La reproduction humaine est au coeur des rapports sociaux de sexe. Des luttes féministes ont permis aux femmes d'acquérir une plus grande autonomie reproductive certes, mais cela est devenu possible grâce à un recours à la technique. Or, la récente évolution des techniques dans le domaine de la reproduction se caractérise par la croissance d'un pouvoir externe et par une atteinte au caractère global de l'expérience des femmes. Cette évolution s'appuie sur une dévalorisation du potentiel reproducteur féminin et crée une illusion d'émancipation. L'article soulève des questions sur les valeurs qui la sous-tendent et son impact sur les rapports sociaux de sexe.
L'intervention internationale en santé soulève des questions politiques et éthiques auxquelles n'échappe pas l'approche féministe. Le cas de la mortalité maternelle est particulièrement éloquent à ce titre: l'écart entre la situation observée dans les pays développés et celle des pays dits en développement inspire un sentiment d'urgence alors que la détermination des actions les plus efficaces pour réduire cet écart est loin de faire consensus. Dans cet article, l'auteure utilise une recherche exploratoire menée en Afrique de l'Ouest auprès de femmes sur leurs expériences de la grossesse et de l'accouchement afin de promouvoir la recherche qualitative pour la définition d'actions potentielles visant à réduire la mortalité maternelle. À l'aide d'exemples tirés des propos de ces femmes, elle fait ressortir comment leur discours peut être utile pour la conception d'actions susceptibles d'apporter des changements et rappelle que l'attrait de solutions de nature technique ne devrait pas faire oublier l'ancrage social de la situation actuelle.
Au cours des dernières années, on a assisté à ce qui semble étre une alliance entre les tenantes du discours féministe et les néomalthusiens sur la question de la planification des naissances. Cette note présente une réflexion sur une association qui peut étre qualifïée de « mésalliance », car les deux discours sont issus de perspectives différentes et proposent des interprétations divergentes, ce qui risque de produire des effets pervers. Elle peut en effet vider de leur sens politique les revendications féministes pour la reconnaissance du droit des femmes de décider en matière de reproduction; occulter les rapports sociaux qui façonnent les interventions de planification des naissances; et favoriser un glissement du discours féministe vers l'eugénisme. D'autres conséquences néfastes de cette « alliance tactique » sont liées à la représentation des femmes comme victimes de leur fécondité. En revanche, cette stratégie permet de faire face aux besoins urgents ressentis par de nombreuses femmes qui n'ont aucun accès à des services de planification des naissances.
Les travailleuses québécoises bénéficient de mesures de protection de la maternité qui se sont améliorées au fil des années. Cependant, l'application de ces mesures ne leur procure pas nécessairement la protection souhaitée. Certaines sont congédiées lorsqu'elles deviennent enceintes, d'autres voient leurs conditions de travail se détériorer. La recherche empirique présentée ici avait pour objectif d'approfondir les connaissances sur l'expérience de la conciliation du travail et de la grossesse. En ressort un écart marqué entre les mesures légales et la mentalité observée dans les milieux de travail qui régule l'application de ces mesures. Notre interprétation est que cet écart prend sa source dans la persistance d'une vision dichotomique de la production et de la reproduction.
Quel bilan peut-on tracer des changements observables dans le domaine de la reproduction et quel avenir peut-on imaginer à partir des développements rapides dans ce domaine ? Voilà les deux grands axes de discussion proposés à des chercheuses de différentes disciplines rassemblées autour d'une table-ronde. La synthèse des propos présentée ici permet de constater que le débat a soulevé plus de questions qu'il n'a fourni de réponses. D'une part, les changements survenus s'avèrent très complexes et d'autre part, les perspectives d'avenir sont loin d'être définies. Une constatation s'impose: la recherche est nécessaire et urgente. Les thèmes à explorer sont multiples allant des relations de couple jusqu'au rôle de l'État dans la famille.
Cet article constitue une réponse à celui qu'ont publié Marcela Iacub et Hervé Le Bras sur l'Enquête nationale sur les violences envers les femmes en France (Enveff) dans le numéro 623 de la revue Les Temps Modernes . Il en fait ressortir le caractère idéologique et son absence de rigueur. Se référant aux enquêtes et travaux de recherche menés au cours des vingt dernières années, les auteures argumentent que l'Enveff est une entreprise scientifique qui s'inscrit dans une démarche internationale visant à documenter une problématique complexe. Par leur méconnaissance de la problématique et de la littérature sur la violence, Iacub et Le Bras en viennent à signer un texte qui tient de la polémique stérile et qui ne peut être minimalement considéré comme une critique à caractère scientifique. Les auteures affirment ainsi, références à l'appui, que les instruments utilisés dans l'Enveff reflètent l'état des connaissances actuelles et que si ses résultats surprennent, c'est que la prévalence estimée est, dans une perspective comparative, relativement faible. De plus, elles identifient les glissements dans l'argumentation construite par Iacub et Le Bras, qui témoignent d'un amalgame analytique dont l'objectif apparaît comme un procès d'intention politique aux chercheur·e·s qui ont réalisé l'Enveff. De là, le constat que l'article publié dans Les Temps modernes rejoint dans son essence les tentatives menées ailleurs depuis vingt ans pour discréditer les travaux de documentation de la violence envers les femmes.
Couverture -- Titre -- Copyright -- TABLE DES MATIÈRES -- Introduction générale -- I. APPRÉHENDER LES INÉGALITÉS SOCIALES DE SANTÉ -- 1. Évolution de la mortalité prématurée au Québec selon la défavorisation matérielle et sociale -- 2. Les inégalités sociales de mortalité prématurée en France -- 3. Un regard multidisciplinaire sur la construction des inégalités sociales de santé -- II. THÉORIES ET MÉTHODES -- 4. Transfert des temps de vie et «perte de la raison»: l'inégalité sociale comme rapport d'appropriation -- 5. Inégalités et souffrance sociale: une approche anthropologique -- 6. La relation entre contexte et maladie: une proposition théorique -- 7. L'émergence d'inégalités de santé dans les quartiers: un cadre théorique -- 8. Capital social, solidarité réticulaire et santé -- 9. Statut socio-économique et santé: une perspective neurobiologique -- 10. L'approche des parcours de vie -- 11. L'analyse multiniveaux: une méthode prometteuse -- III. DE LA THÉORIE À L'ACTION -- 12. Pauvreté, santé mentale et protection de la jeunesse -- 13. L'itinéraire québécois des politiques scolaires d'intervention en milieux défavorisés -- 14. À l'abri des risques ? Les inégalités et le régime de santé et de sécurité du travail -- 15. Évaluer l'équité en promotion de la santé -- 16.La réduction des inégalités sociales de santé.
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Cet article discute les représentations de la pauvreté recueillies à partir d'un outil d'éducation populaire auprès de 21 hommes en situation de pauvreté fréquentant un centre communautaire à Montréal. En plus de cerner plusieurs dimensions significatives de la pauvreté, les résultats montrent comment les regards de ces hommes sur leur situation peuvent interpeller les représentations sociales couramment véhiculées à leur sujet. Cette recherche qualitative et participative, faisant appel au point de vue de personnes en situation de pauvreté, utilise une approche de plus en plus valorisée tant au Québec qu'à travers le monde.