoire politico-économique spécifique du secteur agricole polonais depuis un siècle : foncier comme socle non-négociable de l'assise socio-économique familiale, partition de l'exploitation en quatre espaces stables (ager, saltus, sylva et hortus), rotations culturales et forte complémentarité entre élevage et cultures, autonomie comme principe fondateur de l'ensemble des décisions, transmission intra-familiale des savoir-faire, complexité et hétérogénéité des sources de revenu basée sur la solidarité entre les générations cohabitant sur l'exploitation, forment les composantes d'un système idéal-typique de résilience qui a permis à ces familles et ces exploitations de traverser, au prix d'adaptations permanentes sur fond de modèle stable, la période socialiste, la crise économique de transition puis les premières étapes de l'adhésion européenne. Cette référence commune n'exclut pas des trajectoires de différenciations : deux de nos catégories typologiques montrent des voies de sortie du modèle, l'une par le ralentissement productif, l'autre par l'évolution vers un modèle à l'occidentale. Les trois autres catégories représentent des déclinaisons de ce modèle de référence : exploitations de semi-subsistance très productives, voie paysanne intensifiée, voie de la diversification des activités rurales. Le recours à la perspective proposée par l'analyse cognitive des politiques publiques, développée notamment par Jobert, Muller puis Fouilleux, a permis parallèlement de mettre en évidence deux référentiels de politique publique dans les textes-cadres européens fixant la nouvelle PAC en Pologne. En appréhendant ce système idéal-typique paysan comme la composante normative d'un référentiel professionnel, la thèse en propose une confrontation avec la composante normative de chacun des deux référentiels véhiculés par les textes européens. La confrontation avec le référentiel de marché révèle la violence du choc entre deux projets agricoles radicalement opposés, la puissance inédite des mesures mises en œuvre, les mécanismes fins d'adaptation, de distorsion propre au modèle de résilience paysan décrit ici. Rien ne permet réellement d'anticiper quelle dynamique dominera sur l'autre, chacune témoignant d'espaces spécifiques d'efficacité. La confrontation avec le référentiel de la multifonctionnalité-durabilité repose sur le recours à une batterie d'une cinquantaine d'indicateurs dans les domaines agro-écologique, socio-territorial et économiques, inspirés librement de la méthode française IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles). Les scores obtenus montrent des « performances » variables, en termes de durabilité, de la vaste catégorie d'exploitations étudiées : leurs performances dans le domaine agro-écologique sont globalement excellentes, offrant l'image d'un vivier méconnu de pratiques reflétant le meilleur de l'acquis agronomique de l'Europe tempérée froide du moyen-âge à la révolution technique du 20eme siècle. En revanche, dans le domaine socio-territorial, ces indicateurs montrent qu'alors que l'Union assignerait à ces exploitations l'objectif de répondre des demandes urbains dans les domaines de la qualité des produits, d'accès à l'espace et de services ruraux, ces exploitants consacrent plus volontiers leur énergie à la satisfaction de demandes de produits et de services dans la sphère locale d'interconnaissance et grâce à des réseaux d'économie informelle qui masquent ces activités à l'approche économique classique. Dans le domaine économique enfin, ces familles parviennent à hisser leur niveau de vie à parité avec la moyenne nationale, dès lors que l'on cesse de considérer le seul revenu agricole pour prendre en compte simultanément ce type de bénéfices productifs, les salaires complémentaires des membres de la famille pluri-actifs, les pensions de retraite des aînés vivant sur l'exploitation, et les nouvelles aides européennes. Si le revenu monétaire des ces familles est faible, et leur mode de vie souvent assez frugal en regard de l'occidentalisation progressive des modes de consommation, leurs besoins matériels de base n'en sont pas moins assez bien satisfaits : cette situation justifie à elle seule leur volonté de résistance dans un contexte politico-économique que ces familles appréhendent encore comme instable et souvent hostile. Ainsi, le projet européen, tout en mettant à rude épreuve un mode de vie fortement représenté démographiquement mais masqué par les catégories d'analyses dominantes institutionnellement, offre aussi des espaces de re-légitimation du modèle de résilience décrit ici, qui interdit sa relégation au rang d'archaïsme pour le ramener, au contraire, au premier plan d'une réflexion sur la modernité.
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des exploitations restantes. Ce projet repose sur une perception polarisée du panorama des structures agricoles nationales : d'un côté, un grand nombre de petites et moyennes exploitations familiales produisant avant tout pour satisfaire les besoins de la famille, et contribuant faiblement ou moyennement seulement aux besoins du marché ; de l'autre côté, une minorité d'exploitations plus actives et plus grandes que la moyenne officielle nationale en cours d'évolution vers des modèles spécialisés, technicisés et liés au marché, évalués comme plus productifs. Cette thèse s'est fondée au contraire sur l'hypothèse de l'existence d'une masse centrale d'exploitations ni en repli sur des stratégies strictement vivrières, ni tournées vers la voie radicale de la « modernisation ». Cette catégorie, si elle existait, était susceptible de présenter des « performances » convenables, non selon un référentiel technico-économique exogène inspiré par une perspective industrielle générant une évaluation sévère, mais selon des objectifs endogènes propres à leurs propriétaires. Ce projet de recherche vise à porter le débat sur le terrain des chiffres et des indicateurs, appréhendés comme un langage de médiation entre des normes distinctes, en générant des indicateurs propres à refléter les logiques socio-économiques et techniques de la catégorie d'exploitants recherchée. Une quarantaine de monographies conduites dans quatre communes situées dans des régions aux caractéristiques socio-économiques et historiques aussi différentes que possible (voïvodies de Podlasie, Małopolska, Mazovie et Wielkopolska) ont nettement montré l'existence de cette catégorie centrale « ni-ni » d'exploitations. A partir du modèle des sociétés paysannes proposé par le sociologue rural français Henri Mendras, et grâce à une approche compréhensive inspirée par la perspective weberienne, cette thèse montre que ces familles développent une référence implicite commune à un modèle d'exploitation induit par la trajectoire politico-économique spécifique du secteur agricole polonais depuis un siècle : foncier comme socle non-négociable de l'assise socio-économique familiale, partition de l'exploitation en quatre espaces stables (ager, saltus, sylva et hortus), rotations culturales et forte complémentarité entre élevage et cultures, autonomie comme principe fondateur de l'ensemble des décisions, transmission intra-familiale des savoir-faire, complexité et hétérogénéité des sources de revenu basée sur la solidarité entre les générations cohabitant sur l'exploitation, forment les composantes d'un système idéal-typique de résilience qui a permis à ces familles et ces exploitations de traverser, au prix d'adaptations permanentes sur fond de modèle stable, la période socialiste, la crise économique de transition puis les premières étapes de l'adhésion européenne. Cette référence commune n'exclut pas des trajectoires de différenciations : deux de nos catégories typologiques montrent des voies de sortie du modèle, l'une par le ralentissement productif, l'autre par l'évolution vers un modèle à l'occidentale. Les trois autres catégories représentent des déclinaisons de ce modèle de référence : exploitations de semi-subsistance très productives, voie paysanne intensifiée, voie de la diversification des activités rurales. Le recours à la perspective proposée par l'analyse cognitive des politiques publiques, développée notamment par Jobert, Muller puis Fouilleux, a permis parallèlement de mettre en évidence deux référentiels de politique publique dans les textes-cadres européens fixant la nouvelle PAC en Pologne. En appréhendant ce système idéal-typique paysan comme la composante normative d'un référentiel professionnel, la thèse en propose une confrontation avec la composante normative de chacun des deux référentiels véhiculés par les textes européens. La confrontation avec le référentiel de marché révèle la violence du choc entre deux projets agricoles radicalement opposés, la puissance inédite des mesures mises en œuvre, les mécanismes fins d'adaptation, de distorsion propre au modèle de résilience paysan décrit ici. Rien ne permet réellement d'anticiper quelle dynamique dominera sur l'autre, chacune témoignant d'espaces spécifiques d'efficacité. La confrontation avec le référentiel de la multifonctionnalité-durabilité repose sur le recours à une batterie d'une cinquantaine d'indicateurs dans les domaines agro-écologique, socio-territorial et économiques, inspirés librement de la méthode française IDEA (Indicateurs de Durabilité des Exploitations Agricoles). Les scores obtenus montrent des « performances » variables, en termes de durabilité, de la vaste catégorie d'exploitations étudiées : leurs performances dans le domaine agro-écologique sont globalement excellentes, offrant l'image d'un vivier méconnu de pratiques reflétant le meilleur de l'acquis agronomique de l'Europe tempérée froide du moyen-âge à la révolution technique du 20eme siècle. En revanche, dans le domaine socio-territorial, ces indicateurs montrent qu'alors que l'Union assignerait à ces exploitations l'objectif de répondre des demandes urbains dans les domaines de la qualité des produits, d'accès à l'espace et de services ruraux, ces exploitants consacrent plus volontiers leur énergie à la satisfaction de demandes de produits et de services dans la sphère locale d'interconnaissance et grâce à des réseaux d'économie informelle qui masquent ces activités à l'approche économique classique. Dans le domaine économique enfin, ces familles parviennent à hisser leur niveau de vie à parité avec la moyenne nationale, dès lors que l'on cesse de considérer le seul revenu agricole pour prendre en compte simultanément ce type de bénéfices productifs, les salaires complémentaires des membres de la famille pluri-actifs, les pensions de retraite des aînés vivant sur l'exploitation, et les nouvelles aides européennes. Si le revenu monétaire des ces familles est faible, et leur mode de vie souvent assez frugal en regard de l'occidentalisation progressive des modes de consommation, leurs besoins matériels de base n'en sont pas moins assez bien satisfaits : cette situation justifie à elle seule leur volonté de résistance dans un contexte politico-économique que ces familles appréhendent encore comme instable et souvent hostile. Ainsi, le projet européen, tout en mettant à rude épreuve un mode de vie fortement représenté démographiquement mais masqué par les catégories d'analyses dominantes institutionnellement, offre aussi des espaces de re-légitimation du modèle de résilience décrit ici, qui interdit sa relégation au rang d'archaïsme pour le ramener, au contraire, au premier plan d'une réflexion sur la modernité.
This PhD achieved in 2008 is entitled « The polish peasants at the risk of CAP : a multi-functionnal analysis of a professional frame for a dialogue of norms." Some detailed monographies of active/productive peasant-like farms have been built between 2004 and 2006 in 4 voïvodships of the country (Podlaskie, Wielkopolska, Małopolska, Mazovieskie). Thanks to those data, the analysis has been carried through two steps : first a typology of those farms has been elaborated, and several trajectories have been defined ; second the sustainability of the most "resilient" farms of this group has been evaluated. Those data have been compared to the aims imposed to this kind of farms by the new european Common Agriculture Policy applied in Poland. The processes of adaptation and weakening initiated for those farms by this policy have been detailed (resilience), and commented through the notion of public policy frame. Finaly, the modalities of the current public and political representations of this nation-wide large group of farms has been evaluated and commented : though their number, they neither were well represented in 2006 at the national and european level, nor were well connected to eauropean networks dealing with sustainable agriculture. ; La Pologne est entrée dans le processus officiel de préadhésion à l'Union en 1998, puis l'Union européenne le 1er mai 2004. Selon les analyses ex ante coordonnées par la Commission Européenne, le secteur agricole polonais était caractérisé au cours de cette période par une sur-représentation de la main-d'œuvre agricole dans la population active, une faible productivité par unité de travail, accompagnée d'un niveau d'équipement matériel globalement limitant. Ll'Europe, en accord avec le Ministère polonais de l'Agriculture, soutient par conséquent l'accroissement de la taille des exploitations, en organisant la libération des terres par des exploitations évaluées comme « difficilement viables », l'accroissement du niveau d'équipement technique et de contribution au marché des ...
Communication faite à la troisième session : Autour de la multifonctionnalité de l'agriculture ; Politique structurelle européenne, paysans polonais et développement durable : un rendez-vous différé ?. L'agriculture française et l'agriculture polonaise dans l'Europe de 2007 : expériences partagées et intérêts communs ?
Communication faite à la troisième session : Autour de la multifonctionnalité de l'agriculture ; Politique structurelle européenne, paysans polonais et développement durable : un rendez-vous différé ?. L'agriculture française et l'agriculture polonaise dans l'Europe de 2007 : expériences partagées et intérêts communs ?
La présente étude a été conduite entre juin 2020 et mars 2021 à la demande du Conseil régional de Bretagne dans le cadre du processus d'évaluation du programme de plantation bocagère Breizh Bocage 2. Il en constitue le volet sociologique, avec pour objectif d'identifier et articuler les facteurs qui président à la plantation, à la rénovation et à l'entretien du bocage par les agriculteurs. L'enquête a comporté deux approches complémentairesUne première approche qualitative a été menée par entretiens dans un échantillon raisonné composé de 16 agriculteurs répartis dans 4 territoires Breizh Bocage aux caractéristiques contrastées. 8 facteurs qui jouent un rôle dans les dynamiques de plantation pour tous les agriculteurs ont été identifiés : 1.Facteurs d'incitation publique et privée2.Motifs d'implantation des haies3.Mode de gestion des haies4.Mode d'entretien des haies5.Valorisation ou absence de valorisation du bois6.Etat des haies anciennes et plantées7.Densité du maillage bocager et position des haies sur l'exploitation8.Profil professionnel et valeurs de l'agriculteurPuis des portraits idéal-typiques d'agriculteurs ont été dressés en fonction de leur manière de combiner ces six facteurs. Sept idéaux-types d'agriculteurs ont été identifiés, qui résument des formes variées de logiques professionnelles et bocagères :1.Le Pionnier du bocage : un agriculteur qui a défendu le bocage depuis longtemps et plante de sa propre initiative parce qu'il est convaincu. le Pionnier considère que son travail d'agriculteur doit être respectueux de l'environnement et contribuer plus largement à la société 2.Le Paysan-Bocager : un agriculteur qui s'inscrit dans un modèle dit « Paysan » dans la mesure où son exploitation est de petite dimension, y compris d'un point de vue économique, éventuellement tournée vers l'auto-consommation ou de petites productions très diversifiées. Le bocage y contribue.3.L'Agrocécolo-Performant : très fortement convaincu par une vision agroécologique telle qu'elle s'est institutionnalisée en France, qui vise la diversité et une mosaïque paysagère (diversification des cultures, allongement des rotations, implantation d'infrastructures, etc.). Discours et pratiques sont sous-tendus par un souci de performance à la fois économique et environnemental.4.Le Bénéficiaire consciencieux : bien installé, propriétaire de l'intégralité de ses parcelles, plutôt en fin de carrière. Il a les moyens de « prendre des risques » donc de planter du bocage ou de remettre des talus. Il est motivé par la plus-value que le bocage peut apporter (cession de l'exploitation, passage en bio), respect d'un cahier des charges exigeant)5.Le Conventionnel précaire : précaire économiquement, techniquement et du point de vue de son autonomie de décision. Son bocage est subordonné à d'autres priorités liées à l'urgence économique et au fait qu'il est débordé. Le bocage doit être facile, rapide, ne pas gêner, ou être abandonné. La réglementation apparaît comme le facteur primordial d'implantation des haies, l'obligation de compensation accompagnant l'arasement ou le déplacement d'une haie l'incite à planter6.Le réfractaire : le bocage constitue exclusivement une contrainte : les arbres encombrent l'espace, limitent le maniement des machines agricoles encombrantes et les rendements obtenus aux abords des frondaisons. Leur entretien mobiliserait un temps qu'il préfère investir dans des tâches réellement productives ou dans l'administration complexe de son exploitation, l'usage du bois ou sa vente ne lui étant par ailleurs d'aucune nécessité. Il est soit producteur industriel de légumes de plein champ, soit céréaliculteur. S'il est aussi éleveur, les animaux sont maintenus en bâtiment.7.L'Hologramme du planteur marchand de plaquettes : hologramme car il s'agit de la projection en grand d'une image diffractée (elle nous a été beaucoup racontée mais nous ne l'avons pas vue sur le terrain) d'un petit objet (car l'enquête par questionnaire révèle que ce profil est vraisemblablement très minoritaire parmi les planteurs). Ce serait un agriculteur-planteur qui aurait intégré les haies bocagères (anciennes et nouvelles) à son exploitation et qui valoriserait économiquement le bois dans une filière semi-industrielle de bois de chauffage (ou de BRF) sous forme de plaquettes. En attendant d'être exploitées (pour la production d'énergie), les haies sont multifonctionnelles. La haie intéresserait le marchand de plaquettes en tant que nouveau produit hybride : à la fois agricole et forestier, une production supplémentaire à part entière.Les idéaux-types ainsi dressés ont été présentés à 18 animateurs Breizh Bocage lors de deux séances collectives, qui ont permis d'établir des ordres de grandeur de la représentation de chaque attitude idéal-typique dans chaque territoire Breizh Bocage. Une seconde approche, par questionnaire, a été menée auprès d'un échantillon de 3207 agriculteurs bretons et qui a recueilli 270 réponses. 35 des 42 territoires couverts par Breizh Bocage 2 sont représentés dans l'échantillon, auxquels s'ajoutent 3 zones blanches. L'objectif était d'explorer, à l'échelle régionale, les liens statistiques entre une variété de pratiques de plantations et d'entretien du bocage et les profils des agriculteurs et de leurs exploitations. Les répondants à cette enquête sont majoritairement des planteurs de bocage (59% des répondants) alors que ceux-ci représentent moins de 20% des agriculteurs bretons : l'enquête n'est donc pas représentative des agriculteurs bretons en général, mais plutôt de la sous-population spécifique des planteurs de bocage. 184 des répondants soit la grande majorité (67,89%) pratiquent l'élevage bovin (seul ou en polyculture/polyélevage). Une majorité (72%) des éleveurs de notre échantillon a fait le choix de conduire leur exploitation en système herbager. La proportion d'agriculteurs bio est importante : près de la moitié des répondants, soit 45%, déclarent pratiquer l'agriculture biologique contre seulement 12,6 % des agriculteurs bretons, ce qui constitue une caractéristique forte de cette population de planteurs de bocage. On note une forte représentation de la Confédération paysanne au sein de notre échantillon : 19% des répondants déclarent être syndiqués à la Confédération paysanne contre seulement 9% des votes en faveur de ce syndicat aux élections des Chambres d'Agriculture de Bretagne en 2019. Les adhérents de la Fédération syndicale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA) représentent 26% de notre échantillon, contre 21% des agriculteurs bretons. Le syndicat Coordination Rurale est à l'inverse très peu représenté puisqu'il représente seulement 1% de notre échantillon. On a donc un échantillon plutôt politisé par rapport à la population agricole bretonne. Près de la moitié, soit 49%, adhère à des réseaux associatifs et groupes de développement (bio, civam), ce qui à nouveau n'est pas représentatif de la population agricole bretonne et caractérise spécifiquement les planteurs de bocage. Le niveau d'études des répondants est en revanche plutôt représentatif des agriculteurs bretons : 52% de l'échantillon a un niveau BAC+2/3, soit le niveau d'un BTS ; et 26% a le niveau BAC. On observe une portion plus faible de femmes dans l'échantillon : seulement 13%, alors qu'elles représentent 31% des actifs agricoles en Bretagne.Un profil-type de planteurs de bocage se dégage.La majorité des haies plantées le sont sur des parcellaires dont les exploitants ne sont pas propriétaires mais locataires : le fait d'être propriétaire foncier n'incite pas particulièrement à planter davantage. La majorité des linéaires plantés, soit 70%, a été plantée sur des parcellaires éclatés : disposer d'un parcellaire groupé ne semble pas jouer sur la décision de planter (ou a contrario un parcellaire éclaté n'est pas un obstacle).Les agriculteurs nouvellement installés (moins de 10 ans de carrière) sont plus nombreux à recourir au programme ; cependant leurs plantations sont modestes car la surface qu'ils exploitent est en moyenne plus petite. Les agriculteurs disposant de la capacité professionnelle plantent davantage. Les agriculteurs syndiqués à la Confédération Paysanne plantent nettement plus que les autres. L'appartenance à des réseaux et groupes de développement est liée au fait de planter et a une influence positive sur la dynamique de plantation.Les éleveurs d'animaux pâturants (bovins et ovins, caprins et équins) et les polycultivateurs-polyéleveurs et polyéleveurs plantent davantage que les autres. Par ailleurs, en moyenne de mètres linéaires plantés au cours de la carrière, les agriculteurs bio plantent beaucoup plus que les agriculteurs conventionnels et ce quelle que soit l'OTEX (à l'exception de l'OTEX porcins).On peut en déduire également que le programme Breizh Bocage 2 a massivement profité aux éleveurs bios. Les linéaires les plus longs sont entretenus avec des outils manuels (dont la tronçonneuse). On peut en déduire que le fait de planter d'importants linéaires de haies n'implique pas nécessairement de recourir à de gros outils tels que le lamier.La majorité (70%) des agriculteurs-planteurs déclarent valoriser le bois issu de l'entretien des haies. La production de bois-bûche est de loin la première destination du bois (86%). Elle est suivie (et fréquemment accompagnée) de bois de service (39%) et de fagots (34%). Les usages plus modernes sont plus modestement cités : 24% citent les plaquettes (bois-énergie) et 24% le BRF. Une faible part de ces différentes formes de valorisation est vendue. La production de bois issus des haies est avant tout une production d'autoconsommation. Les trois raisons le plus fréquemment évoquées par les agriculteurs dans cette enquête pour l'implantation de néo-haies sont : la protection des animaux, la protection des animaux et des cultures contre le vent et la préservation d'un patrimoine social et paysager. Les systèmes productifs orientés vers d'autres modèles que l'élevage pâturant (bio ou pas) sont moins enclins à préserver le bocage, voire y sont opposés. Deux leviers sont possibles pour favoriser des dynamiques bocagères à l'égard de ces agriculteurs : des politiques volontaristes de réorientation de leurs systèmes vers davantage de pâturage s'ils sont éleveurs, ce qui entraîne la nécessité de haies pour le confort animal ; ou des politiques coercitives imposant la replantation même si celle-ci n'est pas nécessaire au système de production voire opposé à celui-ci (ce qui est le cas en céréaliculture avec ou sans élevage confiné en bâtiment, et en production industrielle de légumes de plein champ). Les dynamiques régionales conduisant aux élevages spécialisés et intensifs en bâtiment, avec un foncier occupé par des cultures fourragères de conserve et des SCOP induisent la dégradation du bocage, qui n'a pas de raison d'être dans ce type de paysages agricoles.L'entretien repose sur un réseauD'un point de vue administratif et règlementaire, les agriculteurs sont considérés comme les seuls gestionnaires de leur bocage. Qu'ils soient propriétaires ou locataires, c'est à eux que revient la charge de cette gestion. Cette prise en charge pèse fortement sur les agriculteurs, même lorsqu'ils sont des planteurs spontanés et enthousiastes. Les agriculteurs que nous avons rencontrés ont, dans leur grande majorité, exprimé ne pas prendre complètement en charge l'entretien de leurs haies. Ils délèguent en partie l'entretien, certains délèguent même complètement ce travail.Beaucoup d'agriculteurs sont donc en demande d'appui à la gestion de ce bocage, et la plupart d'entre eux ont déjà recours à des tiers (la famille/les voisins, les CUMA, les ETA), mais sans que cette gestion collective du bocage ne soit vraiment reconnue comme telle. Les divers témoignages recueillis à travers les deux enquêtes font plutôt état d'un besoin de mise en réseau à une petite échelle entre trois types d'acteurs : les agriculteurs « propriétaires » des haies et du bois, les acteurs de l'entretien (parfois des agriculteurs, mais plus généralement des ETA et CUMA ; et les collectivités) et les consommateurs qui peuvent être de simples voisins achetant une stère ou deux de bois-bûche par an.La diversité des idéaux-types encourage à envisager une différenciation de l'offre de services proposée par Breizh Bocage, afin de rassembler des chances de succès auprès d'un panel plus large d'agriculteursLe détail de l'analyse montre que cette vaste population de planteurs présente des logiques et des besoins d'accompagnements hétérogènes : une politique unique semble moins bien adaptée qu'une politique différenciée. Cela nous invite à suggérer que : l'accompagnement ne doit pas être seulement technique : une animation de territoire, un appui à l'auto-organisation des agriculteurs. Par ailleurs les résultats montrent que le facteur limitant le présent et l'avenir du bocage est moins le moment et les moyens de la plantation, que la prise en charge de son entretien dans la durée : l'effort et le temps d'entretien, qui constituent une charge régulière et dans la durée, sont bien plus souvent mentionnés comme des limites que la plantation elle-même lors des témoignages recueillis par entretien et lors de l'enquête (la plantation étant appréhendée comme un moment bref, éventuellement gratifiant).Cela nous invite à suggérer que l'intervention publique en faveur du bocage devrait inclure un appui à l'entretien, voire, pour certains profils, chercher à en décharger l'agriculteur.
La présente étude a été conduite entre juin 2020 et mars 2021 à la demande du Conseil régional de Bretagne dans le cadre du processus d'évaluation du programme de plantation bocagère Breizh Bocage 2. Il en constitue le volet sociologique, avec pour objectif d'identifier et articuler les facteurs qui président à la plantation, à la rénovation et à l'entretien du bocage par les agriculteurs. L'enquête a comporté deux approches complémentairesUne première approche qualitative a été menée par entretiens dans un échantillon raisonné composé de 16 agriculteurs répartis dans 4 territoires Breizh Bocage aux caractéristiques contrastées. 8 facteurs qui jouent un rôle dans les dynamiques de plantation pour tous les agriculteurs ont été identifiés : 1.Facteurs d'incitation publique et privée2.Motifs d'implantation des haies3.Mode de gestion des haies4.Mode d'entretien des haies5.Valorisation ou absence de valorisation du bois6.Etat des haies anciennes et plantées7.Densité du maillage bocager et position des haies sur l'exploitation8.Profil professionnel et valeurs de l'agriculteurPuis des portraits idéal-typiques d'agriculteurs ont été dressés en fonction de leur manière de combiner ces six facteurs. Sept idéaux-types d'agriculteurs ont été identifiés, qui résument des formes variées de logiques professionnelles et bocagères :1.Le Pionnier du bocage : un agriculteur qui a défendu le bocage depuis longtemps et plante de sa propre initiative parce qu'il est convaincu. le Pionnier considère que son travail d'agriculteur doit être respectueux de l'environnement et contribuer plus largement à la société 2.Le Paysan-Bocager : un agriculteur qui s'inscrit dans un modèle dit « Paysan » dans la mesure où son exploitation est de petite dimension, y compris d'un point de vue économique, éventuellement tournée vers l'auto-consommation ou de petites productions très diversifiées. Le bocage y contribue.3.L'Agrocécolo-Performant : très fortement convaincu par une vision agroécologique telle qu'elle s'est institutionnalisée en France, qui vise la diversité et une mosaïque paysagère (diversification des cultures, allongement des rotations, implantation d'infrastructures, etc.). Discours et pratiques sont sous-tendus par un souci de performance à la fois économique et environnemental.4.Le Bénéficiaire consciencieux : bien installé, propriétaire de l'intégralité de ses parcelles, plutôt en fin de carrière. Il a les moyens de « prendre des risques » donc de planter du bocage ou de remettre des talus. Il est motivé par la plus-value que le bocage peut apporter (cession de l'exploitation, passage en bio), respect d'un cahier des charges exigeant)5.Le Conventionnel précaire : précaire économiquement, techniquement et du point de vue de son autonomie de décision. Son bocage est subordonné à d'autres priorités liées à l'urgence économique et au fait qu'il est débordé. Le bocage doit être facile, rapide, ne pas gêner, ou être abandonné. La réglementation apparaît comme le facteur primordial d'implantation des haies, l'obligation de compensation accompagnant l'arasement ou le déplacement d'une haie l'incite à planter6.Le réfractaire : le bocage constitue exclusivement une contrainte : les arbres encombrent l'espace, limitent le maniement des machines agricoles encombrantes et les rendements obtenus aux abords des frondaisons. Leur entretien mobiliserait un temps qu'il préfère investir dans des tâches réellement productives ou dans l'administration complexe de son exploitation, l'usage du bois ou sa vente ne lui étant par ailleurs d'aucune nécessité. Il est soit producteur industriel de légumes de plein champ, soit céréaliculteur. S'il est aussi éleveur, les animaux sont maintenus en bâtiment.7.L'Hologramme du planteur marchand de plaquettes : hologramme car il s'agit de la projection en grand d'une image diffractée (elle nous a été beaucoup racontée mais nous ne l'avons pas vue sur le terrain) d'un petit objet (car l'enquête par questionnaire révèle que ce profil est vraisemblablement très minoritaire parmi les planteurs). Ce serait un agriculteur-planteur qui aurait intégré les haies bocagères (anciennes et nouvelles) à son exploitation et qui valoriserait économiquement le bois dans une filière semi-industrielle de bois de chauffage (ou de BRF) sous forme de plaquettes. En attendant d'être exploitées (pour la production d'énergie), les haies sont multifonctionnelles. La haie intéresserait le marchand de plaquettes en tant que nouveau produit hybride : à la fois agricole et forestier, une production supplémentaire à part entière.Les idéaux-types ainsi dressés ont été présentés à 18 animateurs Breizh Bocage lors de deux séances collectives, qui ont permis d'établir des ordres de grandeur de la représentation de chaque attitude idéal-typique dans chaque territoire Breizh Bocage. Une seconde approche, par questionnaire, a été menée auprès d'un échantillon de 3207 agriculteurs bretons et qui a recueilli 270 réponses. 35 des 42 territoires couverts par Breizh Bocage 2 sont représentés dans l'échantillon, auxquels s'ajoutent 3 zones blanches. L'objectif était d'explorer, à l'échelle régionale, les liens statistiques entre une variété de pratiques de plantations et d'entretien du bocage et les profils des agriculteurs et de leurs exploitations. Les répondants à cette enquête sont majoritairement des planteurs de bocage (59% des répondants) alors que ceux-ci représentent moins de 20% des agriculteurs bretons : l'enquête n'est donc pas représentative des agriculteurs bretons en général, mais plutôt de la sous-population spécifique des planteurs de bocage. 184 des répondants soit la grande majorité (67,89%) pratiquent l'élevage bovin (seul ou en polyculture/polyélevage). Une majorité (72%) des éleveurs de notre échantillon a fait le choix de conduire leur exploitation en système herbager. La proportion d'agriculteurs bio est importante : près de la moitié des répondants, soit 45%, déclarent pratiquer l'agriculture biologique contre seulement 12,6 % des agriculteurs bretons, ce qui constitue une caractéristique forte de cette population de planteurs de bocage. On note une forte représentation de la Confédération paysanne au sein de notre échantillon : 19% des répondants déclarent être syndiqués à la Confédération paysanne contre seulement 9% des votes en faveur de ce syndicat aux élections des Chambres d'Agriculture de Bretagne en 2019. Les adhérents de la Fédération syndicale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA) représentent 26% de notre échantillon, contre 21% des agriculteurs bretons. Le syndicat Coordination Rurale est à l'inverse très peu représenté puisqu'il représente seulement 1% de notre échantillon. On a donc un échantillon plutôt politisé par rapport à la population agricole bretonne. Près de la moitié, soit 49%, adhère à des réseaux associatifs et groupes de développement (bio, civam), ce qui à nouveau n'est pas représentatif de la population agricole bretonne et caractérise spécifiquement les planteurs de bocage. Le niveau d'études des répondants est en revanche plutôt représentatif des agriculteurs bretons : 52% de l'échantillon a un niveau BAC+2/3, soit le niveau d'un BTS ; et 26% a le niveau BAC. On observe une portion plus faible de femmes dans l'échantillon : seulement 13%, alors qu'elles représentent 31% des actifs agricoles en Bretagne.Un profil-type de planteurs de bocage se dégage.La majorité des haies plantées le sont sur des parcellaires dont les exploitants ne sont pas propriétaires mais locataires : le fait d'être propriétaire foncier n'incite pas particulièrement à planter davantage. La majorité des linéaires plantés, soit 70%, a été plantée sur des parcellaires éclatés : disposer d'un parcellaire groupé ne semble pas jouer sur la décision de planter (ou a contrario un parcellaire éclaté n'est pas un obstacle).Les agriculteurs nouvellement installés (moins de 10 ans de carrière) sont plus nombreux à recourir au programme ; cependant leurs plantations sont modestes car la surface qu'ils exploitent est en moyenne plus petite. Les agriculteurs disposant de la capacité professionnelle plantent davantage. Les agriculteurs syndiqués à la Confédération Paysanne plantent nettement plus que les autres. L'appartenance à des réseaux et groupes de développement est liée au fait de planter et a une influence positive sur la dynamique de plantation.Les éleveurs d'animaux pâturants (bovins et ovins, caprins et équins) et les polycultivateurs-polyéleveurs et polyéleveurs plantent davantage que les autres. Par ailleurs, en moyenne de mètres linéaires plantés au cours de la carrière, les agriculteurs bio plantent beaucoup plus que les agriculteurs conventionnels et ce quelle que soit l'OTEX (à l'exception de l'OTEX porcins).On peut en déduire également que le programme Breizh Bocage 2 a massivement profité aux éleveurs bios. Les linéaires les plus longs sont entretenus avec des outils manuels (dont la tronçonneuse). On peut en déduire que le fait de planter d'importants linéaires de haies n'implique pas nécessairement de recourir à de gros outils tels que le lamier.La majorité (70%) des agriculteurs-planteurs déclarent valoriser le bois issu de l'entretien des haies. La production de bois-bûche est de loin la première destination du bois (86%). Elle est suivie (et fréquemment accompagnée) de bois de service (39%) et de fagots (34%). Les usages plus modernes sont plus modestement cités : 24% citent les plaquettes (bois-énergie) et 24% le BRF. Une faible part de ces différentes formes de valorisation est vendue. La production de bois issus des haies est avant tout une production d'autoconsommation. Les trois raisons le plus fréquemment évoquées par les agriculteurs dans cette enquête pour l'implantation de néo-haies sont : la protection des animaux, la protection des animaux et des cultures contre le vent et la préservation d'un patrimoine social et paysager. Les systèmes productifs orientés vers d'autres modèles que l'élevage pâturant (bio ou pas) sont moins enclins à préserver le bocage, voire y sont opposés. Deux leviers sont possibles pour favoriser des dynamiques bocagères à l'égard de ces agriculteurs : des politiques volontaristes de réorientation de leurs systèmes vers davantage de pâturage s'ils sont éleveurs, ce qui entraîne la nécessité de haies pour le confort animal ; ou des politiques coercitives imposant la replantation même si celle-ci n'est pas nécessaire au système de production voire opposé à celui-ci (ce qui est le cas en céréaliculture avec ou sans élevage confiné en bâtiment, et en production industrielle de légumes de plein champ). Les dynamiques régionales conduisant aux élevages spécialisés et intensifs en bâtiment, avec un foncier occupé par des cultures fourragères de conserve et des SCOP induisent la dégradation du bocage, qui n'a pas de raison d'être dans ce type de paysages agricoles.L'entretien repose sur un réseauD'un point de vue administratif et règlementaire, les agriculteurs sont considérés comme les seuls gestionnaires de leur bocage. Qu'ils soient propriétaires ou locataires, c'est à eux que revient la charge de cette gestion. Cette prise en charge pèse fortement sur les agriculteurs, même lorsqu'ils sont des planteurs spontanés et enthousiastes. Les agriculteurs que nous avons rencontrés ont, dans leur grande majorité, exprimé ne pas prendre complètement en charge l'entretien de leurs haies. Ils délèguent en partie l'entretien, certains délèguent même complètement ce travail.Beaucoup d'agriculteurs sont donc en demande d'appui à la gestion de ce bocage, et la plupart d'entre eux ont déjà recours à des tiers (la famille/les voisins, les CUMA, les ETA), mais sans que cette gestion collective du bocage ne soit vraiment reconnue comme telle. Les divers témoignages recueillis à travers les deux enquêtes font plutôt état d'un besoin de mise en réseau à une petite échelle entre trois types d'acteurs : les agriculteurs « propriétaires » des haies et du bois, les acteurs de l'entretien (parfois des agriculteurs, mais plus généralement des ETA et CUMA ; et les collectivités) et les consommateurs qui peuvent être de simples voisins achetant une stère ou deux de bois-bûche par an.La diversité des idéaux-types encourage à envisager une différenciation de l'offre de services proposée par Breizh Bocage, afin de rassembler des chances de succès auprès d'un panel plus large d'agriculteursLe détail de l'analyse montre que cette vaste population de planteurs présente des logiques et des besoins d'accompagnements hétérogènes : une politique unique semble moins bien adaptée qu'une politique différenciée. Cela nous invite à suggérer que : l'accompagnement ne doit pas être seulement technique : une animation de territoire, un appui à l'auto-organisation des agriculteurs. Par ailleurs les résultats montrent que le facteur limitant le présent et l'avenir du bocage est moins le moment et les moyens de la plantation, que la prise en charge de son entretien dans la durée : l'effort et le temps d'entretien, qui constituent une charge régulière et dans la durée, sont bien plus souvent mentionnés comme des limites que la plantation elle-même lors des témoignages recueillis par entretien et lors de l'enquête (la plantation étant appréhendée comme un moment bref, éventuellement gratifiant).Cela nous invite à suggérer que l'intervention publique en faveur du bocage devrait inclure un appui à l'entretien, voire, pour certains profils, chercher à en décharger l'agriculteur.
La présente étude a été conduite entre juin 2020 et mars 2021 à la demande du Conseil régional de Bretagne dans le cadre du processus d'évaluation du programme de plantation bocagère Breizh Bocage 2. Il en constitue le volet sociologique, avec pour objectif d'identifier et articuler les facteurs qui président à la plantation, à la rénovation et à l'entretien du bocage par les agriculteurs. L'enquête a comporté deux approches complémentairesUne première approche qualitative a été menée par entretiens dans un échantillon raisonné composé de 16 agriculteurs répartis dans 4 territoires Breizh Bocage aux caractéristiques contrastées. 8 facteurs qui jouent un rôle dans les dynamiques de plantation pour tous les agriculteurs ont été identifiés : 1.Facteurs d'incitation publique et privée2.Motifs d'implantation des haies3.Mode de gestion des haies4.Mode d'entretien des haies5.Valorisation ou absence de valorisation du bois6.Etat des haies anciennes et plantées7.Densité du maillage bocager et position des haies sur l'exploitation8.Profil professionnel et valeurs de l'agriculteurPuis des portraits idéal-typiques d'agriculteurs ont été dressés en fonction de leur manière de combiner ces six facteurs. Sept idéaux-types d'agriculteurs ont été identifiés, qui résument des formes variées de logiques professionnelles et bocagères :1.Le Pionnier du bocage : un agriculteur qui a défendu le bocage depuis longtemps et plante de sa propre initiative parce qu'il est convaincu. le Pionnier considère que son travail d'agriculteur doit être respectueux de l'environnement et contribuer plus largement à la société 2.Le Paysan-Bocager : un agriculteur qui s'inscrit dans un modèle dit « Paysan » dans la mesure où son exploitation est de petite dimension, y compris d'un point de vue économique, éventuellement tournée vers l'auto-consommation ou de petites productions très diversifiées. Le bocage y contribue.3.L'Agrocécolo-Performant : très fortement convaincu par une vision agroécologique telle qu'elle s'est institutionnalisée en France, qui vise la diversité et une mosaïque paysagère (diversification des cultures, allongement des rotations, implantation d'infrastructures, etc.). Discours et pratiques sont sous-tendus par un souci de performance à la fois économique et environnemental.4.Le Bénéficiaire consciencieux : bien installé, propriétaire de l'intégralité de ses parcelles, plutôt en fin de carrière. Il a les moyens de « prendre des risques » donc de planter du bocage ou de remettre des talus. Il est motivé par la plus-value que le bocage peut apporter (cession de l'exploitation, passage en bio), respect d'un cahier des charges exigeant)5.Le Conventionnel précaire : précaire économiquement, techniquement et du point de vue de son autonomie de décision. Son bocage est subordonné à d'autres priorités liées à l'urgence économique et au fait qu'il est débordé. Le bocage doit être facile, rapide, ne pas gêner, ou être abandonné. La réglementation apparaît comme le facteur primordial d'implantation des haies, l'obligation de compensation accompagnant l'arasement ou le déplacement d'une haie l'incite à planter6.Le réfractaire : le bocage constitue exclusivement une contrainte : les arbres encombrent l'espace, limitent le maniement des machines agricoles encombrantes et les rendements obtenus aux abords des frondaisons. Leur entretien mobiliserait un temps qu'il préfère investir dans des tâches réellement productives ou dans l'administration complexe de son exploitation, l'usage du bois ou sa vente ne lui étant par ailleurs d'aucune nécessité. Il est soit producteur industriel de légumes de plein champ, soit céréaliculteur. S'il est aussi éleveur, les animaux sont maintenus en bâtiment.7.L'Hologramme du planteur marchand de plaquettes : hologramme car il s'agit de la projection en grand d'une image diffractée (elle nous a été beaucoup racontée mais nous ne l'avons pas vue sur le terrain) d'un petit objet (car l'enquête par questionnaire révèle que ce profil est vraisemblablement très minoritaire parmi les planteurs). Ce serait un agriculteur-planteur qui aurait intégré les haies bocagères (anciennes et nouvelles) à son exploitation et qui valoriserait économiquement le bois dans une filière semi-industrielle de bois de chauffage (ou de BRF) sous forme de plaquettes. En attendant d'être exploitées (pour la production d'énergie), les haies sont multifonctionnelles. La haie intéresserait le marchand de plaquettes en tant que nouveau produit hybride : à la fois agricole et forestier, une production supplémentaire à part entière.Les idéaux-types ainsi dressés ont été présentés à 18 animateurs Breizh Bocage lors de deux séances collectives, qui ont permis d'établir des ordres de grandeur de la représentation de chaque attitude idéal-typique dans chaque territoire Breizh Bocage. Une seconde approche, par questionnaire, a été menée auprès d'un échantillon de 3207 agriculteurs bretons et qui a recueilli 270 réponses. 35 des 42 territoires couverts par Breizh Bocage 2 sont représentés dans l'échantillon, auxquels s'ajoutent 3 zones blanches. L'objectif était d'explorer, à l'échelle régionale, les liens statistiques entre une variété de pratiques de plantations et d'entretien du bocage et les profils des agriculteurs et de leurs exploitations. Les répondants à cette enquête sont majoritairement des planteurs de bocage (59% des répondants) alors que ceux-ci représentent moins de 20% des agriculteurs bretons : l'enquête n'est donc pas représentative des agriculteurs bretons en général, mais plutôt de la sous-population spécifique des planteurs de bocage. 184 des répondants soit la grande majorité (67,89%) pratiquent l'élevage bovin (seul ou en polyculture/polyélevage). Une majorité (72%) des éleveurs de notre échantillon a fait le choix de conduire leur exploitation en système herbager. La proportion d'agriculteurs bio est importante : près de la moitié des répondants, soit 45%, déclarent pratiquer l'agriculture biologique contre seulement 12,6 % des agriculteurs bretons, ce qui constitue une caractéristique forte de cette population de planteurs de bocage. On note une forte représentation de la Confédération paysanne au sein de notre échantillon : 19% des répondants déclarent être syndiqués à la Confédération paysanne contre seulement 9% des votes en faveur de ce syndicat aux élections des Chambres d'Agriculture de Bretagne en 2019. Les adhérents de la Fédération syndicale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes agriculteurs (JA) représentent 26% de notre échantillon, contre 21% des agriculteurs bretons. Le syndicat Coordination Rurale est à l'inverse très peu représenté puisqu'il représente seulement 1% de notre échantillon. On a donc un échantillon plutôt politisé par rapport à la population agricole bretonne. Près de la moitié, soit 49%, adhère à des réseaux associatifs et groupes de développement (bio, civam), ce qui à nouveau n'est pas représentatif de la population agricole bretonne et caractérise spécifiquement les planteurs de bocage. Le niveau d'études des répondants est en revanche plutôt représentatif des agriculteurs bretons : 52% de l'échantillon a un niveau BAC+2/3, soit le niveau d'un BTS ; et 26% a le niveau BAC. On observe une portion plus faible de femmes dans l'échantillon : seulement 13%, alors qu'elles représentent 31% des actifs agricoles en Bretagne.Un profil-type de planteurs de bocage se dégage.La majorité des haies plantées le sont sur des parcellaires dont les exploitants ne sont pas propriétaires mais locataires : le fait d'être propriétaire foncier n'incite pas particulièrement à planter davantage. La majorité des linéaires plantés, soit 70%, a été plantée sur des parcellaires éclatés : disposer d'un parcellaire groupé ne semble pas jouer sur la décision de planter (ou a contrario un parcellaire éclaté n'est pas un obstacle).Les agriculteurs nouvellement installés (moins de 10 ans de carrière) sont plus nombreux à recourir au programme ; cependant leurs plantations sont modestes car la surface qu'ils exploitent est en moyenne plus petite. Les agriculteurs disposant de la capacité professionnelle plantent davantage. Les agriculteurs syndiqués à la Confédération Paysanne plantent nettement plus que les autres. L'appartenance à des réseaux et groupes de développement est liée au fait de planter et a une influence positive sur la dynamique de plantation.Les éleveurs d'animaux pâturants (bovins et ovins, caprins et équins) et les polycultivateurs-polyéleveurs et polyéleveurs plantent davantage que les autres. Par ailleurs, en moyenne de mètres linéaires plantés au cours de la carrière, les agriculteurs bio plantent beaucoup plus que les agriculteurs conventionnels et ce quelle que soit l'OTEX (à l'exception de l'OTEX porcins).On peut en déduire également que le programme Breizh Bocage 2 a massivement profité aux éleveurs bios. Les linéaires les plus longs sont entretenus avec des outils manuels (dont la tronçonneuse). On peut en déduire que le fait de planter d'importants linéaires de haies n'implique pas nécessairement de recourir à de gros outils tels que le lamier.La majorité (70%) des agriculteurs-planteurs déclarent valoriser le bois issu de l'entretien des haies. La production de bois-bûche est de loin la première destination du bois (86%). Elle est suivie (et fréquemment accompagnée) de bois de service (39%) et de fagots (34%). Les usages plus modernes sont plus modestement cités : 24% citent les plaquettes (bois-énergie) et 24% le BRF. Une faible part de ces différentes formes de valorisation est vendue. La production de bois issus des haies est avant tout une production d'autoconsommation. Les trois raisons le plus fréquemment évoquées par les agriculteurs dans cette enquête pour l'implantation de néo-haies sont : la protection des animaux, la protection des animaux et des cultures contre le vent et la préservation d'un patrimoine social et paysager. Les systèmes productifs orientés vers d'autres modèles que l'élevage pâturant (bio ou pas) sont moins enclins à préserver le bocage, voire y sont opposés. Deux leviers sont possibles pour favoriser des dynamiques bocagères à l'égard de ces agriculteurs : des politiques volontaristes de réorientation de leurs systèmes vers davantage de pâturage s'ils sont éleveurs, ce qui entraîne la nécessité de haies pour le confort animal ; ou des politiques coercitives imposant la replantation même si celle-ci n'est pas nécessaire au système de production voire opposé à celui-ci (ce qui est le cas en céréaliculture avec ou sans élevage confiné en bâtiment, et en production industrielle de légumes de plein champ). Les dynamiques régionales conduisant aux élevages spécialisés et intensifs en bâtiment, avec un foncier occupé par des cultures fourragères de conserve et des SCOP induisent la dégradation du bocage, qui n'a pas de raison d'être dans ce type de paysages agricoles.L'entretien repose sur un réseauD'un point de vue administratif et règlementaire, les agriculteurs sont considérés comme les seuls gestionnaires de leur bocage. Qu'ils soient propriétaires ou locataires, c'est à eux que revient la charge de cette gestion. Cette prise en charge pèse fortement sur les agriculteurs, même lorsqu'ils sont des planteurs spontanés et enthousiastes. Les agriculteurs que nous avons rencontrés ont, dans leur grande majorité, exprimé ne pas prendre complètement en charge l'entretien de leurs haies. Ils délèguent en partie l'entretien, certains délèguent même complètement ce travail.Beaucoup d'agriculteurs sont donc en demande d'appui à la gestion de ce bocage, et la plupart d'entre eux ont déjà recours à des tiers (la famille/les voisins, les CUMA, les ETA), mais sans que cette gestion collective du bocage ne soit vraiment reconnue comme telle. Les divers témoignages recueillis à travers les deux enquêtes font plutôt état d'un besoin de mise en réseau à une petite échelle entre trois types d'acteurs : les agriculteurs « propriétaires » des haies et du bois, les acteurs de l'entretien (parfois des agriculteurs, mais plus généralement des ETA et CUMA ; et les collectivités) et les consommateurs qui peuvent être de simples voisins achetant une stère ou deux de bois-bûche par an.La diversité des idéaux-types encourage à envisager une différenciation de l'offre de services proposée par Breizh Bocage, afin de rassembler des chances de succès auprès d'un panel plus large d'agriculteursLe détail de l'analyse montre que cette vaste population de planteurs présente des logiques et des besoins d'accompagnements hétérogènes : une politique unique semble moins bien adaptée qu'une politique différenciée. Cela nous invite à suggérer que : l'accompagnement ne doit pas être seulement technique : une animation de territoire, un appui à l'auto-organisation des agriculteurs. Par ailleurs les résultats montrent que le facteur limitant le présent et l'avenir du bocage est moins le moment et les moyens de la plantation, que la prise en charge de son entretien dans la durée : l'effort et le temps d'entretien, qui constituent une charge régulière et dans la durée, sont bien plus souvent mentionnés comme des limites que la plantation elle-même lors des témoignages recueillis par entretien et lors de l'enquête (la plantation étant appréhendée comme un moment bref, éventuellement gratifiant).Cela nous invite à suggérer que l'intervention publique en faveur du bocage devrait inclure un appui à l'entretien, voire, pour certains profils, chercher à en décharger l'agriculteur.
Invasive species are a major factor in the decline of biodiversity in the French overseas territories. Taking into account human factors is essential to a comprehensive understanding of the dynamics of these species and to develop effective management methods. This interaction between biological sciences and human sciences for the management of biological invasions should take into account the specificities of overseas territories. The insularity, the geographical distance, the relationship with the homeland and the attachment to a Western economic region, are all factors that influence both the evolution of ecosystems and societies. Mainly composed of tropical oceanic islands, French overseas territories belong to biodiversity hot-spots, and are particularly rich in endemic species, but also particularly susceptible to invasions by alien species. The balance between natural heritage and ecosystem services in the public policies of biodiversity conservation shows important differences between the homeland and overseas territories, with the value of the natural heritage being more important overseas. This can result from ecological or economic constraints, but can also reveal differences in the perception of environmental ethics. These features make the French overseas territories a laboratory for interdisciplinary studies between human and environmental sciences. Interdisciplinary studies focusing on common issues based on the management of invasive species overseas are a potential source of methodological and conceptual innovations in each discipline, and can help developing innovative solutions for their sustainable management ; Les invasions biologiques sont l'un des principaux facteurs de l'érosion de la biodiversité de l'Outre-Mer français. Or la prise en compte des facteurs humains est indispensable à une compréhension globale de la dynamique de ces espèces et de l'élaboration de stratégies de gestion efficaces. Outre-Mer, cette interaction entre sciences de la nature et sciences de l'homme dans l'étude des invasions biologiques doit intégrer les spécificités écologiques et sociétales de ces territoires. L'insularité, la distance géographique, les relations avec la métropole et le rattachement à un espace économique occidental, sont autant de facteurs qui influencent aussi bien l'évolution des écosystèmes que celle des sociétés. Constitué majoritairement d'îles océaniques de la zone intertropicale, l'Outre-Mer français comprend plusieurs territoires situés dans des « hot-spots » de biodiversité particulièrement riches en espèces endémiques, mais aussi particulièrement sensibles aux invasions par des espèces introduites. Dans les politiques publiques de conservation de la biodiversité ultramarine, la notion de patrimoine naturel est prépondérante sur celle de services écosystémiques. Cette différence peut être interprétée au niveau biologique et économique, mais peut également provenir de perceptions éthiques différentes. Ces particularités font de l'Outre-Mer français un laboratoire pour les études interdisciplinaires des invasions biologiques. Focaliser ces études sur des questions communes basées sur la gestion des espèces invasives est potentiellement source d'innovations conceptuelles et méthodologiques au sein de chacune des disciplines, et peut permettre l'élaboration de solutions innovantes pour une gestion durable de ces espèces